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7 octobre 2019 1 07 /10 /octobre /2019 13:30

CYCLADES

Octobre 2019

Lundi 30 septembre : Trop courte nuit puisque nous avons réglé le réveil à six heures trente ! Nous partons avec notre Alfa, conduite par Julie qui connaît mieux la route, et dont le coffre est assez grand pour recevoir notre trop grand sac de voyage. Nous tombons vite dans des bouchons à l'approche d'Aix. Après avoir un moment craint de rater l'avion, nous sommes à temps pour enregistrer à Marignane au comptoir de la compagnie Aegean Airlines. Deux heures trente de vol en compagnie de très bruyants Grecs et avec un plateau repas minimaliste : pain-beurre-confiture et deux petits farcis, l'un aux épinards pour se mettre dans l'ambiance. Nous attendons ensuite pour continuer sur Santorin. Léger retard mais le vol est plus court que prévu et, après avoir aperçu l'île et sa falaise, nous sommes à Santorin à temps pour les derniers rayons du soleil. Notre sac est dans les tout derniers à sortir. L'hôtel nous a envoyé un van. Nous traversons la plaine sèche avant de grimper au milieu des constructions récentes, blanches mais sans âme, jusqu'à la rue principale étroite, suite de magasins de locations de quads, scooters et voitures ou de promenades en mer. L'hôtel est en contrebas, inséré au milieu d'autres constructions semblables avec une piscine au fond du puits. La chambre est correcte, plus spacieuse que je ne le craignais, avec une petite vue sur la côte et les fils électriques... Nous allons dîner au Kapari tout proche, bons plats, copieux et pas chers. Nous nous offrons un premier ouzo pour bien marquer notre arrivée. Feuilles de vigne servies tièdes, beignets de courgettes, boulettes de viande et excellent calamar grillé servi entier, un demi-litre de vin blanc sec conforte le repas. Très courte promenade dans la rue principale avant de regagner la chambre. Marie trébuche dans les toilettes et s'égratigne.

Mardi 1er octobre : Nos voisines teutonnes, bavardent et bruyantes, que j'ai déjà dû rappeler à être plus discrètes, se manifestent de nouveau. Nous profitons de la bouilloire et du thé offert pour petit déjeuner avec les biscuits conservés de l'avion. Nous commençons la découverte de Fira par une ruelle piétonne, en pente, qui nous amène au sommet de la falaise d'où nous découvrons toute la caldeira en arc de cercle.

CYCLADES 2019

Les constructions, presque toujours récentes, chaulées de frais, forment un enchevêtrement cubiste dans lequel quelques piscines de taille réduite viennent mettre des taches de bleu. Les clochers et les dômes, comme pour des mosquées, de chapelles ou de petites églises confirment notre présence en terre chrétienne, catholique ou orthodoxe.

CYCLADES 2019

Quelques toits sont en forme semi-cylindrique, comme les ghorfas, ces greniers du sud tunisien, sans doute pour mes mêmes raisons : lutte contre les chaleurs excessives et facilité de construction.

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Mais nous ne sommes pas les seuls, l'inimaginable profusion de touristes de toutes les parties du monde qui ont décidé, comme nous, de découvrir Santorin, nous agace et nous gâche le plaisir de cette vue superbe. Et qui dit touristes, dit boutiques ! Ce ne sont que des cafés et des restaurants installés tout au long de la corniche pour monopoliser les plus beaux points de vue et en arrière, des boutiques de souvenirs, d'artisanat identique à tous ceux des sites mondiaux les plus courus. A nos pieds des bateaux de croisière, HLM de nantis, déversent leurs flots de visiteurs à qui un téléphérique fait gravir sans peine les trois cents mètres de la falaise. J'abandonne Marie sur un banc de pierre, à l'ombre, et par des ruelles encombrées de badauds en quête de souvenirs, je marche jusqu'à la place centrale et cherche à me renseigner sur les horaires et les tarifs du ferry pour Folegandros dans des agences de voyage. Je retrouve Marie, lui fais part de mes renseignements et nous décidons de continuer notre promenade en passant par la cathédrale catholique, modeste mais dont l'intérieur est joliment décoré, avant de retrouver le sentier en corniche qui suit le rebord de la falaise vers le nord. Le soleil tape dur, les thermomètres indiquent 30°c et nous sommes vite en sueur. Marie s'accroche à mon bras, son attelle lui évite les claquements du genou. Bientôt, après un coude, la vue sur Fira disparaît et plus loin un autre village, Firostefani, aux blanches maisons qui couronnent la falaise, apparaît.

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En contrebas aucune construction ne s'est encore risquée à s'implanter dans le désert minéral, rouge ou noir. A l'entrée du village se dresse l'église Agii Teodori dont nous pouvons dominer la coupole bleue et les trois cloches de sa façade sur fond de mer, depuis une esplanade accessible aux véhicules, lieu de prédilection des jeunes visiteurs asiatiques qui s'y pressent, s'y prennent en selfie et repartent aussitôt.

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Nous déjeunons en terrasse à l'auberge Mama Tera, un menu simple pour deux, des chaussons aux épinards ou aux légumes et un plat, saganaki, de fruits de mer, quelques moules, deux crevettes, un bout de surimi dans une sauce à la tomate et avec de la feta ! Les demis de bière pression compris dans le prix sont appréciés et vite avalés. Nous continuons jusqu'à une autre église à dômes bleus avant de revenir sur nos pas vers Fira. La brume matinale s'est épaissie et à peine distinguons-nous l'extrémité de l'île. J'abandonne de nouveau Marie et retourne prendre les billets pour le ferry de Folegandros, puis je me rends au supermarché (pas grand choix), acheter du jambon, des chips et de la bière pour ce soir. Je reviens fatigué et liquéfié retrouver Marie. Nous retournons à la chambre mettre mes emplettes au réfrigérateur. Je vais me renseigner à proximité sur les possibilités de location d'une voiture et fais affaire pour demain. Puis nous réservons sur internet un hôtel à Folegandros. Marie s'inquiète de son doigt cogné dans la nuit qui bleuit vilainement après l'étranglement de son alliance. Nous cherchons un bijoutier qui nous indique un magasin où, grâce à des pinces, on parvient à couper la bague et la retirer du doigt. L'application de glace sur l'enflure la réduit rapidement. Nous retournons sur le chemin en corniche pour attendre le coucher du soleil. Nous attendons, appuyés sur un muret, assoiffés, la lente descente de l'astre. Coucher de soleil finalement très décevant, sans couleurs et sans effets !

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Nous rentrons à la chambre dîner de notre jambon avant de pouvoir enfin nous reposer. Longtemps que nous ne nous étions couchés d'aussi bonne heure et sans traîner pour nous endormir !

Mercredi 2 octobre : Nous devons être prêts pour neuf heures, heure prévue pour récupérer la voiture de location. Nous ne sommes que très peu en retard, le temps d'avaler un biscuit aux pommes (trop) parfumé à la cannelle. Nous héritons d'une Toyota Yaris rouge et partons aussitôt en direction du sud. Un peu crispé au volant, le temps de dompter la bête, je ne quitte pas des yeux les virages de la route souvent très étroite. La conduite locale est disons « sauvage », casques des motards inutiles de même que le respect des règles de priorité, de sens unique et de stationnement. Sans presque nous tromper (l'île n'est tout de même pas bien grande !), nous atteignons le site archéologique d'Akrotiri. Sous un immense toit bioclimatique qui permet de réguler la température et la lumière, supporté par une impressionnante structure métallique, se trouvent les restes d'une riche cité marchande du monde égéen, quelques millénaires avant notre ère. Les fouilles continuent et n'ont encore permis de dégager qu'une infime partie de la ville détruite après plusieurs tremblements de terre et une éruption volcanique qui, comme à Pompéi, la fit disparaître mais, semble-t-il, sans victimes humaines. Maisons à plusieurs étages aux murs épais, pavées de dalles pour les plus luxueuses et décorées de fresques désormais dans les musées, magasins où s'entassent encore des jarres décorées.

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Le chemin de la visite serpente en les dominant entre les murs étayés des maisons mais on reste tout de même sur sa faim faute de reconstitution et d'informations claires. Nous y avons passé beaucoup de temps et repartons jusqu'à la pointe sud de l'île, au phare, d'où la vue s'étend sur toute la caldeira. Encore de la brume d'où ne se distingue que la ligne blanche des constructions au sommet de la falaise. De nouveaux bateaux de croisière entrent dans la baie.

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Nous déjeunons fort bien d'excellentes souvlakis de porc avec des bières glacées pour un prix dérisoire à la gargote du parking. Nous pensions nous rendre à Old Thira mais nous nous apercevons que l'heure indiquée des visites ne nous permettra pas d'y être à temps, aussi modifions-nous notre programme. Nous décidons de nous rendre à Pyrgos pour y visiter son musée des icônes. Nous nous garons au point le plus près du promontoire sur lequel est situé l'ancien kastro, la ville médiévale aux ruelles inaccessibles aux véhicules, uniquement ravitaillée par des ânes et maintenant par des scooters ou des motocyclettes. Le musée est situé au sommet et nous nous dépêchons de gravir escaliers et ruelles pentues pour y parvenir à temps. Marie peste, râle, et tout comme moi transpire à grosses gouttes. Nous arrivons à temps, à bout de souffle, liquéfiés devant la gardienne du musée, étonnée d'une telle précipitation. Il n'y avait vraiment pas de quoi, une unique salle où sont exposées une douzaine d'icônes et quelques textiles liturgiques ! Celle de Saint-Georges est belle mais ne justifiait peut-être pas le déplacement, ni une telle hâte… 

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Nous errons entre les ruines et les nombreuses chapelles sises au sommet de la colline avant d'en redescendre par un autre chemin qui, après avoir quitté le quartier des bâtiments liturgiques, traverse un quartier sans aucun intérêt, à la limite de la cité. Enfin nous retrouvons la ville moderne et surtout ses cafés ! Nous nous arrêtons au premier pour y avaler des sodas bien mérités. Nous reprenons la voiture et par une route étroite, à la chaussée très dégradée, nous rejoignons Emborio où nous nous garons sur la place centrale. De là, nouvelle incursion dans des ruelles en pente qui nous amènent à un curieux quartier de maisons de couleur ocre. On accède aux différentes habitations en traversant des passages souterrains par des ruelles où l'on ne passe qu'un de front, et en grimpant pour accéder aux habitations par des marches qui, une fois de plus m'évoquent les greniers de Tunisie. Nous revenons sur nos pas entre une multitude d'églises et ressortons de ce quartier qui extérieurement a des allures de ville fortifiée.

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Un passage dans une épicerie pour étancher une soif persistante ne suffit pas à nous désaltérer. A quelques kilomètres, nous terminons les visites de la journée par celle de Mégalochori, un autre village qui a conservé un caractère traditionnel. Une très agréable place où des tavernes sous des tonnelles fleuries nous font regretter qu'il ne soit pas l'heure de dîner. Palmiers et bougainvillées dans lesquelles pépient des moineaux font oublier la présence de touristes chinois... Nous grimpons une rue qui passe sous un beau clocher, au pied d'une église à dômes bleus.

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Nous revenons par une autre ruelle sans autant de charme et rentrons à Fira. Je peine à retrouver le centre ville. Je dépose Marie à l'hôtel puis vais me garer à l'extérieur du centre sur un vaste parking. Je reviens en achetant des biscuits et de l'eau pour la nuit. J'ai à peine le temps de reporter les photos sur l'ordinateur, qu'il faut déjà ressortir dîner. Nous avons pu réserver par téléphone au Salt and Peper, que nous avait recommandé Renata. La patronne est dynamique et très sympathique mais nous sommes tout de même déçus par la cuisine, rien de bien original, les portions ne sont pas exceptionnelles mais le litre de petit vin blanc local qui ne doit pas titrer trop fort, se laisse boire sans difficulté. Retour à la chambre pour mes corvées du soir.

Jeudi 3 octobre : Bien que très fatigué, je me réveille, comme j'en ai maintenant l'habitude, dans la nuit. Quelques manipulations sur Internet et je me recouche mais au matin je resterais bien couché plus longtemps... Après le petit déjeuner je vais rechercher la voiture sur le parking puis je vais remettre quelques litres d'essence, particulièrement chère dans l'île, presque deux euros le litre ! Je vais rechercher Marie à l'hôtel sans trop me tromper de route puis nous descendons dans la plaine orientale et en utilisant le GPS nous trouvons la route d'accès à l'ancienne Thera. Elle part d'une plage et grimpe à flanc de falaise en des lacets très serrés sur un revêtement empierré. J'ai l'impression de rouler au Pérou, dans les Andes, mais sans l'angoisse de voir débouler dans un virage un camion fou ou un bus en fin de vie... Au sommet, sur un véritable nid d'aigle, presque dans les nuages et offrant un paysage sur toute l'île, se dressait une ville qui commandait le trafic maritime dans la mer Egée au IX° siècle av. JC. Il nous faudrait encore escalader des escaliers sur un kilomètre pour parcourir le site qui, a priori, n'a pas grand chose à montrer. Marie ne s'en ressent pas, moi non plus, nous renonçons et redescendons à petite vitesse. Nous filons sur Oia, l'agglomération la plus au nord, en passant par la route de la plaine, plus rapide. Le parcours se termine au milieu des gravats mais nous sommes au cœur de la cité. Nous nous garons sur un parking à la limite des constructions, un terrain vague que nul n'a songé à aplanir. Une petite marche et nous sommes sur la seule rue, exclusivement piétonne, qui court le long de la falaise. Les constructions récentes et toutes dédiées au tourisme s'y alignent et s'accrochent au flanc de cette falaise moins élevée et moins verticale qu'à Fira. Nous sommes encore plus effarés que les jours précédents par la foultitude de touristes qui s'y pressent ! Les rares points de vue sont tous occupés par les (a)mateurs de selfies, des jeunes filles prennent des poses de starlettes pour épater les copines ou aguicher les messieurs. Nous cherchons où déjeuner, la gargote de gyros et de souvlakis qui nous tentait est prise d'assaut et il faudrait consommer debout ! Nous finissons par nous résoudre à déjeuner de moussaka pour Marie et d'une petite salade de poulpe pour moi dans un des établissements d'où nous jouissons d'une vue de « rêve » sur la mer, les falaises et les constructions, aux douces courbes blanches.

