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24 mars 2016 4 24 /03 /mars /2016 05:57

Jeudi 17 mars : Nous avons décidé de banaliser la matinée et de prendre notre temps ce matin. Messages de Julie, Vettou, Michèle et Alex pour ma fête. En fait, je n’ai pas une minute de vraiment libre. Notre voisin s’avère être de Fréjus mais sur les routes d’Amérique depuis belle lurette et nous discutons donc des pays traversés ou à traverser, lui remonte, nous descendons. Je dois ensuite refaire les pleins d’eau avec un débit très faible au robinet, puis il faut écrire des cartes postales, compléter le blog, le mettre en ligne et c’est l’heure de déjeuner ! Nous quittons ensuite le camping, déposons du linge à la plus proche lavanderia et après avoir emprunté quelques sens interdits, presque sans le savoir, nous nous garons dans une rue proche du centre-ville. Ici aussi, le centre-ville signifie une place carrée avec son odéon, sa cathédrale et ses bâtiments administratifs autour, et des maisons basses à toit de tuiles et aux façades colorées, dans les rues pavées des alentours.

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous remontons la rue piétonne envahie par les touristes, très nombreux à San Cristobal, et par les petites Indiennes, nattées, jupe en peau de mouton noire, corsage coloré, un bébé dans le dos, qui vendent des tissages transportés dans des ballots plus gros qu’elles. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous passons devant la cathédrale, fermée à cette heure, mais dont nous pouvons contempler la belle façade crépie en jaune avec des décorations de stuc blanc. En haut de cette rue, nous trouvons, cachée par les échoppes de toiles des marchands de souvenirs qui en ont envahi le parvis, l’église Santo Domingo à la belle façade de pierre couleur miel. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous visitons le musée installé dans les bâtiments du couvent de cette église. Deux salles retracent le passé pré-hispanique et la période de la Conquête de la ville. Plus intéressant, à l’étage, une superbe collection de tissages mayas avec de nombreux huipils, surtout guatémaltèques, certains sont exposés en vitrine, beaucoup d’autres sont dans des tiroirs qu’il suffit de tirer pour voir apparaître des merveilles parfois de près de cent ans. Nous allons ensuite visiter l’église qui a ouvert entre temps. Encore des retables dorés, rien de bien nouveau si ce n’est une curieuse statue d’un saint coiffé d’un chapeau ! Nous explorons quelques boutiques d’artisanat, surtout des coopératives de tissage avec parfois de belles choses mais neuves et toutes identiques. J’abandonne Marie sur un banc du Zócalo et pars à la recherche d’un restaurant pour ce soir. Je suis une rue piétonne très touristique, une faune de jeunes du monde entier, celle qui était à Louang Prabang l’an dernier, à Bali avant ou à Goa autrefois, a envahi les établissements qui proposent, comme ailleurs, pizzas, plats internationaux bon marché et qui diffusent la même musique disons « rock » qu’ailleurs dans le monde. Le restaurant français « Chez Pierre » est fermé… Je passe tirer des pesos à un distributeur puis en retournant chercher les vestes au camion, je trouve un restaurant qui se prétend thaï et qui me conviendrait bien pour ce soir. Je retrouve Marie et nous allons prendre une margarita en face du théâtre où nous hésitons à nous rendre pour une représentation d’une légende maya. Nous faisions bien d’hésiter, le spectacle est un mélange d’opéra chinois, de mantras tibétains dans des décors dessinés par Jérôme Bosch ! 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Je préfère et de loin, malgré le peu de grâce des danseuses, le spectacle donné sur une scène devant le Zócalo par une troupe traditionnelle sur une bonne musique. Nous allons dîner au restaurant thaï, bonne cuisine, peut-être pas bien authentique mais nous nous régalons de crevettes et de plats de poisson épicés et parfumés, avec des verres de vin blanc. Nous retrouvons facilement le chemin du camping et le gardien pas encore endormi, vient nous ouvrir. Il faut encore écrire la journée…

Vendredi 18 mars : Nous commençons par envoyer quelques messages mais bientôt nous n’avons plus de connexion et nous ne pouvons répondre à Vettou, Julie et Nicole. Nous devons récupérer le linge donné à laver, la lavanderia est encore fermée à neuf heures et demie mais à force de tambouriner, un jeune ensommeillé vient ouvrir et nous donne notre paquet. Nous cherchons la sortie de la ville, en quête d’un supermarché. Le premier, un Sam’s Club est immense, vend de tout avec un bon choix en alimentation mais tout est vendu en grande quantité, nous repartons sans rien acheter, traversons la rue pour nous ravitailler au Bodega Aurera, plus basique, sans fantaisie. Nous découvrirons par la suite qu’il y avait bien un Soriana, qui a généralement notre préférence. Nous cherchons la route de San Juan de Chamula, à une dizaine de kilomètres de San Cristobal, dans la montagne/ Il semble que ce soit jour de marché, toutes les ruelles en pente sont encombrées de camionnettes et des Indiens déambulent, les femmes lourdement chargées. Elles ont presque toutes une jupe noire en poils de mouton, un corsage fleuri et de longues nattes tressées de fils colorés. Les hommes portent une tunique dans la même laine, noire ou blanche, qui leur descend jusqu’aux genoux, des sandales rustiques et un chapeau de paille. Nous parvenons à nous garer près de l’église. Sa façade, dépourvue de symboles religieux catholiques est joliment peinte de couleurs vives. Des hommes et des femmes se sont alignés face à l’entrée et récitent des litanies.

