SRI LANKA
Février 2011
Samedi 5 février : Nous déjeunons avec Julie, Jean-Claude survolté, peut-être encore plus
que d'habitude, Lou et la petite Grâce, au restaurant japonais de la rue Claude Tillier, très correct et pas cher. Nous remontons les cinq étages, sans ascenseur (en réfection !) avant de
repartir en métro jusqu'à l'Opéra d'où un bus nous emmène à Roissy. C'est sans doute l'embarquement où nous aurons jamais eu le moins à marcher entre la porte d'accès à l'aérogare et la salle
d'embarquement. Marie ne trouve pas les lunettes de soleil qu'elle cherchait... A l'enregistrement, nous apprenons que nous ne serons pas à un hublot pour l'arrivée à Malé, alors que nous
espérions voir les îlots des Maldives. Nous décollons et peu après on nous sert un honnête repas, avec du vin, bien que nous soyons à bord d'une compagnie, Emirates, d'un pays musulman... Les
hôtesses sont asiatiques ou européennes mais certainement pas arabes. Nous entamons une nuit brève et peu reposante.
Dimanche 6 février : Nous nous posons à Dubai. L'aérogare est immense, en forme de hangar
d'avion (!) mais moderne et abritant un Mall commercial gigantesque, un temple de la consommation avec les marques mondiales du luxe. Tous les
peuples du monde s'y croisent, «corbeaux» du Golfe, Sikhs enturbannés, aux moustaches en croc, touristes en bermuda, travailleurs pakistanais ou indonésiens, Africaines en
boubous colorés, etc... Marie cherche encore en vain ses lunettes de soleil. Encore quelques heures de vol à somnoler avant de nous poser à Malé. Nous restons dans l'avion soudain
presque vide. Nous occupons alors chacun une place près d'un hublot, l'un à droite, l'autre à gauche de l'appareil. Par chance, Marie est du côté où on voit le mieux l'île... J'ai juste le temps
d'apercevoir quelques-uns des îlots qui constituent la capitale. Une impression d'une Venise moderne et laide avec des gratte-ciel en lieu et place des palazzetti... Les îlots sont protégés par des digues artificielles, pas de barrières de corail en vue. Le temps désormais couvert n'incite pas à l'optimisme... Nous nous posons à
Colombo dans la grisaille, alors que la nuit tombe. Il faut encore marcher dans l'aéroport avant de passer l'immigration, récupérer les deux sacs et enfin sortir. Deux chauffeurs de taxi envoyés
par deux guest-houses nous attendent, nous partons avec le bon et renvoyons l'autre qui n'a pas pris en compte notre résiliation. Il fait désormais bien
nuit, les routes sont peu éclairées. La circulation anarchique, la chaleur moite, les temples kitsch entraperçus, hindous, bouddhistes ou
même chrétiens nous dépaysent, nous revoilà dans le Tiers-Monde ! Première impression décevante, ce n'est pas le paysage sauvage, planté de cocotiers que j'avais vaguement cru trouver (l'avais-je
vraiment imaginé ?) mais un faubourg de Colombo où pullulent les petits métiers, les échoppes faiblement éclairées et une agitation fébrile. Une ruelle et nous voici à la
guest house "Déphani". Nous y avons une chambre à l'étage, un grand lit pourvu d'une moustiquaire, surmonté d'un ventilateur « à l'ancienne », avec un petit balcon qui doit
faire face aux vagues de l'océan à en croire le bruit du ressac. Nous déballons les sacs, retirons vite chaussettes et chemises superflues. Nous descendons jeter un oeil aux lieux, sympathiques
semble-t-il, nous en saurons plus demain. Nous dînons de crevettes au beurre pour Marie et d'un premier plat cinghalais : une sorte de riz cantonnais où les nouilles au curry remplacent le riz,
rien de gastronomique. Chassés par les moustiques ou par une variété locale des perfides mukafu, nous regagnons la chambre pour une nuit
que j'espère réparatrice. Tout en étant dubitatif sur la suite du voyage avec cette pluie inhabituelle en cette saison qui risque de gâcher le séjour.
Lundi 7
février : Le décalage horaire, quatre heures trente (!), la fatigue et l'énervement, sans compter les moustiques qui se moquent bien du filet
tendu au-dessus de notre couche, ne font pas une bonne nuit. Je suis réveillé tôt dans la nuit, je me rendors, somnole, la pluie frappe les tôles et Marie continue de dormir... Nous descendons
prendre un tardif petit déjeuner, classique, qui nous servira aussi de déjeuner. Le taxi d'hier soir, pas le chauffeur mais son chef, vient nous vendre un circuit dans le nord, en voiture privée
avec chauffeur. Et bien que nous en ayons repoussé l'idée avant de partir, lâchement, nous nous mettons d'accord. Cette solution nous permettra d'éviter les transferts en bus,
trains, tuk-tuks et, à défaut de gagner de l'argent, de ne pas trop perdre de temps dans les transports. Nous partons en
tuk-tuk, un triporteur à moteur pétaradant, d'où sans doute son nom, en ville. Un engin tout neuf, carrosserie, peinture et capote en parfait état, rien à voir avec les modèles
délabrés utilisés en Inde ou en Thaïlande. Nous nous faisons déposer à l'entrée de l'ancien fort portugais dont ne subsistent qu'un porche et un reste de remparts, l'intérieur est devenu la
prison civile. Nous marchons jusqu'au marché au poisson encore fréquenté cet après-midi par des clients retardataires. Sur les étals, des crevettes de taille variée, des thazards, de petits crabes, vendus par des
matrones qui manient le hachoir sur des billots de bois. Les abords sont peu ragoûtants, les déchets de poissons abandonnés en bordure de plage font le régal de nuées de corbeaux qui croassent
aussi vertement que dans « Les Oiseaux ». Le ciel obstinément gris, les odeurs et le mélange de boue, d'écailles, d'ouïes et autres restes ne nous retiennent pas outre mesure en ces lieux. Nous
longeons l'esplanade qui doit, ou devait, servir de terrain de cricket, un gazon mité derrière un grillage rouillé et troué. Nous suivons les bords du canal où sont ancrés les bateaux de pêche,
fatigués pour beaucoup. Nous le traversons
sur un pont d'où nous avons une vue que le manque de soleil attriste, sur les chalutiers et de l'autre côté sur les catamarans, particulièrement fins dont les coques sont reliées par des bambous.