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Nous revenons sur nos pas, nous arrêtant à tous les points de vue sur la côte, très souvent au-dessus des dômes bleus des églises, pourvues de clochers aériens. Nous multiplions les haltes à l'ombre et la consommations de bouteilles d'eau gazeuse glacée. Nous nous enquérons des moulins à vent représentés sur des photos. Nous devons continuer en direction de la pointe de l'île et effectivement nous en découvrons un premier en bon état, transformé en auberge puis deux autres, l'un en moins bon état et le second sans ailes. Bien que las de monter, descendre, sous le soleil, nous les approchons puis nous nous rendons à un point de vue, au sommet de l'ancien château byzantin, d'où la vue sur les moulins, les églises et les habitations autrefois troglodytes transformées en auberges de charme, est superbe.

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Nous y restons assis à l'ombre, hésitant à y attendre le coucher du soleil mais ce ne serait pas avant plus de deux heures. Nous allons reprendre la voiture et descendons au port d'Ammoudi, au pied de la falaise, relié à Oia par un sentier que des ânes parcourent pour remonter les touristes fatigués. Des tavernes sont installées au bord de l'eau et se remplissent vite de consommateurs avides d'un coucher de soleil. Les maisons, les moulins dorent dans le soleil qui se couche sans effet particulier, sans doute à la grande déception des touristes qui ont loué des caïques ou des voiliers pour cet inoubliable moment !

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Nous rentrons par la route en corniche et rendons sans anicroche la voiture. De retour à la chambre, nous avalons une bière bien fraîche puis je retourne acheter de la charcuterie pour dîner à la chambre.

Vendredi 4 octobre : Un vent parfois violent souffle sur l'île et le ciel est gris. Nous abandonnons les sacs à la réception et partons à pied vers le centre de la ville. Marie est contente de découvrir la place principale, piétonne et toute consacrée au rassasiement des touristes. Un peu plus loin, plus près que je ne le pensais, nous atteignons le musée préhistorique. Pas trop grand, en forme de carré, il expose les résultats des fouilles du site d'Akrotiri, pétrifié par l'éruption volcanique au XVII°siècle av JC. Grande collection de vases, certains en forme de col d'oiseau très élégants, décorés de motifs floraux ou zoomorphes. Le rôle important de la cité, carrefour des routes maritimes de la mer Egée, est montré par la présence de poteries en provenance de toute la Méditerranée orientale. Deux belles fresques sauvées des murs des maisons bourgeoises, l'une représentant des dames, l'autre des singes et des papyrus, donnent une idée de la richesses des intérieurs.

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Nous déjeunons d'une belle portion de gyros d'agneau servie entre deux grandes pitas, sans fromage ! Retour à l'hôtel où nous patientons jusqu'à trois heures, quand le van de l'hôtel vient nous chercher pour nous emmener au port. La descente à flanc de falaise sur une route étroite et à virages en épingle à cheveux est impressionnante. Un ferry vient d'accoster et déverse un flot de voyageurs que nous devons croiser. Marie m'attend pendant que je vais aux bureaux de la compagnie me renseigner. J'apprends qu'à cause des conditions météo, la traversée est annulée ! Notre billet est validé pour demain, je dois prévenir l'hôtelier de Folegandros par téléphone. Je trouve à un bureau touristique un hébergement pour la nuit à Perissa ainsi que le transfert pour 70 euros. La remontée de la falaise est très laborieuse, les camions et surtout les bus ont la plus grande difficulté à se croiser surtout dans les virages. Enfin nous parvenons au Holliday Beach Resort qui n'est pas sur la plage, où personne n'aurait l'idée de passer des vacances et qui, à part une piscine, n'a pas grand chose à proposer, même pas de restaurant... Espérons que ce ne sera que pour une nuit... Nous sommes loin de la plage et des établissements touristiques. Je commande une salade et du poulpe grillé qui doivent être livrés à la chambre puis je vais à pied à une supérette nous ravitailler en eau. Nous prenons le repas sur la terrasse malgré les passages bruyants de véhicules sur la route devant l'hôtel.

Samedi 5 octobre : Nous n'avons rien à faire pour nous occuper ce matin si ce n'est surveiller les cieux et surtout l'intensité des rafales de vent... Après avoir petit déjeuné d'un jus d'orange et de nos derniers biscuits sur la terrasse au milieu des arbres, nous libérons la chambre peu avant midi et allons nous installer dans des fauteuils à côté de la réception. Je me fais confirmer par téléphone le départ de notre ferry. Nous laissons passer les heures en lisant nos journaux en retard. Un employé de l'hôtel nous emmène au port à deux heures. Le soleil brille et la brume a disparu, la plus belle journée depuis notre arrivée. Je vais m'assurer au bureau de la compagnie que notre ferry sera bien au départ et nous allons déjeuner à la terrasse d'un des restaurants-cafés qui profitent des voyageurs en attente d'embarquement. Presque toutes les tables sont occupées par des touristes qui vont partir sur un énorme ferry. Un sandwich et des calamars frits arrosés de bières pression nous font oublier les gargouillements de nos estomacs. Nous allons nous asseoir dans la gare maritime réduite à un simple hall en regardant le ballet des faux caïques qui viennent déverser leurs cargaisons de faux pirates pour rentrer en autocar climatisé dans leurs hôtels. Notre ferry, un catamaran arrive, nous montons précipitamment à bord, assis dans des fauteuils, sans accès à l'extérieur. Nous partons en longeant la falaise de la caldeira mais les embruns sur les vitres empêchent une bonne visibilité.

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Je comprends vite que la durée annoncée de la traversée, supérieure à celle indiquée la veille est due au fait que nous ne rendons pas directement à Folegandros mais que nous allons faire une escale à Ios. Nous débarquons en retard mais notre hôte est là, un sympathique garçon qui nous emmène à la capitale de l'île, Chora, à trois kilomètres. Nous comprenons en arrivant que l'hôtel annoncé comme en centre-ville est en réalité, sur une colline à l'extérieur, dominant le village, faisant face à la mer et à l'église de la Panaghia sur la colline opposée. Notre déception est vite tempérée par la découverte de notre chambre, spacieuse, confortable, avec une grande terrasse avec la même vue, découverte depuis la piscine.

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On nous offre un flacon de vin blanc en guise de bienvenue. Une fois installés, nous descendons au village. Quelques touristes mais bien peu en comparaison de Santorin. Ils sont remplacés par des chats, gras et indifférents. Au bout d'une ruelle, piétonne bien sûr, nous aboutissons à une minuscule placette ombragée par deux arbres sous lesquels quelques chaises et tables rustiques nous attendent. Nous dînons là, ouzo, tarama, souvlakis pour Marie et ragoût de cabri en sauce rouge. Tout est bon, copieux et bon marché. Nous nous promettons d'expérimenter les autres tavernes demain... Retour dans la nuit en traînant la jambe jusqu'à la chambre.

Dimanche 6 octobre : Nuit plutôt fraîche mais beau soleil au réveil. Nous petit déjeunons sur la terrasse avec le thé préparé grâce à la bouilloire de la chambre et d'un énorme baklava, dégoulinant de miel mais avec des arachides et non avec des amandes ou des pistaches. Ils étaient meilleurs en Turquie ou dans les pâtisseries tunisiennes du Quartier Latin car, en Tunisie même, nous n'en n'avons pas trouvé en juillet ! Nous ne sommes pas pressés, notre programme de la journée est limité à la découverte du village. Nous y descendons et parcourons les quelques ruelles qui composent son centre, trois ou quatre placettes ombragées de palmiers ou de bougainvillées, reliées par des ruelles pavées dont les dalles sont soulignées d'un large trait blanc, composant ainsi des dessins à la « Dubuffet ».

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Les tavernes sont toutes fermées, les quelques boutiques d'artisanat ou de souvenirs aussi. Dimanche ? Trop tôt ? Nous allons prendre les billets pour le ferry de mardi à destination de Milos, très nettement moins cher que le catamaran pour venir de Santorin. Les chats se prélassent sur les marches, presque seules présences vivantes dans les ruelles. Nous débouchons vite à l'autre extrémité du village et découvrons le côté mer de la falaise sur laquelle il est construit. D'anciennes cultures en terrasses étagées, abandonnées, dévalent presque jusqu'au niveau de l'eau.

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La côte, sauvage, découpe des criques jusqu'à la pointe nord de l'île. Nous revenons traîner dans les ruelles, à la recherche d'un restaurant ouvert ce midi. Nous déjeunons sur une des places, dans une taverne tenue par un polyglotte plaisantin, à en croire ses écrits, mais peu souriant. Encore une moussaka pour Marie, je m'offre des keftédès, sèches et sans goût. Nous arpentons ensuite les deux étroites ruelles parallèles que relient quelques passages voûtés, du kastro, l'ancien quartier fortifié. Les maisons à un étage ont toutes des balcons en surplomb de la ruelle. Portes, fenêtres et rampes d'escaliers sont en bois peint, presque toujours en bleu. De larges et raides escaliers extérieurs permettent d'atteindre l'étage.

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Nous allons de banc en muret à l'ombre pour attendre l'heure de monter à l'église de la Panaghia et y guetter le coucher du soleil mais il faudrait attendre ainsi encore des heures aussi décidons-nous de nous y rendre sans plus tarder. La montée est rude et le soleil est encore vif. Marie ne se croit pas capable d'y parvenir mais en multipliant les pauses sur le muret qui encadre le sentier, elle y parvient. L'église est fermée et des travaux de restauration sont en cours sur le clocher. La porte est surmontée d'un beau linteau de pierre sculpté avec des représentations du Christ et des symboles des évangélistes. Nous pouvons apercevoir par une fenêtre l'intérieur, des lampadaires en argent et des icônes. Le ciel se couvre, des nuages moutonnent au dessus de l'île

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et malgré la possibilité d'un beau coucher de soleil, nous renonçons à l'attendre et redescendons. Plus rapidement mais en découvrant des muscles dont je ne vois pas l'intérêt puisqu'ils ne foutent rien le reste de l'année ! De retour dans le village, toujours aussi peu animé, nous allons boire un Coca ou de l'eau gazeuse à la table de l'une des rares gargotes ouvertes à cette heure, à l'ombre d'un arbre qui sert de perchoir aux chats. L'ouverture de la petite supérette que nous attendons tarde, elle est prévue « vers » six heures... Nous nous y ravitaillons puis rentrons à la chambre, juste à temps pour profiter du bel éclairage du village et de la Panaghia au soleil couchant.

 

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Depuis notre terrasse nous contemplons le spectacle en dégustant la fiole de vin blanc offerte par notre hôtelier. Nous dînons ensuite avec nos provisions mais en revêtant un blouson tant la température a vite baissé. Puis nous cherchons à réserver une chambre à Milos sans parvenir à conclure, et enfin je dois taper mes « Mémoires » avant de pouvoir me coucher.

Lundi 7 octobre : Il a plu dans la nuit et ce matin le ciel reste incertain. La chaîne météo laisse espérer une amélioration dans l'après-midi, aussi nous en tenons nous au programme envisagé. Nous ne nous pressons pas, déjeunons à la chambre avec les restes de la veille. Nous nous rendons ensuite à l'arrêt du bus qui traverse l'île. Alors que nous sommes à mi-parcours, la pluie revient et c'est sous une bonne averse que nous atteignons l'arrêt. Nous nous abritons sous un auvent, assis sur des sacs de ciment alors que la pluie redouble. Le bus arrive, de petite taille, il a dû connaître des temps meilleurs à en croire la multitude de vignettes qui remontent à plus de quinze ans. Nous partons à petite vitesse, l'étroitesse de la route, les montées, descentes et virages ne lui permettraient pas d'aller plus vite. A travers les vitres embuées et fouettées par la pluie, nous apercevons les collines sèches, sans culture ni verdure. Les minuscules champs en terrasse ne sont plus entretenus. Les petites chapelles, toujours bien blanches, sont nombreuses. Au bout de six kilomètres nous atteignons Ano Maria, le second village de l'île. Pas de centre, un habitat très dispersé, rien de remarquable. Le bus continue sur un ou deux kilomètres jusqu'au terminus. Nous ne nous voyons pas patienter trois heures pour rentrer avec le prochain bus, même les tavernes sont fermées à cette heure, aussi revenons-nous avec le même bus qui nous dépose à l'entrée du chemin de notre hôtel. Après nous être trempé les pieds dans le chemin inondé, nous regagnons la chambre pour une après-midi de repos forcé. Je commence à mettre le blog à jour mais des coupures de courant à répétition m'interdisent de continuer. Nous ressortons pour aller dîner dans le village. La pluie a de nouveau inondé le chemin et nous devons patauger dans l'eau. Les restaurants sont ouverts et nous dînons à la taverne To Chic en terrasse mais sous un auvent. Bonne cuisine, de l'agneau avec une bonne sauce au citron et au romarin ainsi que du poulet au safran.

 

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Lent retour sous la menace de la pluie. Le wifi ne fonctionne pas, je ne peux continuer de mettre le blog à jour. Peut-être dans la nuit...