 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Pour entrer nous devons acquitter une taxe et il nous est strictement interdit de prendre des photos. Nous entrons dans un tout autre univers que celui d’une église chrétienne ! Des aiguilles de pins couvrent le sol débarrassé de ses bancs, les statues des saints ont été reléguées dans des vitrines sur les côtés et les cloches ont été descendues du clocher. Les Indiens Tzotziles de la région ont viré le curé, récupéré le lieu et quelques symboles (croix, statue de San Juan, signes de croix…) du catholicisme pour pratiquer leur religion ancestrale. Des vapeurs d’encens (?) s’élèvent de braseros, des milliers de bougies brûlent dans des verres aux effigies de la Vierge (!) ou de saints. Il règne bien évidemment une étrange atmosphère. Un homme, à genoux sur le sol,  allume plusieurs rangées de petites bougies au fur et à mesure qu’il débite des incantations. Une femme avec ses deux très jeunes enfants, accroupie sur les aiguilles de pin, se fait désenvoûter par un chaman qui récite des formules à toute vitesse tout en simulant de la nettoyer avec les mains, puis il sort une poule noire d’un sac, la passe au-dessus de leurs têtes avant de la trucider en lui étirant le cou. Plus loin tout un groupe d’hommes mais aussi de femmes accroupies, rassemblés devant une toile représentant un archange, récitent quelques prières et tout le monde avale ensuite un verre d’alcool. Nous ressortons sur le parvis et parcourons le marché où j’essaie de prendre, discrètement, en photo quelques Indiennes. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous repartons, cherchons la sortie du village dans les ruelles étroites et pentues puis nous arrêtons pour déjeuner avant de retourner à San Cristobal, longue et pénible traversée entrecoupée de feux rouges interminables. Mais la suite du parcours n’est pas plus réjouissante ! Nous entamons la traversée des montagnes couvertes de pins, passant de village en village, très proches les uns des autres, et tous pourvus d’un nombre effarant de topes qu’il faut négocier au pas. Les heures passent, nous n’avançons guère, nous abandonnons l’espoir d’arriver ce soir à Agua Azul après avoir visité le site de Tonina. A l’entrée d’Ocosingo, nous sommes confrontés à un bloqueo, un barrage, théoriquement dressé par les Zapatistes pour financer leur « révolution » et qui ressemble furieusement à un racket ! On nous réclame 200 pesos, je parviens à transiger à 20 pesos alors que tous les autres automobilistes ne donnent qu’une pièce de 5 ou 10 pesos… Dans cette ville agitée et sans charme, nous devons encore trouver la route de Tonina, indiquée à l’entrée puis… plus rien ! Quelques kilomètres dans la campagne et nous nous arrêtons à l’entrée du site, sur le terrain d’une auberge-restaurant. Marie espérait le wifi pour envoyer les messages de ce matin mais il n’en sera rien…

Samedi 19 mars : Pas un bruit, pas un chien, nuit noire, une vraie nuit ! Nous démarrons plus tôt que d’habitude, à huit heures et demie. Nous nous rendons à l’entrée du site, à moins de cent mètres. L’entrée est gratuite sans que nous sachions pourquoi mais dans ce cas nous ne posons pas de questions et nous sommes même autorisés à parcourir les quatre cents mètres du chemin jusqu’au site, avec le camion mais nous devrons alors acquitter 25 pesos de parking… Une courte marche pour franchir sur un pont un ruisseau et nous aboutissons à une vaste esplanade au gazon parfaitement entretenu où nous découvrons l’extraordinaire empilement de pyramides qui culmine à la septième terrasse par des temples encore debout.

 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Le terrain de jeu de pelote est décoré de copies de têtes de serpents et de corps de prisonniers ligotés, futur décapités sur un autel proche. Nous nous approchons du pied des larges escaliers et, grâce à une rampe, gagnons un Palais de l’Inframonde, un dédale de couloirs étroits, à peine éclairés. Devant le nombre de marches des escaliers et de leur raideur, Marie renonce. Je pars donc seul à l’escalade… Nous sommes presque seuls sur ce site peu connu et peu fréquenté, quelques groupes de jeunes arrivent par la suite mais rien à voir avec Teotihuacan ou Monte Alban. Je passe entre des palais dont il reste parfois quelques bas-reliefs qui ont perdu leurs couleurs, une représentation effrayante de la Mort saisissant par les cheveux un condamné, des têtes renversées au centre d’un soleil. Je continue de grimper, escalier par escalier, devenus plus raides et surtout moins larges au fur et à mesure que je m’élève. Quelques temples ont encore des éléments du décor de leur faîtière. Parvenu au sommet, je jouis d’une vue sur tout le site et la campagne environnante, il ne me reste plus qu’à redescendre précautionneusement, marche par marche. Je retrouve Marie, nous revenons à l’entrée et allons visiter le petit musée du site où se trouvent les originaux de toutes les sculptures et bas-reliefs installés sur le site. Nous repartons dans ces prairies verdoyantes occupées par des fermes d’élevage où de grasses vaches brahmas paissent, gardées par des cavaliers montés sur de beaux petits chevaux. Nous retraversons Ocosingo et continuons en direction de Palenque. La forêt est belle, bien que souvent défrichée, il reste de grands espaces de la forêt primaire, de grands arbres laissent pendre des lianes, des bananiers font de l’ombre aux plantations de maïs. La route tourne à peine moins que la veille et les villages paraissent plus espacés, donc moins de topes… Nous quittons la route pour descendre sur Agua Azul. Nous n’y sommes pas seuls ! Il semble que tous ceux qui possèdent un moyen de locomotion ou qui ont pu trouver place dans un autobus, aient décidé de venir passer le week end ici. Nous nous garons, déjeunons puis allons rejoindre le flot de badauds qui, sur un sentier empierré, entre des échoppes de souvenirs ou des gargotes, s’acheminent vers les bassins formés par une suite de cascades. L’eau est d’un beau bleu turquoise, les cascades ruissellent sur des roches ocre et la végétation forme un bel écrin à ce site qui devait être paradisiaque, autrefois…

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous remontons le chemin que quelques marches aident à s’élever, longeant des bassins envahis par des baigneurs soucieux d’échapper à la pénible moiteur qui règne au sortir des montagnes. Nous repartons, continuons de perdre de l’altitude et de monter dans les degrés Celsius… Nous parvenons à Palenque où nous allons nous garer dans le centre pour nous procurer quelques informations au bureau du tourisme. Une fois renseignés, nous prenons la route des ruines, quelques kilomètres et allons nous installer au camping de Maya Bell, connu de tous les voyageurs en camping-car. S’y trouvent déjà des Allemands et des Hollandais. L’accueil n’est pas délirant et nous nous apercevons vite que ce ne sera pas ce soir le calme de la veille. Arrive un car de tourisme qui déverse ses voyageurs, d’autres montent leur tente tout autour de nous et une « animation » musicale nous berce jusqu’à plus de dix heures. Nous avons tout de même profité du wifi pour envoyer les messages en retard et goûté la margarita  locale, pas meilleure que les précédentes. Nous tentons de dormir…