Nous revenons dans le centre ville et y découvrons, éparpillées dans la végétation, parmi les maisons décrépites, (réminiscences olfactives et visuelles de bien d'autres villes sur d'autres
continents), quelques anciennes maisons coloniales avec de beaux balcons en encorbellement; des dentelles de bois les décorent ainsi que les bordures des toits. Je commence à défaillir, décidément un petit déjeuner ne
saurait me suffire pour attendre le dîner. Nous nous rendons donc dans un café logé dans une ancienne maison, à clientèle de touristes, prendre un sandwich qui tarde à venir et une boisson
gazeuse faute de bière. A quelque distance, dans cette rue principale qui héberge un avocat par mètre, nous allons visiter l'église Sainte-Marie, vaste et couronnée au sommet de tours carrées
d'anges trompettistes qui servent de perchoir aux corbeaux. Le chemin de croix et l'autel sont en plâtre coloré, très réaliste, le plafond est peint de scènes édifiantes. Nous marchandons sans
trop insister un autre tuk tuk pour nous rendre au temple bouddhiste d'Angurukaramulla. Le bâtiment principal est consacré à une statue,
pas très harmonieuse, ripolinée de frais, du Bouddha couché, entouré d'autres statues, toutes plus kitsch les unes que les autres, de même que
dans le déambulatoire où il semble que le panthéon bouddhiste se mélange ici à celui des Hindous puisqu'on y trouve Ganesh, Garuda, Shiva etc... Mais il ne faut pas oublier la contribution
volontaire, le guide qui s'est imposé et qui nous a accompagné avec beaucoup de gentillesse et d'explications, y veille ! Nous revenons avec notre tuk-tuk à
la guest house en traversant le quartier musulman, les hommes portent la calotte et la kamis blanche des Pakistanais, les femmes disparaissent sous leurs sinistres voiles noirs... Nous jetons un oeil aux restaurants voisins, j'achète un adaptateur électrique, le
énième... et nous regagnons la chambre où je m'attelle à ma tâche habituelle : photos à reporter, à nommer et rédaction de ces lignes. Nous allons dîner au restaurant repéré. Nous sommes les
seuls clients, sur une terrasse, en retrait de la route. Nous nous faisons servir deux excellents curry, l'un au poisson plein de saveurs et
épicé à point, l'autre au porc avec des épices différentes. En dessert des beignets de banane, de ces petites bananes parfumées, servis avec une glace à la vanille et un « miel de cocotier »
d'origine étrange vu sa dénomination. Nous rentrons nous reposer après cette première journée cinghalaise qui se termine avec un meilleur moral que celle de la
veille...
Mardi 8
février : Nous avons mis le réveil pour être debout à sept heures et demie. A neuf heures le chauffeur est là, un gros poupin enrhumé. Il parle
anglais avec cet accent indien qui laisse croire que les seules consonnes sont G, L et D, les autres lettres sont perdues dans les borborygmes prononcés avec des cailloux dans la bouche. Je ne le
comprends pas toujours ! Nous partons dans une Mazda pas de toute première jeunesse. Nous suivons la grande route du nord, pas large et très encombrée. En principe la conduite est à gauche mais
elle semble plutôt être au milieu, quelquefois à droite... Les plus grands bâtiments sont des temples, des églises ou des mosquées, tous fraîchement repeints et pourvus de bâtiments annexes,
écoles ou dispensaires. Nous nous enfonçons par des routes secondaires dans la campagne, dans une végétation tropicale bien connue, manguiers, badamiers, banians parasites d'autres arbres et
surtout cocotiers. Des usines de traitement du coprah ou des briqueteries sont les seules industries visibles. Ce sont ensuite de vastes rizières jaunies qui s'étendent de part et d'autre de la
route. Les femmes, en sari, se hâtent sur le bas-côté, cachant leurs belles tresses d'un noir brillant sous des ombrelles. Les hommes portent volontiers le sarong qui
ressemble souvent à un lamba malgache. Tous sont souriants, pas quémandeurs. Nous avons la surprise d'arriver à Panduwasnuwara sans être passés par Kurunegala comme
prévu ! Le chauffeur nous amène au champ de ruines, très étendu, de palais et de temples du XII° siècle. Il ne reste que des murets de briques remontés sur des pelouses entretenues
et des dagobas, tumulus hémisphériques qui servaienr de reliquaires, plus ou moins ruinés, tétons de briques sous les branches des flamboyants. Avec
la voiture nous allons en voir d'autres, perdus dans le parc archéologique. Le chauffeur se montre coopératif et contrairement à nos craintes ne cherche pas à nous imposer « son » programme. A
Padeniya nous allons visiter un temple bouddhiste. Quelques marches à monter, un porche à franchir, un bonze en toge orange nous rejoint et nous ouvre, avec une clé d'au moins quarante
centimètres, la porte du temple principal. Il est entouré d'une salle décorée sur sa corniche supérieure de dragons peints, au toit de tuiles supporté par une trentaine de piliers de bois
sculptés. Une porte elle aussi sculptée, ouvre sur le saint des saints et sur des statues brillantes et laides du Bouddha. Nous jetons un oeil au dagoba tout blanc et repartons. Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un établissement du bord de la route, en bordure des rizières où s'affairent des planteurs et que survolent
des ibis. Un plat de nouilles sautées et un riz biriani sont très parfumés mais les viandes qui les accompagnent sont desséchées par de trop nombreuses
cuissons. Nous nous rendons ensuite au site de Yapahuwa. Une montagne tabulaire surgie des rizières et que nous craignons d'avoir à escalader. Mais une seule volée de marches, certes raides,
conduit à une plate-forme où, autrefois, se dressait un temple. La dernière partie de l'escalier monumental est décorée. Des lions, des éléphants et des apsaras de
pierre nous récompensent de la montée. De la plate-forme, la vue s'étend sur les rizières et dans le lointain sur d'autres roches. Hélas le ciel, ensoleillé sur la côte, est redevenu gris et le
vert des palmes des cocotiers fait bien pâle figure sur le jaune des rizières. La descente vertigineuse ( des escaliers de temple maya ! ), malgré les craintes de Marie, se fait sans difficulté. Nous pouvons encore voir dans un temple troglodyte
des restes de fresques de cinq et huit cents ans aux dires du gardien, des images du Bouddha répétées, identiques. Il reste soixante cinq kilomètres à parcourir pour arriver à Anuradhapura,
c'est-à-dire plus d'une heure et demie de route tant celle-ci est en mauvais état. Les fortes pluies et les inondations qui en ont résulté ont leur part de responsabilité mais les nids de poule,
impressionnants, ne sont pas de la veille, Dans l'ensemble, tout paraît déglingué, pas de véhicule, bus ou voiture privée, récents, pas de 4x4 tape-à-l'oeil, les stations-service datent, les
ateliers, les boutiques semblent bâtis de bric et de broc. Mais nous n'avons pas encore vu de grande misère ni de mendiants ou d'estropiés comme en Inde. Peut-être modifierons-nous notre jugement
après Colombo... Enfin, après avoir tout de même réussi à somnoler, malgré les cahots, nous arrivons à Anuradhapra, la grande ville du Nord. Le chauffeur nous emmène à l'hôtel prévu et réservé
par son patron. Il n'y a que quatre chambres qui sentent le moisi, sans presque de fenêtre, juste une ouverture grillagée. Nous ne sommes pas ravis mais il va falloir s'en contenter ! Nous allons
nous installer sur la terrasse, agréable, avec une vue sur le lac proche, derrière un rideau de végétation. Nous y prenons un soda mais c'est aussi l'heure de sortie des moustiques et le temps
que nous réagissions et allions chercher un produit de protection, il est trop tard, nos succulents épidermes ont déjà fait le régal des maudits insectes. Nous retournons à la chambre, mal
éclairée puis revenons dîner sur la terrasse. Mal nous en prend de vouloir essayer des plats soi-disant occidentaux. Le poulet commandé grillé est trop frit et recouvert d'une sauce qui se veut
barbecue, les légumes, dans la plus pure tradition britannique, sont bouillis. Quant à mon fish
and chips, ce ne sont que des boulettes panées renfermant un produit
indéfinissable que l'on peut admettre être du poisson... Je n'ajouterai pas que la bière était tiède, certains diraient que je suis toujours négatif... Retour dans notre cellule pour la nuit. La
lumière dispensée par l'unique ampoule au plafond est chiche et ne permet qu'à peine de lire.. Je commence à lire « Le poisson-scorpion » de Nicolas Bouvier qui me sape le moral : Le voyage à
Ceylan, cinquante ans plus tôt, et une telle concision, un tel talent ! Notre lucarne donne sur la terrasse où une tablée d'autochtones mène grand train à coups
d'arack, l'alcool local. Nous ne pouvons les ignorer. Mon intervention ne les calme que très provisoirement et ce n'est qu'à minuit passé
qu'ils abandonnent le champ de bataille.