Mardi 8 octobre : Mal dormi, réveillé tôt dans la nuit, je ne parviens pas à retrouver le sommeil et faute de wifi, je ne peux pas m'occuper du blog. Au matin le ciel est toujours couvert mais il ne pleut plus. Notre aubergiste nous conduit au port où nous attendons l'arrivée d'un grand ferry. A part les touristes, tout le monde connaît tout le monde et s'embrasse, y compris les policières chargées de faire respecter un semblant d'ordre entre voitures et passagers qui se croisent. Nous pouvons nous installer sur la plage arrière, à l'air libre. Nous regardons défiler la côte de Folegandros puis la traversée s'effectue sur une mer calme. Nous longeons l'île de Poliegos qui semble inhabitée puis nous faisons une brève escale à celle de Kimolos où débarquent et embarquent quelques personnes. Nous longeons Milos où nous apercevons quelques églises et maisons blanches au sommet des collines. Un joli village de pêcheurs aligne des maisons colorées au bord de l'eau.

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Nous contournons un cap et entrons dans la baie au fond de laquelle se niche le port d'Adamas. Nous débarquons rapidement sur un quai où les restaurants succèdent aux loueurs de voitures et aux agences de promenades en mer. J'abandonne Marie avec les bagages et pars à la recherche de l'agence qui gère la location des chambres d'Anastasia Studios où nous avons réservé. On m'indique l'emplacement et après être allé débarrasser Marie des bagages, je m'y rends. C'est une longue suite de volées d'escaliers, dans lesquels je peine avec ce maudit sac bien trop lourd, qui montent au sommet de la partie ancienne, pas plus intéressante architecturalement parlant que le reste de la ville. Notre hébergement est situé juste derrière l'église qui ne manque pas de sonner toutes les heures... J'y dépose les sacs et redescends retrouver Marie. Nous allons déjeuner tardivement dans le premier restaurant trouvé. Un très copieux plat de délicieux souvlakis, keftédès et gyros avec salade de tomates et tsatsiki, le tout à prix très doux. Nous nous renseignons ensuite sur les possibilités d'excursion en bateau puis réservons une voiture de location pour demain. Nous allons faire quelques courses au supermarché, pas mieux achalandé que les précédents, avant de remonter à la chambre. Pénible ascension, accompagnés par des nombreux chats. Je laisse Marie à la chambre, simple, froide, sans un minimum de décoration, et vais porter le linge sale à une boutique pourvue de machines à laver. J'attends que les opérations de lavage et de séchage soient terminées et reviens de nuit à la chambre. Pour respecter la nouvelle règle qui veut que dans les îles grecques nous arrosions l'arrivée par un ouzo, nous avons acheté une trop minuscule fiole de ce breuvage et il est trop vite noyé dans l'eau. Nous dînons à la chambre puis je parviens à mettre le blog à jour grâce à la bonne connexion de l'hôtel.

Mercredi 9 octobre : Nous nous réveillons plus tôt que souhaité mais nous devons prendre livraison de notre voiture de location à neuf heures et demie. Nous petit déjeunons à la chambre, notre hôtesse qui ne parle que le grec a tout de même mis à notre disposition bouilloire, tasses, assiettes, couverts, sucre et café. On nous alloue une Fiat Panda, le plus petit modèle, pour 25 euros par jour. Avant de commencer la journée, je vais confirmer notre excursion sur un voilier demain. Le tarif est nettement moins cher si on règle en cash ! Nous devons tout d'abord remettre de l'essence dans le réservoir presque vide. Nous prenons la route, très étroite, du nord, sur les collines, puis nous bifurquons en direction de Klima, le petit port de pêche aperçu depuis le ferry hier. La route dévale les pentes et se termine derrière les maisons. Toutes sont alignées devant la mer et très colorées.

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De maisons de pêcheurs, elles ont devenues résidences de vacances ou secondaires, pieds dans l'eau puisque le rez-de-chaussée abritait la barque de pêche et la mer vient frapper le très étroit quai devant les habitations. Nous les admirons depuis une jetée et en longeant leurs façades, tout en essayant de ne pas trop nous mouiller les pieds, sautant du sable au goémon, des rochers aux dalles de béton. Nous remontons et atteignons le village de Plaka après avoir traversé celui de Tripiti, vraiment pas grand (!). Nous nous garons devant le Musée Archéoogique que bien entendu nous visitons. Beaucoup de poteries qui, comme à Akrotiri, permettent d'apprécier le niveau de développement des établissements humains durant les trois millénaires avant notre ère et leurs rapports commerciaux avec les autres îles ou le continent. De très jolies statuettes féminines cycladiques, certaines aux postures schématisées en forme de Ψ ou de Φ, d'autres plus réalistes, sont exposées, quelques-unes encore partiellement colorées.

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Nous partons nous promener dans le village, ruelles en pente, maisons blanches, portes, fenêtres et escaliers bleus ou plus rarement verts. Nous atteignons le haut du village d'où un sentier monte vers le kastro, au sommet de la colline. Les pentes et les escaliers ont vite raison de nos capacités respiratoires et musculaires. Marie renonce, je poursuis jusqu'à la première église du terre-plein de laquelle la vue s'étend sur toute la baie et le village en contrebas.

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Nous redescendons, traînons dans les ruelles du village, entre tavernes et boutiques d'artisanat. La grande saison touristique est passée et le village n'est pas envahi. Autour d'une autre église, le dallage forme des dessins, oiseaux, dauphins, navires, au moyen de galets noirs et blancs. Nous allons dîner dans une taverne, moules saganaki pour Marie et calamar en sauce au vin pour moi, avec bien sûr le petit vin blanc de la maison. Nous récupérons la voiture et descendons voir l'ancien théâtre au-dessus de Klima. Une courte marche nous y amène mais il a été tellement restauré que nous n'avons pas envie de l'approcher. En chemin, nous passons à côté du lieu de la découverte de la Vénus de Milo. Nous entamons ensuite la série des sites de la côte nord et tout d'abord, au bout d'une route en lacets, le petit port de Fyropotamos aux eaux pures quasi polynésiennes. Quelques barques colorées, l'inévitable église et un bout de plage en font tout le charme. 

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C'est ensuite Mandriaka, autre minuscule port, moins attractif mais la mer est tout aussi belle. Plus loin Sarakiniko est la grande attraction touristique, des bus y ont déversé Français, Québécois, Allemands et autres nationalités pour découvrir une calanque creusée dans des roches de kaolin blanc, érodées et figées comme des draps mouillés.

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Nous ne descendons pas jusqu'au niveau de l'eau, et déjà bien fatigués, repartons pour Papafragas, encore une calanque que la mer à creusé par un tunnel entre deux falaises. Nous achevons notre périple sur la côte nord à Pollonia, très décevante station balnéaire. Nous y prenons une boisson face à la mer, dans une taverne déjà envahie par des dîneurs à six heures ! Retour à Adamas où, en cherchant notre chemin dans les ruelles qui montent sur notre colline et souvent se terminent en cul-de-sac, avec l'église en repère, nous parvenons à notre hôtel. Nous y restons une heure avant de redescendre sur le port, rendre sans difficulté notre véhicule. Nous dînons dans le restaurant le plus proche, pas très bien, mes côtes d'agneau n'ont certainement pas été découpées par un boucher diplômé et Marie regrette son agneau au citron de Folegandros, bien meilleur. Nous devons encore escalader toutes les marches sous le regard des matous éveillés, pour enfin retrouver la chambre et son lit !

Jeudi 10 octobre : Nous ne sommes pas trop pressés ce matin. Nous saluons au passage notre hôtesse qui ne parle pas un mot d'anglais mais beaucoup en grec. Nous allons nous asseoir sur un banc face à l'agence qui organise l'excursion en bateau. Nous embarquons à onze heures sur un beau deux mâts en bois, récent, avec une quinzaine de touristes de diverses nationalités et un équipage de trois personnes, le capitaine très habile à la manœuvre, un second et une jeune fille qui ne doit pas avoir un BTS tourisme... Nous partons au moteur, les voiles ne seront jamais hissées, en longeant la côte, repassant devant Klima, bien éclairé, au pied de Plaka. A l'embouchure de la baie nous frôlons des rochers déchiquetés, plantés en pleine mer, l'un évoque sur une face un lapin assis.

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Nous traversons ensuite en direction de la côte ouest, passons devant des falaises où la roche a de multiples couleurs vives mélangées, rouge, vert, jaune. D'anciennes exploitations minières rustiques y sont visibles. Le soleil brille et nous ne manquons pas de prendre des coups de soleil. La côte ouest défile, plutôt monotone, succession de falaises modestes et de collines tombant dans la mer. Pas de villages, quelques pistes courent dans les collines. A midi et demie, on nous sert un « brunch », pain, fromage, une purée de tomate, du raisin et du café. Des bouteilles d'eau et de soda sont à volonté. Nous sommes un peu surpris de la frugalité du repas... Nous piquons droit sur la côte jusqu'à l'entrée d'une grotte marine que nous nous contentons d'apercevoir, sans y pénétrer, les mâts de notre bateau ne le permettraient pas. La falaise est percée de multiples grottes au niveau de l'eau. Nous parvenons au bout de la navigation à Kleftiko. Là, des falaises de tuff très érodées, blanches, sont percées de grottes ou traversées de part en part et baignent dans des eaux turquoises transparentes.

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Nous jetons l'ancre en compagnie d'autres voiliers chargés eux aussi de touristes. Certains se baignent, pas nous, pas assez chaud... Un bateau pneumatique nous emmène naviguer dans les grottes et traverser les falaises, courte navigation dans les eaux pures.

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Remontés à bord, un repas plus consistant nous est servi, salades, moussaka, ratatouille locale, vin blanc et bière glacée. Nous commençons à trouver que cette excursion n'est pas si mal... Nous revenons sur nos pas alors que le ciel se couvre. Avant d'arriver au port, nous faisons une halte étrange dans une baie sans intérêt particulier,

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le temps de nous voir servi un dessert à la cannelle que nous ne finissons pas et une tranche de pastèque. J'aurais préféré quelques olives et un verre d'ouzo... Nous débarquons à cinq heures passées. Je vais réserver une voiture pour demain puis nous allons faire des courses au supermarché avant de remonter à la chambre, accompagnés par tout une ribambelle de matous qui semblent nous avoir adoptés. Nous réservons un hôtel à Sifnos puis nous dînons à la chambre avant que je ne puisse raconter la journée.

Vendredi 11 octobre : Réveillé tôt dans la nuit, après avoir consulté les informations sur internet, je ne parviens pas à me rendormir. Nous nous levons d'assez bonne heure pour descendre vers le port en passant par le Musée Ecclésiastique logé dans la petite église Agia Triada mais il est encore fermé bien que l'heure d'ouverture soit passée... Le ciel reste couvert, pas la journée idéale pour aller aux plages. J'abandonne Marie sur un banc et vais chercher la voiture réservée. Même modèle qu'avant-hier mais en moins bon état. Je récupère Marie et nous nous rendons au Musée de la Mine qu'elle a envie de visiter. Comme prévu, son intérêt est des plus limité à mon avis. Une carte géologique de l'île précède une exposition de minerais de tous types dont je suis bien incapable de retenir les noms ! Une classe d'élèves accompagnée de leurs institutrices volubiles nous brise les tympans et j'en ressors épuisé. Nous retournons au Musée Ecclésiastique qui a enfin ouvert. Dans la petite église sont exposées des iconostases soigneusement décrites en anglais mais des termes religieux grecs ne sont pas traduits et bien des icônes vieilles de trois ou quatre siècles sont illisibles, mal éclairées ou couvertes d'une couche de suie due aux cierges. Nous repartons et prenons la route des plages sur la côte sud. La campagne est tout à fait quelconque, sans grand relief. Nous aboutissons à la belle plage de sable rose de Paliochori, entre deux falaises de roches multicolores.

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Nous déjeunons à la taverne, en fait un restaurant moderne, qui surplombe la plage presque déserte. Un plat de saint-jacques décongelées pour Marie et des calamars dorés pour moi nous permettront d'attendre le repas du soir. Nous continuons l'exploration des plages par celle de Fyriplaka, elle aussi entre deux falaises colorées mais bien plus réduite en taille et plus difficile d'accès. Le soleil revenu avive les couleurs. 

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Celle de Provatas est très quelconque et la seule taverne est désormais fermée. Il n'est pas tard mais nous n'avons plus guère de but de promenade. Nous roulons jusqu'au monastère d'Agia Marina, une église d'un blanc bleuté, fermée, ainsi que les bâtiments conventuels. Au dessus de la porte d'entrée, un linteau de l'époque franque représente deux lions affrontés.

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Nous revenons à Adamas, je remets de l'essence puis nous allons prendre un pot à la terrasse d'un des restaurants du port avant de rentrer nous reposer à la chambre. Un Américain braillard, sans doute un trumpiste, me tire de ma douce somnolence. Nous profitons de la voiture pour retourner au port. Je la restitue puis nous allons dîner à l'un des restaurants. J'aurais bien partagé avec Marie un ensemble de grillades mais elle a envie de lapin, je me contenterai de porc à la broche, arrosés d'un vin rouge « de la maison », léger ! Est-ce bien du vin ? Retour à la chambre en remontant les escaliers. Nous nous arrêtons sur un banc pour téléphoner à Julie. Un beau chat noir vient se coucher sur les genoux de Marie. Nous préparons le sac pour demain et réglons le réveil sur six heures.

