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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 18:11

Dimanche 29 avril : Albert et Pascale, Pierre et Annie-Claire nous quittent, ils s’en retournent à Windhoek. Avec les premiers nous échangeons adresses et numéros de téléphone avec promesse de nous revoir en France … Peu après, nous partons avec Jean-Michel, Christine et Jean-François pour le Zimbabwe. Un plein d’essence pour épuiser nos derniers pulas et nous sommes presqu’aussitôt au poste frontière. La sortie du Botswana se fait rapidement, le passage du poste zimbabwéen est plus longue, deux bus de touristes sont devant nous. Nous devons acheter le visa en dollars américains, la monnaie officielle du pays puis acquitter des taxes routières, une assurance automobile etc… La route reste correcte mais les bas-côtés sont envahis par de hautes herbes qui émiettent le goudron. Une heure plus tard, nous parvenons à Victoria Falls, nous n’en voyons pas grand-chose, le camping, le Victoria Falls rest camp, est rapidement trouvé, vaste et ombragé, avec des installations sanitaires correctes. Nous déjeunons rapidement sur les tables du terrain et repartons dans une seule voiture pour le parc des chutes. L’entrée est à 30 dollars pour les étrangers et à 7 dollars pour les autochtones… Un grondement et une vapeur qui s’élève au-dessus de la forêt signalent les cataractes. Nous suivons un sentier empierré qui débouche rapidement surZimbabwe-6423.JPG un premier point de vue, assez décevant. Nous sommes très près de la masse d’eau qui se fracasse cent mètres plus bas mais elle est en grande partie masquée par les embruns soulevés. Il en est de même aux points de vue suivants mais la faille allant en s’élargissant, la ligne de rupture s’éloigne et nous distinguons mieux les chutes. Elles sont partagées en plusieurs tronçons par des îlots couverts d’une abondante végétation. Nous traversons une forêt primaire où les singes vervets espiègles courent dans les lianes. Le point de vue sur les chutes principales donneune idée de la puissance et du volume d’eau qui se précipite dans cet infernal chaudron bouillonnant dont on ne peut distinguer le fond. Les embruns retombent en une pluie abondante sur nous et malgré les K-ways, nous sommes vite trempés. Nous allons jusqu’au bout de la promenade, plus d’un kilomètre mais la vue est de plus en plus aléatoire, dépendante des sautes de vent et sur la fin, nous sommes dans un nuage de finesZimbabwe-6421.JPG gouttelettes qui nous pénètrent. Nous, mais aussi l’appareil photo qui n’apprécie pas et ne fonctionne plus ! Nous apercevons le pont mixte route et fer qui enjambe la gorge en aval, reliant la Zambie au Zimbabwe. Nous revenons sur nos pas, moi désolé de ne plus pouvoir pren dre de photos, jaloux de Jean-François qui a de bonnes idées de clichés, notamment des touristes, japonais en escouades disciplinées, d’Africains mal équipés pour la pluie ou de nous-mêmes ! Nous terminons par une visite au café pour un soda bien mérité, toute cette eau nous a donné soif ! Nous nous rendons ensuite sur le pont aperçu du parc, nous dominons alors la gorge où les eaux, après des remous désordonnés, tentent de reprendre un fil ordinaire entre deux hautes falaises tranchées dans la terre. Je m’aperçois que j’ai perdu le K-way de Marie, je reviens en arrière à sa recherche mais il a dû faire le bonhZimbabwe-6444.jpgeur de quelqu’un qui a oublié de me le rapporter… Nous y sommes quand arrive un train touristique tiré par une antique locomotive à vapeur qui s’arrête à l’extrémité du pont. En descendent des touristes élégants et fortunés à qui des serviteurs empressés, habillés de blanc avec casque colonial ou fez rouge, pour évoquer la belle époque de la colonie, servent des flûtes de champagne. Ils nous en tendent que nous ne pouvons décemment refuser et nous n’hésitons pas à nous faire resservir, après avoir prévenu nos amis, ravis de l’aubaine. En souvenir, nous conservons les flûtes ! Je deviens milliardaire ! J’ai dans ma poche un billet de 50 billions autrement dit milliards, de dollars ! Zimbabwéens certes mais tout de même cela pose un homme ! On ne me l’a vendu que pour un dollar américain… Du pont se jette dans le vide, attaché à un élastique pour un vol jusqu’au fond du ravin, un touriste bien plus audacieux que moi ! La vue de l’autre côté, sur les chutes est intéressante, en partie masquée par les vapeurs qui s’élèvent du fond mais les remous frangent d’une fine dentelle les eaux avant qu’elles ne se précipitent dans le vide. Il se fait tard, le train donne le signal du retour, nous arrêtons un taxi pour nous ramener au poste frontière où nous a été délivré le laissez-passer d’accès au pont. Nous rentrons au camping pour découvrir que nous sommes juste en face d’une boîteZimbabwe-1430.JPG d’où une puissante sonorisation diffuse des airs de musique africaine ! Nous changeons de place pour tenter d’échapper aux décibels mais ils nous poursuivent… L’apéritif, servi dans les flûtes s’impose puis nous allons dîner au restaurant du camping, dans un pavillon à toit de palmes, ouverts de tous côtés avec des fauteuils très britanniquement confortables… Nous nous faisons servir quelques plats censés sortir de l’ordinaire : un curry de crocodile honorable, une escalope de phacochère quelconque et un ragoût de gibier qui ressemble à du bœuf, servi avec du sadza, à allure de porridge. Rien de mémorable et les portions ne sont pas trop copieuses. Retour à nos camions pour une nuit qui promet d’être musicale mais à onze heures et demie le calme revient.

 

Lundi 30 avril : Nous sommes réveillés par les gloussements des jeunes passagères de camion-bus qui les transporte à travers l’Afrique. L’appareil photo ne fonctionne toujours pas et je suis contraint d’avoir recours aux services du vieux Kodak ! Marie n’est pas de bonne humeur et rien ne va… Nos amis nous quittent, peut-être les retrouverons-nous ce soir au parc Hwange. Nous allons nous connecter à Internet à la réception pour mettre à jour le blog, répondre au courrier et faire la déclaration d’impôts. Marie cherche ensuite des cartes postales, donc il faut trouver la poste pour les timbres, puis elle achète des lunettes de lecture dans une pharmacie qui ressemble plus à un bazar qu’à une officine médicale. Je renonce à retourner sur le pont pour faire des photos et nous quittons Victoria Falls. La route est bonne, droite et peu fréquentée. Nous pique-niquons à l’ombre d’un arbre en profitant d’une table et de bancs prévus à cet effet. Peu après nous quittons la route pour une piste de terre durcie qui doit nous permettre d’entrer dans le parc de Hwange. Nous traversons un joli village dont toutes les cases, rondes, sont à toit de chaume, les murs recouverts d’un crépi ocre rouge, le grenier est sur pilotis, de section carrée et constitué de rondins serrés. Nous apercevons deux troupeaux d’antilopes hippotragues qui s’enfuient à notre vue. Nous passons la porte du parc et quelques kilomètres plus loin nous atteignons Robins camp où se trouvent l’accueil. La gentille mais inflexible garde de service ne veut pas nous laisser continuer, d’après elle et le règlement, nous n’aurions pas le temps d’arriver à cause des troupeaux d’éléphants et de buffles sur la route ! Nous réglons donc le droit d’entrée, valable dans tous les parcs et pour une semaine, et le prix du camping. Nous allons faire quelques kilomètres dans l’espoir de voir des animaux. La forêt est bien moins dense qu’au Botswana et les feuillages roussissent mais nous ne voyons rien ! Nous arrivons à un mirador d’où nous surplombons une mare qui ne semble attirer personne. Aux jumelles nous apercevons l’oreille d’un éléphant, seule agitation animale à des kilomètres à la ronde. Nous ne trouvons pas le pan salé que nous avait indiqué la garde et rentrons bredouille et déçus au camping. Pas de bar, aucun autre visiteur. Nous nous désaltérons d’une bière de notre réfrigérateur. Des bruits entendus, nous déduisons qu’il y a bien une faune mais elle reste invisible. Marie, prudente décide de regagner le camion pour dîner…

 

Mardi 1er mai : Nous prenons la piste plutôt bonne, entretenue. Nous commençons par rouler lentement mais l’absence de faune et même de traces ni de crottes sur la piste, nous font accélérer. Nous pestons, d’autant plus que la climatisation ne fonctionne plus ! Deux heures plus tard, nous n’avons vu qu’une girafe sur la piste et une autre à deux têtes à l’horizon… Sur la piste de Sinamatella nous roulons jusqu’au lac de Mandavu dont nous approchons les bords et où, enfin, nous découvrons quelques spécimens de la faune : des cobs que je qualifie d’onctueux, et qui localement sont appelés waterbuck, farouches, ils se sauvent à 100_7744.JPGnotre vue, des hippopotames enfoncés dans la mare et des crocodiles faussement endormis. Nous les revoyons du haut d’un mirador, heureuse initiative qui va se retrouver à plusieurs occasions dans ce parc alors qu’elle était totalement absente au Botswana. Nous apercevons de ce point d’observation différentes gazelles et antilopes et les habitants des mares, crocodiles assoupis et hippopotames bagarreurs. Nous revenons sur nos pas et prenons la direction de Main Camp. Nous nous arrêtons à une autre mare également équipée d’un mirador d’où nous ne contemplons que les ébats aquatiques d’une famille hippopotame. En repartant, à quelques centaines de mètres de là et sur le bord de la piste, une demi-douzaine d’éléphants batifolent, jouent aux animaux de cirque en levant un pied ou en se poussant avec la trompe. Nous déjeunons à la mare de100_7750.JPG Shumba, du haut du mirador, dans la chaleur et l’agacement des mouches. A partir de ce point, la piste devient une route : un ruban d’asphalte a été posé il y un bon nombre d’années, il s’est réduit, a disparu par plaques, les herbes envahissent les bords, crèvent le goudron en son milieu, lui donnant une allure de route iroquoise… Il nous arrive alors de regretter la piste… Nous revoyons de temps à autre un ou deux éléphants qui, parfois, traversent la piste, pas pressés de nous la rendre… Nous faisons quelques détours pour des miradors, implantés devant des mares mais sans grande animation. En voulant reculer pour accéder à une mare, sans regarder derrière moi, je heurte un véhicule dont je brise les phares ! Je lui laisse mon adresse e-mail…Peu avant d’arriver à Main Camp, nous nous rendons au poste d’observation de Nyamandlovu. Peu avant d’y100_7758.JPG arriver, nous trouvons des gnous, couchés sous les arbres, à l’ombre. Dès que nous arrivons à la plate-forme, une structure avec un étage, couverte, installée devant une mare artificielle alimentée en permanence par une pompe, nous apercevons un trio de girafes venues boire et donc méfiantes. Nous pouvons observer leur dangereuse technique qui consiste à écarter les antérieurs pour pouvoir baisser le cou et parvenir à se pencher assez. Position dangereuse qui les rend vulnérables, qu’elles n’adoptent qu’après avoir bien observé les environs et sous la surveillance des autres girafes. Arrive une importante horde de babouins qui doivent aussi100_7786.JPG s’accroupir pour boire. Le crocodile endormi sur la berge ne semble pas les inquiéter. J’attends le drame, ce ne sera que du Feydeau, chicaneries familiales et querelles de préséance. Un kudu et ses femelles vient se désaltérer, un buffle égaré fait un passage rapide, la famille hippopotame s’en moque royalement et occupe le centre de la mare. Puis apparaissent messieurs les éléphants. Une troupe d’une bonne quarantaine, de toutes tailles et de tout âge se présente et occupe toute la mare pour boire et se baigner. Ils s’alignent, barrissent, se querellent, se poursuivent, les derniers nés dans les pattes de leurs mères. Un extraordinaire spectacle qui nous fait oublier les déconvenues de la journée. Pendant ce temps, Jean-Michel, Christine et Jean-François sont arrivés, nous ne pensions pas les revoir mais ils avaient envie de revoir cet endroit hors du commun. Nous devons revenir avant la nuit au campement. Nous nous installons au camping. Ils m’aident à rechercher la panne de climatisation, une fuite est détectée au radiateur. Nous prenons l’apéritif ensemble et dînons ensuite rapidement car, dès que la nuit tombe, la température en fait autant. Nous regagnons nos cellules et je passe le reste de la soirée sur l’ordinateur.

 

Mercredi 2 mai : Nos compagnons nous quittent pour continuer vers le sud. Quand nous sommes prêts, nous repartons pour un tour dans le parc. Consciencieusement, nous faisons le tour de toutes les mares dans l’espoir inavoué d’y apercevoir des félins mais ils n’y sont pas et les autres animaux non plus. Au bout d’une vingtaine de kilomètres nous faisons demi-tour. Cette fois nous avons plus de chance, quelques éléphants machouillent des feuillages à quelques mètres de la piste et un troupeau d’impalas se montre. Nous ne retournons pas au mirador, persuadés de n’y rien voir à cette heure. Nous quittons donc le parc et retrouvons un bon goudron d’abord en direction de la route nationale puis, après quelques kilomètres en direction de Victoria Falls, nous bifurquons vers le lac Kariba. La route moins large reste 100_7794.JPGbonne et avec très peu de circulation. Nous entrons dans un paysage plus accidenté, des collines couvertes d’une savane plantée de baobabs, d’épineux et de beaux arbres à l’ombre généreuse dont j’ignore le nom. Nous montons et descendons, traversons des rivières à sec, longeons des gorges avant d’entamer une descente vers le lac que nous apercevons peu avant Mlibizi. Des artisans proposent leurs œuvres sculptées, tambours, coupes, sièges, sur le bord de la route. On se demande qui sont les clients, il ne passe personne et encore moins des touristes. Ils sont néanmoins les derniers avatars d’une tradition de sculpture des Shona. Je me renseigne dans un lodge sur la possibilité de rejoindre Kariba avec le ferry mais celui-ci est parti hier et ne revient que dans deux semaines ! Nous revenons sur nos pas, cherchons un peu d’ombre pour déjeuner puis continuons en direction de Binga. Les villages se succèdent presque sans interruption, séparés par des champs d’un maïs anémié. Ce sont plutôt des concessions qui rassemblent100_7796.JPG les belles cases d’une famille et les greniers sur pilotis derrière une palissade. Nous parvenons en début d’après-midi à Binga, curieuse localité, sans centre défini, les maisons sont invisibles, les commerces aussi. Nous descendons de la falaise  pour trouver le quartier des villas des plus aisés et des lodges qui semblent très peu occupés. Nous pouvons camper dans l’un d’eux proche du lac mais son bar est fermé. Nous tentons d’en trouver un pour nous ravitailler en boissons mais ils sont soit fermés soit mal achalandés. Au cours de notre quête, nous trouvons une ferme de crocodiles où les futurs sacs à main coulent de derniers jours heureux en nous montrant, derrière une barrière, leurs écailles brillantes et leurs dentition en parfait état. Nous allons profiter de la piscine avec vue sur le lac puis nous tentons de l’approcher mais les abords sont marécageux et nous n’allons pas loin avant de retrouver notre camion. Nous restons dehors, il ne fait pas froid, une fois le soleil couché, comme les jours précédents. Mais en contrepartie les moustiques sont aussitôt présents.