Mercredi 9
février : C'est évidemment au matin, quand il faut se lever que je dormirais le mieux... Le petit déjeuner, servi sur la terrasse, sous un soleil
réapparu, avec vue sur le lac et, sur l'autre rive, un dagobatout blanc, est copieux. Aux ingrédients classiques s'ajoutent un jus de papaye, des crêpes au miel,
des oeufs frits auxquels je fais honneur pour le cas où le déjeuner serait tardif. Le chauffeur est ponctuel, nous lui faisons remarquer que le début de la nuit fut animé, il en était... Nous
découvrons les dégâts des inondations de la semaine passée : niveau d'eau dans les prairies, routes coupées, ponts emportés et traces du passage des flots avec des déchets accrochés à tous les
barbelés. Dix centimètres d'eau effraient notre chauffeur et il n'ose pas traverser là où passent vélos et tuk-tuk. Nous devons donc essayer de contourner
les obstacles et commençons les visites par un temple troglodyte éloigné, le Isurumuniya vihara. Nous devons nous déchausser dès l'entrée et Marie se couvrir les épaules avec un tissu prêté à
l'entrée. La traversée de la cour, sur le gravier n'est pas agréable. Le sanctuaire est adossé à un énorme rocher sur lequel nous remarquons au bord du bassin des éléphants sculptés, de face et
de profil et des petits protégés par des adultes. Nous faisons le tour du rocher, sans pouvoir monter dessus. Dans un bâtiment attenant, un grand Bouddha couché et coloré comme il se doit, reçoit la visite de
moines et de laïcs chinois qui chantent, agenouillés et mains jointes. Le petit musée renferme de belles représentations de danseuses, de rois et de nains. Nous revenons à l'hôtel rechercher un
foulard pour que Marie soit en règle... Puis nous nous rendons au musée archéologique où nous achetons des billets, très chers mais valables pour tous les sites archéologiques. Nous nous
promenons dans l'ensemble des ruines des édifices dont il ne reste que les traces des murs et parfois de beaux escaliers ornés de dragons, parfois de pierres sculptées avec
des apsaras ou des "gardiens", toujours déhanchés. Nous
sommes seuls avec des vaches qui broutent et des ibis qui parsèment d'une multitude de taches blanches les pelouses gorgées d'eau, ombragées par des flamboyants, des frangipaniers et des banians. L'ensemble est dominé par l'énorme
dagoba de Jetavanarama, un hémisphère de brique surmonté d'une flèche tronquée qui culmine à soixante-dix mètres de haut. Nous reprenons la voiture pour parcourir un ensemble de
ruines espacées mais toujours dans un environnement boisé et inhabité. Nous commençons par les restes d'un palais royal dont seuls des sculptures d'escalier méritent la halte. Des singes
facétieux qu'on ne se lasserait pas de voir s'ébattre dans les arbres ou sur les pelouses et les pierres, indifférents aux gens, occupent les lieux. Ce sont presque les seuls êtres
vivants avec des chiens faméliques et galeux rencontrés dans ces parages. Plus loin, des bassins jumeaux sont tellement remplis d'eau avec les dernières pluies qu'on ne distingue plus guère que
les boules des lotus de pierre qui marquent les angles et le sommet de leurs murs qui servent de repos à des tortues grêlées de folioles. Ces dernieres recouvrent d'un uniforme tapis vert les
eaux que l'on ne devine plus dessous. Nous devons ensuite encore nous déchausser pour remonter une allée jusqu'à une statue du Bouddha Samadhi qui ne me séduit pas particulièrement, sa pierre
semble du ciment ! Plus loin, je me déchausse à nouveau mais cette fois sans raison religieuse, simplement pour approcher un panneau explicatif à propos d'une moon stone, un demi-cercle de pierre sculpté disposé à la base d'un escalier et comportant des arcs décorés de flammes, d'animaux, d'oies et enfin de lotus, tous étant des
représentations symboliques, pas clairement précisées. C'est ensuite un ensemble de bâtiments, l'un avec un beau gardien de pierre, l'autre un réfectoire de moines avec une gigantesque auge de
pierre que les fidèles remplissaient de riz pour nourrir jusqu'à cinq mille moines. Nous ne pouvons pas toujours approcher les vestiges, de grandes flaques d'eau en interdisent l'accès ou le
gazon est si détrempé qu'il semble en éponge. Nous arrêtons pour visiter un musée archéologique, des stèles et autres chapiteaux de pierre, des statues de Bouddha aux plissés délicats et des
urinoirs très étudiés ! Nous revenons dans le centre de la ville ancienne, longeons un très grand dagoba blanc, le Ruvanvelisaya, que nous
visitons après nous être offert une noix de coco bien pleine d'un lait savoureux, vendue au tarif « touriste »... Nous devons encore nous déchausser et passer un contrôle de police avec fouille, du
moins pour Marie ! Le monument est sans grand intérêt, il est plus grand que beau. J'en fais le tour, Marie qui peine à marcher sans chaussures m'attend à l'ombre. Afin de le photographier de
l'extérieur avec son mur d'enceinte couvert d'une frise d'éléphants, je dois traverser la pelouse inondée en retroussant mes bas de pantalons et en essayant d'éviter les bouses ramollies... Le
chauffeur rechignant à nous emmener au Sri Maha Bodi, en passant dans l'eau, nous devons y aller à pied, sous le soleil qui m'aura laissé de cuisants souvenirs aujourd'hui. L'intérêt du site est
très limité pour les non-croyants, il entoure un rejet d'un arbre sacré venu d'Inde et qui aurait plus de deux mille ans ! Quelques drapeaux de prière sont accrochés aux branches mais nous ne
pouvons pas
accéder à la terrasse où il se dresse. Nous revenons en soupirant à la voiture, tout en appréciant les vues sur le dagoba de Ruvanvelisaya derrière son mur
d'éléphants et au milieu des étendues d'eau, paradis des ibis, plantées d'arbres splendides. Nous rentrons dans la ville dite nouvelle, je vais consulter la carte d'un restaurant et acheter des
chips et du jambon de poulet congelé que nous avalons en guise de déjeuner / goûter à l'hôtel avec une bière presque fraîche. Nous sommes seuls, la vue sur le lac et le
dagoba dans le lointain en feraient un endroit idyllique si des travaux dans une annexe en construction ne le gâchaient. Marie va s'installer dans le jardin, je retourne prendre
une douche puis me reposer. Je vais la rechercher, nous allons à quelques dizaines de mètres contempler le courant furieux qui vide lentement les eaux du lac puis nous retournons à la chambre
attendre l'heure de dîner. Nous avons demandé au chauffeur, à son grand déplaisir, de nous emmener au restaurant repéré... Il se veut chinois. La salle est froide, quasi déserte, le personnel peu
souriant mais la carte est appétissante. Bien sûr, il ne faut pas la croire, les plats commandés ne ressemblent jamais à ce qui était annoncé et sont toujours très épicés. Ce qui est le cas ce
soir, néanmoins nous nous régalons d'un boeuf sauce d'huître et de crevettes croustillantes même si les morceaux de boeuf sont encore une fois desséchés. Quant au riz, très parfumé mais piquant,
nous ne saurons jamais pourquoi il était qualifié de« thaï »... Retour en tuk-tuk à l'hôtel où les ouvriers du chantier
continuent de s'affairer à plus de neuf heures...
Jeudi 10
février : Je n'ai pas su, depuis
presqu'un demi-siècle, communiquer à mes intestins mon penchant pour l'exotisme. Ils tolèrent quelques écarts hebdomadaires mais se révoltent quand cardamone, curry et piment deviennent communs.