Dimanche 20 mars : Nous nous levons avec le jour et dès que nous sommes prêts nous nous rendons à l’entrée du site archéologique. Il n’est pas encore huit heures, le guichet de vente des billets n’est pas encore ouvert. Alors que nous espérions être seuls ou à tout le moins peu nombreux à cette heure, il y a déjà foule, des touristes et aussi des Mexicains pour qui l’entrée est gratuite le dimanche. Nous décidons de reporter à demain la visite et de nous rendre aux deux sites de Bonampak et de Yaxchilan. Nous revenons sur nos pas, ne trouvons pas la route, retournons à Palenque pour apprendre que nous étions sur la bonne voie et qu’il fallait continuer pour trouver le bon embranchement. Une journée qui commence bien… et ce n’est pas fini… La route file dans la forêt défrichée pour des lopins de maïs ou pour des pâturages. La brume matinale ne se lève pas et recouvre tout le paysage. De longues lignes droites qui permettraient une bonne moyenne si à chaque maison, chaque village, heureusement pas trop rapprochés, ces maudits topes ne venaient briser notre élan à défaut des amortisseurs. Nous sommes au bout de deux heures au carrefour de la route de Bonampak. Nous devons régler une somme modique au bénéfice de la communauté des Lacandons, ce peuple presque disparu, mystérieux, redécouvert récemment. Nous continuons sur la route, passons un parking où se trouvent déjà des bus de touristes et continuons sur la piste. Nous sommes rattrapés par une voiture et son conducteur furieux nous intime l’ordre de faire demi-tour et de retourner au parking. Nous obéissons et apprenons que nous n’avons pas le droit de nous rendre au site avec notre propre véhicule, que nous devons OBLIGATOIREMENT emprunter un van de la communauté pour parcourir les derniers kilomètres et que ce transport nous sera facturé 200 pesos ! Je tente de discuter mais devant l’obstination adverse, nous décidons de renoncer et d’aller à Yaxchilan. Au passage, je me fais rembourser la taxe de la communauté et leur exprime ma façon de penser en parlant de racket ! Nous roulons encore quelques dizaines de kilomètres et arrivons à Frontera Corozal d’où il faut continuer en barque sur le rio Osumacinta. Rendu méfiant, je me renseigne sur les différents péages, taxes, contributions que nous aurons à régler. Tout d’abord celle, modique, de la communauté locale pour traverser le village puis le droit d’entrée au site que je suis le seul à payer puisque les locaux ont droit à la gratuité, gratuité que j’obtiens aussi pour Marie, non sans mal. Puis il faut trouver une lancha. On nous en propose à des prix bien élevés, rien que pour nous deux. Je me rends à l’embarcadère où je trouve deux couples de Mexicains avec qui nous marchandons le transport. Nous partons aussitôt dans une longue pirogue en bois avec moteur hors-bord et un toit en palmes pour nous protéger d’un soleil absent. Nous longeons à vive allure les berges de ce fleuve qui fait frontière avec le Guatemala et au bout d’une demi-heure, nous accostons sur une plage. Moi qui croyais encore naïvement être dans les rares visiteurs de ce site perdu dans la jungle, je me retrouve en compagnie de quelques dizaines de touristes que de nombreuses pirogues déposent sans arrêt. Après une courte marche sur un sentier encombré des racines de ceiba géants, nous découvrons les premières ruines, des formes pyramidales construites en briques, ce qui leur donne un aspect différent. Après avoir franchi un passage dans l’obscurité, nous débouchons sur une grande esplanade où divers bâtiments sont dégagés. Aucun n’est spectaculaire, des stèles peu lisibles sont éparpillées sur la place, debout ou couchées. Un bâtiment a encore des linteaux sculptés mais toujours aussi difficiles à déchiffrer. Le clou est un temple perché au sommet d’une colline qui domine la place et qu’un escalier de pierres disjointes permet d’atteindre. Marie m’attend pendant que je monte au pied de ce temple. Il a le mérite de posséder encore sa spectaculaire décoration faîtière, presque intacte avec ses niches carrées.

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous repartons, récupérons le camion et prenons le chemin du retour. Bientôt la pluie arrive et dure jusqu’à l’arrivée à Palenque. Nous ne retournons pas au camping trop bruyant de la veille mais en trouvons un autre plus rudimentaire. Nous fêtons comme il se doit le jour du Seigneur : vodka-orange ou vodka-tonic.

Lundi 21 mars : Il a plu toute la nuit et cela continue au matin. Nous n’avons pas très envie de nous lever et nous nous offrons une grasse matinée. Quand enfin nous sommes prêts, une diminution des précipitations nous fait espérer une visite possible de Palenque. Nous nous rendons à l’entrée du site, persuadés d’y trouver peu de monde mais il n’en est rien. Ni la pluie, ni le lundi n’ont dissuadé les amateurs de venir. Faute aussi de pouvoir nous garer au minuscule parking, nous renonçons une nouvelle fois et repartons en ville refaire un plein de provisions et notamment de cette charcuterie espagnole relativement bon marché qui a le mérite d’avoir plus de goût que les insipides jambons de poulet ou de dinde. En sortant du supermarché, nous discutons avec des jeunes francophones qui voyagent à cheval entre Mexique et Guatemala… La pluie a cessé, nous décidons de tenter notre chance une dernière fois et de retourner au site. Nous déjeunons rapidement au camion puis je dépose Marie à l’entrée et je dois aller me garer en contrebas. Nous parvenons aussitôt sur une vaste esplanade dont deux des côtés sont occupés par les constructions emblématiques de Palenque : le Temple des Inscriptions et le Palacio. Deux autres édifices précèdent le grand Temple des Inscriptions, ce sont aussi des temples au sommet de pyramides plus modestes et en moins bon état. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Celui des Inscriptions a l’avantage d’être interdit d’escalade, il se dresse donc sans aucune de ces fourmis généralement vêtues de couleurs vives et dont le seul but semble de se prendre en photo à chaque marche… En face, le Palacio est un bâtiment plus complexe, situé bien sûr sur une plate-forme et dominé par une tour carrée qui aurait été un observatoire astronomique. Il subsiste des traces de bas-reliefs sur des piliers carrés et d’encore plus vagues traces de peintures. Au milieu de ce palais, une cour carrée est entourée d’autres bas-reliefs représentant là aussi des chefs captifs dont l’avenir devait être compromis… Derrière, nous atteignons un autre ensemble de ruines, trois temples-pyramides du groupe de la Croix. Deux de ces temples ont encore leur décoration faîtière plus ou moins complète. Nous montons au sommet de deux d’entre eux pour admirer dans des chambres d’autres bas-reliefs toujours aussi énigmatiques, même avec leur description. Difficile de faire de bonnes photos, le ciel est résolument gris et la foule de touristes qui montent, descendent les marches et s’agglutinent devant les édifices n’est pas très esthétique ! 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Une fois de plus, je suis très réservé sur la beauté de ces sites trop aménagés sur un gazon impeccable. Je les aurais préférés encore perdus dans la jungle et ce ne sont pas les feulements entendus des singes-hurleurs qui me feront changer d’avis. La reconstruction des escaliers trop bien réalisée, les bas-reliefs souvent remplacés par de pâles copies, font de ces sites des lieux sans âme, des « must » aseptisés pour tour-operator. Nous reprenons le camion, Marie aurait voulu que nous avancions mais je n’en vois pas l’intérêt et préfère m’arrêter tôt. Nous essayons un troisième camping, encore moins cher mais tout aussi rudimentaire. Des cabanas sommaires sont installées dans un joli parc fleuri mais les toilettes, douches… sont très mal entretenues. Il est vrai que pour le prix ! Nous allons prendre un pot sous l’agréable paillotte en relisant mon texte puis nous retournons au camion en pataugeant dans la gadoue.