 

Jeudi 3 mai : Les moustiques ne nous ont pas quittés et toute la nuit nous nous battons avec ! Au réveil nous ne sommes pas très reposés et Marie tarde à se lever. Nous ne partons qu’à neuf heures pour une longue étape. Avant de quitter Binga nous allons au supermarché local, de la taille d’une supérette mais nettement moins fourni ! Nous en repartons les mains vides… Nous revenons quelques kilomètres sur nos pas puis prenons la piste en direction de Kariba. Elle était indiquée comme une route sur  notre carte mais c’est bien une piste et elle le restera sur près de trois cents kilomètres. Une piste de qualité variable, des segments très roulants, d’autres exécrables, de la tôle ondulée, du sable, des abords de pont disparus, un succédané100_7799.JPGdes pistes africaines. Les villages sont toujours aussi « authentiques », de belles cases, parfois peintes, et des greniers de types divers mais toujours sur pilotis. Les gens cheminent le long de la route, les femmes un ballot, parfois une simple bouteille, en équilibre, très stable, sur la tête. Des pitons et des falaises percent dans la savane, le paysage n’est plus monotone comme au Botswana, nous sommes souvent en hauteur et découvrons alors, en contrebas et à perte de vue, la brousse. Les rencontres sont rares, nous ne croiserons ou ne dépasserons moins de dix véhicules dans la journée. Nous déjeunons dans le camion au grand étonnement d’un jeune paysan qui descend de son vélo puis appelle sa femmepour nous contempler installer la table, nous laver les mains, sortir une bière fraîche du réfrigérateur. Découverte d’un monde insoupçonné ! Il fait très chaud et le moment préféré est celui où nous avalons une gorgée de bière pour faire descendre toute la poussière du gosier. Nous continuons, un œil sur la carte, un sur le compteur kilométrique… Après une désinfection, un coup de bombe, pour lutter contre la mouche tsé-tsé, et encore quelques kilomètres nous retrouvons enfin le goudron, un bon asphalte sur lequel nous nous envolons. Nous rejoignons la route nationale mais avec le soleil de face. A Makuti, fatigué et gêné par le soleil, je tente de négocier au lodge l’autorisation d’y passer la nuit contre la promesse de dîner au restaurant mais la responsable est inflexible. Nous repartons donc sur une route étroite qui serpente dans les collines mais bien vite, la nuit tombe et nous ne devinons le lac qu’à ses reflets sous la lune. Nous cherchons un campsite, nous devons demander à plusieurs reprises avant d’y parvenir. Il est situé dans un parc au bord du lac et notre arrivée perturbe la quiétude du garde qui n’avait pas dû voir grand monde depuis quelques jours. Une bière fraîche est immédiatement avalée pour nous faire oublier les cinq cents kilomètres de la journée.

 

Vendredi 4 mai : Pas de moustiques, du moins dans le camion. Nous profitons des installations rustiques du campsite. Nous avons été les seuls visiteurs cette nuit et est-ce à notre intention ? Une boîte de préservatifs est posée à côté des lavabos…Au moment de régler, on nous ajoute l’entrée au parc que nous n’avions pas l’intention de visiter, nous y faisons donc une courte incursion, jusqu’à une plate-forme d’observations au bord du lac, en très mauvais état, marches manquantes à l’escalier, piliers branlants, plancher rongé par les termites… Nous apercevons dans l’eau plusieurs familles d’hippopotames, l’un d’eux daigne se m100_7807.JPGontrer sur unîlot, semblant confus de sa nudité. Nous sortons du parc et reprenons la route jusqu’à Kariba. Difficile de dire quand la ville commence, elle est éclatée en quartiers peu denses, éparpillés dans la verdure. A la première station-service nous achetons quelques provisions puis continuons la route en corniche qui offre des vues sur le lac, très calme, sans bruit ni agitation. Des villas occupent les criques des marinas où sont ancrés des bateaux de promenade. Nous trouvons un camping dans la verdure qui paraît agréable et un restaurant avec une belle vue, sans nous décider. Nous allons plus loin, jusqu’à la pointe qui avance dans l’eau. S’y trouvent les plus jolies maisons qui rivalisent d’originalité dans la forme des toits de chaume. Au bout d’une piste, un autre terrain de camping, semble également agréable, avec piscine et restaurant. Avant de choisir, nous cherchons le supermarché pour nous réapprovisionner. Il est situé dans la partie haute de la ville, très éloignée, ancien quartier « blanc ». Il paraît désert au100_7809.JPGjourd’hui bien que les Blancs soient encore nombreux. Les rayons de la supérette sont consternants ! Nous n’achetons que du pain et des œufs mais le ravitaillement en bière ne pose aucun problème. Nous cherchons et trouvons le point de vue d’où nous surplombons le barrage et de l’autre côté la rive zambienne. Nous retournons à la station-service où nous pouvons nous connecter à internet. Nous prenons connaissance des derniers messages et en écrivons quelques-uns. Je me renseigne pour savoir où trouver de la viande et des fruits et légumes. Nous nous rendons au magasin indiqué et effectivement nous pouvons acheter jambons, viande congelée et autres n100_7812.JPGécessités… Nous allons nous installer au premier camping mais je découvre qu’il n’y a pas de piscine ! Nous nous reposons tout l’après-midi sous les ombrages, à peine dérangés par le bruit des goyaves qui tombent des arbres et la visite de quelques zèbres venus brouter la pelouse. Lecture, rêvasseries, contemplation des acrobaties des singes vervet dans les arbres au-dessus de nous… Arrivée de quelques clients bruyants mais la soirée ne sera pas perturbée. Nous allons dîner au restaurant que nous avions repéré mais ce ne sera pas ce que nous espérions. On nous sert deux assiettes sur un coin de table, saucisses ou poulet dur et froid avec une bonne portion de riz et de la salade sans sauce mais le prix est dérisoire ! Nous passons tout de même quelques minutes dans des fauteuils, à côté de la piscine, vide et qui le restera sans doute longtemps, à deviner le lac sous la lune presque pleine.

 

Samedi 5 mai : Nous reprenons notre rythme avec un lever à six heures et demie. Nous quittons Kariba et reprenons la route que nous avions faite de nuit mais sans la perspective du lac, maintenant derrière nous. La route passe et monte dans des collines couvertes de beaux 100_7800.JPGarbres qui se détachent sur le ciel bleu et donnent au paysage des allures d’estampes chinoises. Nous continuons sur la route en direction de la Zambie. Nous nous faisons délivrer un permis pour entrer au parc de Mana Pools et quelques kilomètres plus loin, nous entamons une descente de la falaise vers la plaine alluviale du Zambèze. Nous quittons le goudron pour une piste sur de la tôle ondulée en longeant l’escarpement. Après un poste de contrôle où on nous confie un passager, nous entrons dans le parc, la piste est meilleure et nous roulons en respectant les 40 km/h imposés mais la savane arbustive est serrée et nous n’apercevons que quelques éléphants qui traversent nonchalamment la piste devant nous. A quelques kilomètres du Zambèze, nous sortons de la brousse et traversons, jusqu’au fleuve, une plaine dégagée, plantée de grands arbres, où la vue porte loin. Les troupeaux d’impalas, les phacochères, les babouins ne sont plus cachés par les broussailles. Enfin nous arrivons au poste de Nyamepi où nous pouvons camper. Il exist100_7827.JPGe d’autres terrains de camping mais il fallait les réserver à Harare… Nous avons le choix entre un emplacement sur les bords du Zambèze, à 100 dollars la nuit, ou en retrait d’une vingtaine de mètres à 20 dollars ! Le choix est vite fait… Nous allons nous installer à l’ombre d’un très bel arbre et déjeunons en nous cachant pour manger une papaye, interdite comme tous les fruits dans le parc, les éléphants en étant trop friands ! Nous laissons passer les heures chaudes puis partons en quête de fauves… Les bords du Zambèze semblent une destination toute trouvée pour voir les animaux mais nous ne voyons rien de nouveau. Pas de lions100_7821.JPG, pas de léopards au grand désespoir de Marie. Des poussières dans l’œil lui font mal, elle se plaint. Nous faisons le tour de mares en eau où il n’y a que des hippopotames ou d’autres presque à sec, terrain des gazelles et des cobs d’eau. En fin de soirée, nous revenons sur les bords du Zambèze et nous apercevons dans les zones marécageuses du lit du fleuve une douzaine d’éléphants qui broutent une herbe tendre. Retour au camping au soleil couchant. Nous décidons, la place étant vacante de nous installer au bord de l’eau. Nous laissons la fraîcheur du soir descendre sur nous en écoutant les ébrouements des hippopotames dans l’eau. Je bois un gin tonic au grand désespoir de Marie qui me voudrait plus sobre.


Dimanche 6 mai : Toute la nuit les hippopotames ont grogné, mugi, d’autres hurlements ont agité la brousse, peut-être une hyène ? Les petits singes vervets courent sur le toit du camion. IZimbabwe-6204.JPGls sont drôles mais chapardeurs. Par une fenêtre restée ouverte, ils nous ont volé une plaquette de médicament contre le paludisme qu’heureusement je retrouve par terre. Une fois prêts, nous partons explorer l’extrémité occidentale du parc en longeant de plus ou moins prés le cours du fleuve. Plutôt de loin que de prés car de nombreuses concessions ont été accordées à des entreprises qui ont installé des camps de toile ou des lodges sur les rives du Zambèze. Très vite nous découvrons deux buffles dans un sous-bois mais toujours aucun fauve ! Les impalas sont très nombreux, parfois en grands troupeaux qui traversent la piste en faisant des bonds à notre approche. Un éléphant isolé nous concède le passage. Quelques incursions sur la rive nous permettent de voir encore des hippopotames et des cobs d’eau, les fesses curieusement marquées d’un cer100_7818.JPGcle de poils blancs. Sur l’autre rive nous apercevons les campements  zambiens dont nous sommes séparés par des bancs de sable et des îlots couverts d’une herbe grasse. Nous poursuivons jusqu’au lit à sec d’une rivière après avoir traversé une zone d’arbres morts, des troncs et des branches desséchés éparpillés sur le sol, œuvre des éléphants ? Nous revenons plus rapidement en repérant des lieux proches de mares, susceptibles d’être fréquentés en fin de journée. Nous déjeunons à l’ombre d’un arbre-saucisse puis attendons le milieu de l’après-midi pour repartir. Nous allons guetter aux divers points repérés mais, encore une fois, en dehors des hippopotames, des impalas et des cobs, nous ne voyons rien de nouveau.  Lors du retour au campement nous trouvons à proximité de la piste un hippopotame sorti de l’eau qui s’enfuit dès qu’il nous voit puis un grand troupeau de buffles. Nous pensions retrouver les Azalaïens mais ils ne sont pas là ! Mes espoirs d’un pastis glacé s’envolent… Et pas de réseau téléphonique pour avoir les résultats des élections… Nous dînons à l’extérieur du camion, sous notre arbre, au frais. Dans la pénombre j’aperçois un éléphant qui vient croquer des branches à quelques dizaines de mètres de nous. D’autres cris, feulements, grognements ne rassurent pas Marie, contente de regagner son cher camion.

 

Lundi 7 mai : Marie aurait bien aimé faire une vraie grasse matinée mais à sept heures elle est debout. Nous sommes tout de même les derniers à quitter le camping ! Nous ne cherchons plus à voir la faune mais tout de même un éléphant nous fait un petit bout de conduite sur la piste. Nous retrouvons la piste de tôle ondulée que j’essaie de tenir à soixante-dix km/h, non sans mal. Nous croisons les Azalaïens que nous attendions hier soir. Ils nous annoncent la victoire de Hollande mais avec un score moindre que celui que j’espérais mais enfin le plus honteux des présidents de la cinquième république est viré ! La piste en cours de reprofilage est ensuite meilleure et nous retrouvons le goudron. Nous roulons à vive allure malgré les nombreux camions qui semblent tous sortis d’un film américain, ils assurent un intense trafic avec la Zambie. Beaucoup de monde sur le bord de la route à guetter les bus avec des ballots imposants. Nous sommes arrêtés à deux contrôles. Le premier après avoir demandé et vu nos triangles de signalisation n’insiste pas mais le second veut aussi voir l’extincteur, prétend qu’il est obsolète et veut nous infliger une amende, nous refusons et parvenons à repartir. L’incident a réveillé ma haine de ces policiers africains teigneux et même vicieux ! Nous sommes à quatre heures à Harare et trouvons, presque sans nous perdre, le Small World Backpackers, une auberge où nous pouvons nous garer dans la cour. Ce n’est pas l’idéal, la place manque mais nous sommes en sécurité et nous y avons toutes les commodités. Nous y retrouvons des voyageurs suisses et allemands qui étaient à Mana Pools. Nous leur faisons visiter le camion qui les intéresse, eux qui n’en sont encore qu’au simple 4x4 sans confort… Nous pouvons nous connecter, lire le courrier, répondre, mettre le blog à jour et nous informer sur la victoire de Hollande. Nous la fêtons avec un cassoulet en boîte et une bière fraîche. Nous ferons mieux en 2017 !

 

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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 08:57

Samedi 21 avril : Nous devons encore nous lever tôt. En effet, il nous faut concrétiser le plus rapidement possible les réservations effectuées pour nous par Mike, le sympathique gérant du lodge dans les campings des parcs de Moremi et Chobe. Nous ne partons pas avant que Marie n’ait retrouvé ses sous-vêtements oubliés la veille dans la douche et qu’elle croyait perdus lors de la lessive… Nous devons passer à différents bureaux gérant les camping sites pour régler les nuitées. Les tarifs sont scandaleusement élevés, 50 ou 60 euros une nuit en brousse avec au mieux, une toilette et une douche !!! Puis il faut encore passer, muni des attestations de paiement au service des parcs régler les droits d’entrée. L’argent file entre nos doigts… Nous devons aussi acheter des provisions pour une semaine, d’où un passage obligé au supermarché. Plein de gasoil et enfin nous quittons Maun. Quelques kilomètres de goudron avant  de rouler sur une piste large mais très poussiéreuse que nous quittons bientôt pour une plus étroite qui pénètre dans la réserve de faune de Moremi. Presque aussitôt, nous trouvons une bande d’éléphants en bordure de piste mais cachés par les arbustes et les brouBotswana-6124.JPGssailles puis ce sont des girafes, à peine cachées au milieu des arbres. Les impalas qui remplacent les springboks ne manquent pas et leurs bandes, femelles en nombre et un mâle au fier trophée sont fréquentes en bordure de piste. Nous en avons plus vu en quelques minutes qu’en plusieurs jours au Kalahari ou dans l’Okavango ! Nous atteignons l’entrée du parc où nos documents sont épluchés… Nous y pique-niquons en jetant des miettes de pain à un calao à bec jaune vite familier…Nous repartons et bien vite nous revoyons des animaux, zèbres, gazelles, phacochères abondent. Nous quittons la piste principale pour une qui va longer des mares. C’est dans cette zone que nous verrons le plus grand nombre d’éléphants, des troupeaux  de familles nombreuses, petits qui dépassent à peine des herbes hautes, jeunes aux défenses naissantes et adultesBotswana-6158.JPG protecteurs. Après être passés boire aux mares, ils s’en vont tous au couchant en longues files nonchalantes vers quelque congrès babaresque. Dans les mares, les hippopotames prolongent leurs bains, ne sortent le museau que pour bruyamment souffler avant de replonger en apnée. Nous avons enfin là, la vision qBotswana-6160.jpgue nous cherchions dans le Kalahari ou l’Okavango, de territoires abondamment pourvus en faune. Le soleil décline, les girafes que nous n’avions pas revues depuis ce matins réapparaissent, éparpillées dans la brousse, se régalant des épineux, souvent confondues avec les arbres ou les termitières. Enfin, après avoir franchi deux ponts de bois rudimentaires mais en bon état, nous arrivons au camping, un grand espace nous est réservé, sous un bel arbre. Nous faisons table commune comme les autres soirs. Aujourd’hui l’apéritif s’impose, gin-tonic ou pastis puis Albert ayant eu la bonne idée d’acheter le nécessaire pour faire un braai, nous allumons un feu dans l’espace prévu à cet effet et nous y faisons griller des saucisses. La nuit est tombée, des cris étranges résonnent dans la brousse, nous allons nous coucher en ayant soin de ne rien laisser traîner qui pourrait tenter les babouins ou les hyènes.