Ils ne manquent pas dès lors de manifester leur mécontentement et bien entendu en des lieux fort éloignés des si bien nommés lieux d'aisance... Nous sommes partis après le petit déjeuner en
direction de Mihintale, secoués sur une route défoncée, soumis aux accélérations et freinages brutaux de notre roi du volant quand se font sentir les prémices de turbulences intestinales. Trop
tard pour les satisfaire, elles devront attendre... Une demi-heure plus tard, nous sommes au pied d'un large escalier aux marches larges et basses, dures aux muscles fessiers, qui se perd dans
les frondaisons des frangipaniers qui l'ombragent insuffisamment. Nous grimpons vaillamment une première volée de marches, soufflons sur un premier palier puis nous nous lançons dans une seconde
volée aux gradins plus durs mais loin d'être aussi raides qu'à Yapahuwa. Nous débouchons devant un ancien dagoba point trop ruiné. Aux quatre points cardinaux se dressent des panneaux sculptés massifs, encore en bon état, décorés de frises d'éléphants, de nains dansants, d'oies et
autres lotus. Après en avoir fait le tour, nous devons redescendre au premier palier pour reprendre un autre escalier qui nous conduit, essoufflés et en sueur au second palier. Il s'y trouve
diverses ruines, celles d'un réfectoire avec une auge géante qui pouvait contenir assez de riz pour nourrir plus de deux mille moines affamés et quand on sait la quantité de riz qu'ingurgite le
Sri Lankais moyen... En nous avançant dans l'herbe pour apercevoir une salle de réunion, nous faisons s'enfuir un gros serpent noir qui trace un sillon tremblotant, mais moins que nous, dans le
gazon... Nous sommes dès lors accompagnés d'un gentil temple boy qui se défend d'être un guide mais tient à nous fournir néanmoins des informations dans un sabir
franco-anglais forgé au contact de nos compatriotes aventureux... Encore un escalier que nous aimerions croire être le dernier jusqu'à l'entrée payante ( un moinillon souriant, dans sa robe
safran, nous échange un billet de mille roupies contre deux jolis tickets... ) de l'ensemble monastique d'Ambasthale. Par faveur spéciale et grâce à l'intervention de
notre cicérone, Marie n'est pas tenue de se déchausser, moi si ! Sur la
place de dresse un petit dagoba blanc entouré de piliers carrés anciens mais qui ressemblent fort à des poteaux de béton. Il est au milieu de cocotiers et de
manguiers, témoin de la rencontre légendaire en ces lieux du roi Devanampiya Tissa et du bouddhiste Mahinda qui le convertit. Une
statue moderne, bien blanche du Bouddha domine sur une colline et le dagobade Mahaseya sur une autre. Un gros rocher
ferme le cirque. De grossières marches y ont été taillées et une solide balustrade permet aux audacieux ( dont nous ne manquons pas d'être...) de grimper au sommet. Marie hésite puis tirée,
poussée grimpe assez haut pour dominer la place et jouir de la vue sur le dagoba, le Bouddha, les palmes des cocotiers et
derrière les lacs, la cité d'Anuradhapura. Je franchis les derniers obstacles et parviens au plus haut point du rocher, découvrant alors la plaine inondée sur 360°, les rizières et les maisons
détruites par les
eaux. Redescendus sur la place, il nous reste encore un dernier escalier à gravir pour atteindre le plus haut point, au dagoba de Mahaseya. Les marches ne sont pas
dures mais chauffées par le soleil, elles brûlent la plante des pieds. Pas encore détaché des contingences matérielles, je sautille sur place, d'un pied sur l'autre, à la recherche des zones
d'ombre. De près ce gros téton de briques blanchies est sans charme ni intérêt. Un bâtiment annexe abrite un Bouddha couché, sans doute sponsorisé par Ripolin... Nous commençons la descente, je
retrouve avec soulagement mes chaussures. Encore deux écarts pour aller voir des bassins comportant l'un un cobra sculpté sur la paroi, l'autre un lion dressé qui servait de fontaine. Notre guide
improvisé a la gentillesse, sans que nous ne le lui ayons demandé, de faire prévenir notre chauffeur de venir nous chercher au second palier qu'il nous avait dit être inaccessible en voiture ( !
), nous évitant ainsi une descente longue et pénible. De retour à Anuradhapura, nous nous faisons déposer devant une pâtisserie. Rien de mirifique, quelques pâtés farcis de poisson ou de poulet
et de curry et quelques plats plus classiques. Marie se contente d'une sorte de friand, je commande un poulet biriani, comme d'habitude le riz est parfumé,
la viande desséchée et le piment hot !!! Tout à fait ce dont j'avais besoin pour calmer le feu de mes entrailles... Nous ne trouvons pas
de cybercafé malgré quelques enseignes qui promettaient Internet... Le chauffeur vient nous rechercher, nous emmène au dernier dagoba,
celui de Mirisavatiya, rien de remarquable, nous terminons par la visite du musée archéologique. Une belle maison coloniale ancienne, sur deux niveaux renferme des collections de pierres en
provenance de divers sites, le jardin alentour est très bien entretenu. A l'intérieur les photos, les textes des explications doivent dater d'avant l'indépendance, les vitrines sont d'une saleté
exceptionnelle et seules quelques-unes sont éclairées. Quel dommage, le choix de quelques objets, dans une salle repeinte, éclairée serait un complément indispensable à la visite de la cité
ancienne ! Heureusement quelques belles pièces, des escaliers, des bouddhas aux drapés élégants, sont disposés dans le jardin, à l'admiration des rares visiteurs. En dernier, la contemplation
d'urinoirs sculptés et décorés, de granit, en forme de toilettes à la turque, me ramène à des considérations moins éthérées et c'est avec le plus grand soulagement que je retrouve à la chambre
des modèles plus perfectionnés de ces commodités... Nous restons nous reposer jusqu'à l'heure de dîner. Nous nous sommes résolus à donner une dernière chance au restaurant de l'hôtel. Bien nous
en prend : les nouilles sautées de Marie et ma salade de fruits de mer sont bons et copieux, le garçon à qui nous en faisons la remarque a un sourire jusqu'aux oreilles, notre cote remonte ! Nous
ne traînons pas dehors, il ne fait pas bien chaud et nous préférons regagner la chambre.
Vendredi 11
février : Nous quittons l'hôtel presque avec regrets, nous étions devenus familiers avec le personnel... Et l'addition s'est avérée légère... un
oubli ? Le chauffeur est un peu en retard mais guère. Nous prenons la route, très mauvaise au début, elle s'améliore par la suite et ce ne sont pas des nids de poules qui effraient notre aurige
qui d'une main de maître dirige ses chevaux-vapeurs, du moins tant qu'il n'y a pas trace d'eau sur la route. Nous bifurquons ensuite en direction d'Aukana où dans une falaise nous allons voir un
Bouddha debout, taillé dans la masse,
presque entièrement dégagé de la roche. Nous devons acquitter un droit d'entrée et je dois retirer mes chaussures, Marie en est dispensée. Marcher sur le gravier n'est pas agréable et ce n'est
pas ainsi que j'atteindrai le nirvana... Les plissés de la robe sont bien marqués, peut-être un peu
raides, la tête est classique avec sa chevelure bouclée et ses lobes d'oreille allongés mais les bras et mains sont grossiers. Nous regagnons la route principale et à Habarana, nous demandons et
trouvons une crique de la rivière où les cornacs viennent baigner, récurer leurs pachydermes. Une femelle est dans le cours d'eau et semble s'y trouver bien. Son cornac après avoir taillé une
«brosse» dans une enveloppe de noix de coco, l'oblige à se coucher sur le flanc dans le courant et lui frotte énergiquement le derme. Nous croisons d'autres cornacs qui amènent leur animal
au bain puis le chauffeur tient à nous montrer des touristes qui reviennent, farauds, d'une promenade à dos d'éléphant. Leurs mines béates et rougies nous dissuadent de les imiter... Nous
déjeunons dans un établissement pour touristes, les prix s'en ressentent. Marie se contente d'une omelette, je me risque à essayer un rice and curry, le plat national cinghalais. On m'apporte une assiette de riz blanc, portion locale, et des écuelles remplies de divers condiments, des légumes inconnus, des bananes en
frites, des fleurs de bananiers, de la citrouille, des chips papadam,
et du curry de boeuf, très moyennement épicé pour les palais délicats des Occidentaux.