Samedi 12 octobre : Comme prévu, nous sommes debout à six heures, Marie réveillée aussitôt est prête rapidement. A sept heures, alors que le jour se lève à peine, nous quittons les lieux. Notre gentille hôtesse, encore endormie, tient à nous dire au revoir. Nous descendons au port en évitant au maximum les escaliers avec le sac à roulettes. Nous sommes les premiers à la gare maritime et patientons face à notre catamaran qui a passé la nuit amarré. Nous embarquons peu avant huit heures, le bateau est loin d'être plein. Dès que nous ne sommes plus à l'abri de l'île, les vagues nous chahutent... Quelques passagers se réfugient dans les toilettes et n'en bougeront plus jusqu'à l'arrivée, Marie pousse de ces petits cris dont elle a le secret à chaque embardée, je me contente de suer à grosses gouttes... Le supplice dure plus d'une demi-heure jusqu'à ce que nous soyons à l'abri du vent sous Sifnos où nous débarquons, ravis de retrouver un plancher fixe et un horizon immuable. Il n'est que neuf heures ! Une fois de plus, j'abandonne Marie qui va se remettre de ses émotions et, traînant le sac à roulettes, l'autre sur le dos, je m'achemine lentement vers notre hôtel, Boulounis studios, dont je viens de découvrir la situation exacte qui ne correspond absolument pas à celle annoncée sur le site de réservation Booking.com ! J'y parviens au terme d'une nouvelle suée et termine, rageur, par une volée d'escaliers, au pied de notre logeuse qui d'emblée m'appelle « Patrick ». Je lui exprime aussitôt ma déception, ce qui ne semble pas l'affecter outre mesure... A peine remis, je retourne au port faire mon rapport à Marie... Nous revenons ensemble à l'hôtel en passant le long des agréables tavernes auxquelles nous promettons une visite vespérale, installées le long de la seule rue du village, entre la baie et la colline. Nous nous renseignons au passage sur les tarifs des voitures de location, repérons les épiceries et les agences de voyage pour planifier la prochaine étape. Parvenus à la chambre, nous constatons le mauvais fonctionnement de la chasse d'eau, les odeurs désagréables de peinture, cette fin de saison touristique étant mise à profit pour recrépir les murs et les toits plats. J'envoie un message au site de réservation pour leur manifester notre déplaisir. Néanmoins nous jouissons d'une terrasse avec vue sur la mer et d'un équipement nous permettant de cuisiner. Nous nous installons sur la table de la terrasse et étudions le programme de notre séjour dans cette île. Je descends à la supérette la plus proche acheter des provisions puis nous déjeunons sur cette terrasse avant de retourner dans le village guetter le bus qui doit nous emmener à Apollonia, la capitale de l'île. Entre temps je suis allé réserver une voiture pour demain et me renseigner sur les horaires des ferries pour Paros. Le nombre des rotations des ferries se raréfie après le quinze octobre. Le bus nous dépose au centre sur une placette de ce bourg endormi, la poste, la pharmacie, le Musée des Traditions Populaires fermé. Nous nous lançons dans la découverte d'un de ses quartiers, une ruelle qui ne pouvait que monter, mi-pente, mi-escaliers, qui grimpe vers une église imposante à deux tours tarabiscotées. Les maisons sont toutes récentes ou le semblent. Elles forment un ensemble de cubes d'une aveuglante blancheur mais la rectitude des arêtes, les murs aux surfaces toutes rigoureusement planes, parfaitement perpendiculaires, n'ont pas le charme des courbes de Santorin ou de Folegandros.

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Nous découvrons quelques églises, toutes opiniâtrement fermées, quelques-unes avec des linteaux et des colonnes de marbre gravés, blasons de seigneuries, Saint-Georges terrassant le dragon, lions et rinceaux de vigne, souvenir des Francs de passage. Nous revenons vers la place nous désaltérer à la table rustique d'une taverne qui ne semble pas avoir beaucoup changé depuis ces cinquante, soixante, dernières années. Nous suivons une autre ruelle encore plus endormie que la précédente. Sieste, fin de saison touristique, calme d'un samedi après-midi ? Toutes les boutiques d'artisanat, bijouteries, textiles pour touristes, sont fermées, même les chats sont absents ! C'est à peine si une ou deux tavernes sont restées ouvertes, sans doute par pitié à l'égard de touristes que nous ne croiserons guère. Encore des églises, clochers, dômes, bougainvillées sanglants, toujours fleuris. Nous tentons bien d'apercevoir des iconostases, des lampes en argent, à travers des vitres grillagées mais en vain. La ruelle continue de monter entre maisons et églises, devient escalier aux marches peu marquées mais tout de même de plus en plus dures à gravir. Nous débouchons au sommet du village et restons à nous reposer à l'arrêt du bus. Quand, enfin remis, alerté par un pan de toit bleu, je vais faire le tour du quartier, je découvre plusieurs moulins à vent, certains en ruine mais trois ont été partiellemnt restaurés. L'un, à l'écart des autres, est en très bon état. L'échelle est en place et les toiles roulées sur les armatures des ailes n'attendent que d'être déployées.

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Je vais faire part de mes découvertes à Marie qui est trop fatiguée pour les approcher et attendra que nous revenions avec une voiture. Nous redescendons la ruelle piétonne, l'éclairage plus doux met en valeur le village. Nous patientons sur un banc en attendant le bus, pour le plus grand plaisir de chats amateurs de caresses. Le bus nous dépose au port, le soleil se couche et la fraîcheur arrive. Nous prenons les billets de ferry pour Paros puis examinons avec le plus grand soin les cartes des restaurants alignés sur le bord de la baie. Notre choix fait, nous commandons une bouteille (petite !) d'ouzo que nous accompagnons d'une copieuse portion de tarama avant de déguster du calamar grillé et du lapin en sauce. La remontée à la chambre ne s'en trouve pas facilitée... Marie s'endort presqu'aussitôt.

Dimanche 13 octobre : La journée ne commence pas trop mal, nous ne nous pressons pas, nous avons tous les deux bien dormi et Marie continue même après mon lever. Petit déjeuner sur la terrasse en utilisant les plaques de la petite cuisine pour griller le pain de mie. Je vais chercher la voiture réservée, la paperasserie est réduite au minimum et je repars au volant d'une Škoda presque neuve. Je retrouve Marie à la chambre, il lui faut encore une heure avant que nous ne partions en direction du sud de l'île. Nous grimpons sur les hauteurs, dominant la plaine et ses cultures sur des terrasses aménagées, ainsi que quelques oliviers... Une belle route nous élève encore jusqu'au site archéologique d'Agios Andreas. Nous devons marcher quelques centaines de mètres sur un sentier revêtu en dur, longer les murailles cyclopéennes avant de pénétrer dans la cité dont il ne reste que des soubassements de murs de maisons de cette cité mycénienne florissante au XIII° siècle av. JC. Difficile de se faire une idée de la ville, on ne peut que remarquer l'étroitesse des maisons d'habitation. Le sommet de la colline est désormais occupé par l'église et les bâtiments du monastère Agios Andreas. Une église parmi les plus de deux cents églises que l'on aperçoit dans l'île, toujours d'un blanc étincelant mais aussi toujours fermées.

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Faisant exception à la règle, celle-ci est ouverte et nous y trouvons une iconostase en marbre. La vue depuis le parvis est superbe sur toute l'île, les villages de maisons cubiques blanches, les cultures et dans le lointain les autres îles des Cyclades. Nous reprenons la route jusqu'à son terminus au village de Vathy, au fond d'une baie presque complètement fermée. Il faut passer par la plage pour rentrer dans le minuscule village où, à l'entrée d'une jetée, se dresse le joli monastère Taxiarchis, un clocher et deux salles à toit voûté.

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Nous en réservons la visite pour l'après-déjeuner. Nous avons faim et une taverne, tables et chaises les pieds dans le sable, n'attend que nous. Nous y sommes si bien, sous les arbres, que je commande un ouzo. Marie qui n'en voulait pas y trempe tout de même ses lèvres... Sardines grillées et excellent ragoût de chevreau avec enfin du retsina nous donneraient presque envie de venir y passer deux jours ! Très peu de touristes désormais, ce sont des Grecs qui, ce dimanche, festoient au restaurant, plus tardivement que nous. De retour au monastère, nous pouvons y admirer quelques-unes des icônes de l'iconostase.

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Sur l'une, des ex-voto sous forme de plaques d'argent et des dons, bagues, croix en or ou en argent témoignent de la ferveur des orthodoxes. Heureux de cette halte, nous repartons pour nous rendre au monastère Chryssopighi sur une pointe rocheuse en mer. Le réseau routier est tel qu'il nous faut à chaque fois revenir à Apollonia pour reprendre une autre route. Nous apercevons de haut le monastère,très photogénique mais ne le sont-ils pas tous avec leurs volumes imbriqués ?

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Nous l'approchons mais il est fermé. Dernière escapade jusqu'à Faros, une autre plage à côté d'un petit port de pêche, moins charmant que Vathy. Nous allons prendre un soda à la terrasse d'une taverne sur la plage, à côté de tablées de locaux dont les enfants jouent avec des chatons blancs de bien bonne composition. Nous rentrons de bonne heure à l'hôtel après être passés à la supérette acheter des œufs pour notre dîner. Nous nous installons sur la terrasse pour écrire, réserver l'hôtel à Paros. Nous dînons sur la terrasse en compagnie de deux chats qui aimeraient bien goûter à notre omelette au bacon. 

Lundi 14 octobre : Nous nous réveillons un peu tard et ce n'est qu'à plus de dix heures que nous reprenons la route. Après avoir remis quelques litres d'essence à la station d'Apollonia, nous roulons jusqu'à Artemonas où nous nous garons au parking à l'entrée du village. Pratiques ces parkings à l'entrée de tous les villages. Ainsi il n'y a pas de véhicules stationnés n'importe où dans les ruelles même si parfois... Nous sommes sur les hauteurs d'Apollonia, dans un village qui y ressemble beaucoup, peut-être plus riche à en croire les maisons plus cossues. L'église d'Agios Konstantinos semble renfermer une belle iconostase que nous ne pouvons qu'entrapercevoir par une vitre de la porte fermée. Nous partons dans une ruelle qui monte dans le village. Eglises et maisons toutes blanches sur les murs desquelles les bougainvillées encore bien fleuris mettent des touches de couleurs vives et les jasmins exhalent des parfums entêtants.

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La Panagia tis Ammou est étonnamment ouverte et nous pouvons y admirer sur l'iconostase de belles icônes dont un Jugement dernier terrifiant comme il se doit !

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Un peu plus haut l'église Agios Koghi est elle aussi ouverte ! Ses icônes plus récentes sont moins intéressantes mais elle est est plus vaste,cul avec des dômes peints et une iconostase en marbre. Nous continuons de transpirer et de souffler à chaque pas en montant. Nous tentons de revenir par d'autres ruelles mais nous terminons dans des culs-de-sac et devons revenir sur nos pas, occasion de revoir sous un autre angle églises et maisons. Nous reprenons la voiture pour quelques kilomètres, les distances ne sont jamais importantes. Nous dévalons les collines au milieu des champs où les murets de pierres sèches ont dû demander des siècles de travail aux paysans pour édifier les terrasses. Nous atteignons le petit village de Kastro sur une falaise au-dessus de la mer. Nous parvenons à nous garer à l'extrémité de la route, presque en haut du village. Nous avons faim et fort heureusement la seule taverne encore en activité est à quelques pas ! Assis sur la terrasse, nous pouvons déjeuner en contemplant la campagne parsemée des taches blanches des églises. Classiques beignets de calamar et excellentes sefteles, des boulettes de viande goûteuses, une recette crétoise semble-t-il. Nous partons ensuite nous promener dans les ruelles désertes de ce très beau village dont les murs des maisons forment une seconde muraille derrière les remparts de cette ancienne cité. Des passages voûtés, des escaliers, des passerelles, relient entre elles les habitations, comme dans le kastro à Folégandros mais en plus important.

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Nous voilà une fois de plus épuisés, cuits par un soleil encore bien brûlant. Nous repartons pour la pointe nord de l'île. La route traverse l'île d'une côte à l'autre, offrant des vues sur les criques, les collines et, bien sûr, sur toutes les innombrables églises. Nous devrions voir des pigeonniers, nous n'en trouverons qu'un, bien entretenu, devenu habitation, une construction cubique avec des ouvertures triangulaires à sa partie supérieure.

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Les pigeons sont sans doute devenus tourtereaux dans un nid d'amour... A l'extrémité de la route, nous sommes à Heronissos, un minuscule port de pêche au fond d'un fjord. Quelques maisons sans charme et deux tavernes. Assoiffés, surtout moi, nous prenons un soda dans l'une d'elle puis nous repartons. Nous bifurquons pour grimper au sommet d'une haute colline sur une piste qui a été très sommairement bétonnée. Nous y trouvons le monastère, inhabité, d'Agios Simeon. Pour faire mentir la règle qui voulait que les églises soient toujours fermées, après celles de ce matin, ouvertes, celle-ci l'est aussi. Elle est dédiée au stylite Siméon, représenté sur sa colonne à plusieurs reprises sur des icônes ou des fresques. La vue s'étend sur toute l'île et notamment sur Kamarès à nos pieds. Nous nous y rendons, Marie regagne la chambre, je dois retourner à Apollonia remettre quelques litres d'essence et acheter des boissons à l'une des supérettes. Retour à la chambre pour relire mon texte puis nous profitons une dernière fois de la voiture pour nous rendre dans le centre. Nous rendons la voiture en payant moins cher que ce qui avait été prévu ! Nous dînons à l'une des gargotes, en bord de mer, brochettes et saucisse grillée avant de remonter lentement à l'hôtel. Sauver les photos, les nommer, les corriger puis taper mon texte m'occupe la soirée.