 

 

Dimanche 22 avril :Annie-Claire se sentant fatiguée ce matin, elle et Pierre décident de ne pas rouler toute la journée avec nous. Nous partons donc, Pascale, Albert et nous pour une boucle d’une trentaine de kilomètres. Les débuts ne sont pas prometteurs, à croire que toute la faune africaine s’est rendue aux urnes en ce jour d’élection présidentielle en France ! Nous traversons une forêt de mopanes, l’arbre local, puis longeons un marais dans des herbes hautes quand, au détour de la piste, nous nous trouvons face à un beau buffle, une énormeBotswana-6176.JPG masse sombre, couverte de boue, l’œil vicieux et les cornes effrayantes. Après un court face-à-face, il décide, sans doute impressionné par notre détermination, de nous laisser le passage en se glissant dans les hautes herbes. Nous le saluons au passage et nous sommes alors entourés par une vingtaine de ces puissantes bêtes qui ont la réputation d’être les plus dangereuses  de la brousse. Elles sont devant, derrière, à droite, à gauche, mâchonnant des feuilles, l’œil torve mais sans agressivité. Nous les dépassons et continuons notre promenade. Plus loin, nous hésitons à traverser un gué que je sonde avec de l’eau aux genoux, sans aller jusqu’au bout. Influencés par la mésaventure de Guy, nous ne tentons pas l’expérience d’autant qu’Albert reste prudent… Plus loin, nous mettons en fuite une bande d’éléphants, des jeunes s’enfuient en barrissant de mécontentement. Un adulte, à en croire la taille de ses défenses, décide d’user dBotswana-6187.JPGe son droit du premier occupant et nous barre la piste et continue de casser les branches des arbres pour en tirer tout leur nectar. Il reste sourd à nos invites à dégager et nous n’insistons guère… L’attente dure jusqu’à ce qu’un véhicule de touristes surviennent en sens contraire, fasse rugir son moteur et effraie le pachyderme qui barrit, agite ses oreilles mais recule et s’enfuit en courant. Nous nous attendrissons, surtout Marie, devant les gracieuses impalas femelles, Bambi et ses copines, qui nous regardent passer ! De jolis et peu farouches petits singes vervet s’épouillent, seBotswana-6203.JPG coursent, jouent dans un arbre et se laissent photographier, aussi curieux de nous que nous d’eux. Nous revenons au campement et déjeunons à l’ombre d’un bel arbre puis laissons s’écouler les heures chaudes avant de reprendre la piste. Nous traversons un premier pont semblable à ceux de la veille puis un second, plus long, constitué de rondins assemblés en long, laissant un espace entre les rBotswana-6209.JPGoues, sous lequel on aperçoit les eaux noires d’un marigot. Nous ne verrons pas grand-chose dans l’après-midi, en dehors des impalas et des babouins. Nos tentatives pour quitter la piste principale échouent devant la traversée de marais ou de zones inondées. Les mares sont nombreuses, parfois occupées par des hippopotames dont on n’aperçoit que le museau, les oreilles et les yeux. Nous atteignons Xakanaxa où nous devons passer la nuit au camp site. Nous retrouvons Annie-Claire et Pierre et faisons route ensemble jusqu’à l’approche d’un marais. Sous une belle lumière de jour finissant, nous y trouvons un éléphant et des zèbres occupés à tondre la pelouse… Un autre éléphant est irrité par notre insistante présence et s’enfuit. Nous rentrons en direction du terrain de camping, croisant encore un troupeau de pachydermes occupés à avaler leurs quintaux d’herbes et de feuilles. Nous nous installons sur le site qui nous est attribué. Pour le prix, nous avons tout de même un bloc sanitaire avec douche (froide pour les hommes, chaude pour les femmes !) à notre disposition. En revenant de la douche, alors que la nuit est tombée et que tous sont installés entre les voitures pour le moment incontournable de l’apéritif, je lance une plaisanterie sur le caractère sexiste des douches, je contourne alors le camion et me trouve nez à trompe avec un beau mâle qui agite nerveusement ses oreilles, relève sa trompe, aussi interloqué que moi, pachydermique statue du Commandeur  !!! Je pousse un juron, mes compagnons s’égaient, me laissant poliment en tête-à-tête avec mon nouvel ami qui préfère s’éclipser… Nous l’entendrons encore marmonner, secouer les arbres pour en faire tomber les fruits et nous le distinguerons encore quelque temps aux lueurs des lampes torches. Dîner puis chacun va s’enfermer à double tour dans son camion.

 

Lundi 23 avril : Pas de visite dans la nuit mais Annie-Claire et Pierre relèvent des traces d’éléphants et d’hippopotames entre nos véhicules. Nous quittons le campement et prenons la piste du retour. Nous tentons une incursion jusqu’au bord du marais mais à part quelques impalas, nous ne verrons rien, de même que sur la piste qui nous ramène à la porte sud du parc. Celle-ci, à peine franchie, des girafes nous toisent de haut, installées sur la piste, ellesBotswana-6221.JPG daignent nous céder la place et s’éloignent d’un pas souple dans la brousse puis ce sont des éléphants, très occupés à se régaler de branches dont ils cassent les plus succulentes. Nous reprenons la piste en direction du parc Chobe que nous quittons après Mubabe, gros village qui possède deux atouts d’importance en ce jour : une antenne téléphonique qui nous permet de connaître les résultats du premier tour des élections présidentielles, diversement appréciés par nos compagnons… et des échoppes où on vend des boissons fraîches ! Nous franchissons le pont sur la rivière Khwaï qui ne ressemble absolument pas à celui décrit et montré par Pierre Boulle et David Lean, et certainement pas construit par un consortium anglo-japonais. Nous cherchons ensuite une piste qui doit longer la rivière. Nous décidons de suivre une piste sablonneuse qui serpente dans la brousse et nous amène à un carrefour où nous retrouvons la piste cherchée. Nous la suivons mais elle est peu marquée, deux traces de roues dans les herbes, se glissant entre les troncs d’arbres morts, abattus par les éléphants dans leur recherche de friandises, et aboutissant à plusieurs reprises à des zones iBotswana-6233.jpgnondées. Mais Albert ne veut pas renoncer et il se lance dans la recherche d’un chemin, tout en hors-piste, pour contourner les zones marécageuses avant de retrouver la piste par laquelle nous aurions dû arriver. Celle que nous avons suivie est, à la sortie, pourvue d’un panneau « No Entry » ! Nous longeons alors le cours verdoyant de la rivière, paysage des premiers temps de l’Afrique, des zèbres peu farouches, des éléphants viennent boire dans le cours de la rivière, des cobs d’eau au pelage onctueux traversent, dans une gerbe d’éclaboussures, le marais ; des hippopotames se disputent une mare et s’affrontent en ouvrant grand leurs gueules. Je m’attends à rencontrer Stanley ou Livingstone mais, déception, ce sont des campeurs sud-africains qui sont installés avec un matériel impressionnant là où nous devons aussi nous poser pour la nuit. Avant qu’il ne fasse nuit nous allons longer le marais pour profiter de la vision des éléphants enfouis à mi-corps dans les roseaux, se gavant d’herbes. Nous allumons un feu, pour éviter la venue intempestive d’un visiteur inattendu et dînons ensemble.

 

Mardi 24 avril : Pas de visite dans la nuit. Nous nous levons à six heures alors que le jour pointe à peine et partons aussitôt, dans l’espoir de surprendre les animaux avant que le soleil ne les chasse dans les taillis. Mais rien ! Encore moins que la veille au soir. Nous nous arrêtons pour préparer le petit-déjeuner en surveillant les environs, sur un espace dégagé, entre savane et marais. Deux girafes passent très loin et au moment où nous allions repartir, une éléphante eBotswana-6257.jpgt son petit sortent des sous-bois et se dirigent vers nous, hésitent puis traversent la piste et viennent boire dans la rivière à quelques mètres de nous. Nul n’est dupe, ils ne sont pas plus rassurés que nous ! Nous ne bougeons pas et les laissons prendre leur temps pour s’abreuver puis s’en retourner dans la forêt. Nous suivons le cours de la rivière dans ce paysage de marais verdoyant, d’arbres morts, débusquant au détour de la piste des troupeaux d’impalas étonnés, de zèbres indifférents ou d’hippopotames curieux mais qui se gardent bien de sortir de leur baignoire. Les traces de la piste disparaissent parfois dans des prairies inondées que nous tentons de contourner. Nous aboutissons à un gué que nous hésitons à traverser, un véhicule de touristes qui survient et qui s’y risque nous décide à passer. L’eau monte au-dessus des roues mais le fond de sable est ferme et nous traversons sans difficulté. Nous parvenons alors à Khwaï, le village situé à l’entrée nBotswana-6261.jpgord du parc de Moremi. Nous revenons sur nos pas, retraversons le gué après un groupe de retraités sud-africains peu chaleureux et nous retournons sur les bords de la rivière. Albert s’avise alors qu’il a cassé des pales de son ventilateur lors de la traversée du gué et que les débris ont perforé son radiateur. Nous ne pouvons continuer et devons retourner à Maun pour remplacer le radiateur. Nous retrouvons une piste rapide mais Albert doit s’arrêter tous les 10 kilomètres pour remettre cinq litres d’eau dans le radiateur. Puis il entend un bruit bizarre : son réservoir supplémentaire s’est détaché ! Il repose sur les lames de ressort, il faut le refixer au moyen de sangles. Nous  devons encore passer une barrière sanitaire que nous avions oubliée et où Albert et Pascale se font confisquer tomates et concombre. J’avais eu le temps de dissimuler saucisses et viandes mais ce n’est pas ce qui était recherché… Une rapide désinfection de nos semelles de chaussure et un badigeonnage des roues assurent une protection contre les mouches des fruits… Nous retrouvons avec soulagement le goudron. Nous abandonnons les deux Toyota qui continuent jusqu’à Maun essayer de trouver le concessionnaire Toyota et allons nous installer au campement. Après avoir apprécié la douche, nous allons nous asseoir à l’une des tables du bar où nous rejoignent nos compagnons plus tard. Nous prenons des bières glacées puis chacun rentre dîner dans son véhicule. Nous achevons la soirée en mettant au point le texte du blog.

 

Mercredi 25 avril :Aujourd’hui c’est relâche ! Réveil à sept heures, autrement dit fort tard… Petit déjeuner, ablutions diverses, petit bricolage, rangement et ébauche d’un nettoyage du camion rendu nécessaire par les couches de poussière emmagasinées. Albert et Pascale se sont levés comme d’habitude pour mener leur Toyota au garage. Nous allons les y rejoindre à dix heures. Rien à voir avec le garage Land Rover, la concession Toyota est identique à celles d’Europe. Nous emmenons Pascale avec nous pour faire un complément de courses et revenons nous renseigner sur l’état d’avancement des réparations. Pierre et Annie-Claire nous rejoignent. Nous retournons au cybercafé trouver enfin des nouvelles de Nicole qui nous a réexpédié quatre fois le même message et mettre à jour le blog. Nous allons tous déjeuner, invités par Pascale et Albert au Nando’s, le restaurant spécialisé dans le poulet grillé et épicé. Repas arrosé à l’eau… Je vais tirer de l’argent, ce qui ne va pas sans mal puisque mon compte est débité et les billets ne sortent pas de la machine. On m’assure que tout est en règle et je réitère l’opération avec plus de succès. Retour au garage où nous attendons une bonne partie de l’après-midi la fin des travaux. Enfin à quatre heures nous pouvons tous partir. Nous reprenons une fois de plus la route de Shorobe puis la piste de Mababe, pénible dans les ombres qui s’allongent et qui en dissimulent les pièges. Nous sortons de la piste et nous nous enfonçons dans la brousse juste avant que le soleil ne disparaisse. Nous prenons l’apéritif avec le dernier saucisson de Pascale et Albert puis chacun va se faire sa cuisine dans son camion.

 

Jeudi 26 avril : Pas de visites même si des traces d’éléphants et de guépard recouvrent nos traces. Nous reprenons la piste, sablonneuse et tortueuse et bientôt nous sommes à la porte d’entrée du parc de Chobe. Nous suivons la piste qui longe une plaine marécageuse où très vite nous apercevons un grand troupeau de gnous, pressés de se rendre nous ne savons où… Nos compagnons aperçoivent une bande de lycaons, ces chiens sauvages à la robe tachetéeBotswana-6277.jpg, féroces prédateurs et à la vie sociale particulière. Nous verrons encore une girafe par-ci, une autruche par-là, des phacochères, des impalas et même deux kudus mais toujours pas de lions et Marie en est désespérée… Ses problèmes de lentille n’arrangent pas les choses ! Peu avant Savuti, la Toyota de Pierre a des faiblesses : elle crache une inquiétante fumée noire et le moteur manque de puissance. Il cherche en vain l’origine du problème et commence à parler de revenir sur Maun ! Nous allons jusqu’à Savuti, déjeunons puis cherchons un mécanicien dans les communs des lodges, perdus au fond de pistes très ensablées. Pendant qu’ils tentent de réparer, nous partons Albert, Pascale et nous pour une boucle entre les collines et le long d’une jolie rivière. Encore des éléphants, des jeunes aBotswana-6283.jpgux défenses naissantes mais toujours pas de lions. Un appel de Pierre par radio nous fait écourter la promenade. Ils décident de tenter de rejoindre Kasane et partent aussitôt, à petite vitesse alors que la Toyota d’Albert et nous faisons une dernière boucle autour d’une colline. Encore des éléphants, et surtout, dans un pan, un beau troupeau de girafes, l’une boit précautionneusement en écartant ses antérieurs, après avoir surveillé les alentours. Nous reprenons la piste de sortie du parc, très sablonneuse. Nous roulons plus vite et à peine avons-nous le temps de voir de grands éléphants dans les taillis sur le bord de la route. Nous retrouvons Pierre et Annie-Claire qui avancent cahin-caha sur la piste. Nous arrêtons peu après sur les bas-côtés, faute d’espaces plus adéquats ! Apéritif à la santé des Toyota puis dîner chacun dans son véhicule.