Bien entendu, je n'apprécie que très moyennement les légumes mais le curry me convient. Nous repartons et faisons presqu'aussitôt demi-tour, j'ai oublié l'appareil photo sur le dossier de ma
chaise... Marie a la charité de ne faire aucune remarque désobligeante... Nous quittons de nouveau la route de Polonnaruwa pour nous diriger au milieu des vertes rizières ponctuées de bouquets de
bananiers et de cocotiers, paysage classique du sud du sous-continenet indien, vers le site de Medigiriya. Un attroupement sur le bas-côté nous attire. Un malheureux éléphanteau de huit mois, ( ses défenses commencent à peine à
sortir ), a perdu sa mère, s'est égaré et a été capturé par les villageois qui l'ont entravé. Le pauvre animal est terrorisé, l'oeil mi-clos, sans réaction aux sollicitations. Un camion doit
venir le chercher et l'emmener dans un parc. Nous repartons mal à l'aise... Nous parvenons au Mandalagiri Vihara, un superbe ensemble de temples du VII° siècle, isolé en pleine nature. Sur des
plates-formes se dressent des piliers, des statues usées, démembrées et noircies par des siècles de moussons. A côté sur une autre plate-forme, circulaire, un
vatadage, temple rond renfermant des reliques. Il n'en subsiste qu'un petit dagoba au milieu de piliers disposés en cercles
concentriques, avec des bouddhas aux quatre points cardinaux, et quelques modestes fleurs déposées devant. Nous y sommes seuls, le gardien a renoncé à contrôler les rares visiteurs et est rentré
chez lui en verrouillant la porte mais il a suffi de passer à côté. Nous nous sentons en paix, les ramures des grands arbres nous protègent du soleil et pour la première fois nous trouvons le
site exceptionnel, différent des précèdents. Nous repartons et nous arrêtons à notre surprise non pas à Polonnaruwa mais à une douzaine de kilomètres avant dans une
guest house, séparée d'un lac par la route. Des écureuils courent dans les arbres, des oiseaux jaune orangé volent d'une banche à l'autre. Le bungalow, au fond d'un beau jardin, sous
une véranda colonialement pourvue de fauteuils larges et profonds dont les accoudoirs peuvent pivoter et se déplier afin d'y reposer les pieds comme sur une table de gynécologue, pourrait être
confortable avec quelques meubles et surtout une lumière plus efficace. Néanmoins nous nous déclarons ravis pour ne plus passer pour des insatisfaits congénitaux. Nous allons prendre un soda à
peine frais sur la terrasse du coin repas. Nous y découvrons, consternés les tarifs des plats proposés et leur répétitive pauvreté. Après un repos à la chambre, nous allons dîner d'un riz frit
sans grande saveur et de filets de poisson du lac servis avec du citron, que les autochtones ne pourraient manger tant il leur paraîtrait fade. Des plats pour touristes
!
Samedi 12
février : La découverte de l'absence d'un robinet d'eau chaude et donc d'icelle n'améliore pas l'humeur... Le petit déjeuner est servi en
plusieurs étapes : le thé, puis des fruits puis des oeufs et enfin des toasts grillés tout ceci sur un laps de temps de trois quarts d'heure... Nous partons avec le chauffeur qui s'est aussi
accordé un petit délai... Nous commençons par changer des euros dans une bijouterie, plus rapide qu'à la banque. Nous allons ensuite au musée archéologique, moderne et bien présenté, avec des
maquettes des monuments, de la ville à son apogée au XII° siècle, des objets, poteries, pierres et surtout de splendides bronzes représentant les dieux et déesses du panthéon hindou, des photos
des sites que nous aurions préféré ne pas voir pour avoir la surprise de leur découverte. Le chauffeur nous emmène ensuite, en longeant la digue qui retient l'immense lac Topa Wewa, au site du
sud, le Potgul vihara, un dagoba creux et, à proximité, une statue étrange d'un personnage tenant entre ses mains ce que certains identifient comme des rouleaux écrits sur des feuilles de
palmiers, d'autres une tranche de papaye... Nous reprenons la voiture pour entrer sur l'immense parc archéologique. Tout d'abord ce sont les ruines du Palais royal, un bâtiment massif aux murs
épais qui devait être à plusieurs étages et qui donne une idée de l'importance du royaume en ce temps. A proximité une salle d'audience très joliment décorée de frises d'animaux, lions, éléphants
et toujours des nains dansants, sur plusieurs niveaux, avec un bel escalier d'accès encadré par des lions de pierre. En arrière, un bassin avec des frises identiques. Heureusement la voiture est
là pour nous faire parcourir les quelques centaines de mètres qui séparent les sites. Le ciel couvert transforme l'atmosphère en étuve. Nous entrons ensuite dans le « quadrilatère », un ensemble
de bâtiments plus intéressants les uns que les autres. Tout d'abord un très beau temple hindou dédié à Shiva, remonté par anastylose et donc d'aspect branlant, ce qui lui confère une allure de ruine romantique. Au fond d'un
chambre, un lingam se dresse, oint d'huile, des mains féminines y ont déposé des pétales de fleurs blanches en voeux de fertilité. A côté un plus grand
bâtiment, le Thuparama, est du même style avec des murs extérieurs très travaillés, semblables à ceux des temples du sud de l'Inde. Un vatadage,
identique à celui de Medigiriya mais pas aussi bien situé, se trouve à proximité et sert de terrain de sport à des macaques turbulents. On accède, en franchissant une belle
moon stone, sur sa plate-forme où des bouddhas sont disposés aux quatre points cardinaux. Plus loin dans le Hatadage, se dressent de beaux piliers sculptés de scènes amoureuses ( ? ). D'autres édifices sont disposés alentour. Nous achetons une bouteille d'eau puis plus tard un paquet de
biscuits qui nous serviront de déjeuner, au grand désespoir du chauffeur qui nous aurait bien vu rentrer à deux heures à l'hôtel pour y déjeuner. Il a tenté quelques remarques sur le temps qui
pourrait bien se gâter, la similitude des temples. Pas de chance, nous tenons à TOUT voir et le soleil réapparaît ! A temps pour nous permettre de voir ensoleillé le
R ankot vihara, un grand dagoba entouré de cellules qui renferment des statues du
bouddha modestement honoré d'un pétale de fleurs et où parfois achève de se consumer un bâtonnet d'encens. Les parois protégées du soleil sont moussues. Plus loin un bel ensemble comporte un
grand temple renfermant un grand bouddha debout mais sans tête et à côté un beau dagoba, le Kiri Vihara, bel exemple presque
intact, avec sa demi-sphère de brique couverte d'un enduit de chaux autrefois blanche, surmontée d'un cube reliquaire et enfin d'une élégante flèche. Nous continuons par le Gal Vihara, site de
quatre bouddhas géants, un debout et un couché, très beaux dont les plis des robes se mêlent aux strates de la roche. Les deux assis sont moins intéressants. Un Coca plus tard, nous reprenons la voiture pour un dernier temple, la salle Tivanka, très joliment décorée extérieurement de frises
de nains déchaînés en diverses positions et des classiques lions, éléphants, malaisés à voir dans leur ensemble à cause d'un échafaudage qui supporte une toiture de protection. A l'intérieur, des
fresques, très peu visibles, qu'éclaire le gardien avec sa lampe torche, de personnages très fins en vêtements de fête, des scènes qu'il faudrait mieux distinguer et expliquer. Nous en avons
terminé et le chauffeur ravi nous ramène à toute vitesse à l'hôtel pour une heure de repos. Nous repartons pour nous rendre dans un « spa » où Marie comptait essayer du massage ayurvédique. Les
tarifs pratiqués nous en dissuadent vite, nous nous sentons encore une fois considérés comme des vaches à euros ! Je ne suis pas content et le dis au chauffeur qui espérait sans doute une
gratification au passage. Nous lui demandons de nous emmener dans un cybercafé, il nous conduit dans un hôtel de luxe de la terrasse duquel on a une vue splendide sur le lac. L'ordinateur mis à
la disposition de la clientèle est sous un tissu, l'en débarrasser, le brancher, le démarrer est trop long, on nous installe dans le bureau du directeur ! La connexion est extrêmement lente, en
une demi-heure nous n'aurons que le temps de lire le message de Nicole, de lui répondre, d'écrire à Michèle et d'apprendre le départ de Moubarak. Retour à la chambre. Nous nous installons sur la
terrasse pour lire et écrire en attendant le moment de dîner. Repas identique à celui de la veille, du poulet archi-frit et des nouilles sautées avec du poulet, l'addition de poudre de coco
légèrement épicée pimente le plat. Le patron, très sirupeux, est désolé de ne pas avoir de glace à nous proposer en dessert.