Mardi 15 octobre : Alors que Marie dort encore, je passe une heure à mettre à jour le blog. Petit déjeuner en compagnie du chat qui nous a adoptés et partage avec nous les biscuits. Pas difficiles les félin grecs, pain, biscuits, frites, tout fait ventre ! Nous refaisons les sacs et libérons la chambre. La propriétaire nous permet de rester jusqu'à l'heure de notre ferry mais peu avant treize heures nous quittons l'hôtel et nous acheminons vers les tavernes du port. Nous déjeunons au bord de l'eau, boulettes de viande à la menthe et porcelet au citron qui ne ressemble pas à du porcelet et n'a pas le goût du citron. Il est encore bien tôt et pour attendre, nous allons nous installer dans les divans de l'établissement voisin et nous nous y faisons servir des glaces. Je somnole. Le port ne s'anime que briévement quand un ferry arrive. Une heure avant l'arrivée du nôtre, peu avant quinze heures, nous nous rendons à la gare maritime et patientons. Beaucoup de Français, des retraités, race honnie ! L'Artémis arrive, nous montons à bord, pas d'escalator. Nous grimpons sur le pont ouvert où nous nous installons à l'arrière. Les passagers sont peu nombreux. Nous regardons s'éloigner les côtes de Sifnos et se rapprocher celles de Sérifos où nous faisons une très brève escale. Le village de Chora s'étage sur une colline et doit, lui aussi, avoir son lot de ruelles pentues...

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Nous allons nous installer dans le salon, la fraîcheur ne va plus tarder et nous sommes maintenant en mer, hors de vue des côtes. Nous arrivons à Paros à huit heures, rapide débarquement et comme d'habitude, j'abandonne Marie au port et pars à la recherche de l'hôtel. Occasion d'une première impression de l'île. Beaucoup plus animée que les précédentes sans atteindre le niveau de Santorin, mais le nombre de boutiques chics, de restaurants en terrasse est sans comparaison avec Sifnos ou même Milos. L'hôtel est vite trouvé, je dépose les sacs et vais retrouver Marie. Nous revenons ensemble par d'autres ruelles touristiques. La chambre n'est pas bien placée, pas question de donner sur le jardin mais sur une courette à l'écart. Peut-être pourrons-nous en changer demain. Nous dînons rapidement de nos restes et commençons à étudier le programme du lendemain.

Mercredi 16 octobre : Je porte le linge à laver. Je suis un lacis de ruelles très étroites entre des maisons ou des jardins, dans lequel je serais bien en peine de trouver mon chemin sans le GPS. J'aboutis sur le bord de mer, à proximité de moulins restaurés. Les opérations de lavage et séchage terminées je reviens à la chambre par un autre chemin, toujours en suivant fidélement les indications fournies. J'ai demandé à la réception de changer de chambre mais celle proposée ne serait pas mieux. Nous partons visiter à proximité la très ancienne église Panagia Ekatontapyliani. Rustique, elle ressemble plus à celles de Grèce continentale, en briques, pas crépie. L'intérieur est vaste, la pierre est de diverses couleurs, peu de dorures, même sur l'iconostase mais les ex-voto, des plaquettes en argent représentant la raison du vœu, un enfant, une jambe, des yeux, sont très nombreux, attachés sur quelques icônes.

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De jeunes écoliers viennent les embrasser et se signent à plusieurs reprises devant chacune. Le musée adjacent présente quelques belles icônes. Les plus anciennes sont crétoises, nombreux Saint-Georges évidemment.

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Nous nous rendons ensuite au Musée archéologique, derrière l'église. De nombreux élèments de statues sont exposés, des torses de kouros, des parties basses ou hautes de jeunes filles, pas une statue entière ! On peut certes admirer les drapés des himation et des chiton mais nous ressortons tout de même déçus, légérement frustrés. Il est l'heure de déjeuner, nous nous acheminons lentement vers la mer car nous avons tous les deux mal au dos, et choisissons dans une gargote du gyros de porc, copieux et goûteux avec des bières glacées. Marie m'attend pendant que je vais prendre les billets de ferry pour Naxos et réserver une voiture pour demain. Nous nous rendons ensuite au kastro, tout proche. Il est très petit, sans grand charme, seule la muraille de la forteresse vénitienne construite avec des matériaux de récupération d'un temple d'Athéna et la jolie église Agios Konstantino dont les murs crépis ont conservé en réserve des pierres brutes, méritent le détour.

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Les visites terminées, nous revenons nous reposer à la chambre. Après avoir écrit quelques cartes postales, je vais les poster et reviens avec du jus d'orange et de l'eau gazeuse. Nous allons dîner. Nous aimerions bien trouver un restaurant de poisson mais, alors que nous en trouvions dans les autres îles, ici, tous les restaurants ne proposent que du gyros et des souvlaki ! Nous nous offrons un ouzo pour marquer notre arrivée à Paros puis nous finissons par trouver un établissement sur le port où nous parvenons à nous faire servir du poulpe farci, dégoulinant de fromage, beurk ! Et pour moi des calamars grillés. Marie, de plus en plus buveuse de vin blanc local, se régale. Retour difficile à la chambre, Marie est fatiguée et traîne la jambe.

Jeudi 17 octobre : Déjà fatigués au réveil ! Nous petit déjeunons avec l'énorme portion de baklava, dégoulinant de miel, acheté la veille. Le miel et les incontournables frites servies aves tous les plats constitueraient-ils la base du fameux régime crétois ? Tandis que Marie se prépare, je vais chercher la voiture réservée, au tarif, de plus en plus intéressant avec la baisse de la fréquentation touristique, de 40 euros pour deux jours. Je la ramène et la gare à proximité de l'hôtel. Nous partons en direction de la pointe qui ferme la baie. Il s'y trouve une jolie petite église, toute blanche, perdue sur son rocher. L'eau est d'une transparence cristalline qui ferait rêver un Parisien au pont Mirabeau. La vue sur Parikia est hélas brumeuse. Nous cherchons ensuite à rallier le site archéologique de Delion. Le GPS nous envoie sur des routes très étroites sur les collines qui se terminent par des pistes impraticables avec notre petite citadine ! Nous devons revenir vers Parikia pour trouver une route goudronnée qui nous y conduit, mais elle ne grimpe pas jusqu'au sommet de la colline où se trouve les ruines des temples de Léto, Artémis et Apollon, et nous devrions terminer en montant à pied. Sachant qu'il y a très peu à voir, nous renonçons et reprenons la route en direction de Naoussa. Un petit détour nous conduit au monastère de Longovarda sur une éminence. Seuls les hommes y sont admis ! Bien que l'heure des visites soit passée, le moine-portier, très gentil, parlant un peu anglais, me permet d'entrer. Les bâtiments des cellules des moines sont importants mais ils ne sont plus que dix, et pas de première jeunesse à en croire les deux que je rencontre. On m'ouvre la porte de l'église. Elle est entièrement couverte de fresques du début du XIX° siècle mais très dégradées, noircies à les rendre illisibles, d'autres plus anciennes seraient en dessous. Ce serait dû à l'air trop humide m'assure mon cicérone. Sur l'iconostase, de très belles icônes notamment la porte avec les classiques évangélistes et une Annonciation.

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J'en ressors avec deux pommes en cadeau ! Marie a patienté... Nous roulons jusqu'à Naoussa où nous nous garons à proximité du port. Nous passons par quelques ruelles où l'on retrouve toutes les grandes marques internationales de la mode. Les touristes aiment retrouver ailleurs ce qu'ils ont chez eux... Le petit port de pêche est très agréable. Sur les quais sont installées des tavernes, face aux bateaux de pêche.

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Nous déjeunons dans l'une d'elle, très copieuse tranche d'espadon grillé (avec des frites !) et salade de poulpe.

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Nous longeons les quais et repartons en direction de Filizi, une île face à une pointe sur une falaise. Nous longeons la côte sur quelques kilomètres en partie sur une bonne piste qui épouse les méandres de la côte, jusqu'à Ambélas, autre tout petit port de pêche. Nous y prenons un soda à l'une des deux seules tavernes encore ouvertes. Nous récupérons le goudron et la grande route et passons voir le joli monastère d'Agios Nikolaos isolé sur une pointe rocheuse.

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Nous quittons la côte et arrêtons à Kostos, gros village sur une hauteur. Rien de remarquable si ce n'est un ensemble de trois églises voisines sur la place centrale. Comment se répartissent les fidèles lors des cérémonies ? Nous faisons le tour de ces dernières par des ruelles aux dalles dessinées, passant sous de superbes bougainvillées et escortés par les chats.

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Nous revenons à Parikia, achetons au supermarché radis et rôti de porc à la mode crétoise pour notre dîner puis regagnons notre chambre. Nous réservons une chambre à Naxos puis dînons et pour une fois nous sommes couchés tôt.

Vendredi 18 octobre : Nous profitons dans le jardin du copieux petit déjeuner offert par l'hôtelier pour se faire pardonner de ne pas nous avoir changé de chambre. Nous partons tardivement en direction de Lefkes. Le ciel est couvert et c'est dans la grisaille que nous découvrons ce enième village tout blanc, perché sur une colline. Nous nous garons au sommet et descendons dans le centre par la ruelle principale. Les bougainvillées, les hibiscus et les jasmins paraissent bien ternes sans soleil !

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Nous aboutissons sur le parvis de la grande église du village, pas très belle, prétentieuse ! Je pensais y trouver une route qui m'aurait permis de venir récupérer Marie mais il n'en est rien ! Je continue, seul, en direction du bas du village et, à cent mètres, je découvre une voiture arrêtée. Il y a donc possibilité pour un véhicule d'arriver là ! Je suis la très étroite rue et retrouve le haut du village et donc notre voiture. Je reviens avec, pas très fier à l'idée de rencontrer un autre véhicule. Je me gare au bout et vais rechercher Marie. Le retour se fait sans problème. Ouf ! Nous repartons jusqu'à Prodromos, autre village autrefois fortifié, courte promenade entre églises et maisons à balcons et encadrements de portes et fenêtres en bois bleu. Tout à côté, Marmara a un très joli moulin en parfait état, les voiles sont à demi-déroulées sur les ailes et deux chaises attendent le meunier et la meunière sur le pas de la porte.

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Nous n'avons pas le temps de démarrer que nous sommes déjà au village suivant, Marpissa. Là aussi, trois moulins se tiennent sur la place à l'extérieur du village mais ils sont en ruine. Petite promenade dans le labyrinthe des ruelles, le soleil fait une apparition timide et tout de suite les fleurs prennent des couleurs ! Il commence à se faire tard et mon estomac réclame. Nous roulons jusqu'au port de Piso Livadi où quelques tavernes sont installées côte à côte. L'une, Markakis, étant signalée dans le guide du Routard, tous les touristes français s'y retrouvent. Nous avons l'impression d'être sur la Côte d'Azur et plus du tout en Grèce... Bon repas, un millefeuille d'aubergines pour Marie et un filet de poisson en papillotte avec câpres, olives, tomates, pour moi. Par acquit de conscience, nous retournons à Marpissa et prenons l'étroite route/piste qui monte au monastère Agios Antonios et qui se termine, peu avant le sommet, par des lacets si serrés qu'il faut manoeuvrer pour les franchir. Marie me laisse monter à pied, seul, les derniers mètres. Les bâtiments forment de beaux volumes, tout en douceur mais l'église est fermée et je ne pourrai pas voir les fresques ! Redescente plus facile puis nous poursuivons le tour de l'île, sans paysage intéressant. Paros sera pour nous, à ce stade du voyage, l'île la moins intéressante des Cyclades. Peut-être commençons-nous à être blasés ou fatigués... Nous arrêtons sur le bord de mer au petit port d'Aliki, nous prenons un pot sans avoir vraiment soif, pour nous occuper ! Nous terminons la journée en rentrant à l'hôtel nous reposer avant d'aller dîner d'excellentes grillades, brochettes de porc et kebab. La bouteille de bière est insuffisante mais ils n'ont pas de petites. Qu'à cela ne tienne, le patron ouvre une autre bouteille, m'en verse la moitié, trinque avec moi et nous en fait cadeau ! Retour à la chambre pour la dernière nuit à Paros.

Samedi 19 octobre : Debout à huit heures, nous petit déjeunons à la chambre, l'eau pour le thé y est plus chaude ! Je refais le sac et pendant que Marie continue de se préparer, je vais ramener la voiture chez le loueur et lui laisse en dépôt le sac. Je passe à la poste puis reviens à la chambre. Nous y restons jusque peu après dix heures et demie puis nous nous rendons au port. Je récupère le sac et nous allons attendre, bientôt rejoints par d'autres, l'arrivée du ferry. C'est un gros navire d'où débarquent de nombreux touristes. Octobre étant dans la basse saison, combien sont-ils en été à hanter les ruelles de Paros, Naxos et autres îles ? Nous accédons au pont supérieur par des escalators et nous nous installons dans des fauteuils à l'extérieur. Le temps de nous asseoir, le bateau est déjà parti. L'embarquement et le débarquement simultanément, pour gagner du temps, des voitures, poids lourds et des piétons me paraît bien discutable en terme de sécurité... Nous contournons la côte de Paros avant de mettre le cap sur Naxos où nous parvenons quarante minutes plus tard. L'arrivée dans le port de Chora, la capitale de l'île, est spectaculaire. Le kastro encore entouré de ses murailles médiévales et d'où surgissent des maisons et des clochers blancs, domine la ville moderne construite autour du port.