 

Vendredi 27 avril : Aucun véhicule n’est passé dans la nuit. Pierre et Annie-Claire partent, seuls, peu après six heures pour rejoindre au plus tôt Kasane pour tenter d’y trouver un mécanicien. Albert, Pascale et nous démarrons plus tard, en voitures balais… La piste, toujours très sablonneuse mais souvent roulante, aligne ses deux sillons tracés dans le sable, grimpe et descend sur les dunes ou collines couvertes d’une savane dense. A Kachikau nous avons les heureuses surprises de retrouver le goudron et les bords du fleuve Linyanti qui va devenir le Chobe. Il forme une large tache bleue, piqué de plages d’un vert vif, celui des herbes desBotswana-6299_2.jpg prairies inondées. Des arbres en forme de larges parasols et de beaux baobabs longent les rives et l’air, rafraîchi par le passage au-dessus de cette vaste étendue d’eau, est frais. Plus de faune sauvage mais des vaches, des ânes et des chèvres… Parvenus à l’entrée ouest du parc Chobe dans la zone du fleuve, nous obtenons un permis de traverser le parc. Albert et Pascale continuent sur la route pour retrouver Pierre et Annie-Claire à Kasane. Nous ne sommes pas mécontents de nous retrouver seuls… La piste s’enfonce dans la forêt avant de retrouver les bords du fleuve, nous y rencontrons la faune habituelle d’impalas. Des bancs de sable ou des îlots couverts d’une herbe bien verte, s’étalent entre notre rive et celle de la bande de Caprivi, en Namibie. Nous abandonnons les bords du fleuve pour faire une incursion dans les collines. Nous commençons par apercevoir un couple d’hippotragues, une belle antilope à la robe presque noire, le museau blanc et les cornes courbées en arrière. Peu après, nous surprenons sur leBotswana-6341.jpg bord de la piste, une éléphante et son petit. Elle barrit, menaçante alors que l’éléphanteau accourt vers nous. Un troupeau de buffles, prend son petit déjeuner dans les buissons qui bordent la piste, deux girafes nous surveillent de l’œil, des kudus se cachent au milieu des impalas et tout ceci sur quelques centaines de mètres ! En revenant sur les bords du fleuve, nous retrouvons un grand troupeau de buffles et quelques girafes qui, prudentes, savent garder leurs distances. Nous allons pique-niquer sur les bords de l’eau, au campsite puis nous continuons de suivre le cours du fleuve. Nous faisons quelques incursions sur des pistes qui descendent au bord de l’eau, parfois suivent le rivage mais se terminent toujours dans l’eau. Mais c’est l’occasion  de trouver enfin ce que je m’attendais à trouver au Botswana, des troupeaux d’éléphants ou de buffles venus boire dans le fleuve, entourés de gazelles et d’innombrables oiseaux qui s’envolent à notre approche. Un hippopotame farniente dans l’eau et ne montre que quelques instants sa peau délicate aux rayons du soleil. Nous sommes rattrapés par Jean-Michel et Christine, débarqués depuis peu à WBotswana-6371.jpgindhoek et que nous savions dans les parages. Nous faisons route ensemble, descendons sur les bords du fleuve pour y trouver des éléphants en bandes nombreuses venus boire, s’asperger longuement d’eau ou de boue, traverser un bras d’eau. Les éléphanteaux nagent, poussés par les mères, ils semblent en apnée, la trompe en l’air. Les crocodiles, réveillés, s’enfuient dans l’eau à notre approche. Les buffles, couchés ou debout, semblent cachés derrière chaque buisson. Les impalas et les pukus, une gazelle proche de l’impala mais aux cornes recourbées vers l’intérieur, n’ont plus peur de nous, les phacochères fouissent sur les rives, mêlés aux gazelles. La piste est souvent encombrée d’éléphanBotswana-6398.jpgts, pas toujours décidés à nous céder la place, il faut alors prendre garde à ne pas séparer les mères de leurs petits sous peine de barrissements mécontents, de grandes agitations d’oreilles et de relèvements de trompes. Nous retrouvons les deux autres équipages, parvenus à Kasane et qui faute d’une solution au problème mécanique sont venus passer l’après-mid i dans le parc. Ils ont vus des lionnes, ils nous en donnent la position GPS. Nous nous y rendons, en louvoyant, négociant entre bandes de buffles et troupeaux d’éléphants, si nombreux que l’équilibre écologique paraît impossible. Elles sont toujours là, deux lionnes, peu décidées à interrompre leur sieste, seul le passage d’un impala les tire de leur torpeur et fait se dresser l’une, nous révélant leur présence, difficile à dBotswana-6403.jpgeviner dans les herbes. Nous ne sommes pas les seuls et les véhicules de touristes sont nombreux. Ils nous empêchent de sortir de la piste et d’approcher des fauves. Une dernière boucle pour revoir des éléphants au bord de l’eau et une importante colonie d’hippopotames, très occupés à bailler à tour de rôle, sous l’œil de touristes venus les contempler en bateaux. Nous sortons du parc, nous suivons Jean-Michel et Christine qui nous emmènent au camping qu’ils connaissent. Nous y sommes les seuls ou presque. Une bonne bière fraîche au bar nous réconforte. Arrivée de Pierre, Annie-Claire, Albert et Pascale qui se joignent à nous. Nous faisons ensuite un feu de charbon de bois pour y faire cuire notre dîner, après avoir pris un pastis accompagné d’un saucisson arrivé de France. Chacun raconte ses aventures, Jean-Michel avec son habituelle faconde nous fait trembler au récit de son enlisement en plein désert de Namibie avant que nous ne regagnions nos camions.

 

Samedi 28 avril : Nous ne nous réveillons qu’une heure plus tard que ces jours derniers. Albert, Pascale, Annie-Claire et Pierre partent ensemble pour les chutes Victoria et doivent rentrer ce soir avant d’entamer leur retour sur Windhoek. Nous prenons notre temps, nettoyons les coffres où règne une mauvaise odeur de poisson ! Nous nous rendons en ville avec Jean-Michel et Christine. Nous trouvons une laundry, chère, où nous laissons un paquet de linge puis nous cherchons à nous renseigner sur les possibilités de survol du parc du Chobe mais aucune agence ne le propose et à l’aéroport aucune compagnie privée n’a pignon sur rue. Nous revenons dans un supermarché au choix limité mais à la clientèle nombreuse à l’approche d’un long week-end. Nous nous rendons à l’autre supermarché, un Spar, mieux fourni en produits frais. Passage au bottle store pour nous réapprovisionner en poisons, bières, vins et gin… Nous passons rechercher le linge et allons déjeuner tous ensemble à l’Old House. Les tables sont disposées sous un toit en palmes, l’ouverture de tous côtés permet d’avoir vue sur le fleuve et le jardin. Marie cale sur son eisbein et moi sur des travers de porc que la bière glacée fait passer. Nous essayons de profiter du wifi du restaurant mais la connexion est mauvaise et nous ne pouvons que lire les messages dont celui de Nicole sans parvenir à répondre. Nous retournons au camping et je vais me tremper dans la piscine en compagnie d’une gamine peu farouche. Je rejoins Marie, installée à l’ombre, et nous corrigeons mon texte avant de nous intéresser au guide du Zimbabwe. En fin d’après-midi, reviennent Albert, Pascale, Annie-Claire et Pierre, contents de leur journée aux chutes Victoria. Ils nous mettent en garde contre les arnaques policières, notamment l’obligation de carrés autocollants réflectorisés à l’avant et à l’arrière des voitures. Nous sacrifions au désormais classique apéritif du soir quand Jean-François s’annonce en provenance de Namibie. Il a roulé toute la journée pour être avec nous ce soir. A la truculence de Jean-Michel s’ajoutent les réparties pince-sans-rire de Jean-François. Nous dînons tous ensemble et restons une bonne partie de la soirée à plaisanter.

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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 21:48

Lundi 9 avril : Nous avons craint le pire dans ce camping fréquenté par des motards, style cuir et Harley (mais sans Harley !) et amateurs de rock mais à notre grand étonnement personne ne s’est plaint du bruit des gros cubes et à dix heures plus de bruit ! Nous avons une longue journée de route aujourd’hui mais avant, nous allons voir trois maisons de l’époque de la ruée vers l’or dans la région à la fin du XIX° siècle. Murs et toit en tôle, véranda et végétation tropicale autour, agréable mais sans plus. Elles sont fermées aujourd’hui comme tous les commerces du moins à cette heure. Nous prenons donc la route et emmenons un auto-stoppeur pour quelques dizaines de kilomètres. Nous sommes encore dans les collines couvertes de pins et d’eucalyptus mais les forêts vont laisser la place à la plaine cultivée, maïs et tournesol, paysage d’une Beauce africaine. Nous rejoignons l’autoroute en direction de Pretoria encore pas trop chargé par les retours de ce long week-end pascal. Nous passons Pretoria et poursuivons résolument en direction de l’ouest. Nous devons acquitter un droit de péage, plus élevé que sur l’autoroute de Durban mais que nous trouvons très injustifié ensuite quand l’autoroute laisse la place à une route simple à deux voies, rendue dangereuse par la vitesse et la fureur des vacanciers pressés. Nous nous arrêtons à Rustemburg pour faire des achats au supermarché puis continuons en direction du Botswana. Les cultures disparaissent, remplacées par une brousse encore verte et toujours enclose. Nous atteignons la frontière, sortie d’Afrique du Sud et entrée au Botswana nous prennent tout de même presque une heure et il commence à faire nuit quand nous atteignons la première ville, Lobatse. Pas de terrain de camping en vue, je tente ma chance dans une mission catholique. Le gardien hésite, il a peur de se faire engueuler. Un petit billet arrangerait les choses mais il veut des pula, la monnaie locale. Je dois repartir avec l’imposante gardienne qui m’indique où trouver une banque, tirer de l’argent, aller acheter une bricole au supermarché pour avoir de la monnaie et revenir nous installer derrière un bâtiment.

 

Mardi 10 avril : Bonne nuit mais fraîche. Nous avons dû baisser le toit au matin. Nous sommes prêts avant huit heures, un exploit ! Nous partons pour une autre journée de route en direction de Ghanzi. La route est droite, peu fréquentée ce qui me permet de somnoler tranquillement au volant. Pas grand-monde sur la route mais cela n’empêche pas les policiers d’être en embuscade dans les villages où la vitesse est limitée à 80 km/h. Leur traversée est interminable, les maisons en dur sont dispersées dans la brousse et ne donnent pas l’impression de constituer une agglomération. La brousse se clairseme, les arbres deviennent arbustes, les arbustes buissons et les buissons touffes. Entre, apparaît une herbe roussie et, dessous, la terre ou plutôt le sable rouge. Les animaux, troupeaux de vaches, de chèvres, d’ânes et, à mon grand étonnement, de beaux chevaux, se promènent en liberté et de préférence sur la route, au moment de notre passage. Nous cherchons l’ombre pour déjeuner avant de continuer et arriver au camping où il est prévu de se retrouver demain avec les autres Azalaïens. Il faut parcourir un petit bout de piste ensablée pour trouver au bord d’un étang le Thakadu, campement qui semble perdu en pleine brousse. Nous prenons un verre à côté de la piscine puis profitons de la fraîcheur de l’agréable véranda. Arrivée de Annie-Claire et Pierre, l’un des couples attendus. Nous discutons puis finissons de répondre au courrier et mettre le blog à jour. Nous regagnons le camion, ils nous proposent d’étudier le programme des jours à venir, dans le leur. Nous retournons dans le nôtre, dînons puis appelons brièvement Julie.

 

Mercredi 11 avril : La journée devant être de repos, nous nous réveillons et ne nous levons qu’une heure plus tard que d’habitude. Le début de la matinée se passe en rangement (livres et cartes d’Afrique du Sud et livres lus au fond des coffres) puis nous allons en ville nous ravitailler. Je passe changer des euros à la banque puis je trouve une espèce de moustiquaire renforcée, destinée à être placée devant le radiateur pour éviter son obstruction par les graminées du bush, qui pourraient provoquer une importante élévation de température du moteur. Nous passons au supermarché, pas très riche, pas de viande de porc ou d’agneau, faire des provisions pour les cinq jours à venir. Une affiche à l’entrée recommande de ne pas donner d’argent aux gosses des rues qui quémandent sur le parking, ils s’empresseraient d’aller acheter de la colle à « sniffer » mais de leur donner de la nourriture. En en sortant, nous voyons arriver Albert et Pascale, le troisième équipage attendu. Nous nous retrouvons, discutons du programme puis nous nous rendons ensemble aux bureaux du parc du Kalahari où nous réservons les droits de camper et les droits d’entrée dans le parc. Plein de gasoil, je remplis tous les réservoirs et nous rentrons au camping. Nous déjeunons puis l’après-midi se passe dans les derniers préparatifs, pose du seedscreen, plein d’eau, report des points du GPS et discussions avec nos compagnons sympathiques. Nous allons nous promener dans les environs du lodge, autour de la mare où hier des gazelles étaient venues boire mais elles nous boudent ce soir. Nous revenons aux camions prendre l’apéritif, pastis pour tout le monde, avant de dîner au restaurant d’un excellent sirloin steak d’oryx et Marie d’un carpacio d’autruche fort malencontreusement recouvert de fromage râpé ! Retour aux camions pour une nuit écourtée par un réveil très matinal afin de passer un maximum de temps dans le parc demain.