Samedi 13
février : Toujours autant de mal à émerger au matin. Nous quittons la guest house et revenons sur nos pas. Après une
portion de bonne route sur laquelle la voiture s'envole, Sharith, le chauffeur se calme sur une route secondaire étroite dont le revêtement a en grande partie disparu. Nous sommes dans la jungle
comme il se plaît à nous le dire, une forêt dense mais sans grands arbres. Des pitons apparaissent et nous longeons celui de Sigiriya, but de la journée. Nous traversons le village, une
succession de boutiques et de guest houses à destination des touristes pour qui Sigiriya est un must. Nous
dépassons le village, continuons quelques kilomètres jusqu'à notre campement, un ensemble de quelques bungalows disséminés dans un jardin à peine défriché. Le bungalow semble très correct et même
agréable avec une terrasse et des fauteuils pour profiter de la « jungle » ! Nous repartons aussitôt pour le site. Nous contournons des douves et entrons dans l'ancienne cité par les jardins
symétriquement disposés de part et d'autre d'une allée qui se dirige droit vers le gros paté de lave dont les parois verticales émergent de la végétation. Nous avons la surprise de retrouver
Christiane Grandchamp et une de ses amies Christine ! C'est la seconde fois en quelques années que nous nous retrouvons par le plus grand des hasards, la fois précédente au Yémen ! Nous échangeons des
informations tout en cheminant... Après les jardins, nous traversons un amoncellement de rochers, creusés de grottes autrefois habitées par des bonzes. Puis commencent des volées d'escaliers qui
nous élèvent progressivement au-dessus de la plaine. Nous découvrons le paysage de forêt dense d'où surgit à faible distance un Bouddha moderne tout blanc, les montagnes dans le fond sortent à
grand peine de la brume. Nous parvenons au pied de la falaise. Un escalier moderne en colimaçon, enfermé dans une cage grillagée, nous amène devant une anfractuosité de la paroi où
d'extraordinaires fresques aux coloris d'une étonnante fraîcheur
s'offrent à nos yeux. Elles représentent toutes des femmes, à la belle poitrine dénudée, couvertes de tiares et de bijoux, celles de profil pourraient être mayas ! Nous redescendons l'escalier en
colimaçon, continuons le long d'une paroi couverte de graffitis anciens et modernes, indéchiffrables pour nous puisqu'en alphabet cinghalais. Encore des marches et nous débouchons sur une
plate-forme en partie ombragée. Des griffes géantes de lion sont tout ce qui reste d'une statue qui devait être digne du sphinx de Guizeh. Marie capitule et m'attend à l'ombre tandis que je me
lance dans les dernières volées d'escalier à l'assaut de la falaise, en compagnie de nombreux touristes mais aussi de Cinghalais venus en week end. Je découvre un espace couvert de constructions étagées en briques, sur plusieurs niveaux dont le rôle est
encore disputé, palais royal ou monastère ? Des bassins, des salles avec des banquettes taillées dans la roche laissent libre cours à l'imagination. La vue porte sur 360°, la forêt, les étangs
qui débordent et les toits du village. Je redescends plus vite et retrouve Marie en compagnie de Christiane et Christine. Nous descendons de concert, en passant devant une salle d'audience
pourvue elle aussi de banquettes taillées dans la masse puis dessous un rocher en surplomb qui lui a valu le nom de « capuchon de cobra ». Nous rejoignons le parking où nous nous offrons des
boissons presque fraîches. Marie se fait chiper un biscuit par un audacieux macaque ! Le chauffeur arrive, il ne fait pas de difficultés pour déposer nos deux compagnes sur la « grande route »
avant de nous ramener à l'hôtel où nous nous reposons au frais. Nous avons commandé deux shop
suey, l'un au poulet, l'autre « mixte », nous sommes confrontés à deux
assiettées de riz couvert de tranches de pommes de terre bouillies, additionnées de choux et de carottes et accessoirement de morceaux de poulet et de poisson, le porc et le boeuf prévus sont
absents « en ce moment ». C'est copieux, nourrissant mais une deuxième bière sera nécessaire pour les faire descendre...
Lundi 14
février : Nous traînons, pas pressés, et puis c'est la Saint-Valentin ! Petit déjeuner avec, comme il se doit dans une ancienne colonie de l'Empire britannique, des fruits frais et des œufs. Nous
partons pour Dambulla, à quelques kilomètres sur une bonne route. Nous entrons dans le Temple doré, un grand bâtiment
dans lequel on pénètre en montant quelques marches avalées par la gueule grande ouverte d'un lion surmonté d'une haute statue dorée du Bouddha qui semble compter sur ses doigts... Un sommet
du kitsch ! C'est à la fois laid et superbe, la ferveur populaire s'y affiche dans sa simplicité : hommes, et femmes surtout, déchaussés,
quelques tiges de lotus dans les mains jointes, se recueillent devant l'image. Mais l'intérêt du site est plus haut, encore des escaliers à gravir sous un soleil cruel avant de parvenir devant un
ensemble d'abris sous roche, fermés par des murs et par une galerie plus récente, chaulée et d'allure portugaise ou hollandaise avec des frontons ouvragés. J'ai dû me déchausser à l'entrée et Marie
se couvrir les épaules d'un foulard. En raison de l'affluence, les groupes de touristes de toutes les nationalités arrivant à la même heure que nous, nous commençons par la seconde des cinq
grottes. Nous entrons dans une très vaste salle dont le plafond naturel est entièrement couvert de fresques aux belles couleurs encore vives qui dateraient du
premier siècle avant notre ère. Elles représentent le Bouddha, soit en une répétition d'images identiques, soit entouré de scènes de batailles entre des démons ou des défilés de chars et
d'éléphants. Nous manquons malheureusement d'informations sur ces fresques. Alignées le long des murs, des statues du même Bouddha, assis, debout ou couché, forment un surprenant ensemble coloré.