Mardi 22 mars : La bande de jeunes campeurs a été particulièrement bruyante, discussion, rires et musique jusque tard dans la nuit. Je n’ai pas osé intervenir pour ne pas réveiller Marie ! Je dois nettoyer une à une les alvéoles des cales de mise à niveau qui se sont enfoncées dans la boue. Nous quittons pour de bon Palenque après un plein de gasoil. Nous ne sommes plus du tout en montagne mais dans une plaine à perte de vue et ce ne sont que des étendues consacrées à l’élevage, les champs de canne à sucre n’apparaîtront que sur la côte. Le ciel, encore gris au départ, s’éclaircit en nous rapprochant de l’océan. La route est presque continuellement rectiligne et même si la chaussée n’est pas toujours bonne, nous avançons vite. Nous attendons d’avoir retrouvé la mer à Champoton pour déjeuner mais la côte n’est pas belle, rocheuse, sans accès ou occupée par des gravières, les plages sont rares et réservées pour les parkings des restaurants, de modestes gargotes. Nous finissons par déjeuner sur l’aire d’une station-service ! Nous ne prenons pas l’autopista pour suivre la route côtière afin de ne pas rater l’entrée du Club Nautique qui serait aussi un Trailer Park, ce qui n’est pas l’avis des gardes qui n’ont jamais entendu parler de camping-car. Déconfits car nous espérions un bon camping avec le wifi pour répondre au courrier et mettre le blog à jour, nous continuons quelques kilomètres jusqu’à Campèche où nous entrons par le bord de mer. Nous trouvons rapidement un grand parking, indiqué par d’autres voyageurs où nous pouvons passer la nuit. Nous repartons aussitôt à pied pour explorer le centre ancien enfermé dans des remparts. Toutes les rues se croisent à angle droit et les maisons sont toutes sans étage à de rares exceptions près. Une campagne de rénovation de cette cité a permis de repeindre toutes les façades dans des tons pastel, les rues sont devenues des palettes de couleur, l’ensemble est un peu trop neuf aujourd’hui mais le temps passera…

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Beaucoup de fenêtres ressemblent à celles que nous avions vues à Trujillo au Pérou, de grande dimension, encadrées de stuc blanc et fermées par des grilles. Nous nous promenons en pestant contre les automobiles qui gâchent les perspectives puis revenons par la rue piétonne qui est, elle, envahie par les terrasses des bistrots à touristes. Nous nous asseyons à l’une d’elles, une (fausse) margarita  et un daïquiri (sans rhum…) justifient cette halte. Je vais rechercher l’ordinateur pour profiter du wifi. Nous apprenons aussi, par hasard, les attentats de Bruxelles, nous mettons aussitôt un message à Laurence. La barbarie est bien installée en Europe désormais ! Nous repassons par le Zócalo, calme puis Marie qui en est fan, va voir les fontaines musicales avant que nous ne rentrions au camion.

Mercredi 23 mars : J’ai bien du mal à ouvrir les yeux ce matin, la fatigue se fait sentir. Nous courons trop chaque jour, pressés par la date butoir du 20 avril à San José… La bouteille de gaz est vide ! La française nous sauve le petit-déjeuner mais il y a décidément un problème, peut-être de fuite. Dès que nous sommes prêts, nous retournons à l’entrée de la ville ancienne et rendons visite au Musée architectural maya, logé dans l’un des bastions des remparts. Y sont  exposées des stèles avec un dessin à côté montrant plus clairement ce qui est gravé dans la pierre, avec des explications en espagnol et en anglais. Nous comprenons mieux ces effigies de guerriers empanachés mais même avec des dessins certains restent obscurs. Les quatre styles de l’art maya selon les régions sont présentés mais au sortir, nous n’avons pas retenu grand-chose faute d’un tableau ou de dessins comparatifs. La vue depuis les remparts est à contre-jour donc peu intéressante. Nous quittons Campèche, sans nous tromper d’itinéraire, à l’instinct… Nous suivons une route étroite dans la brousse, souvent défrichée pour laisser la place à des champs et à des cultures à grande échelle. Nous retrouvons les petites cases mayas, de plan oblong, à toit de chaume, les murs ne sont plus que rarement en tiges de maïs mais en dur, terre ou désormais parpaings. En fin de matinée, nous atteignons notre premier site maya de la région, Sayil. Nous sommes presque seuls sur le parking et après déjeuner nous allons à la découverte du Palais, une superbe construction dont seule la moitié gauche a été restaurée. Sur plusieurs niveaux, deux principalement, des chambres ont été construites avec une décoration en façade remarquable, têtes du dieu de la pluie, Chac, pourvu d’un nez en trompe d’éléphant, dessins géométriques et grecques, en mosaïques de pierre, etc… 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous marchons presqu’un kilomètre sur un sentier pour atteindre un temple-pyramide peu intéressant, nous transpirons à grosses gouttes bien qu’à l’ombre de beaux arbres d’où tombent des lianes dignes de Tarzan… Nous reprenons le camion pour continuer sur une route très étroite tracée dans la forêt et arriver à Labna. Là aussi, nous sommes presque seuls, ce dont nous avions rêvé ! Nous y trouvons un autre palais avec le même type de décoration en façade, des dieux Chac à trompe d’éléphant, des serpents dont la gueule grande ouverte laisse apparaître une tête humaine, des dieux les jambes en l’air, tout cela sur des frises qui courent sur toute la façade. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Une chaussée amène à un ensemble d’un bel arc et d’une pyramide-mirador dont la crête est en meilleur état que celle de Sayil. Nous revenons à l’ombre des arbres et repartons sans perdre de temps pour visiter Kabah avant l’heure de fermeture des sites, 17h ! Là, c’est encore un gigantesque palais dont la façade exceptionnelle est constituée, sur plusieurs niveaux, par plus de deux cents masques de Chac, peu ont encore leur nez entier mais l’effet est saisissant. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous en avons fini avec le programme des visites de la journée… Nous nous acheminons vers Uxmal, beaucoup plus fréquenté, des hôtels de standing hébergent des touristes fortunés et des installations plus élaborées que celles des sites précédents les attendent. Renseignement pris, nous pouvons passer la nuit sur un parking, à l’écart de celui du tout-venant, moyennant 131 pesos. Nous découvrons alors que nous avons le wifi, nous pouvons prendre connaissance du dernier message de Julie et tenter de mettre à jour le blog mais je perds la connexion et mon travail en même temps ! Je vais faire la queue pour prendre des billets pour le spectacle son et lumières. Plus de place pour celui de 19 h, nous patientons pour celui de 20 h. Nous traversons dans l’obscurité une partie du site, distinguons la masse de la haute pyramide à base elliptique puis grimpons occuper des sièges en plastique au sommet de l’un des côtés du Quadrilatère des Nonnes (nous découvrirons son nom par la suite…). Une musique tonitruante, un texte dit en espagnol évidemment, dont nous ne comprenons que quelques mots par-ci, par-là, et des éclairages qui mettent en valeur les décors des murs. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Au bout de dix minutes, je commence à me lasser de voir toujours les mêmes éléments colorés dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et je me promets bien de ne pas voir le son et lumières de Chichen Itza… Nous ne traînons pas pour rejoindre le camion et dîner.