 

Jeudi 12 avril : Le jour peine à se lever, nous aussi. Nous sommes fins prêts à l’heure dite et à sept heures et demie, nous quittons le campement et reprenons pour quelques kilomètres la route du sud. Nous bifurquons en direction du parc du Kalahari sur une piste large et roulante. Nous sommes en sandwich entre les deux Toyota qui communiquent par Botswana 5903radio. Deux heures plus tard nous abandonnons cette bonne piste pour une, bien plus étroite, parfois juste la largeur de la voiture, deux traces dans le sable que nous suivons en dansant, ballottés de toutes parts et les épineux raclent la carrosserie. Bien sûr tout saute et dégringole dans la cellule, le pot de cornichons se dévisse puis se casse sans parler des œufs, prêts pour l’omelette… Le paysage est inchangé sur des centaines de kilomètres : le bush, une savane plantée d’épineux, qui arrêtent le regard et interdisent toute vision en profondeur, sous un ciel bleu pommelé de petits nuages blancs, un ciel de Magritte. Nous atteignons à midi le poste de garde, juste après une mare entourée d’une prairie verdoyante occupée par de beaux oryx et de moins sympathiques vautours. Le préposé est très sympathique, nousBotswana 5905 explique où nous avons des chances de voir des antilopes et des lions, nous montre notre emplacement de camping. Contrairement à ce que nous pensions, il y a des toilettes, des douches et même de l’eau chaude. Nous pique niquons tous ensemble à l’ombre d’un épineux puis, dans l’après-midi, nous nous rendons à faible vitesse à un emplacement de camping à une dizaine de kilomètres d’où une piste à peine tracée, nous conduit à un pan, une étendue d’eau en saison des pluies, plus verdoyante, dépourvue d’arbustes et donc où les animaux sont susceptibles d’être en plus Botswana 5909grand nombre et plus facilement visibles, attirés par le sel qu’ils lèchent. Effectivement nous apercevons un petit troupeau d’oryx puis un second plus important mais qui s’enfuient à notre approche. Et pas la queue d’un lion ! Déçus nous revenons à l’entrée du parc et allons nous positionner près de la mare, dans l’attente de la venue des animaux. Je m’occupe des photos et de mon texte pendant l’attente. Le soleil décline et rien à l’horizon ou presque : deux outardes dédaigneuses et un oryx couché dans les herbes, visible seulement aux jumelles. Nous revenons au campement juste à l’heure limite autorisée : 18h30. Le pastis s’impose pour se consoler de cette infructueuse journée. Nous dînons ensemble mais chacun prépare ses plats. Avant de nous coucher, nous admirons un ciel étoilé sublime mais que je trouve toujours angoissant, non pollué par les lumières électriques.

 

Vendredi 13 avril : Pas de lion dans la nuit ! Nous parvenons à nous lever assez tôt pour partir à sept heures et demie. Je prends la tête, sur une piste sablonneuse mais sans difficulté réelle, deux simples traces dans la savane. Je roule lentement dans l’espoir d’apercevoir des animaux mais en vain. Il n’y a que lors de la traversée de pans, ces cuvettes sans arbustes et encore couvertes d’une herbe qui jaunit, que nous apercevons des bandes d’oryx, toujours méfiants. Ce n’est qu’en arrivant sur le Piper pan que nous allons côtoyer des bandes de gnous, toujours agités, d’oryx, de springboks, ces gracieuses gazelles. Nous faisons le tour duBotswana 5913 pan en cherchant à nous placer dans l’axe du soleil. De plus rares kudu et bubales viennent compléter la faune bien moins farouche qu’auparavant. Les troupeaux sont parmi les plus importants que nous ayons vus mais l’absence de lions ou de léopards nous empêche d’être totalement satisfaits. Il faut rouler longuement et lentement, ouvrir grands les yeux pour avoir une chance d’apercevoir un animal. Dans l’après-midi, après avoir pique-niqué sur le bord de la route, nous voyons encore de beaux oryx mais nous commençons à nous en lasser et les lions ne sont toujours pas en vue… Le vent s’est levé, le ciel moutonne, nous nous acheminons vers le Botswana 5948lieu de notre campement, en bordure d’un pan. Aucune installation, un arbre, pas de clôture, nous sommes en pleine savane. Avant que la nuit tombe, je refais le plein de gasoil avec nos jerrycans, regonfle les pneus puis nous prenons l’apéritif, désormais institutionnalisé, avant de dîner sous un ciel toujours aussi hypnotique. Nous avons vu de plus nombreuses hordes d’antilopes mais ce ne sont pas les troupeaux espérés et ce sont toujours les mêmes antilopes ou gazelles…

 

Samedi 14 avril : Aucun lion, aucun félin n’est venu rugir dans la nuit sous nos fenêtres. Nos traces n’ont pas été recouvertes par les pas d’un quelconque animal… Comme la veille, nous nous remettons en route à sept heures et demie. Toute la journée nous allons passer d’une cuvette à une autre en franchissant les dunes recouvertes de broussailles qui les séparent. Ce n’est que dans ces pans que nous voyons des animaux mais ce sont toujours des oryx ou des springboks, parfois en troupeaux importants mais rarement mêlés. Consciencieusement, nous faisons le tour de toutes ces zones couvertes d’herbes hautes et jaunies, dans l’espoir jamais satisfait, d’apercevoir un lion ou un léopard. En fin de matinéeBotswana-5961.JPG, trois girafes qui s’étaient mises à l’ombre sous des arbres nous regardent passer puis s’enfuient. Nous nous arrêtons pour déjeuner, en prenant notre temps car à ces heures-là, il est peu probable que nous rencontrions beaucoup de faune. Même les oryx et les gazelles cherchent l’ombre. En nous rendant à un point d’eau, nous suivons un petit bout d’une piste jamais fréquentée, nous couchons sous la voiture les herbes dont les graines auraient bouché le radiateur si nous n’avions pas prévu un écran devant. La journée se terminBotswana-5944.jpge en contournant un dernier pan, champ d’herbes jaunes et bosquet d’arbres sous un ciel cotonneux. Le paysage ne manque pas de charme dans son immensité et sa solitude. De la journée nous ne croiserons aucun véhicule et ne rencontrerons que quatre gardes dont nous ne savons trop qui ils sont chargés de surveiller : les visiteurs ou la faune ? Parcourir ces espaces qui semblent infinis, entre le bleu piqueté de nuages du ciel, les herbes jaunes ondoyantes dans le vent et les bouquets d’épineux serait une trajectoire quasi hypnotique si nous n’étions obnubilés par la recherche des grands félins. En guise de prédateurs nous ne pourrons que voir et mettre en fuite quatre malheureux chacals que nous privons d’un festin de pintades stupides. Nous arrêtons pour la nuit sur un espace prévu à cet effet, avec toilettes sèches et installations de douche mais sans eau, il faut l’apporter ! Nous étudions ensemble la suite du voyage puis la température baissant rapidement, nous regagnons chacun notre véhicule pour y dîner sans avoir pris l’apéritif !

 

 

Dimanche 15 avril :Les oiseaux se chamaillent dans les branches, les pintades caquètent et l’aube rougit le ciel plus nuageux que les jours derniers. Nous partons à la même heure que les jours précédents. C’est bien la première fois de ma vie que je vois autant de lever de soleil ! Nous roulons en direction de Deception Valley qui porte bien son nom puisque ce n’est pas encore là que nous verrons des prédateurs. Mais la cuvette est très belle, toujours des herbes jaunes et des bosquets d’épineux en larges à-plat qui en font un tableau presqu’abstrait, un véritable de Staël. Les pistes sont creusées d’ornières créées lors des pluies de l’été austral et maintenant durcies. Un grand troupeau d’oryx et toujours des springboks peuplent le pan. Au fond de la vallée, nous faisons le tour du curieux pan duBotswana-5979.JPG même nom. Nous n’y rencontrons âme qui vive. Qu’y ferait-elle ? La surface est d’une boue noir séchée, solidifiée en boulettes qui s’effritent sous les doigts et où rien ne pousse, pas le moindre brin d’herbe. Nous prenons la route de la sortie du parc. La piste est plus rapide ensuite mais toujours sablonneuse et nous soulevons de persistants nuages de sable derrière nous. Nous retrouvons la route goudronnée à Rakops, curieuse agglomération où se mêlent les cases rondes à mur de terre grise et à toit de chaume aux maisons plus classiques. L’activité est réduite mais nous sommes dimanche. Nous apercevons quelques femmes herero, toujours en costume du XIX° siècle : robe longue colorée et coiffure caractéristique en forme de cornes. Nous refaisons les pleins de gasoil puis cherchons le supermarché, une simple épicerie très pauvrement garnie. Quant au bottle storBotswana-6270.JPGe sur lequel nous comptions pour renouveler notre stock de bières, vins et apéritifs, il est fermé. Nous roulons quelques kilomètres avant de nous arrêter à l’ombre d’un acacia pour déjeuner. Comme les jours précédents, nous sortons tables et chaises pour partager le repas. Nous sommes vite entourés par de jeunes visiteurs en haillons. Nous repartons sur le goudron, en apercevant les terrils des mines diamantifères, seules collines à des kilomètres à la ronde. La ville d’Orapa, siège de la compagnie qui exploite la mine est interdite aux visiteurs ! Encore quelques kilomètres puis nous partons sur une piste très sablonneuse qui serpente entre les épineux et débouche sur un pan salé. La croûte de sel affleure et recouvre d’une pellicule blanche toute la cuvette. Nous pouvons alors rouler à plus vive allure. Entre ce pan et le suivant, nous traversons une lande sans le moindre arbuste ou même buisson. Nous franchissons une barrière sanitaire où le gardien se contente d’essayer d’obtenir une cigarette. Enfin nous apercevons au milieu de l’étendue immaculée, une colline couverte de gros rochers entre lesquels poussent de vénérables baobabs. Une dernière pointe deBotswana-5986.JPG vitesse à plus de 100 km/h et nous sommes au pied du plus beau spécimen de ces arbres qui semblent dresser leurs racines vers le ciel. Séance de poses photos, avec et sans la voiture, devant le bel arbre. Nous allons ensuite nous trouver un emplacement au camping, très fréquenté, installé sur cette colline, appelée Kubu Island qui paraît être entourée par une mer de sel. Le soleil rougit les branches des baobabs et tout retombe dans la nuit. Nous prenons encore l’apéritif en partageant les saucissons apportés par  Albert et Pascale. Dîner puis nous regagnons nos cellules respectives.

 

Lundi 16 avril :Dès que la nuit blanchit, alors même que le soleil n’a pas encore surgi de l’horizon, je me rends sur le pan pour aborder l’ « île » du côté du soleil levant. Je longe de Botswana-6005.JPGgros rochers  dans lesquels sont ancrés de beaux baobabs, plus trapus que hauts, encore feuillus mais dont les « pains de singe » sont rabougris. La teinte rouge de leur écorce n’éclate que lorsque le soleil vient les caresser. Je reste quelques instants à les mitrailler dans les premiers rayons puis je m’empresse de retourner au camion pour ramener Marie  sur le pan et lui faire découvrir cet autre aspect de notre « île ». Nous y prenons le petit déjeuner, seuls, personne ne nous a suivis et nous jouissons en toute liberté de cette vue sur l’amas de rochers et les baobabs qui paraissent aussi vieux que ce granit émergé des sables salés. Nous prenons notre temps, nous nous promenons sur la vaste étendue salée Botswana-6012.JPGet allons ensuite en roulant sur la croûte craquante admirer un groupe de plusieurs baobabs aux troncs torturés, enchevêtrés. En revenant vers le campement nous rencontrons Pierre et Annie-Claire qui nous indiquent un beau point de vue avec, sur une éminence, un baobab déraciné mais qui a repris souche. Nous quittons tous l’ « île » pour traverser le pan et atteindre au sud, deux petits « îlots », encore des rochers granitiques et des baobabs mais qui Botswana-6018.jpgn’ont pas dû voir âme qui vive depuis longtemps car aucune trace de véhicule ne subsistait sur la croûte, parfois si fine que nos pneus y ont imprimé leurs dessins dans les passages d’argile imprégnée de sel, encore humide, et où nous aurions risqué l’enlisement si nous ne les avions pas abordés avec beaucoup d’élan. Nous repartons ensuite pour la traversée d’un grand pan, d’après la carte, mais la majeure partie du trajet se fait sur une piste au sable très pulvérulent que nous soulevons en nuages visibles à des kilomètres. Contrairement à ce que nous attendions, la traversée de zones inondables, marécageuses ne se fait que sur de faibles distances. Nous franchissons une barrière vétérinaire, une double clôture, destinée à éviter la propagation de la fièvre aphteuse qui traverse tout le pays et même la Namibie d’Est en Ouest. En début Botswana-6027.JPGd’après-midi, nous retrouvons la route goudronnée de Francistown à Maun. Après avoir failli partir dans la mauvaise direction et sur une piste (!), nous filons à vive allure en direction de Maun. Heureusement nous ne traversons pas de villages et nous maintenons cette allure qui nous permet d’arriver à temps pour que je puisse me renseigner au garage Land Rover, pour une révision demain. La ville, importante, est très animée. Après notre semaine passée dans les régions désertiques du Kalahari, où, parfois, nous ne croisions aucune voiture dans la journée, nous avons l’impression de revenir d’un autre monde. Mais un monde où il existe des «bottle store » avec bière, vin et gin ! Plein de gasoil puis nous sortons de la ville et nous allons nous installer au camping du Old Bridge Backpackers. L’endroit, recommandé par ceux qui y étaient venus en octobre, éloigné de la ville, au bord d’une rivière nonchalante dans les roseaux, pourrait être un havre délicieux mais l’ambiance me déplaît avec son bar fréquenté par une faune de jeunes ou moins jeunes Blancs, qui, bouteille de bière à la main, draguent des filles sur fond de musique rock. J’apprécie la possibilité d’une bonne douche et surtout d’un shampoing devenu urgent… Nous prenons l’apéritif, encore une fois, cela devient une institution. Nous dînons avec Albert et Pascale d’excellents steaks de bœuf en évoquant le Maroc avant de nous coucher.

 

Mardi 17 avril :Pas de route aujourd’hui, programme allégé et donc réveil plus tardif. Nous nous rendons au garage Land Rover pour une révision. L’activité est des plus réduite, les installations sommaires, difficile de croire qu’ils ont eu l’agrément de la maison-mère… Nous attendons et en profitons pour relire et corriger ce texte. Albert et Pascale viennent nous chercher et nous emmènent pour une recherche des boutiques d’artisanat. Dans une coopérative de vannerie, nous achetons une jolie coupe en raphia aux motifs abstraits. En face de l’aéroport d’autres boutiques proposent des objets en provenance de toute l’Afrique, pas toujours de bonne qualité. Nous retournons récupérer la voiture, régler l’addition au tarif européen puis nous revenons nous garer dans le centre-ville. Je dois aller changer pour rembourser Albert qui m’a avancé la somme nécessaire pour la révision, le règlement par carte de crédit ne fonctionnant pas… Nous retrouvons Pierre et Annie-Claire et nous déjeunons tous dans un Nando’s, spécialisé dans les plats de poulet grillé épicé. Marie n’est pas heureuse de sa salade de poulet. Nous envisageons de quitter le groupe et de nous diriger vers la Namibie mais les distances restent grandes et nous risquons de manquer de temps. Nous essayons de nous connecter à internet dans un cyber café mais la connexion saute toutes les dix minutes et nous renonçons après avoir constaté que nous n’avons toujours pas de message de Julie ni de Nicole. Nous revenons au campement et étudions tous ensemble la suite de l’itinéraire, une fois admise notre continuation avec le groupe. Nous réglons l’excursion en bateau des jours suivants puis demandons à Mike, un Anglais, gérant du lodge qui nous aide à établir le trajet et les haltes dans les parcs de Moremi et de Chobe, de s’occuper des réservations en notre absence. Il doit nous trouver sympathiques car il ne nous quitte plus de la soirée et nous discutons jusqu’à la nuit devant une bière. Nous dînons chacun dans son camion et préparons le sac à emporter demain sur le bateau.