Les éclairs de flash crépitent mais ne troublent pas la sérénité des quelques fidèles qui, mains jointes levées sur le front, récitent des mantras et ne semblent pas nous en vouloir de les
envahir ainsi. Nous passons dans les quatre autres grottes, plus petites, moins époustouflantes que la première mais il s'y trouve tout de même de beaux bouddhas couchés et des peintures intéressantes. Nous avons pris
notre temps, les groupes se sont sauvés vers les cars, il ne reste plus que des touristes isolés et les singes rigolards. Nous pouvons profiter en paix des lieux, de la vue, hélas brumeuse, sur
la plaine que nous dominons, avant de redescendre et visiter le musée bouddhique à l'intérieur du Temple doré. Un ensemble de bouddhas en or ( ou plaqué or ? ), donnés par de riches
ressortissants thaïlandais, coréens ou autres, une reproduction des fresques mais sans explications, dommage, c'était l'occasion d'apprendre... et des objets relevants de la pratique du
bouddhisme. Nous repartons, le chauffeur nous fait passer le long d'un lac artificiel avant de rejoindre Sigiriya où il tient à ce que nous déjeunions dans un établissement uniquement fréquenté
par des touristes ( et leurs chauffeurs... ). La formule est un buffet avec l'inévitable rice and
curry mais les plats ne sont pas épicés, à l'exception de
quelques-uns, placés à part et bien précisés HOT ! Nous mangeons à satiété mais sans vraiment nous régaler et Marie trouve trop épicés
les curries les plus forts, une glace à la vanille la ranime... Nous revenons pour une sieste à la chambre. Nous avons déménagé pour un autre
bungalow plus spacieux, notre meilleur hébergement à ce jour. Nous repartons à seize heures pour un salon de massage, chez un(e) particulier(e) où Marie s'est décidée, ( pour la Saint-Valentin !
), à se faire faire un massage avec des huiles d'herbes non précisées. Pendant qu'elle se fait remettre en place les muscles je vais à un cybercafé proche, la connexion est plus rapide mais pas
de messages nouveaux et je ne parviens pas à reporter sur le blog, faute du logiciel non installé sur l'unique ordinateur du « cybercafé », le texte de la première semaine. Marie se déclare
satisfaite de son massage mais ce n'est pas une révélation... Retour à la chambre pour la fin de la journée. Nous dînons presque frugalement, omelette, sandwich au poulet et frites puis au lit
!
Mardi 15
février : Nous quittons notre guest
house dans la jungle ( ! ) et reprenons la route de Kandy. Quelques
kilomètres plus loin, au village de Nalanda, nous bifurquons sur une route très étroite et en voie de disparition
jusqu'à un lac artificiel. Nous devons continuer à pied une centaine de mètres sur une digue jusqu'à un joli petit temple de type indien avec un sanctuaire shikara.
Il a été remonté récemment mais la pierre est très usée et les scènes érotiques censées se trouver sculptées dans la pierre sont très difficiles à identifier à l'exception de l'une d'elles et encore faut-il avoir l'esprit mal tourné... L'endroit est agréable, à côté
d'un dagoba de petite taille et d'un arbre de la bodhi où sont accrochés des lambeaux de
tissus
votifs. Nous repartons jusqu'à Aluvihara pour un nouveau temple, bouddhiste cette fois, et encore en activité. Encore des marches à monter, point trop, pour atteindre des sanctuaires dans des
grottes, de moins grande dimension qu'à Dambulla. Elles renferment aussi des bouddhas couchés et les voûtes naturelles sont couvertes de fresques qui représentent des fleurs de lotus de toute
taille. Une autre grotte a dans son vestibule des fresques très réalistes qui décrivent les tortures infligés aux pêcheurs humains par des démons qui ne manquent pas d'imagination ! Encore une
fois et quelle que soit la religion, c'est dans l'invention de supplices que l'homme a le plus d'idées ! En montant quelques marches supplémentaires nous avons une belle vue sur les montagnes et, à mi-hauteur, un
Bouddha doré, de grande taille qui semble récent. Nous n'envisageons même pas d'y monter... Le chauffeur nous vante la qualité des épices et des baumes de la pharmacopée ayurvédique fabriqués
dans la région. Il nous arrête dans l'un des jardins qui se succèdent tout au long de la route. On nous promène dans un jardin d'exposition où nous retrouvons des végétaux tropicaux que nous
connaissons bien, poivriers, vanilliers et d'autres qui nous sont nouveaux mais que nous ne saurons tout de même pas reconnaître par la suite. Inévitablement, à la fin, on nous propose des
produits qui semblent guérir toutes les maladies. Marie se contente d'acheter, sans marchander, un flacon d'huile de coco qui doit rendre ses cheveux plus brillants. A la sortie de l'agglomération de Matale, nous apercevons un temple très décoré avec
une haute tour couverte de personnages. Il s'agit d'un temple hindou, en activité. Le chauffeur qui n'avait pas prévu de s'y arrêter, nous dépose. Il s'y déroule une cérémonie qui a attiré une
foule de Tamouls et nous ne pouvons y pénétrer. Nous devons nous contenter d'en faire le tour, en croisant une procession qui se rend dans le temple. Nous retrouvons l'atmosphère des temples du
sud de l'Inde avec ses tours décorées et peintes de couleurs criardes. Une marque rouge, parfois répétée, est apposée sur le front des hommes et des femmes. Ces dernières ont revêtu leurs plus
beaux sariet orné leurs belles chevelures nouées en chignon de fleurs blanches. Elles se laissent prendre en photo en souriant. Les vingt derniers kilomètres avant Kandy sont particulièrement pénibles.
La route, étroite, monte en lacets serrés, embouteillée par tout ce que le pays compte de bus et de camions cacochymes qui se traînent au pas en crachant des volutes de fumées noires à damner un
écologiste bien né ! Nul ne nous a parlé d'un sirop ayurvédique pour les bronches... Nous parvenons à nous échapper par une route secondaire dans les faubourgs de Kandy, afin de nous amener à un
restaurant où nous avons la bière la plus fraîche du voyage pour faire passer un curry de bœuf. Nous entrons dans la ville, saoulante d'activité, sans voir le lac. Nous nous installons à l'hôtel,
avec vue sur la montagne, sur les maisons qui s'y bâtissent et la mosquée en construction en contrebas... Repos puis nous repartons, emmenés par le chauffeur sur l'autre versant chez un
joaillier. Ils sont nombreux en ville, à en croire les enseignes, et tous se targuent d'un musée des gemmes. Nous avons droit à une vidéo en français dans laquelle, sans vergogne, on nous
présente les modes primitifs d'extraction des boues, le tri à la batée puis la taille. La visite se termine par le magasin de vente. De riches et élégantes cinghalaises en
sari chatoyants se font montrer bracelets et boucles d'oreilles sertis de pierres précieuses. On tente bien de capter l'intérêt de Marie avec une bague ornée d'un saphir bleu
mais nous résistons ! Nous nous rendons ensuite dans un centre culturel où, en compagnie de plusieurs centaines de touristes, tous amenés par leurs chauffeurs, guides et rabatteurs, nous allons assister à un
spectacle de danses kandiennes. Des tambours variés frappés par des hommes entraînent dans des danses de plus en plus rapides, accompagnées de sauts périlleux en arrière, des hommes, certains
grassouillets, et des femmes aux gestes plus gracieux. Le spectacle se continue à l'extérieur avec une marche sur des charbons ardents. J'en ressors avec le même sentiment qu'à Cuzco ou à
Moorea... Mais aujourd'hui, nous avons été de gentils touristes, bien disciplinés, nous sommes allés partout où notre chauffeur tenait à nous emmener ! Retour à la chambre en traversant un centre
ville, démentiellement animé. Nous dînons à l'extérieur, seuls clients de l'hôtel, avec vue sur les collines éclairées. Nous nous faisons servir, l'un une plâtrée de riz frit garni de morceaux de
viande, bœuf et porc, l'autre la même portion de nouilles avec des crevettes. Riz le midi, nouilles le soir ou l'inverse, pas ainsi que je vais ramener mon tour de taille à celui de mes vingt ans
!