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Nous débarquons mais personne ne nous attend, contrairement à ce qui était prévu ! Nous attendons que le flot des piétons et des minibus de transfert se soit écoulé pour appeler l'hôtel. Il s'avère que notre hôtesse nous attendait à l'extrémité de la jetée, n'étant pas autorisée à rentrer dans le port. Elle nous emmène en contournant le kastro à sa pension, au pied de ses murs presqu'aveugles. Mais nous devons encore grimper quelques marches pour parvenir à la pension puis à la chambre. Une petite terrasse avec vue sur les murailles nous font oublier la peine pour y arriver. Nous nous reposons puis ressortons tardivement et nous nous lançons dans les ruelles en direction du port. Nous déjeunons simplement dans une gargote à un coin de rue, encore une moussaka pour Marie et des saucisses grillées, trop sèches, pour moi. Notre tentative d'essayer le rosé local n'est pas une réussite... C'est promis, nous attendrons le retour pour reboire du rosé ! La présence de boutiques, de plus en plus nombreuses, de souvenirs, de bijoux, nous annonce l'arrivée au port, où des établissements, restaurants, cafés, bars à cocktails, ont installé tables et fauteuils en terrasse. Je vais acheter les billets de ferry, nettement plus cher, pour Mykonos puis réserver une voiture de location pour les deux prochains jours. Je retourne sur la jetée prendre des photos de la ville et de son kastro puis je dois tirer de l'argent au distributeur, notre hôtesse préférant elle aussi le cash ! Nous marchons jusqu'à la place où se tenait les églises primitives, une cathédrale orthodoxe et de plus petits sanctuaires s'y trouvent de nos jours mais tous sont fermés. Nous allons faire des emplettes à une supérette et rentrons à la chambre nous installer sur notre petite terrasse pour y déguster un ouzo d'arrivée dans cette île. Nous dînons ensuite sous les murs sombres de l'ancienne forteresse mais accompagnés par les glapissements des gosses qui tapent dans un ballon sur l'aire de jeu en-dessous. Les soirées sont de plus en plus fraîches et nous regagnons vite la chambre et le lit ou plutôt les lits puisqu'ici nous avons des lits jumeaux.

Dimanche 20 octobre : Comme les jours précédents, ainsi qu'à Paros, les cloches de l'église toute proche carrillonnent à tout va, sans que nous sachions trop à quelle occasion. Impression de nous retrouver en Russie ! Nous petit déjeunons sur notre terrasse face au kastro bien éclairé par le soleil. 

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Je vais chercher la voiture réservée, une Fiat Panda. Je la ramène au parking proche de l'hôtel puis, après avoir commencé une recherche d'hôtel à Mykonos, nous partons. Le niveau d'essence est au plus bas, il va falloir en reprendre sans tarder. Mais toutes les stations-service sur la route sont fermées ce dimanche. Nous sommes obligés, furieux, de revenir à Chora pour en trouver une en activité ! Nous montons vite dans la montagne. L'île est bien plus accidentée que ses sœurs cycladiques. Des chaînes importantes se devinent, hélas dans la brume. Près de Sangri, nous empruntons une piste qui n'a que la largeur de la voiture pour essayer de voir une église, Agios Nikolaos, qui renfermerait de belles fresque. Il faut terminer l'approche à pied sur un mauvais sentier pour découvrir une minuscule église byzantine, bien évidemment fermée ! Nous n'y sommes pas les seuls, d'autres touristes ont eux aussi espéré trouver une porte ouverte et nous devons tous manoeuvrer savamment pour faire demi-tour ou nous croiser. Nous parvenons au site du temple de Déméter. De l'ancien parking, très proche du temple, accessible par un très court tronçon de piste, on ne peut plus accèder au site, il faut stationner en contrebas de la colline où se dresse le temple, sur la route, faute d'emplacements prévus. De là, un sentier de dalles non jointoyées zigzague en direction du sommet, contournant des prés limités par des haies de pierres. Enfin, le temple ou plutôt ce qui en a été reconstruit se dévoile.

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Quelques colonnes, un mur avec deux portes monumentales, restes du lieu de culte rendu à Déméter et Coré mais aussi une abside et une entrée de l'église qui succéda au temple. Le musée ne présente que des morceaux de statues, de colonnes, du fronton, rien de très parlant. Déçus, nous repartons, passons devant la « tour » Bazeos, en fait un ancien monastère, cubique, sévère et fermé. Nous poursuivons jusqu'à Chalki, village où nous trouvons une taverne ouverte, des tables sous une treille, toutes occupées par des touristes. Marie se régale d'une cuisse de poulet avec une bonne sauce, citron, miel, moutarde, et moi de souvlakis de porc. Nous voulons faire une promenade dans le village et tenter encore une fois de trouver des églises byzantines dans la campagne proche mais nous sommes trop fatigués pour marcher longtemps et nous renonçons vite. Le village suivant, Filoti, étalé sur une colline, est nettement plus grand. Plusieurs tavernes sont occupées par les jeunes des environs qui ont garé leurs voitures sous les panneaux d'interdiction de stationner, alors que le parking, à cent mètres, est désert ! Nous grimpons des escaliers jusqu'au parvis d'une grande église pourvue d'un beau clocher typique des Cyclades.

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Nous repartons en remontant vers le nord, passant devant la Panagia Damiotissa qu'un panneau indique, mais qui reste cachée derrière une clôture infranchissable. Heureusement, un peu plus loin, la Panagia Drossiani sur le bord de la route est ouverte ! Quelques marches, une courte montée et nous découvrons cette très ancienne église aux absides rustiques et qui renferme sur les murs et la voûte de l'une d'elles des fresques du VI°, VII° siècle qui seraient les plus anciennes des Balkans. Elles ne sont, bien sûr, pas en très bon état, mais ce que l'on en devine laisse imaginer leur qualité originelle.

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Nous prenons le chemin du retour avec une dernière halte pour aller voir le kouros de Flerio. Une statue de grande taille, à peine dégrossie après son extraction des anciennes carrières de marbre antiques, brisée lors de son transport et restée abandonnée. Là encore rien d'exceptionnel... Nous regagnons Chora et notre hôtel pour nous reposer avant d'aller dîner. Le terrain de jeu des enfants en-dessous de notre fenêtre est certes bruyant mais quand deux d'entre eux se mettent à jouer du tambour, cela devient infernal ! Je vais voir le patron qui sort intimer aux musiciens en herbe d'aller s'entraîner ailleurs mais ils se moquent de lui et il faut qu'il fasse mine de les poursuivre pour qu'ils daignent disparaître. Nous allons dîner avec la voiture, sur le port. Au restaurant Boulamatsis conseillé par notre hôtesse. Ce soir, ce sont les calamars, frits ou grillés, qui sont à notre menu. Bonne cuisine, simple et bon marché avec une vue sur le port bien peu actif, les touristes se font rares. Nous rentrons à la chambre pour une nuit de repos mérité.

Lundi 21 octobre : Nous aurions bien aimé faire la grasse matinée mais ce sera (peut-être !) pour demain... Dès que nous sommes prêts, nous prenons la route en direction du nord. Elle longe brièvement la côte puis s'en éloigne. Le vent souffle fort et la brume nous cache les montagnes dont les sommets sont dans les nuages. La grisaille ne nous permet pas d'apprécier complètement le paysage de garrigue accidenté. Dans les derniers kilomètres, avant d'atteindre Apollonas, nous retrouvons une côte très déchiquetée, une succession de criques que nous voyons de haut sur la route en corniche et le soleil revient petit à petit. Une fois arrivés, après y avoir vérifié que des tavernes sur le port sont ouvertes, nous revenons sur nos pas quelques kilomètres, pour être du bon côté de la route et profiter du soleil plus franchement de retour.

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Nous allons voir une statue ébauchée de Dyonisos qui, comme le kouros de la veille, mais deux fois plus grande, a été abandonnée au sortir de la carrière de marbre où elle a été taillée.

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Nous déjeunons au bord de l'eau à la taverne qui affiche « poisson frais ». Je commande un poisson grillé, du red snaper, on me sert un vivaneau ridiculement petit pour un prix bien trop élevé ! Je suis furieux et me rattrape sur la bien plus copieuse friture d'éperlans (?) de Marie. Nous avions « promis, juré » de ne plus boire de rosé grec mais nous décidons de donner une seconde chance à la production vinicole et cette fois, nous le trouvons « acceptable ». Nous redescendons par l'intérieur, la route serpente dans la montagnes, Naxos doit être la Corse des Cyclades ! Les flancs des collines sont zébrés de sortes de lignes de niveau constituées par les murets en pierres des lopins de terre en terrasse.

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Le joli village de Koronos semble une projection de confettis blancs sur les collines arides. Des éoliennes brassent l'air au-dessus d'un antique moulin à vent, manifestement dépassé par le progrès !

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Un peu plus loin, à Apeiranthos, nous allons nous promener dans les ruelles de ce gros village qui a dû connaître une certaine prospérité au temps de l'exploitation des mines d'émeri. Le bas du village est occupé par des maisons bourgeoises à un étage avec un balcon de fer forgé. Beaucoup tombent en ruine.

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Plus haut, en gravissant d'épuisantes marches, nous ne rencontrons plus que des maisons plus ordinaires, autour des nombreuses églises. Nous décidons d'aller à Moutsouna, un petit port sur la côte orientale où, autrefois, était chargé le minerai d'émeri. La route descend en lacets très serrés, succession d'épingles à cheveux sur une douzaine de kilomètres. Au bout, rien à voir, à faire, si ce n'est boire un soda à la taverne sur le port et repartir. Nous emmenons un Albanais en stop dont ne saurons pas s'il nous parle en grec ou en albanais... Nous retrouvons Filoti puis Chalki où nous étions passés hier et rentrons à Chora par la même route. Nous allons nous reposer à la chambre puis ressortons en rechignant pour aller dîner sur le port. Côtelettes d'agneau pour moi et une sorte de rouleau frit au fromage et à la tomate pour Marie. Malgré la modestie de notre addition, on nous offre un gateau et des fruits à la cannelle ainsi qu'un minuscule verre d'alcool. De retour à la chambre, je dois encore me battre avec l'ordinateur et le smartphone pour, suite à une mauvaise manipulation, les reconnecter, écrire des cartes postales et enfin ces lignes. 

Mardi 22 octobre : Nous avions bien envisagé une grasse matinée pour aujourd'hui mais la force de l'habitude fait que peu après huit heures nous sommes debout. D'ailleurs, après le petit déjeuner, pris sur notre balcon, malgré un vent toujours aussi fort, je dois ramener la voiture à l'agence de location. La restitution de la voiture se fait en moins d'une minute et je rentre à pied à l'hôtel. Nous partons en visite dans le kastro. Nous suivons une ruelle en légère pente qui longe les murs abrupts de l'ancienne ville fortifiée puis franchissons une étroite porte et grimpons encore des volées de marches avant d'atteindre la place sommitale de l'ancienne cité vénitienne. Elle a conservé de cette période un nombre d'églises et de monastères catholiques dont une cathédrale qui se visite. Une façade, qui se veut majestueuse, toute en marbre, trop sévère, froide et, à l'intérieur, un autel avec un curieux retable dont la peinture centrale est double : elle peut pivoter et montrer sur une face une Vierge à l'Enfant et de l'autre un Saint-Jean Baptiste ! Ce que se charge de nous montrer un bien aimable laïc préposé à la surveillance du lieu. D'autres peintures du XVII° siècle, dont nous ne savons pas si on peut les appeler « icônes », retiennent notre attention. Nous lui demandons si nous pourrions voir la chaire de l'église Saint-Antoine de Padoue mais il n'en a pas la clé ! A proximité, le Musée Archéologique n'est ouvert que deux jours par semaine, les samedi et dimanche... Nous traînons dans le kastro, profitons de la vue sur les environs, suivons toutes les venelles, peu nombreuses, avant de franchir une autre porte et redescendre en direction du port.

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Marie qui a cassé ses lunettes loupe, m'attend sur un banc, dans le vent, tandis que je vais chez un opticien lui en acheter une paire de rechange. Nous allons dîner de gyros et de souvlakis dans l'un des restaurants du port. Puis, de banc en banc, nous nous acheminons lentement vers le site du temple d'Apollon, sur une presqu'île à l'extrémité de la ville. Le vent souffle avec force, gêne notre marche et nous protège des ardeurs du soleil. Pour y parvenir, nous devons traverser une jetée battue par les vagues dont les embruns mouillent chaussures et vêtements.

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Un escalier nous fait accéder au temple dont il ne reste que le plan et un portail monumental, mais d'où la vue sur Chora, les montagnes en arrière-plan et la mer qui moutonne autour de nous, est superbe.

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Nous redescendons de l'éminence sur laquelle se trouvent les ruines et allons nous réfugier dans un café du bord de mer protégé du vent, en plein air, où nous laissons le temps s'écouler avant de nous décider à regagner notre chambre en passant à la supérette acheter pour notre dîner. Après avoir relu mon texte, nous nous offrons un ouzo puis dînons de nos emplettes avant de pouvoir nous coucher.