 

Mercredi 18 avril :Nous préparons notre sac pour les trois jours à venir, Marie n’oublie ni les K ways ni la veste polaire pour le cas où nous aurions un brutal changement de climat… Le sac à dos est plus que plein et nous avons le plus gros sac de tous ! Nous garons les voitures et à neuf heures nous embarquons sur une barque en aluminium à fond plat, avec une toile pour nous protéger du soleil sous la conduite de Justice, notre guide assermenté. Une autre barque emporte le nécessaire en nourriture, tente et matériel de couchage. Nous partons sur la large rivière qui passe devant le campement, au milieu des herbes et des nénuphars. Les vaches viennent boire et se régaler de l’herbe grasse de la rive. Nous passons une barrière sensée protéger les élevages bovins de la contamination des buffles sauvages mais les éléphants qui ne connaissent pas les règlements l’ont détruite en diversendroits. Nous poursuivons notre progression dans le delta de l’Okavango par un chenal plus étroit qui serpente entre les herbes et les nénuphars en fleurs. Des jacanas, une variété d’échassiers courent sur les feuilles sans se mouiller les pattes. Nous faBotswana-6036.JPGisons une brève halte sur une berge pour avaler un sandwich avant de continuer en remontant le fort courant des eaux qui viennent de l’Angola avant de se perdre dans les sables plus au sud. Le niveau des eaux est haut et continue de monter mais nous permet de voir au-dessus des herbes. Des îlots avec de beaux arbres parsèment cette étendue marécageuse qui semble sans limite. La faune en est absente et les troupeaux d’éléphants ou de buffles que dans ma grande naïveté, je croyais voir venir boire au bord des eaux, sont absents. Nous n’apercevrons, au loin, que quatre girafes… Le soleil tape et nous avons recours aux crèmes solaires. Plouf ! Une carpe qui saute ? Non, deux hippopotames qui se baignaient dans le chenal et sur le dos desquels le bateau tressaute ! Après une traversée au milieu des roseaux et des papyrus, dans un étroit canal qui n’a pas même la largeur du bateau, nous atteignons le campement. Des tentes ont été installées entre de grands arbres généreux générateurs d’ombre, à côté d’une imposante143-OKAVANGO-WC.JPG termitière. Le personnel, un cuisinier et son assistant nous font découvrir les « commodités » : Les toilettes, un trou dans le sable surmonté d’une chaise avec en guise de siège une lunette de wc et la douche, une vache à eau munie d’une pomme de douche. Après avoir pris le thé, nous repartons en bateau avec Justice avant d’aborder une île pour une promenade pédestre d’une heure. Il nous fait des recommandations dans le cas de rencontre de lions, éléphants ou autres espèces dangereuses mais follement excitantes… Nous ne verrons la queue d’aucun si ce n’est celles de phacochères et dans le lointain des impalas. Nous revenons très déçus et rentrons de nuit au campement. Marie tient à profiter de la douche puis le dîner est servi, la table est dressée, un poulet bien cuisiné et épicé avec du riz et des légumes nous attend. Le vin n’a pas été oublié. Enfin nous regagnons nos tentes.

 

Mercredi 19 avril : La nuit a été sans surprise et ce sont les curieux sifflements des oiseaux qui marquent la venue du jour. Nous nous levons aussitôt. Le petit déjeuner est servi par le cuisinier et son aide. Nous embarquons sur le bateau et retournons dans le delta. Nous surprenons une couple d’hippopotames qui plongent sans nous attendre. Justice accélère, il ne semble pas aimer rester à proximité de ces grosses masses. Nous rallions un village où 161-OKAVANGO-Nenuphars.JPGnous attendent des mokoro, pirogues taillées dans un tronc d’arbre et enduites de résine et de fibres de verre pour assurer leur étanchéité. Nous montons deux par deux à bord et nous nous asseyons dans des sièges baquets prévus pour nos fessiers et dos d’occidentaux fatigués. Nos piroguiers nous font glisser à fleur d’eau au milieu des nymphéas qui commencent à ouvrir leur corolle, les feuilles des nénuphars restent attachées au fond de l’eau par de longues tiges qui s’inclinent dans le courant. Nous débarquons sur une île où nous partons pour une promenade à pied dans l’espoir de voir des animaux. Nos guides, les piroguiers, nous font les mêmes recommandations que la veille : comment réagir si nous sommes chargés par l’un des big five ! Nous n’en verrons aucun… Après une heure de marche en terrain découvert, nous160-OKAVANGO-Zebres.JPG n’aurons dérangé qu’une bande de babouins, des phacochères en débat amoureux et une horde de zèbres méfiants. Marie fatigue, nous laissons nos compagnons continuer plus avant et revenons sur nos pas les attendre aux mokoro. Nous repartons en glissant silencieusement sur l’eau, effleurant les feuilles posées sur l’eau et les nénuphars en pleine floraison. Nous accostons, attendus par les femmes du village qui nous présentent leurs travaux de vannerie. Beaucoup sont belles mais les prix sont ceux pour touristes et nous n’achetons rien163-OKAVANGO-Nenuphars.JPG. Retour au campement pour un surprenant brunch : des toasts grillés au feu de bois, des scrambled eggs, des haricots sucrés, de la salade et un délicieux hachis de lard, oignons et champignons servis avec des jus de fruits mais j’obtiens le reste de la bouteille de vin rouge de la veille… C’est ensuite une sieste dans les tentes qui s’impose. La nôtre étant au soleil, nous nous installons à l’ombre près du feu de bois. Nous repartons en bateau dans l’après-midi. Presque aussitôt, Pierre aperçoit un éléphant. Nous l’observons de loin, pas question d’approcher… Un beau mâle solitaire avec des défenses respectables. Nous continuons notre remontée dans le chenal sans rien apercevoir de notable. Nous parvenons à une mare dans laquelle s’ébattent des hippopotames. Nous accostons devant eux et les observons. Ils remontent de temps à autreBotswana-6115.JPG à la surface, soufflent bruyamment puis replongent, en général avant que j’aie réussi à faire le  point pour la photo. Notre départ bruyant provoque leur fureur, ils sortent alors à demi de l’eau. Retour rapide au campement pour un apéritif avec une bouteille de vin blanc. Au dîner, le chef est encore complimenté pour son ragoût de bœuf suivi d’un dessert réalisé avec des pêches en boîte et une crème custard. Nous terminons la soirée en écoutant Justice nous conter des légendes animales. Nous décidons du programme de la journée de demain. Une marche est prévue et Marie dit ne pas vouloir la faire tout en en ayant envie…

 

Vendredi 20 avril :Encore un réveil très matinal, avec les oiseaux ! Marie ne veut pas venir par peur d’une trop longue marche et aussi vis-à-vis des autres. Elle reste dormir sous la tente. Après un rapide petit déjeuner, nous embarquons sur le bateau et191-OKAVANGO-Elephant.JPG partons dans le chenal. Avec la vitesse, nous n’avons, comme la veille, pas bien chaud. Peu après le départ nous apercevons un éléphant au milieu des roseaux, un jeune mâle avec des défenses naissantes qui ne s’offusque guère de notre présence. Le moral remonte et nous allons peut-être enfin voir cette faune abondante tant attendue… Nous abordons une de ces innombrables îles qui constituent dans le dédale des canaux et des marais, le delta. Nouspartons à la découverte mais nous verrons encore une fois, plus de traces et de crottes que leurs auteurs. Un troupeau de zèbres et des impalas se montrent toutefois mais aucun des grands prédateurs espérés. Nous reprenons le bateau pour aller aborder l’île situ203-OKAVANGO-Phaco.JPGée de l’autre côté du chenal et partons pour une longue marche encore plus infructueuse. Nous devrons nous contenter de phacochères dont l’un, curieux ou à la mauvaise vue, nous tourne autour à quelques mètres. Je suis las et de plus en plus déçu. Retour au bateau puis au campement. Peu avant d’y arriver nous voyons un autre éléphant (ou peut-être le même ?) à demi immergé dans le marais. Je retrouve Marie qui a pu faire la grasse matinée et qui a aussi aperçu l’éléphant. Comme la veille, nous avons un brunch en guise de déjeuner, rien d’original ni de bien consistant puis nous plions bagages. Toute l’intendance embarque dans un bateau avec le cuisinier et son aide et nous rentrons avec Justice que je continue, je ne sais pourquoi (une confusion de ministère ?) à appeler Finance ! Je somnole, me réveille juste pour apercevoir à la limite de la forêt un éléphant qui s’y enfonce presque aussitôt. Plus loin, dans une mare entre les roseaux, une famille hippopotame prend son bain et baille à notre vue. Nous apercevrons encore deux éléphants mais jamais nous n’aurons vu de troupeau. Les hautes herbes ploient et ondulent comme une chevelure féminine au gré du vent, du courant ou des vagues que nous soulevons. Le retour est plus rapide que l’aller, nous avons le courant pour nous et à cinq heures nous accostons au lodge. Nous retrouvons nos voitures et une très mauvaise odeur de toilettes dans la nôtre. Marie repart avec Pascale, pour aller faire des emplettes de cadeaux… Je reste à me débrouiller pour un peu agréable nettoyage de nos toilettes… Retour de Marie, c’est ensuite la queue pour la douche et enfin nous pouvons envisager de dîner en compagnie d’Albert et Pascale. Les steaks ne sont pas aussi saignants que nous l’aurions souhaité mais la bière est glacée… Nous nous connectons ensuite à internet pour lire le courrier. Enfin des nouvelles de Julie et des Portier. Je laisse Marie se coucher et vais au bar mettre le blog à jour, apprendre avec plaisir que Hollande est le favori des sondages à quelques jours du vote puis taper mon journal et enfin me coucher.

 

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 09:40

Jeudi 29 mars : Nuit au calme, nous étions les seuls. Pas de pluie et un soleil qui apparaît de-ci, de-là entre les nuages. Nous repartons en prenant la route qui d’après notre carte est la plus directe pour la frontière du Lesotho. Le cartographe qui l’a établie a pris ses rêves pour la réalité, au lieu du goudron, nous avons dès la sortie de la ville, une piste en terre. Bien mouillée par les dernières pluies, elle est gadouilleuse à souhait mais au moins la Afrique-du-Sud-5755.JPGpoussière est collée. Nous circulons entre des exploitations agricoles dont les cultures d’un vert profond forment des rangées qui épousent les courbes de niveau. La piste s’élève, grimpe à 2000 mètres, étroite et de plus en plus boueuse. Nous passons un col, redescendons en longeant des gorges tracées au burin dans la roche. Les kilomètres défilent lentement, nous ne faisons pas une grosse moyenne mais enfin il ne pleut pas et le paysage est superbe. Nous découvrons les premières cases rondes, construites en gros moellons et couvertes de chaume. Elles sont toujours associées à des maisons plus classiques. La piste longe une rivière qui forme frontière avec le Lesotho. Nous retrouvons le goudron juste au poste frontière. Les formalités sont des plus simples, un simple tampon à chaque poste et nous revoilà au Lesotho, 27 ans après ! La piste continue mais encore plus mauvaise, les cimetières de voitures semblent accueillir tous les rebuts de l’Afrique du Sud. Nous retrouvons le goudron et le premier contrôle de police. Ils sont une bonne dizaine, des deux sexes, en uniforme très british, à s’intéresser à notre camion mais leur curiosité satisfaite, nous pouvons continuer. Les écolières, souvent le crâne rasé, et les écoliers en uniforme nous saluent tous, les voitures croisées font des appels de phares, quel succès ! Nous faisons un détour sur une piste abominable sur laquelle nous devons rouler au pas pour aller voir un musée. Nous atterrissons dans une cour et sous la conduite d’un gardien nous gravissons quelques marches pour atteindre une maison semi-troglodyte. Un pasteur suisse s’est construit au XIX° siècle une maison en utilisant un abri sous roche et y a traduit la Bible du français au sotho. La maison a été transformée en musée, un des plus minables que nous ayons vu et pourtant nous en avons vus ! Une empreinte de dinosaure, un bout de fossile, une photo du pasteur et de sa famille, etc… Nous retrouvons la route et entrons dans Quthing, la grande ville du sud. Une autre ambiance qu’en Afrique du sud ! La musique sort de toutes les échoppes, on crie, on s’interpelle, on se gare où on peut, où on veut, les rues sont recouvertes d’un goudron très aléatoire, les trous ne sont pas bouchés et les papiers gras ne trouvent pas de poubelles pour les recueillir. L’Afrique que nous connaissions… Le tour de la ville est vite fait, pas de change à la banque mais les rands sont acceptés à la station-service. Ici, comme ailleurs en Afrique du Sud, les funeral parlors ne manquent pas, des cercueils sur des tréteaux avec de belles poignées dorées sont exposés sur le trottoir dans l’attente d’un amateur. A croire que le grand moment d’une vie est la mort ! A la sortie de la ville, nous nous arrêtons pour aller voir des empreintes de dinosaures dans un bâtiment que Lesotho-5760.JPG l’on a eu la malheureuse idée de construire autour et qui permet de faire payer un droit de visite. Dans la roche, les traces des trois doigts de l’animal sont très nettement gravées. La route, avec souvent des nids de poule, serpente en suivant le large cours de l’Orange, les cultures profitent de ses berges limoneuses. Notre succès populaire ne se dément pas et tout le monde agite les mains à notre passage. Les hommes sont souvent enveloppés dans une couverture, un bonnet type péruvien sur la tête, les femmes ont enroulé en turban un foulard. Les cavaliers sur des poneys accompagnent les quelques vaches qu’ils possèdent. Ici, plus de clôtures, les champs ne sont plus rigoureusement alignés. Nous quittons le fleuve et remontons à plus de 2160 mètres dans un décor de Lesotho-5762.JPGmontagnes à perte de vue. Des pitons, des montagnes émergent, paysage bien connu mais ici sans rudesse, atténué par la garrigue verdoyante sur les collines et les champs de maïs en cultures étagées dans le fond des vallées et sur les premières pentes. Dans le lointain, des chaînes de montagnes plus imposantes barrent l’horizon. La tôle ondulée sévit déjà ici, nombreuses sont les boutiques, les échoppes uniquement constituées en feuilles, murs et toits. Le mauvais état de la route, les ralentissements dans les nombreux villages, les pentes importantes et les virages serrés ne nous permettent pas d’avancer vite. Les villages se confondent avec la montagne mais les guérites, elles aussi en tôles ondulées, qui servent de toilettes, plantées à quelques mètres de l’habitation manquent de discrétion et font tache sur les versants des montagnes. Le soleil décline, nous décidons d’arrêter à Patlong. Nous cherchons un endroit tranquille, à l’écart de l’agitation et de la curiosité. Je demande à un habitant si nous pouvons stationner derrière sa maison. Il s’avère être un policier ! Etonné, méfiant (?), il nous indique un bout de champ pas très plat, entre sa maison et le poste de police…

 