Jeudi 24 mars : Nous avions mis le réveille-matin à 6 h 30 et à huit heures nous sommes dans les tout premiers devant la caisse du site pour être assurés d’éviter les groupes venus de Merida. Comme dans les autres sites majeurs dépendants de l’INAH (Instituto Nacional d’Antropologia et Historia), le prix d’entrée (pour les étrangers…) est de 65 pesos mais l’Etat du Yucatàn a décidé d’y ajouter une taxe de 148 pesos ! Il en sera de même à Chichen Itza… Nous pénétrons donc, de jour cette fois, là où hier soir nous avons vu des murs décorés et colorés sans trop savoir à quoi ils correspondaient. Nous passons au pied de la formidable pyramide de plan elliptique dont on ne peut plus gravir l’escalier vertigineux. Derrière, nous découvrons l’autre face où, dans une gueule terrifiante du dieu Chac, s’ouvre l’entrée du temple sommital.

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous pénétrons ensuite dans la cour de l’ensemble faussement appelé Quadrilatère des Nonnes, où nous nous trouvions hier soir. Les quatre côtés sont entourés de « Palais » dont la décoration de mosaïque de pierre est différente sur chacun mais où on retrouve toujours le masque de Chac, des serpents, gueule ouverte, des figures géométriques variées et quelques statues en plus ou moins bon état. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

La restauration me paraît abusive, trop léchée, le dessus des marches a été cimenté, les flancs du jeu de pelote lissés, les pierres paraissent être sorties la veille de la carrière… Après avoir traversé le petit jeu de pelote dont un des anneaux-but a été replacé, nous arrivons à une autre longue construction, le palais du Gouverneur dont une des faces est aussi un remarquable travail de sculpture de la pierre avec toujours les mêmes motifs. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

De la grande pyramide adossée à une colline, il ne reste qu’un escalier abrupt, un temple décoré de quelques représentations d’aras et une vue sur tout le site qui semble sorti de la brousse qui l’entoure. Dommage que le soleil soit voilé par des nuages mais nous avons aussi moins chaud. Nous avons passé deux heures sur le site et repartons à la fois contents et déçus. Sculptures et décorations superbes mais restauration trop parfaite… Nous reprenons la route et parvenons à midi à Merida. Nous décidons de nous rendre au Rainbow Trailer Park que certains signalent comme fermé, d’autres pas… Le trouver n’est pas évident, nous connaissons sa localisation, à 8 km sur la route de Progresso… A proximité, je demande à un policier de m’indiquer le chemin, il ne connaît pas, interroge avec sa radio ses collègues qui n’en savent pas plus… A une sation-service, on me l’indique à moins d’un kilomètre de la voiture de police, sur le même axe ! Nous trouvons un terrain désert qui semble abandonné, les installations tombent en ruine, la piscine n’a pas été remplie depuis des lustres… néanmoins le camping est ouvert ! Nous trouvons un emplacement avec le courant électrique et un robinet d’eau courante. Nous déjeunons puis repartons pour la ville. Nous apprenons vite que demain, Vendredi Saint, tout sera fermé et que nous allons donc devoir attendre samedi pour visiter le Musée du Monde Maya. Nous déposons du linge dans une lavanderia, refaisons un plein de gasoil et cherchons une station pour remplir notre bouteille de gaz, puis nous allons refaire un plein de provisions dans un supermarché Chedraoui, bien pourvu en produits d’importation ou de luxe culinaire ! Tout cela nous a pris du temps et il est dix-sept heures quand nous atteignons le centre-ville. Nous nous garons sur le Zócalo pour aller nous renseigner sur les festivités de demain mais il ne se passera rien avant 8 heures du soir ! Nous allons pouvoir nous reposer si tout est fermé. Nous ne sommes pas garés sur un emplacement autorisé je vais donc me garer plus loin puis je retrouve Marie. Nous traversons la place, interpellés trois fois par des propositions de visiter des coopératives mayas qui sont toutes fantaisistes et uniquement attrape-gogos. Nous sommes à la recherche de chemises guayabera pour Julie et Alex. Nous revenons vers le Zócalo, entrons dans la cathédrale, très fréquentée par une foule très décontractée qui papote, sifflote, se repose, court après les gosses, bref le dernier lieu à la mode ! La foule a envahi les rues et déambule à la fraîche. Nous allons comparer la margarita et le daïquiri locaux, léger mieux mais encore un gros effort à faire ! Nous revenons au camping, toujours aussi seuls. Nous nous préparons à dîner, je prépare des pommes de terre et au moment de les faire cuire le feu est très faible et l’odeur de gaz très forte dans le logement des bouteilles. Je finis par découvrir que le filetage sur le détendeur est détérioré, sans doute suite à trop de montages-démontages, lors des changements de bouteille. Je tente de démonter le détendeur, y parvient non sans mal, les vis sont grippées, mais je ne peux refaire le filetage trop abimé. Nous dînons froid. Problème pour demain (férié !) où trouver un détendeur avec filetage ISO… Douche peu avant minuit, pas d’eau chaude mais l’eau supposée froide est assez bonne !