Mercredi 16
février : Nous avons installé la moustiquaire pour la nuit, ce qui n'a pas empêché un malotru de venir nous importuner dans notre sommeil. Après
le petit déjeuner pris sur la terrasse, sans œufs dont je commence à me lasser nous partons avec « Altogether » comme j'appelle désormais notre chauffeur qui place cette expression dans toutes ses phrases... Il
nous dépose à l'entrée du Jardin Botanique qui, comme son nom l'indique, rassemble sur quelques hectares des espèces de végétaux de Ceylan et autres pays tropicaux. Nous devons payer un droit
d'entrée vingt-deux fois supérieur à celui des nationaux ! Ce qui explique la présence de nombreux couples d'amoureux très jeunes et très sages, assez fortunés pour payer cinquante roupies
l'entrée au lieu d'aller en cours ! Nous n'apprécions guère la disposition trop sage, les trop belles pelouses et les chemins goudronnés. Cela manque d'exubérance, de fantaisie, de mélanges, ce
que nous avions apprécié aux Antilles ou dans le Pacifique. Nous devons attendre à la sortie «Altogether» qui tarde après être allé faire réparer une roue qui se dégonfle. Nous enchaînons avec un
circuit dans la jolie campagne proche. Nous traversons une belle végétation qui laisse la place, dans les fonds de vallées, à des rizières jaunies. Nous parvenons à un
premier temple, Gadaladeniya, qui comprend, sur une dalle rocheuse, deux lieux de culte, l'un hindou, très modeste, l'autre bouddhiste, se partageant les rares fidèles. Le temple bouddhiste est
ancien, la pierre est érodée, on devine encore des sculptures sur les murs extérieurs, un échafaudage l'enveloppe peut-être pour une restauration. Nous continuons jusqu'à un second temple, lui
aussi bouddhiste avec une annexe hindou, Lankatilake, sur un piton rocheux qui domine les rizières, plus fréquenté ; de sages jeunes filles nattées, en uniforme blanc d'une école, accompagnées de
jeunes moinillons dans leur robe safran, se sont égayées dans et autour du temple. Elles ajoutent une note de couleur et de gaîté à ces pierres grises. Nous pouvons, moyennant une obole tarifée,
après avoir franchi une belle porte peinte, pénétrer dans une salle occupée par une statue de Bouddha et des murs couverts de fresques intéressantes. Le dernier lieu de culte, Embekka devale, est
lui aussi très fréquenté, son intérêt est dans une salle d'audience qui précède le temple. Ouverte de tous les côtés, elle n'est qu'un toit de tuiles supporté par de splendides poteaux sculptés sur
leurs quatre faces de scènes mythologiques, avec des lutteurs, des danseuses, des combats d'éléphants et des animaux mythiques. Nous rentrons ensuite à Kandy. Nous nous faisons déposer dans le
centre ville. Nous déjeunons au Kandy Muslim hotel qui comme son nom ne l'indique pas est un restaurant et non pas un hôtel mais qui par contre est bien musulman et donc ne sert pas de bière.
Nous grignotons des samoussas pas trop épicés et d'autres croquettes indéterminées puis du kottu, une galette de pâte découpée en morceaux
puis frite avec des légumes, des épices et éventuellement de la viande ou du poisson. Tout cela pour un prix dérisoire ! Nous marchons dans les rues du vieux centre ville, anciennes maisons de
commerçants d'avant-guerre, à un ou deux étages, avec le nom du fondateur souvent à consonance musulmane inscrit au fronton. Visite rapide d'un temple puis nous filons découvrir le lac entouré de collines pas trop couvertes de maisons. Au milieu, un îlot avec quelques
palmiers. Nous contournons les jardins d'accès du Temple de la dent, défendu depuis l'attentat de 1998 par des barricades et même par des postes de l'armée derrière des tas de sable. Nous
parvenons au musée, inexplicablement fermé. Nous passons une fouille très symbolique avant d'entrer dans les jardins puis après avoir payé, en notre qualité d'étrangers fortunés, un droit
d'entrée dont sont dispensés les locaux, nous pouvons pénétrer dans le temple, déchaussés sauf Marie. Derrière des remparts crénelés, une construction en forme de tour, à toit de tuiles dorées, renferme dans
des écrins en or une dent de Bouddha ! Sa possession est la fierté des Sri Lançais et la marque du pouvoir. La puissance du clergé bouddhiste et le pouvoir politique ne font qu'un ici. A l'étage
supérieur derrière une porte fermée, se trouve la précieuse relique. Les dévots, très souvent vêtus de blanc, apportent des fleurs, surtout des lotus qu'ils déposent sur une longue table devant
le tabernacle puis s'assoient et restent en prière, les mains jointes, le front posé dessus. Nous suivons le circuit qui nous fait ensuite passer par un bâtiment plus récent et qui abrite des
collections de bouddhas de marbre blanc offerts par de généreux donataires étrangers. Dans les étages sont exposés divers objets religieux, des photos des dégâts causés par la bombe. Nous retrouvons l'air libre, traversons un
espace où les fidèles viennent alimenter des coupelles en huile de coco et y faire brûler des mèches avant de déposer leurs offrandes de fleurs. Ils poussent la gentillesse jusqu'à bien se placer
pour que je les prenne en photo ! Une salle renferme la dépouille naturalisée d'un éléphant qui pendant cinquante ans avait eu l'honneur de promener la dent lors de cérémonies. Nous revenons dans
le temple pour assister à la puja du soir. Des musiciens, des joueurs de tabla et
autres tambours ainsi qu'un flûtiste, annoncent l'ouverture des portes de la salle inférieure et l'arrivée de bonzes qui, avec d'autres personnes, sans doute des donateurs, sont autorisés à
pénétrer dans le Saint des Saints. Peu de gens à ce niveau assistent à la cérémonie, je vais donc voir ce qui se passe à l'étage. L'affluence y est nettement plus importante, on s'écrase, se bouscule pour tenter d'apercevoir,
lorsque les portes sont ouvertes, l'écrin en or de la divine dent. C'est alors le comble du délire, tous veulent approcher et les policiers ont fort à faire pour canaliser la foule. Il fait nuit
quand nous ressortons et repassons par les temples hindous proches. Là aussi, les fidèles sont venus fêter le coucher du soleil, des tambours et des flûtes invisibles se font entendre, nous
distinguons dans la lumière des petites lampes à huile des familles qui pique-niquent à l'orée des temples. Nous retrouvons le chauffeur qui nous ramène épuisés à l'hôtel. Une bière fraîche nous
réconforte puis un dîner avec du poulet pas assez grillé ( ! ), des frites et une seconde bière, termine la journée. Mais je ne suis pas encore couché, il faut encore raconter cette journée et
s'occuper des photos !