Vendredi 30 mars : Les policiers ont veillé sur nous mais les paysans qui viennent remplir leurs arrosoirs à la mare à côté du camion parlent fort, s’interpellent d’un champ à l’autre dès six heures du matin. Nous reprenons donc la route de bonne heure, sous un ciel presque entièrement bleu mais ce n’est que provisoire… Nous longeons toujours le fleuve Orange, celui qui forme frontière avec la Namibie et que nous avions traversé sur un bac en octobre. Des millions de petites fleurs blanches et mauves tapissent les prairies. Serait-ce le printemps ? Nous avons raté le carrefour de la route de Tsoelike, non signalé. Nous nous en apercevons à un contrôle de police où nous devons sortir les documents, expliquer d’où nous venons, où nous allons et pourquoi…Nous revenons sur nos pas et trouvons la bonne route, une piste désormais, pas fameuse mais le pire est à venir. Les distances sur la carte Lesotho-5783.JPGsont trompeuses tant nous faisons de tours et de détours à flanc de collines, pour contourner le moindre ravin, le plus petit torrent. Nous voulions couper au plus court en direction de Maseru mais nous n’avons pas regardé la carte de près et nous voilà partis pour longer la frontière sud-africaine, de collines en montagnes, jusqu’à l’entrée du parc national de Sehlabathebe. Une piste dans les éboulis grimpe jusqu’à un premier ensemble de cases destinées à accueillir les touristes puis un peu plus loin aux bâtiments flambants neufs du parc. Personne ! Pas un garde, pas un touriste ! Nous sommes dans un cirque alpin parsemé de plaques rocheuses luisantes. D’un mirador nous avons une vue sur les roches torturées, creusées et remplies d’eau. Nous déjeunons là, sans vLesotho-5782.JPGoir âme qui vive puis revenons sur nos pas pour prendre la piste de Sehonghong. Elle file droit vers une barrière rocheuse que nous allons devoir franchir. Pas fameuse dans la plaine, continuellement traversée par des ruisseaux qui la ravinent, elle devient abominable dans la montée. Nous montons à 2860 mètres d’altitude, en terminant presque en permanence en première vitesse pour franchir les marches rocheuses. Et des minibus font le trajet ! La descente est plus facile mais guère plus rapide. Le paysage est toujours époustouflant, ce ne sont que pitons et montagnes érodées, tablLesotho-5775.JPGes et sommets pointus à perte de vue sous une mer de nuages, torrents, gorges en contrebas et cultures verdoyantes sur les collines. Les bergers emmitouflés dans une co  uverture gardent, le fouet à la main, vaches et brebis. Des petits groupes de cavaliers processionnent. Peu avant Sehonghong, la piste , refaite, est excellente mais elle cache encore des surprises, des trous, des ravines et je dois rester vigilant. Nous pensions qu’elle serait ainsi jusqu’au bout mais non ! Elle se redégrade et nos espoirs d’aller jusqu’à Katsé s’évanouissent. Nous nous traînons jusqu’à Thaba-Tseka où nous pouvons passer la nuit sur le parking d’un lodge, à temps pour essuyer un orage.

 

Samedi 31 mars : Il a encore plu toute la nuit et nous nous demandons si le franchissement du col de Mokhoabong sera possible. Dès six heures, les clients du lodge commencent à s’agiter. Nous repartons dans la grisaille. Plein d’essence à une pompe déglinguée, le calcul du prix se fait avec une calculette, faute de compteur. La route, à notre grande surprise est goudronnée, il en manque parfois des bouts mais au moins la montée puis la descente du col se font sans problème mais dans les nuages dès 2000 mètres. Le franchissement d’une chaîne de montagnes permet successivement d’être dans la pluie ou de bénéficier de quelques rayons de soleil qui illuminent le velours qui tapisse les flancs des montagnes. Nous franchissons ainsi six cols, tous à plus de 2000 mètres. Nous faisons un détour pour Lesotho-5784.JPGapprocher le lac de barrage de Moyale, pas très ensoleillé. Dans le col suivant, le Blue Mountain pass, nous avons la désagréable surprise d’une tempête de neige. Je me laisse surprendre, la voiture dérape sur la couche vite formée et glisse deux roues dans le caniveau. Heureusement, une Land Rover se joue des pires situations et en petite vitesse, marche arrière engagée, je parviens à l’en sortir. Nous progressons à très faible allure, traçant deux sillons dans la neige. Sur l’autre versant, la neige est fondue et nous pouvons retrouver une allure normale. Un dernier col et nous descendons dans la plaine plus ensoleillée, abandonnant derrière nous les montagnes et les nuages menaçants. Nous faisons un détour sur une très mauvaise piste, creusée d’ornières, que les pluies ont rendue glissante, pour atteindre un site de peintures rupestres. Un centre d’accueil et d’information a été construit pour les visiteurs qui, vu la difficulté de l’accès, ne doivent pas être nombreux. Nous surprenons un préposé qui nous emmène à Lesotho-5791.jpgl’abri sous roche. Il faut descendre un sentier qui aurait bien besoin d’être entretenu, dévaler dans la rocaille, passer une passerelle, glisser sur des dalles mouillées, franchir une seconde passerelle et enfin suivre un sentier qu’il était prévu d’empierrer (mais ce sera pour plus tard), avant d’arriver, de l’autre côté d’un torrent, à un très grand abri sous roche qui au moins nous protège de la pluie. Nous y découvrons des peintures san, des troupeaux, des représentations d’élans du Cap et des scènes mystérieuses avec des personnages supposés être en transe. Je ne comprends pas grand-chose pour ne pas dire rien aux explications de notre guide dont je ne sais pas trop s’il nous parle en anglais ou en basutho… Lesotho-5790.JPGLes représentations sont peu visibles, graffitées par des iconoclastes qui ont tenu à rajouter mention de leur passage par-dessus et dans l’ensemble de qualité très inférieure à celles proches de Barkly East. Le retour est difficile pour Marie et la pluie n’arrange rien. Notre cicérone ne se laisse pas abattre, il chante et danse des pas guerriers tout au long de la remontée. Nous devons nous changer dès que nous sommes au camion. Nous déjeunons en entamant les réserves de conserves puis revenons sur la route. Nous allons au village de Roma où nous pouvons nous installer sur la belle pelouse d’un lodge tenu depuis belle lurette par une famille anglaise. Repos et étude de la suite du trajet. Nous ressortons pour aller voir les gorges à la sortie de Roma. Une belle vue sur les falaises, gâchée par la perspective des toits de tôle des maisons installées dans le fond de la vallée. En revenant, nous nous arrêtons à ce qui tient lieu de « centre commercial ». Nous ne trouvons pas grand-chose dans la première boutique, une autre tenue par des Chinois recèle tout un bric-à-brac et des amoncellements de conserves étranges. Un cybercafé nous permet de nous connecter rapidement mais à notre grand désappointement personne n’a réagi au blog et Julie ne nous a pas écrit. Seuls les Rufray et les Tardieu ont mis un mot. Retour au camping où nous nous calfeutrons dans le camion, à 1600 mètres, il fait encore froid ! Nous nous réchauffons avec une boîte de petit salé aux lentilles.

 

 

Dimanche 1er avril : Nous n’avons pas eu chaud cette nuit et, pour la première fois, nous mettons le chauffage au réveil. Le ciel est tout bleu et nous aurons du soleil toute la journée. Nous repartons en direction de la capitale, Maseru, à 35 kilomètres. La circulation nécessite toute mon attention, minibus et taxis en maraude démarrent, s’arrêtent sans crier gare, d’autres bloquent la route pour discuter avec un ami venant en sens inverse. Le centre-ville est vite atteint, des banques, la poste et un centre commercial qui se distinguent du reste de la ville par le semblant de modernité de ces bâtiments. Je tire de l’argent local, des maloti avec ma carte de crédit et nous nous rendons au supermarché bien achalandé où nous reprenons des provisions. Les boutiques de souvenirs et l’office du tourisme sont fermés aussi repartons-nous aussitôt en direction de Butha-Buthe. Je suis content d’être sorti de la ville mais la circulation reste dense en ce dimanche des Rameaux. Les dames Lesotho-5763.jpgendimanchées ont mis leurs plus belles robes blanches, coiffées d’un chapeau que ne renierait pas la reine Elizabeth, elles agitent des branches d’olivier en se rendant à la messe, les messieurs sont en costume noir de croque-morts. Beaucoup de femmes portent un costume coloré, souvent bleu avec une grande croix blanche que je suppose être celui d’une congrégation. Nous sommes dans la plaine, les montagnes sont au loin. L’importance des cultures prouvent la richesse de cette partie du territoire, les villages sont plus nombreux, les maisons récentes, les cases absentes, et la route goudronnée… Nous nous arrêtons dans une mission proche de la route pour aller voir la production de tissages des femmes. Des horreurs comme on en trouve à Marrakech, Bangkok ou Ushuaïa ! Nous achetons juste un porte-monnaie, pour ne pas repartir les mains vides… Nous allons voir plus loin un autre atelier de tissage où sont aussi exposés des articles de vannerie et autres « souvenirs ». Nous faisons un détour, d’abord sur une bonne route puis sur une piste qui se dégrade au fur et à mesure que nous approchons du but : un site de maisons troglodytes. Un bâtiment tout neuf accueille le visiteur de passage (égaré ?) pour lui faire payer un droit d’entrée (et une barrière est là pour dissuader les resquilleurs !). La peu aimable employée Lesotho-5796.JPGnous accompagne avec la voiture pour nous montrer le chemin. Un sentier cimenté descend à un abri sous roche sous lequel sont bâties en terre quelques cases hémisphériques qui s’adossent à la paroi rocheuse. Elles sont trop entretenues, bien lissées, et semblent attendre le gogo. Devant, un enclos de paille fraîche délimite la cour dans laquelle bouillonne le contenu des marmites. Les femmes posent et attendent un petit cadeau… Nous continuons, passons Leribe puis Butha-Buthe, seconde ville du pays. Nous nous rapprochons enfin des montagnes et la route désormais moins fréquentée commence à grimper dans les collines puis dans la montagne. Nous passons un col et dans la descente, nous trouvons un lodge où, moyennant finance, nous pouvons nous garer entre deux bungalows.

 

Lundi 2 avril : Il n’a pas encore fait chaud cette nuit et le chauffage est le bienvenu au matin. Nous profitons des installations mises à notre disposition avant de reprendre la route. Le col passé hier soir avant de nous arrêter était à plus de 2800 mètres, nous étions à peine redescendus et il nous faut en passer un autre à plus de 3200 mètres ! Et sur une route désormais très dégradée. Parfois on devine des restes de goudron, à d’autres il faut Lesotho-5805.JPGslalomer entre les nids de poule géants. Le paysage est aride, bien moins intéressant que celui de la route sud. Les gens, peu souriants, tendent plus la main qu’ils ne saluent. Nous restons ensuite à des altitudes au-dessus de 3000 mètres, découvrons une mine de diamant avec ses installations pour le personnel et à proximité un village misérable, maisons et cases en pierres coiffées de tôles. Les habitants sont enroulés dans des couvertures qui n’ont plus rien de celles vues au début. La route descend enfin, Lesotho-5810.JPGredevient bonne jusqu’à Mokhotlong. Une ville « Far West » où on vient faire ses achats à cheval dans les commerces qui sont aux mains des Chinois. Nous entamons le dernier bout de piste au Lesotho, la montée au Sani pass qui nous permettra de retourner en Afrique du Sud. La piste est mauvaise et même très mauvaise par endroit, elle grimpe continuellement en remontant des gorges avant de déboucher sur un plateau où paissent des troupeaux de moutons et de chèvres mohair gardés par de peu amènes bergers. Enfin nous atteignons le poste frontière du Lesotho, un coup de tampon et nous pouvons entamer la descente. S’offre à nous alors une vue extraordinaire : toutes les montagnes qui dégringolent là par un gigantesque à-pic sont couvertes d’un velouté vert qui brille sous le soleil toujours présent aujourd’hui. Dans le fond, à peine discernable, coule une rivière et Lesotho-5817.JPGpuis c’est la plaine cultivée du Kwazulu-Natal. La descente est vertigineuse, elle se fait freins bloqués, tour de roue après tour de roue, les virages sont si serrés qu’ils doivent être négociés en deux temps. La pente est si raide dans les éboulis qu’un 4x4 hésite à continuer et pourtant des minibus passent ! Parvenus en bas, nous passons rapidement le poste frontière sud-africain. Encore quelques kilomètres de pistes qui vont en s’améliorant et enfin nous retrouvons le goudron. Les montagnes ont disparu, remplacées par des collines couvertes en partie de forêts de sapins replantés. Les champs s’étendent sur des hectares, l’irrigation en est prévue par des engins mobiles. C’est l’Afrique du Sud, ce pourrait être l’Europe… Nous roulons sur un bon goudron jusqu’au premier camping, perdu dans les champs où nous serons seuls pour la nuit.