Mercredi 23 octobre : Nous nous éveillons un peu plus tard que les jours précédents. Le ciel est légèrement nuageux et le vent souffle toujours aussi fort. Nous nous préparons et refaisons le sac que je trouve de plus en plus lourd, de plus en plus volumineux ! Nous attendons onze heures pour descendre tenir compagnie à un couple d'Allemands en vacances en plein petit déjeuner, à notre hôtesse, à son chien et à ses chats. A midi, elle nous emmène et nous dépose au port. Nous retournons au restaurant le plus proche pour un déjeuner rapide puis nous nous rendons à la gare maritime attendre notre bateau. C'est un grand catamaran qui peut embarquer des véhicules. Il a une demi-heure de retard et le temps de l'escale est réduit au maximum, l'embarquement et le débarquement, tant des voitures que des passagers, s'effectue dans la plus grande confusion. Pas d'escalator, il faut monter deux étages alors que nous avons appareillé sur une mer agitée. Nous nous affalons dans des fauteuils et une demi-heure plus tard nous arrivons au nouveau port de Mykonos. Une jeune femme nous attend et nous emmène avec d'autres voyageurs. Deux kilomètres plus loin elle nous dépose à l'entrée de la vieille ville où elle ne peut circuler. Nous devons continuer à pied dans une étroite ruelle, entre des maisons plus blanches que blanches dont les balcons et encadrements de portes et fenêtres sont de couleurs plus variées que dans les autres îles. Nous sommes attendus et guettés par la propriétaire d'Eleni Studios. Le premier logement qu'elle nous propose est un duplex avec un escalier bien trop raide pour Marie. Nous emménageons donc dans une autre chambre pas bien grande et dont la salle de bain est tout aussi minuscule. J'y abandonne aussitôt Marie et vais explorer la ville. Je ne sais trop où nous sommes et je ne sais pas trop m'orienter. Je pars dans une ruelle très fréquentée par des touristes que deux bateaux de croisière ont débarqués, beaucoup d'hispanophones, d'Asiatiques et d'Américains du Nord et du Sud. Des boutiques les attendent, bijouteries, vêtements de luxe et bien entendu cafés, bars à cocktails et restaurants. Je retrouve la détestable atmosphère de Santorin ! Je cherche à m'orienter, reviens sur mes pas et finis par aboutir au bord de l'eau. Je m'aperçois alors que je suis entre les deux curiosités de Mykonos : sur ma droite ce qui est appelé « La Petite Venise », quelques maisons en encorbellement, aux balcons au-dessus de la mer, soutenus par des étais, toutes très colorées et de l'autre, un alignement de moulins en plus ou moins bon état.

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Les photographes s'en donnent à cœur joie ! Mais je cherche surtout le port, je replonge donc dans le labyrinthe des ruelles et un peu par hasard j'aboutis à la jetée du vieux port. Je me renseigne sur les horaires des vedettes pour Délos puis je vais acheter les billets de ferry pour Tinos. Je cherche à revenir à la chambre, repasse par le point de vue sur les moulins que j'approche. Ils sont malheureusement encadrés par deux parkings. Je retrouve enfin Marie et nous repartons ensemble. Elle découvre les moulins et la Petite Venise puis nous plongeons dans les ruelles où les croisiéristes semblent découvrir pour la première fois des chats qu'ils photographient sous tous les angles. Nous passons derrière les courbes voluptueuses de la surprenante église Paraportiani. Je vais acheter les billets pour Délos puis nous revenons rapidement pour tenter de surprendre la Petite Venise dans le soleil couchant mais nous y sommes trop tard.

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Le vent est glacial et nous ne savons où prendre le désormais traditionnel ouzo, aussi rentrons-nous à la chambre nous reposer avant de ressortir pour aller dîner dans le premier établissement venu : une taverne moderne avec musique internationale, brouhaha pénible et tarifs élevés. Un gyros et des brochettes nous rassasient et nous rentrons vite à la chambre.

Jeudi 24 octobre : Nous émergeons une demi-heure plus tôt pour, après le petit déjeuner dans la chambre, être au port à neuf heures et demie. Nous montons à bord d'une grosse vedette qui assure la traversée vers l'île de Délos. Nous appareillons avec un léger retard sur une mer très agitée. Le vent, contrairement à nos espérances, n'a pas faibli et nous nous sommes habillés en conséquence. Après une demi-heure de roulis et de tangage prononcé, nous abordons au petit port de Délos, à l'entrée du site antique, dont le champ de fouille apparaît dans toute son étendue. Lorsque nous débarquons, on nous annonce que, contrairement à ce qui avait été affiché la veille, le dernier bateau serait à treize heures trente ! Nous tentons de nous assurer que le bateau de dix-huit heures prévu sera bien assuré, personne n'est capable de nous le confirmer. Nous accédons au site et suivons l'itinéraire proposé dans le dépliant distribué à l'entrée. Au VI° siècle avant notre ère, Délos était le siége d'un important culte rendu à Apollon, à sa sœur Aphrodite et autres dieux. Chaque île tenait à assurer son rang en dotant les temples qu'ils y construisaient de richesses. Il en reste d'importantes traces.

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Les fouilles et les travaux de restaurations ont permis de retracer les emplacements des principaux temples, des portiques, des agoras du sanctuaire. J'y retrouve une image du cours d'histoire de la classe de 6° avec la fameuse allée des Lions. Neuf ou dix-neuf statues de lions, on ne sait, dressés sur leurs pattes avant, train arrière baissé, la gueule ouverte, face à l'orient, étaient alignés le long de la voie qui menait du port au sanctuaire.

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Aujourd'hui ce sont des copies qui sont sur le site, les originaux sont au musée. Après avoir examiné les traces des temples, des maisons, des sièges d'associations de marchants et de propriétaires de vaisseaux, nous parvenons au musée. Impressionante collection de statues, rarement entières, et autres objets trouvés lors des fouilles. Mais le temps passe et nous ne parvenons pas à obtenir l'assurance qu'il y aura, comme prévu, un bateau à dix-huit heures, aussi devons-nous nous résoudre à nous acheminer, incités par de grands coups de sifflets, vers le bateau. Nous sommes frustrés et en colère de ne pas avoir eu le temps de voir le théâtre et surtout les maisons qui avaient conservé des mosaïques. Retour tout aussi agité, la mauvaise météo est la raison de la suppression des navettes plus tardives. Dès que nous débarquons, je vais réclamer un billet gratuit pour retourner demain à Délos, on se contente de me donner une adresse e-mail où écrire... Nous cherchons où déjeuner, tous les restaurants alignés sur le port pratiquent des prix scandaleusement élevés. Nous nous contentons donc d'une salade de poulpe, peu copieuse et de bâtonnets de fromage frits dont Marie ne vient pas à bout par manque de goût. Nous revenons lentement vers la chambre. Marie se repose à la chambre tandis que je vais me renseigner sur les horaires des bus pour Ano Mera. Je découvre alors que ces derniers ne partent pas de la gare routière proche mais d'une autre plus éloignée. Je vais ensuite donner du linge à laver que je dois récupérer demain. Après avoir réservé une chambre à Tinos, nous nous rendons au point de vue sur la Petite Venise, guetter le coucher du soleil. La coloration des maisons est peu importante et, frigorifiés par le vent glacial, dès que le soleil a disparu, nous allons au plus proche bar-restaurant consommer l'ouzo rituel, réchauffés par un appareil au gaz, comme ceux des terrasses des cafés parisiens. Nous hésitons à dîner au restaurant mais lequel et pour manger quoi ? Nous commençons à être las des gyros, souvlakis, calamars, poulpes grillés ou frits. Nous rentrons donc à la chambre puis je vais acheter de la charcuterie pour notre dîner. Nous pouvons, pour la première fois, suivre les informations sur TV5 Monde, toujours aussi peu réjouissantes.

Vendredi 25 octobre : Nous flemmardons, peu sûrs avec les heures d'ouvertures fantaisistes de musées et des églises de pouvoir occuper la journée. Je vais rechercher le linge, lavé, séché et plié mais pas repassé contrairement à ce que je croyais avoir compris. Nous partons tardivement en direction du port, par des ruelles où la concentration de joalliers est phénoménale. Nous parvenons au vieux port et un peu plus loin au Musée Archéologique. Une exposition, pardon une installation, mêle œuvres antiques et contemporaines. Seules les nombreuses poteries et les stèles funéraires provenant principalement de l'île Rhinia, jumelle de Délos, où il était interdit de naître et de mourir (!), nous intéressent. Quelques délicates statuettes de jeunes filles retiennent notre attention.

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Nous commençons à avoir faim. Tout à côté du musée un estaminet propose des plats simples et bon marché. Nous nous installons à la terrasse qui se trouve à l'étage, vue superbe sur la baie, pour une fois les serviettes ne sont pas en papier mais en tissu. Nous comprenons vite en examinant la carte apportée, au vu des tarifs des plats, que nous nous sommes fourvoyés... Sous la même enseigne, deux possibilités de se sustenter mais dans des conditions différentes... Nous repartons donc. Nous ne trouvons pas d'autres tavernes ou gargotes dignes de notre clientèle et décidons d'attendre d'être à Ano Mera pour y remédier ! Nous attendons donc le bus de quatorze heures qui nous dépose un quart d'heure plus tard au pied du monastère Tourliani. Il est encore fermé à cette heure et, en attendant son ouverture, nous allons déjeuner dans l'un des établissements de la place voisine. Sardines grillées et poulpes en beignets avec le vin blanc de la maison font notre repas. Entre temps le monatère a ouvert et nous pouvons y visiter sa superbe église. L'extérieur, tout en marbre, avec des plaques sculptées de motifs grossiers, ne nous plait guère mais l'intérieur est une merveille. Une superbe iconostase très ouvragée, avec des colonnes torsadées, une abondance de bois sculpté, peint, patiné, des icônes de toute beauté, notamment sur les portes, une chaire splendide et un trône sculpté et peint que je verrai bien dans notre salon à Toulon pour y siroter un cocktail ! 

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Nous reprenons le bus qui nous ramène à la ville et nous rentrons en multipliant les haltes sur tous les bancs possibles. De retour à la chambre, nous appelons Julie. Avant de ressortir dîner, j'achève la bouteille d'ouzo... Nous allons au To Maerio, recommandé dans le guide du Routard et qui tente Marie. Quelques plats cuisinés à base de blanc de poulet, de porc ou de bœuf. Rien de gatronomiquement inoubliable mais au moins cela change des grillades. Retour à la chambre pour notre dernière nuit à Mykonos.

Samedi 26 octobre : Une fois de plus il faut refaire les sacs. Peu avant onze heures, nous nous rendons à pied sur la place où nous avions été déposés à l'arrivée. La sœur de la propriétaire vient nous chercher avec une Mini Cooper. Y caser nos deux carcasses et surtout les sacs relève presque de l'exploit ! Elle nous dépose au port, juste devant notre ferry qui est déjà là. Nous pouvons embarquer aussitôt et gagner, avec des escalators, les salons. Nous allons attendre le départ assis dans des fauteuils sur le pont arrière puis, une fois que la côte de Mykonos s'éloigne, nous regagnons les salons, nous mettre à l'abri du vent qui, aujourd'hui encore, souffle trop fort. Une demi-heure plus tard nous accostons à Tinos. La ville n'a pas grand caractère mais semble bien à l'écart des circuits touristiques. Marie m'attend à la gare maritime et je pars à la recherche de notre hotel, le Kamara. Je longe le port puis rentre dans les rues piétonnes de la petite ville et le trouve au fond d'une impasse. Il faut encore gravir, avec le sac, un très rude escalier ! La chambre n'est pas bien grande mais elle est plutôt bien arrangée et dispose d'une petite terrasse privée, mais avec vue sur des murs et des toits. Un escalier en colimaçon permet d'accéder à une autre petite terrasse avec une échappée sur la mer. Je dépose les sacs et repars chercher Marie. Je passe par un autre itinéraire en bord de mer et constate la présence de très nombreuses tavernes sympathiques occupées par beaucoup de monde, des Grecs venus ou revenus chez eux pour le long week-end de la Fête Nationale. Les touristes étrangers sont absents, les enseignes sont toutes en grec de même que les menus affichés à l'extérieur des restaurants. Nous revenons dans le centre et déjeunons dans une des tavernes, celle qui refuse du monde ! Enormes portions de chevreau au citron et de coq soi-disant au vin mais avec une sauce tomate discutable, et carafe d'un vin rouge acceptable. Le tout pour un prix qui n'a rien à voir avec ceux pratiqués à Mykonos ! Nous allons prendre les billets de ferry pour Rafina, réserver une voiture de location pour demain (les prix sont très variables d'une agence à l'autre, de 20 à 30 euros par jour), tirer du liquide à un distributeur et enfin faire quelques emplettes de boisson et nourriture dans une superette. Je repasse à la chambre mettre les achats au réfrigérateur, Marie, rebutée par l'escalier, m'attend en bas. Nous remontons ensuite la large rue piétonne qui monte à la Panagia Evangélistria, important lieu de pélerinage orthodoxe. Si, dans le bas de la rue les marchands de douceurs pâtissières et notamment des loukoums, introuvables ailleurs, dominent, vite les boutiques de bondieuseries, icônes, cierges, gobelets ou bouteilles minuscules pour y recueillir l'eau bénite, l'emportent. Nous parvenons tout de même à atteindre le sommet de la côte et débouchons face à l'importante église dont il faut encore gravir les marches, mais sur un tapis rouge ! Au premier niveau, une crypte renferme la fontaine de cette eau aux propriétés miraculeuses dont les fidèles, surtout des femmes, font une grande collecte.

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Avant, après, ils embrassent toutes les icônes alignées sur les murs, presque toutes sont couvertes d'une feuille d'argent martelée qui reproduit le dessin sous-jacent, ne laissant visible que le visage de la Vierge et de Jésus. Une cérémonie (une communion ?), se tient dans une pièce adjacente. Une très jeune fille semble être purifiée par un prêtre, en présence de la famille endimanchée. Au niveau supérieur, nous entrons dans l'église, très chargée en décor. Du plafond pendent des lampes avec des ex voto en argent représentant des maisons, des bateaux, voiliers ou vapeurs, des animaux, des parties du corps humain.

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L'iconostase n'a pas un centimètre carré sans bois sculpté, gravé, guilloché, peint entre les grandes icônes protégées par des vitres. Il ne faut pas examiner de près les élèments sculptés, les angelots ont des visages très grossiers, rien des putti siciliens chers à Dominique Fernandez. Des fidèles sont assis sur des chaises sur les côtés et attendent une cérémonie semble-t-il. Nous ressortons sur le beau parvis décoré d'une mosaïque de galets noirs. Des popes accueillent des pélerins accompagnés du pope de leur paroisse.

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Quelque pénitentes gravissent depuis le bas de la côte une sorte de chemin de croix, à genoux !

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Nous retournons à l'hôtel, renonçant à boire l'ouzo prévu, il fait trop froid le soir pour en profiter à la terrasse d'une taverne. Nous dînons à la chambre. 