Vendredi 25 mars : Grasse matinée au programme, petit déjeuner sans thé puis remplissage des réservoirs d’eau et nous partons en quête d’un détendeur, un jour férié ! Je commence par retourner à la station de remplissage de gaz qui, à ma grande surprise, est ouverte. On m’y indique une ferreteria, une quincaillerie susceptible d’être ouverte et d’avoir ce genre d’objets. Suite de mes surprises : elle est ouverte mais elle n’a pas l’objet convoité. On m’y indique une autre ferreteria, quelque chose comme « condipot », près de « cosco » et avec ça nous partons à la course au trésor… Un passant nous met sur la voie, « cosco » c’est Costco, un magasin de vente en gros que Marie avait remarqué et « condipot » serait « handymat ». Avec ces précisions nous revenons à Cosco mais là personne ne connaît de « handymat ». Nous abandonnons les recherches et allons au supermarché Chedraoui avec l’intention d’y acheter un réchaud de camping pour nous dépanner. Il y en a des sans cartouche de rechange et des cartouches d’un autre modèle sans brûleur… Je me renseigne auprès d’un employé qui me dit que je devrais trouver mon bonheur au « Home Depot ». Euréka ! Ne reste plus qu’à trouver le magasin… Deux ou trois aller-retour sur l’avenue où il est censé se trouver et nous finissons par le trouver. C’est l’équivalent local d’un Castorama. Je trouve le rayon des accessoires de gaz, des détendeurs mais aucun modèle ne correspond et les filetages ne sont pas les mêmes… Une piste abandonnée ! Nous décidons donc de chercher un réchaud et pour cela nous nous rendons au Walmart aperçu sur le périphérique en arrivant. J’y trouve un réchaud Coleman et des cartouches de rechange. Problème (provisoirement) résolu… Nous déjeunons dans le camion, tardivement car le temps a passé avec toutes ces allées et venues. Nous nous rendons au centre-ville. A un carrefour où j’avais l’obligation de tourner à gauche, je tourne à droite et suis arrêté par un policier. Depuis le temps que j’empruntais des sens interdits, franchissais des feux rouges ou effectuais des demi-tours non autorisés, ce n’est que justice ! Je suis menacé d’une multa mais nous plaidons notre cas de touristes imbéciles, perdus et ne parlant pas espagnol et parvenons à y échapper… Je me gare au même endroit que la veille et nous partons pour une tournée des boutiques. Objet recherché : des guayaberas, ces chemises cubaines en lin, avec des plissés et des broderies, pour Alex et Julie. Nous allons fêter cela à la terrasse d’un café sur une des nombreuses places de la ville. Son seul charme d’ailleurs… Je compte profiter du wifi mais pour démarrer je dois indiquer le nouveau code qui m’a été attribué et qui se trouve sur le téléphone portable, dans le camion… Je retraverse le centre-ville et reviens avec ce maudit code. Nous envoyons la carte électronique à tous les parents et amis puis répondons à quelques messages urgents. Nous retournons au Zócalo à la nuit et attendons devant la cathédrale qu’il se passe quelque chose… A huit heures, Marie qui rêvait d’une procession est satisfaite. Arrive un cortège silencieux, enfants de chœur, religieuses, boy scouts et fervents qui entrent dans la cathédrale, pas nous… 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous allons dîner en apercevant au passage une attraction « maya » : des Indiens (?), déguisés, jouent à la pelote devant l’office du tourisme, consternant… Nous dînons au Chaya Maya, du poc chuc, de fines (elles sont toujours fines, quelle que soit la viande ou son utilisation !) tranches de porc marinées et grillées, servies avec une soupe de frijoles et tout un tas de sauces ou ingrédients. La viande est tendre et a bon goût. Marie qui avait pris un plat de poisson, crevettes, palourdes, poulpes cuits dans une feuille de bananier a moins bien réussi, tout a cuit trop longtemps et est réduit en purée. Nous allons reprendre le camion, resté seul dans une rue obscure, et rentrons au camping, toujours désert.

Samedi 26 mars : Encore une nuit à transpirer et juste quand il commence à faire frais, le soleil ressurgit et le mercure remonte… A neuf heures je dépose Marie devant le nouveau Musée du Monde Maya puis je vais me garer devant la lavanderia, je passe à la poste mais elle est fermée le samedi. Je traverse l’avenue et retrouve Marie dans le hall du musée. Nous commençons la visite par une évocation de la chute d’une météorite au nord de Merida qui serait peut-être à l’origine de la disparition des dinosaures et qui serait aussi à la source de la cosmologie maya. La salle suivante, à l’imitation des musées nord-américains, évoque le monde maya d’aujourd’hui, objets, photos, témoignages. Puis, après l’arrivée des Espagnols, ce sont les salles par thèmes que nous attendions consacrées aux civilisations mayas d’avant la Conquête. Ceux qui ont conçu ce musée n’ont pas lésiné sur les moyens et les ont eus ! Les gardiens sont nombreux et prévenants. Des dioramas évoquent des scènes de la vie à diverses époques, des films vidéo sont projetés dans des salles derrière des reconstitutions de tombeaux ou de pyramides. Nous en ressortons à midi, nous récupérons notre linge et prenons la route de Valladolid. Nous nous arrêtons à l’ombre pour déjeuner puis continuons sur l’autoroute qui devient à péage. Il fait très chaud et je somnole au volant, je dois m’arrêter quelques minutes avant que nous ne parvenions à Pisté, le bourg proche des ruines de Chichen Itza. L’hôtel Piramide Inn accepte les campeurs, deux tentes sont installées sur ses pelouses mais le camion ne peut y accéder et nous devons rester devant la façade, sur le gazon tout de même. Nous nous précipitons à la piscine pour nous rafraîchir avant de faire la sieste sur les lits de repos en béton. Nous sommes dans un beau jardin mais tout laisse à désirer, piscine pleine de feuilles, lits de repos jamais entretenus et toilettes qui ne doivent pas être souvent nettoyées, pas de personnel en vue, le bar et le restaurant ne fonctionnent pas… Dommage ! Je vais vérifier dans le hall, seul endroit où le wifi est possible, que nous avons des messages. Quelques réactions d’amis à notre carte électronique. Faute de pouvoir commander quelque chose à boire au bord de la piscine, je vais confectionner des margaritas dans le camion et nous les sirotons avec des chicharrones en appréciant la fraîcheur du soir. Pour acquit de conscience, nous allons en ville vérifier qu’il n’y a pas de fête prévue ce soir. En guise de festivités il n’y a qu’une messe en plein air à neuf heures… Nous revenons à notre campement en espérant que le trafic routier sera moins intense dans la nuit…

Dimanche 27 mars : Pas le plus calme de nos bivouacs ! Nous sommes debout avec le soleil et bien avant huit heures nous sommes devant la porte du parking (payant) de Chichen Itza. Nous ne sommes pas les premiers et il faut attendre l’ouverture de la barrière à huit heures. Nous ne pouvons pas nous garer où nous voudrions et pas question d’expliquer que nous ne sommes pas plus longs qu’une voiture classique… Aux guichets c’est aussi la foule ! Là aussi en plus du tarif normal, l’état du Yucatàn a ajouté ses propres taxes et de 64 pesos, le prix d’entrée est passé à 232 pesos, pour les non-Mexicains ! Nous accédons au site au bout d’une courte allée occupée par les stands des vendeurs de souvenirs, têtes de morts de toutes les couleurs de préférence vives, reproduction de la pyramide en différents matériaux et dans toutes les tailles, tee-shirts « I love Mexico » ou « Calendario Azteca » etc… Nous découvrons la pyramide iconique de Chichen Itza, le Castillo, les quatre faces pourvues d’un escalier que l’on ne peut plus grimper, tant pis et tant mieux.

 

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Nous n’aurons plus une vue d’ensemble du site depuis le sommet mais il n’y a pas de touristes sur les marches ou au sommet. Ils sont tous au pied à se prendre en photo, les filles posant comme elles l’ont vu dans des magazines, les garçons prenant des poses censées avantager leur virilité… Nous commençons par aller voir de près le Jeu de Pelote, le plus grand de tous ceux du Mexique, deux murs dont la base est encore décorée par les frises de deux équipes de joueurs, le vainqueur décapite le capitaine de l’autre équipe… Autres temps, autres mœurs ! Nous continuons par l’examen de temples ou plateformes couverts de sculptures aussi sympathiques : un mur de représentations de têtes de mort, celles des perdants au jeu de pelote ou des sacrifiés aux dieux… Une autre plateforme est décorée avec des représentations de jaguars ou d’aigles dévorant des cœurs humains…

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Nous traversons l’esplanade centrale, nous faufilant entre les ombres bienvenues des arbres, pour photographier, entre deux groupes de touristes moutonniers, le Castillo, cette pyramide dont les escaliers sont bordés par des sculptures de serpents, la gueule ouverte à la base et dont le corps constitue la rampe. Pas question de voir de près les temples au sommet des pyramides, nous devons nous contenter de lire leur description dans le Guide Bleu, témoin d’une époque où le tourisme de masse n’en interdisait pas l’examen… Nous nous rendons ensuite près de la Pyramide des Guerriers qu’entoure le Groupe des Mille Colonnes, interdits d’approche, et dont seule une paire de jumelle permet d’apercevoir sur chacune d’elles les sculptures de guerriers fièrement empanachés et portant beaux ! Nous commençons à avoir chaud et donc soif. Le ciel a beau être couvert, le vent souffler, nous nous déshydratons vite et c’est la langue pendante comme le loup dans un dessin animé de Tex Avery (pour d’autres raisons…), que nous allons nous asseoir à l’ombre. J’abandonne Marie et retourne à l’entrée acheter une bouteille d’eau et un Coca Cola. Nous repartons pour le second groupe de ruines et à moins de cent mètres nous trouvons un marchand de boissons fraîches ! En continuant entre deux rangées de marchands de souvenirs (Imaginons des marchands de Tour Eiffel, de Sacré-Cœur, de tee-shirts « I love Paris » dans les jardins de Versailles !), nous parvenons à un espace qu’entourent divers monuments, un observatoire en forme de tour ronde prouvant les grandes connaissances astronomiques des Mayas, les restes de diverses structures et un ensemble baptisé par les conquérants espagnols de Temple des Nonnes dont les murs extérieurs sont superbement sculptés avec les habituelles représentations de Chac, de Quetzacoatl et autres dieux de cet heureux temps… 

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Nous en avons terminé, revenons vers la sortie et reprenons le camion alors que les cars de touristes affluent… Nous déjeunons à la sortie de la petite ville avant de reprendre l’autopista pour Valladolid. Nous y sommes bientôt et, très classiquement, nous commençons par aller nous garer sur le Zócalo pour faire un petit tour du centre-ville. Rien de remarquable, quelques rues ont vu les façades de leurs anciennes demeures restaurées, repeintes de couleurs pastel pour mettre en valeur leurs fenêtres et portes à grilles de fer forgé. 

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Nous prenons un pot dans un café avant de reprendre la route avec l’intention de nous rendre à Cobà mais nous arrêtons peu après au Cenote de Suy Tun. Un restaurant avec des bungalows, accepte que nous passions le nuit sur son parking avec jouissance de la piscine et du cenote. Nous nous rendons aussitôt à ce dernier. Il s’agit d’un lac souterrain qui communique avec l’extérieur pat une ouverture à ciel ouvert. Nous y descendons alors que tous les locaux en reviennent, et découvrons une immense grotte, peu éclairée, où pendent des stalactites de pierre et dont le fond est une réserve d’eau. Je vais m’y baigner, l’eau est fraîche mais pas désagréable, des poissons noirs peu farouches m’accompagnent dans mes quelques brasses. Nous revenons au camping et je me trempe dans la piscine nettement plus agréable. Les Mexicains venus passer le dimanche pascal s’en sont retournés, nous sommes presque seuls avec un couple d’Allemands en camper, eux aussi sur la route du Sud. Nous accomplissons nos devoirs journaliers avant de regagner le camion pour l’apéritif du dimanche.