Dimanche 27 octobre : Nous savions que cette nuit la France adoptait l'heure d'hiver et au matin nous constatons que la Grèce en a fait autant. Nous avons donc toujours une heure de différence. Nous aurions pu en profiter pour une plus longue nuit mais notre horloge biologique en a décidé autrement et nous sommes debout à la même heure que les autres jours. Je vais chercher la voiture de location plus tôt que prévu mais cela ne pose aucun problème et nous voici provisoirement propriétaires d'une petite Hyundai. Pour éviter le problème de ravitaillement en essence le dimanche, je vais remettre quelques litres à la seule station ouverte de l'île avant de revenir me garer près du port. Je retrouve Marie et nous partons en direction du nord de l'île. Elle est aussi montagneuse que Naxos et nous sommes dès la sortie de la ville dans les lacets d'une route de montagne. Notre première halte est au village de Ktikados. Comme presque toujours, la route qui y mène s'arrête sur un espace appelé parking, d'où il faut continuer à pied dans des ruelles pentues qu'interrompent des escaliers, entre l'église catholique et l'orthodoxe... Personne dans le village, des chants s'échappent de l'église catholique et un matou délaissé nous accompagne en miaulant. Nous découvrons au retour la fontaine et le lavoir, ignorés à l'aller. Nous repartons dans le vent, toujours aussi violent, qui chasse les nuages par intermittence. Au village de Tarabados, une signalétique prévient de la présence de pigeonniers. En avançant dans le village, succession de passages voutés entre des murs de pierres sèches non chaulés, nous aboutissons à un point de vue sur plus d'une demi-douzaine de pigeonniers. Ce sont de très élégantes constructions, vaguement cubiques, percées d'ouvertures triangulaires disposées en rangées, en rosaces, en pointes, disséminées dans les champs et qui, ici, remplissent encore leur rôle de colombiers.

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Nous guettons le passage des nuages, déchirés par le vent, pour bénéficier d'un très passager ensoleillement, nous réfugiant du vent derrière des murs entre deux fugaces apparitions de l'astre. Nous suivons ensuite la côte plus ensoleillée, en corniche, jusqu'au village de Kardiani, hélas construit au flanc de la montagne, ce qui nous oblige encore à monter, descendre des escaliers pour nous y promener. L'église catholique dont une brave dame nous ouvre les portes sans que nous ayons rien demandé, ne présente aucun intérêt, la fontaine en marbre en-dessous guère plus si ce n'est une représentation de la Vierge qui nourrit l'Enfant avec une cuillère !

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Nous poursuivons jusqu'à Pyrgos et de là à Panormos, petit port de pêche au fond d'une profonde baie. De sympathiques tavernes n'attendent que nous. L'une est envahie par des familles, une autre nous accueille en français ! Nous commençons par un ouzo, celui que nous devions prendre hier soir, accompagné de tarama. Puis je me régale d'un calamar grillé, servi entier et Marie de tomates et poivrons farcis avec toujours le demi-litre de vin blanc de la maison. Nous revenons à Pyrgos et allons visiter la maison natale, transformée en musée, du sculpteur Giannoulis Chalépas. Des esquisses et des copies en plâtre, peu intéressantes, de ses œuvres dispersées dans divers musée grecs. Nous y faisons la connaissance d'un Colombien parlant un excellent français, qui se présente comme sculpteur. En sa compagnie, nous visitons le musée voisin consacré aux artistes et sculpteurs originaires de Tinos, trop souvent académiques. Marie propose à notre ami de rencontre de le ramener à Tinos et pendant qu'il va se rassasier, nous allons nous premener dans le village. C'est, là aussi, la qualité du marbre local qui en fait l'activité principale, des galeries proposent des œuvres en général peu intéressantes et chères. Une place avec des tavernes agrémente la promenade avant que nous repartions avec notre compagnon.

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Arrivés à Tinos, presqu'à la nuit tombée, je dépose Marie et notre passager puis vais rapporter la voiture. Notre nouvel ami ne nous abandonne pas et nous accompagne à l'hôtel où il téléphone pour essayer d'y avoir une chambre. Nous gagnons la nôtre pour nous reposer avant d'aller dîner. Marie somnole et n'a plus envie de ressortir. Je vais donc seul dans une gargote proche avaler des brochettes de viande hachée que maintenant on nomme « kebab ». Et à mon retour, Marie est réveillée !

Lundi 28 octobre : Guère de programme pour la journée. Notre Colombien, que nous avions laissé à la porte de notre hôtel, y a pris une chambre et m'appelle à tue-tête dans le couloir. La raison est vite trouvée, il essaie de me vendre une de ses œuvres, un bronze bien laid ! Je le déçois... Peu avant onze heures, nous allons nous masser en compagnie de familles grecques sur le trottoir devant le port. Tous attendent la « parade », un défilé pour célébrer la fête nationale, les enfants agitent des drapeaux et les parents prennent des photos. De la rue qui descend de la Panagia Evangelistria, arrive le défilé. Une fanfare dont les membres sont en uniforme rouge puis, essayant de marcher au pas mais manquant visiblement d'entraînement, les enfants des écoles, filles puis garçons, séparés.

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En fin de cortège, comme dans une manifestation de Gilets Jaunes, apparaissent les casseurs, fauteurs de troubles, les officiels en beaux costumes, les militaires galonnés et les religieux, un pope (tiens, encore des barbus...) et un curé (?).

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La foule se disperse... Marie se met en quête de ses cadeaux mais ne trouve pas de boutiques. Nous nous résolvons à déjeuner et retrouvons par hasard Ugo, notre Colombien, au restaurant où nous avions déjeuné l'avant-veille. Nous prenons place à sa table mais il repart avant que nous ayons commandé. Il n'y a toujours pas de lapin, aussi changeons-nous de restaurant. Celui d'à-côté n'en a plus non plus, « Fin de saison » nous assure-t-on. Nous commandons donc, de l'agneau en papillote avec feta, tomates et poivrons et du porc au céleri en sauce citron pour moi. Portions moyennes pour des plats différents. Nous nous lançons ensuite dans la visite approfondie des marchands de souvenirs de la rue piétonne. Retour à la chambre pour une sieste devenue rare. Nous corrigeons mon texte que je commence à mettre sur le blog puis nous attendons l'heure de dîner en lisant. Nous allons dans la plus proche taverne, calamars en beignets et poulpe grillé, une fois de plus, mais ce n'est pas une réussite, surtout les beignets de calamars qui semblent avoir été réchauffés au micro-onde. Retour à la chambre par les rues désormais désertes, tous les vacanciers sont repartis.

Mardi 29 octobre : Les journées ont raccourci avec le changement d'heure. Nous essayons donc de commencer plus tôt les promenades. Je vais chercher peu après neuf heures la voiture de location réservée et la ramène près du port. Nous partons en direction du centre de l'île, la route s'élève rapidement autour du Mont Exomvourgo, un piton dressé comme une dent surgie des collines. Les hameaux sont éparpillés sur leurs flancs, quelques villages, souvent très proches, regroupent des habitations. Notre première halte est pour Berdemiaros où nous revoyons des pigeonniers, en activité, qui, ici, sont associés à des maisons

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Le monastère de Kechrovounio, au sommet d'une colline, est un véritable village fortifié, ne présentant à l'extérieur que la muraille ininterrompue des murs blancs des constructions. La porte franchie, nous sommes dans un dédale de ruelles et d'escaliers qui conduisent aux modestes mais coquettes habitations des nonnes.

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Elles ne sont plus qu'une vingtaine, âgées, tout de noir vêtues, à occuper les lieux. Entre les maisonnettes, une multitude d'églises dont nous pouvons en visiter deux. La première abrite une belle iconostase et des icônes anciennes, la seconde, froide, a une iconostase en marbre et des images pieuses récentes. Nous passons ensuite au village d'Argados qui serait comme des dizaines d'autres où nous avons traîné dans les ruelles, entre des maisons bien blanches s'il n'y avait pas ici une profusion de passages voûtés qui se succèdent, tous de formes différentes. Au-dessus, des troncs d'arbre soutiennent des dalles de pierre sur lesquelles sont construites les maisons.

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Je parviens à me connecter à internet avec le smartphone et à nous enregistrer pour le vol de retour avec la compagnie Ryan Air. Compagnie aérienne que nous nous promettons bien de ne jamais plus utiliser ! Il faut payer des suppléments pour tout, pour les bagages, les places, etc... Plus loin, au minuscule village de Kochros, nous revoyons des maisons-pigeonniers. Toutes ne sont pas en bon état, beaucoup ont été transformées en habitations seules. Courte halte, encore pour monter, descendre des rues en pente et des escaliers, à Falatados. Puis nous entrons dans une autre vallée où d'énormes roches semblent avoir roulé, comme un amas de billes répandues dans les champs.

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Nous prenons en stop un Français et sa jeune fille qui habitent en permanence à Volax. Des deux tavernes du village, une seule est en mesure de nous servir un déjeuner simple. Des beignets de courgette pour Marie qui partage aussi avec moi des tranches de louza, de la viande de porc fumée, sorte de lonzo local. Des artichauts en vinaigrette complètent ce frugal repas. Nous allons ensuite faire une courte promenade dans ce village aux belles maisons, trop belles même ! Nous continuons en direction du nord jusqu'au village d'Agapi entouré lui aussi par de nombreux pigeonniers au fond de la vallée mais le soleil a bien baissé et ils ne plus beaucoup éclairés.

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Nous poursuivons en montée, apercevons la côte de l'autre côté de l'île, jusqu'au monastère de la Panagia Vourmiotisa. Tout est fermé et semble désert. Nous revenons sur nos pas et arrêtons à Agapi avec l'intention d'y faire une incursion jusqu'à l'église. Nous descendons un bon nombre de marches sans jamais apercevoir le dôme bleu de son église. Nous renonçons et prenons le chemin du retour. Nous sommes tôt à Tinos, ville redevenu tranquille après les jours de fête. Nous passons à la supérette, Marie n'ayant pas envie de ressortir pour dîner, des cuisses de poulet rôti. De retour à la chambre, je récupère sur internet nos cartes d'embarquement que nous devons avoir imprimées sinon nous devrons payer un supplément ! Je ramène la voiture puis vais faire imprimer nos cartes d'embarquement. Retour à la chambre pour une dernière nuit dans les îles. Dîner copieux, traitement des photos et rédaction de mon texte avant de nous coucher.

Mercredi 30 octobre : Rien ne presse ce matin, je refais le sac en prévision du vol de retour en espérant qu'il ne sera pas en excès de poids. A onze heures, nous quittons la chambre en laissant les sacs à l'hôtel. Marie arpente une dernière fois la rue des marchands de souvenirs. Le problème réglé, nous laissons passer le temps assis comme des vieux sur un banc du port à contempler la mer calmée, le vent est enfin tombé, et le ciel immuablement bleu. A midi et demi nous allons déjeuner à proximité de l'hôtel où je vais récupérer les sacs. Il y a du lapin sur la carte mais lui aussi est cuisiné, comme le coq au vin de l'autre jour, à la sauce tomate. Dommage ! Marie a une très copieuses assiettes de tranches de rôti de porc, appelées pancetta sur la carte. Nous nous acheminons lentement, en multipliant les arrêts, vers le port où en compagnie de bon nombre de Grecs, nous attendons le ferry. Assis dans des fauteuils du salon, nous regardons défiler la côte de Tinos puis celle d'Andros où nous faisons une longue escale. Cette fois c'en est fini des Cyclades, nous voguons vers le continent alors que le soleil décline et que nous entrons dans la nuit. Nous accostons à Rafina et débarquons rapidement. Une fois de plus, Marie m'attend sagement à la gare maritime pendant que je vais à l'hôtel Avra où nous avons réservé une chambre. J'en aperçois les lumières sur les quatre étages de ce bâtiment cubique. Rien à voir avec les hôtels précédemment fréquentés, la chambre est impeccable ! Je vais rechercher Marie, elle découvre notre chambre d'une nuit et, fatiguée, préfère dîner au restaurant de l'hôtel que retourner vers le port pour un ultime giros ! Nous nous offrons une bouteille d'un vin blanc, sauvignon et chardonnay mélangés, rien à voir avec les demi-litres de vin blanc « de la maison » précédents, pour à peine plus cher. Elle accompagne un excellent repas, délicieuses tartines, dites bruschetta, avec mousse de tarama et crevettes grillées puis un risotto aux champignons, jambon et, hélas, parmesan qui m'interdit d'y goûter, avec de l'huile de truffe et du filet de porc en sauce au vin doux de Samos. Les plats sont très bien présentés, le service impeccable et les prix de l'ordre de ceux des tavernes ! Nous regagnons la chambre pour cette dernière nuit grecque. 

Jeudi 31 octobre Nous attendons la navette qui doit nous emmener à l'aéroport. Nous y sommes à neuf heures trente. Tout se passe bien, bagage enregistré jusqu'à Marseille. A peine installés en salle d'embarquement, nous sommes avisés d'un retard de deux heures ! Nous patientons, les deux heures deviennent deux heures et demie avant que nous ne décollions... Sièges durs, non inclinables, rien à manger ou à boire gratuitement, aucune information sur notre position ! La correspondance à Bruxelles-Charleroi avec l'avion pour Marseille paraît compromise mais nous sommes attendus, une camionnette vient chercher Marie, puis elle est conduite en fauteuil roulant dans la salle d'embarquement où elle passe devant tout le monde pour être au pied de la passerelle avant de l'avion. Encore une heure et demie dans les mêmes conditions pour arriver de nuit à Marseille. Julie est venue nous chercher et nous ramène à Rognes. Un fuet et un vrai pastis complètent ce festin de retour au pays natal.

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