Lundi 28 mars : Cachés sous les arbres, nous avons eu presque froid au matin mais bien vite nous recommençons à transpirer. Nous laissons nos coordonnées à Dagmar et Manfred pour le cas où ils voudraient partager un conteneur de Panama à Carthagène. Nous reprenons la route pour quelques kilomètres jusqu’au site de Coba, au bord d’un lac que fréquenteraient des crocodiles, nous n’allons pas vérifier. Coba est désormais dans les circuits touristiques et les bus de touristes principalement américains, venus de Cancun, sont nombreux. Nous devons payer 60 pesos le parking avant de pénétrer dans la forêt où se trouvent dispersés un grand nombre de monuments. Le premier groupe est proche, un Jeu de Pelote de petite taille, bien restauré, une pyramide aux gradins incertains, interdite d’accès et divers petits édifices sans décoration. Pour aller au-delà, il faut marcher plusieurs kilomètres ou louer des vélos et pour les moins courageux affréter un tricycle, solution que bien sûr nous retenons, Marie pour d’évidentes raisons et moi à cause de mon manque de confiance pour la « petite reine » et en dépit de toute la tendresse avec laquelle Bernard Blier qualifiait ainsi Arletty dans « Hôtel du Nord »… Nous voici partis, serrés sur une banquette, nez au vent, filant dans les sous-bois et nous arrêtant aux divers groupes de ruines. Rien de bien remarquable, le site est plus ancien et on ne trouve pas ici les remarquables décorations des palais et des temples de Chichen Itza ou d’Uxmal. Nous faisons halte au pied d’une grande pyramide qui reste accessible aux visiteurs. D’un microscope céleste on doit pouvoir observer les mouvements browniens d’homoncules agités en deux files, l’une montante, l’autre descendante, qui parfois se croisent, s’emmêlent, se bousculent mais continuent avec opiniâtreté, l’une de grimper à quatre pattes vers un but élevé, l’autre de tenter d’en revenir en tressautant sur les fesses de gradin en gradin.

On peut aussi y voir un bel exemple d’acte gratuit puisque l’arrivée au sommet n’est récompensée par aucune vision exceptionnelle, une brousse à demi verdoyante couvre la région en-dessous sans la moindre aspérité pour y poser l’œil… Bien sûr j’accomplis mon devoir de touriste, montée, coup d’œil circulaire et descente. Un autre arrêt pour un linteau qui possède encore des traces de peintures. Il appartient à un petit temple, au sommet d’une pyramide ruinée dont l’accès est interdit et, vu d’en bas, on ne distingue pas grand-chose… Notre conducteur nous emmène à un dernier groupe, loin dans la forêt, passant devant de beaux figuiers. La spécialité du lieu est la stèle, debout, protégée par un auvent de palmes tressées et totalement illisible. Les épigraphistes ont eu pitié de nous et à côté de quelques-unes, un joli dessin montre ce que nous sommes censés voir, presque toujours un seigneur emplumé, foulant à ses pieds quelques malheureuses victimes ligotées. Nous regagnons la sortie, second arrêt boisson, puis nous repartons en direction de Tulum. Nous changeons d’Etat et d’heure en entrant dans le Quintana Roo où on ne pratique pas la surtaxe touristique sur les sites... Nous y sommes à temps pour aller déjeuner au Camello, un restaurant populaire, très fréquentée, quelques tables en terrasse, plus à l’intérieur. Nous parvenons à obtenir une table dehors et commandons tous les deux un ceviche mixto, poisson, crevettes, poulpe, calamar et autres fruits de mer… Un régal, le ceviche que j’aurais voulu avoir tous les jours, particulièrement copieux. Je finis la part de Marie ! Nous passons à la poste puis à l’information touristique avant de nous rendre au site. L’exploitation touristique y atteint des sommets ! L’entrée au parking est fixée à 120 pesos et suffisamment loin du site pour que l’on soit incité à emprunter un train touristique payant, de grossiers wagons tirés par un tracteur… Il faut encore marcher, l’entrée n’est pas située là où on vend les billets, il faut contourner l’enceinte fortifiée. Quelques monuments, temples et palais sont répartis au bord de la falaise qui domine des plages de rêve et où je préférerais me trouver plutôt que de transpirer à très grosses gouttes sous un soleil impitoyable. Marie a peur de ne pas avoir le temps de tout visiter mais il n’y a rien à visiter, tout est interdit, pas question d’approcher et d’apprécier les descriptions des guides ! La situation en bord d’une mer bleue de carte postale, la végétation, tout en fait un lieu exceptionnel mais on reste sur sa faim. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous revenons au camion alors qu’éclate une averse qui, passé un bref rafraîchissement, laisse monter du sol des vapeurs étouffantes. Nous nous rendons au supermarché Chedraoui refaire quelques pleins de boissons puis nous cherchons un endroit pour la nuit. Nous nous rendons sur la route qui longe les plages mais personne ne veut de nous ou demande des tarifs scandaleux. La nuit tombe, nous revenons nous garer sur le parking du supermarché. A peine installés, Chloé, Joël et leurs deux garçons viennent cogner à la porte. Ils sont sur la route, du Texas au Costa Rica, depuis quelques mois. Nous prenons l’apéritif ensemble à l’extérieur sur notre table, plus au frais que dans le camion.

Mardi 29 mars : Nous avons passé une nuit au calme, seuls sur notre parking mais en sueur ! Nous reprenons la route, toute droite dans la brousse, une forêt pas très haute mais qui paraît impénétrable. Peu avant Chetumal, nous bifurquons pour approcher la lagune de Bacalar. Nous nous garons au balneario et allons voir de près les vacanciers profiter des joies de la plage dans une eau d’un bleu polynésien. 

TRANSAMERICA (2.4.- Chiapas, Yucatàn)

Nous jetons un œil au vieux fort espagnol qui protégeait la ville des pirates avant de continuer jusqu’à Chetumal. La ville reconstruite après un tremblement de terre n’est pas belle, sans le moindre charme. Nous allons nous garer derrière le récent Musée du Monde maya. Sur trois niveaux, censés correspondre à l’inframonde souterrain, au monde des vivants et au Ciel, sont présentés les caractéristiques des Mayas. Peu d’objets, des copies de mauvaise qualité et de nombreuses maquettes des sites majeurs, des reconstitutions de tombes ou de fresques. Le musée n’est pas climatisé et nous y transpirons… Nous rejoignons le Malecon que nous suivons jusqu’au  village de Calderitas où nous trouvons un très agréable camping en bord de mer. Nous nous installons au bar pour lire notre courrier, relire mon texte. Nous aurions bien aimé dîner au restaurant du camping mais cela ne semble pas être au programme, les tables sont débarrassées et le cuistot a disparu. Nous reprenons la voiture pour voir si les gargotes de poissons et fruits de mer que nous avions aperçues en arrivant voudraient bien de notre clientèle mais tout est éteint ou fermé. Dépités, nous revenons nous faire des pâtes avec du lard et une boîte de pâté espagnol.

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