 

Mardi 3 avril : Rien de tel que le calme de la campagne pour une bonne nuit. Il a fait bien moins froid mais il est vrai que j’étais plus chaudement vêtu et que nous avions baissé le toit pour la nuit. Nous repartons sur les collines jusqu’à rejoindre l’autoroute de Durban. La circulation est très dense et rapide avec de très nombreux poids lourds. La traversée de Pietermaritzburg est ralentie par de nombreux travaux qui réduisent à une seule voie la chaussée. L’arrivée sur Durban est rapide, nous ne trouvons pas le camping envisagé et nous décidons de tenter notre chance auprès des auberges backpackers. Deux sont dans le quartier résidentiel de Berea, à l’écart du centre. La première ne m’ouvre même pas la porte, à la seconde il semble possible de garer le camion dans le petit jardin et de dormir dedans. Je pars à la recherche d’une banque, comme d’habitude, je dois en essayer deux pour parvenir à changer des euros. Nous cherchons ensuite un magasin où nous pourrions faire recharger la bouteille de gaz. Cela semble impossible mais nous tentons notre chance à une autre adresse, éloignée du centre, occasion d’apercevoir le stade moderne construit pour la coupe mondiale de football. Là non plus, impossible de recharger notre bouteille, les filetages ne sont évidemment pas compatibles ! En revenant dans le centre, j’aperçois un autre magasin qui ne paye pas de mine, et là, Ô miracle, le remplissage est réalisé. Ouf ! Retour à l’auberge où nous rentrons la voiture dans le jardin. Je porte du linge à la laverie toute proche et le temps que la machine tourne, nous déjeunons. Nous reprenons la voiture Afrique-du-Sud-5822.jpgpour aller nous garer dans le centre-ville, le long du City Hall, gros machin de l’époque coloniale mais dans un environnement de verdure qui le rendrait presque agréable. L’ensemble de bâtiments d’époque coloniale et de gratte-ciel à façade de verre et de béton, un peu tape-à-l’œil, élancés comme les élégants palmiers, ne manque pas d’allure. La ville semble économiquement plus vivante que le Cap alors que sa situation géographique est tout à fait quelconque. Nous nous dirigeons vers le bord de mer, côté port commercial, sans pouvoir approcher de l’eau. Il est plus de quatre heures, les boutiques ferment, les bureaux se vident, dans une heure le centre-ville sera mort. Nous allons faire un tour dans un centre commercial bruyant, beaucoup des commerces sont tenus par des Indo-pakistanais, femmes en sari ou toutes vêtues de noir, hommes barbus ou à calotte blanche. Quant aux fessiers des dames zouloues, ils sont presque aussi remarquables que ceux des Hottentotes, mais dans un autre genre : un volume inusité et généralement pris dans des pantalons qui n’en dissimulent rien… Nous revenons à la voiture et avant de rentrer à l’auberge, nous longeons le bord de mer côté plage, Marine Parade, une suite d’hôtels modernes, de restaurants d’un côté et de boutiques, établissements de bain, piscines de l’autre. A peine rentrés à l’auberge, le patron nous annonce qu’il est hors de question de dormir dans le camion, que le camping est interdit à Durban ! Mais nous pouvons dormir dans les dortoirs séparés ou prendre une chambre privée, solution à laquelle nous nous rallions à cause de l’heure trop tardive pour aller chercher un aléatoire camping à une quarantaine de kilomètres et en dépit d’un prix scandaleux : 53 euros pour une chambre toute simple, deux lits, salle de bain commune séparée. Le wifi est en plus : nous achetons le droit de nous connecter une trentaine de minutes, juste le temps de lire les messages et d’y répondre sans pouvoir mettre le blog à jour ni faire la déclaration d’impôts ou écrire, comme prévu, aux autres Azalaïens ! Je suis bien évidemment furieux, scandalisé par ces tarifs dans ce qui se veut une auberge de jeunesse ! Nous allons dîner à pied dans la rue Florida, rendez-vous de la jeunesse dorée, quasi exclusivement blanche, Marie traîne la patte. Pizzerias, burgers et autres bars à yaourts glacés (?) confortent les jeunes nantis dans l’idée qu’ils n’ont rien à envier aux autres capitales du monde branché. Nous dînons en terrasse de moules, crevettes et calamars avec une bonne bouteille de chenin blanc, « le » cépage blanc sud-africain ! Retour à la chambre et installation dans notre cellule spartiate mais qui a l’heur de convenir à Marie…

 

Mercredi 4 avril : Nous avons dormi au frais grâce à la ventilation. Nous avons tout de même droit au petit déjeuner dans le prix de la chambre mais continental ! Nous quittons l’auberge et allons refaire un plein de provisions au supermarché d’en face. Nous allons ensuite dans le quartier indien, au marché Victoria. La Afrique-du-Sud-5824.JPGclientèle et le personnel des boutiques dans la rue sont africains mais les propriétaires sont indiens. L’animation est dans la rue, on y retrouve la musique africaine et les épices indiennes. Le marché est surtout destiné aux touristes, Epices et souvenirs que Marie examine consciencieusement échoppe après échoppe. Elle en ramène un bol en fil de téléphone, elle en rêvait depuis Le Cap… Nous rejoignons ensuite le bord de mer, nous nous garons et nous allons nous tremper les pieds dans l’océan Indien. L’eau n’est pas très chaude mais il doit être possible de se baigner. Nous allons ensuite nous garer près de l’un des wharfs qui s’avancent dans la mer Afrique-du-Sud-5828.JPGet d’où nous avons une vision de l’alignement des immeubles du front de mer et des surfeurs qui attendent dans l’eau le bon rouleau. Tous sont bien blancs et blonds, quelques-uns ont tant sacrifié à leur passion qu’ils en sont réduits à faire la manche ou à quémander une pièce en tant que gardien de parking. Nous quittons enfin Durban par l’autoroute en direction du Nord avec l’intention d’être à l’entrée du parc de Hluhluwe ce soir. Il n’en sera pas ainsi… Au début de l’après-midi, la voiture commence à hoqueter. Je crois à une panne de gasoil et en rajoute mais cela se répète. Je dois m’arrêter, attendre quelques minutes, repartir sur un ou deux kilomètres et recommencer. Je roule lentement sur la bande d’arrêt d’urgence et sort dès que possible. Nous parvenons par à-coups à Darnall où on m’indique un garagiste. Il pense à un problème de pompe à gasoil et veut démonter le réservoir pour y examiner la pompe. Il y passe tout le reste de l’après-midi, sans y parvenir complètement et finit par diagnostiquer un problème de filtre à gasoil. Mais la nuit est tombée et la suite sera pour demain. Nous sommes contraints de passer la nuit dans ce petit bourg perdu au milieu des champs de canne à sucre et peuplé principalement d’Indiens. Des chants se sont élevés dans l’après-midi de l’un des temples.

 

Jeudi 5 avril : Nous n’avons pas très bien dormi ni l’un ni l’autre… Nous essayons d’être prêts de bonne heure dans l’espoir que les travaux reprendront tôt. Mais ce n’est qu’à neuf heures que les ouvriers commencent à remettre en place le réservoir et le patron continue de parler de changer le filtre à gasoil mais il tergiverse, téléphone et finit par déclarer qu’il faut aller chez un concessionnaire Land Rover, à 70 kilomètres, pour en trouver un. Je ne le quitte plus jusqu’à ce qu’il se décide à prendre sa voiture et m’emmener à Umhlanga. Deux heures de route aller-retour avec dépassement permanent de la vitesse limite, air conditionné réglé au maximum, de même que la stéréo. J’ai droit aussi à un vibro-massage des lombaires grâce au haut-parleur placé dans mon dossier… Nous revenons sains et saufs, ce qui en soit est déjà un exploit et avec le filtre aussitôt monté. Le moteur tourne, ne cale pas, nous sommes contents… Le mécanicien veut tout de même faire un essai et de nouveau le moteur tousse. Retour déconfit et nouveau démontage du réservoir. Les heures passent sous le soleil à attendre… Enfin le réservoir ouvert, on constate des durites encrassées. Nettoyage, remontage et essai concluant juste avant la tombée de la nuit. Et règlement de la note que je trouve salée, deux cent trente euros !! Mais ce sont les prix d’Afrique du Sud… Nous filons en direction du bord de mer et trouvons un camping dans un complexe qui doit être « chic » à en croire les tarifs pratiqués… Mais au point où nous en sommes, après la nuit à Durban, la réparation… Nous nous installons en plein milieu de la végétation qui paraît luxuriante. Nous envoyons un message à Marie-Jo et Guy pour essayer de nous retrouver demain.

 

Vendredi 6 avril : C’est le chant des oiseaux dans les arbres qui avec le jour nous réveille à six heures. C’est le chant de ses entrailles qui précipite ma Papagena vers les toilettes… Nous sommes en pleine nature, enfouis sous les hibiscus et entourés d’arbres tropicaux. Nous repartons, tentons d’apercevoir la mer mais tout le village n’est qu’une succession de propriétés de luxe qui ont annexé le bord de mer. Nous reprenons l’autoroute et continuons de traverser ces collines couvertes de canne à sucre. Parfois un bosquet d’essences exotiques, au sommet d’une colline laisse imaginer ce que devait être cette terre avant son exploitation agricole. Je tire de l’argent avec les cartes bancaires à Empangeni, les dernières dépenses ont vite épuisé ce que nous avions changé à Durban. Ce n’est plus l’autoroute mais la circulation est la même et la route à deux voies simples. Nous la quittons pour nous diriger vers le parc national de Hluhluwe. Les collines sont très peuplées et je me demande si nous n’allons pas visiter un grand parc animalier. C’est le début du week-end pascal et nous ne sommes pas les seuls à y circuler. Nous roulons au pas, guettant toute apparition de vie sauvage. Ce sont encore les zèbres qui sont les plus fréquents, avec des gazelles qui ne sont plus des springboks mais des impalas, aux fesses rayées de noir, les mâles portent de belles cornes torsadées. Nous passons par monts et par vaux, longeant une belle rivière qui pourrait être l’occasion d’apercevoir hippopotames et crocodiles mais nenni ! Nous commençons à désespérer quand soudain Marie aperçoit une curieuse soucheAfrique-du-Sud-5848.JPG qui se révèle être un rhinocéros que je crois un instant mort, affalé sur une de ses pattes repliée, la tête au sol mais une oreille frémit, il dort ! Un peu plus loin, un second est dans la même position… Nous abandonnons ces monstres felliniens à leur sieste bourgeoise et poursuivons dans l’espoir d’en trouver de plus alertes. Mais ce sont les heures chaudes, peu propices à l’observation des animaux et nous roulons sans être récompensés de notre attention. Dans l’après-midi, les phacochères sont nombreux, et toujours des zèbres et des impalas... Et puis ce sont des girafes qui surgissent sur le bord de la piste. Très Afrique-du-Sud-5863.JPG« collé-monté », elles nous toisent et l’une d’elles nous accompagne d’un élégant galop. Mais nous devons accélérer si nous voulons ressortir du parc avant la nuit. Une horde de buffles attend des heures plus fraîches sous les ombrages, un éléphant se distingue à peine dans la végétation très dense de ce parc. Peu avant la sortie, des rhinocéros à quelque distance font bombance dans une prairie mais ils ne sont plus guère visibles. Il nous faut trouver le lodge où nous avons donné rendez-vous à Guy et Marie-Jo et la route de nuit n’est pas très agréable. Un contrôle de police avec alcootest plus tard, nous trouvons notre chemin et rejoignons nos amis. Apéritif bien entendu dans le camion, avec un très original pastis-gin dû à Marie… Nous dînons ensemble au restaurant, rien de bien fameux mais c’est l’occasion de nous raconter ces dernières journées. Nous nous couchons beaucoup plus tard que d’habitude…

 

Samedi 7 avril : Réveil plus tardif aussi mais nous n’avons pas un long trajet prévu aujourd’hui. Nous disons au revoir à Guy et Marie-Jo avec promesse de nous retrouver à Maun. Nous reprenons la route en direction du Swaziland. Arrêt à Hluhluwe pour refaire un plein de provisions au supermarché. La population y fait ses achats en prévision du week end pascal, les hauts-parleurs diffusent une musique tonitruante, des mètres de saucisses grillées, des ragoûts de pattes de poulet et autres plats préparés peu engageants vont faire le bonheur des estomacs locaux. Nous trouvons plus difficilement que d’habitude des produits à notre goût. Au cybercafé, nous prenons prendre connaissance de notre courrier qui se réduit à un message de Julie. Ni Nicole ni les amis ne nous donnent de nouvelles… Nous nous mettons à jour dans nos messages ainsi que dans le blog. Le paysage, des deux côtés de la frontière est alternativement constitué par des champs de canne à sucre dans les plaines et par des zones de savane sur les collines, image classique de la brousse africaine : herbes hautes et jaunies et épineux en forme de parasol qui procurent une ombre parcimonieuse, ce sont alors des réserves privées. Les formalités sont vite expédiées et nous continuons en direction de Manzini. Des ébauches de bourgs se constituent autour des usines liées à la canne à sucre, distilleries, sucreries. La circulation, surtout avec des minibus, s’intensifie à l’approche de Manzini, la plus grande ville du pays peu attirante, des commerces qui concentrent l’activité de la ville, un marché où Marie me traîne en quête d’objets d’artisanat mais elle doit reconnaître la triste pauvreté des étals. Nous repartons en quête d’un camping. Nous en cherchons un sur une route dans les champs de canne à sucre. Nous avons des difficultés à le trouver, personne ne connaît, nous finissons par comprendre qu’il a changé de nom ! Nous sommes seuls sur le terrain herbeux d’une grande maison avec piscine, au frais et au calme.

 

Dimanche 8 avril : Le calme escompté n’a pas été total. Les voitures sur la route et surtout la musique venue du bâtiment l’ont troublé. Heureusement la température fraîche de la nuit a obligé les fêtards à se réfugier à l’intérieur. Nous repartons pour un tour de la vallée de Malkerns qui n’a rien de remarquable mais la concentration d’ateliers d’artisanat y est importante… Et Marie… Raisonnable, elle se contente d’une bougie mais lorgne tous les tissages, il est vrai très beaux. Nous revenons sur la route principale et arrivons au bourg où les institutions royales sont rassemblées. Une foule de croyants que je suppose être de diverses congrégations même si tous arborent sur leurs tenues des broderies à l’ordre de Swaziland-5886.JPG l’Apostolic church of God in Zion, se dirige à grandes enjambées vers un stade. Nous nous joignons aux pèlerins et nous nous garons sur le terrain devant le stade. Tous et toutes ont de longues robes blanches pour les hommes, bleues ou vertes avec une grande croix blanche pour les femmes. Ces dernières sont coiffées d’un bonnet blanc qui rappelle celui des cardinaux à quatre coins et ont de larges collerettes à dentelle sur leurs robes. Beaucoup tiennent un long bâton en forme de croix ou de francisque. Des vieux grisonnants ont des têtes de nègres à qui on donnerait une médaille… Nous sommes admis sans difficulté dans le stade, quasiment seuls touristes au milieu des fidèles, en plein soleil. Une musique que l’on Swaziland-5881.JPGpeut supposer religieuse sort des haut-parleurs, les têtes dodelinent, les corps chaloupent faiblement. On pourrait croire que certains sont plongés dans une profonde ferveur, ils ne font que roupiller, après une nuit de prières nous assure-t-on…Arrivée sur la pelouse d’une troupe de musiciens avec les vuvuzelas popularisées lors de la dernière coupe du monde de football. Ils dansent puis s’assoient et restent ainsi au soleil pendant des heures. Les prêches récités au micro alternent avec des choeurs qui répètent inlassablement les mêmes paroles, sur les mêmes rythmes lents, à croire que les disques des missionnaires responsables de ces chants, étaient rayés… Enfin arrivée de quelques-unes des épouses du roi qui ne soulève aucun mouvement puis c’est la reine-mère qui a droit à un hommage rendu debout par ses sujets et à l’exécution de Swaziland-5896.JPGl’hymne national. Plus tard, après s’être bien fait désirer, Sa Majesté arrive avec son escorte de motards. Nous ne faisons que l’entrapercevoir au sortir de sa limousine, en pagne traditionnel et trois plumes rouges sur la tête. Les prêches reprennent de plus belle et bien que nous soyons maintenant à l’ombre, nous commençons à saturer et au bout de trois heures nous nous éclipsons. J’ai pu prendre toutes les photos que je voulais des congrégationnistes mais à l’extérieur, les jeunes en costume rouge ou en pagne, le front ceint d’un bandeau ne veulent pas se laisser photographier ! Nous repartons, traversons la capitale, moins minable que Manzini, mais guère plus importante. Nous suivons la route du nord dans un paysage nettement plus vallonné et plus intéressant même si les villages sont tout aussi dénués de pittoresque. Après Piggs Peak nous voulons rejoindre l’Afrique du Sud. La route repérée sur la carte est une piste qui serpente à flanc de montagne au milieu des plantations de pins. La vue est alors étendue sur les montagnes du nord. Peu avant la frontière, à presque quatre heures, à un barrage, on nous dit que la frontière ferme à quatre heures ! Mais nous faisons fléchir le garde et nous essayons de rouler vite, mais c’est alors que la piste est la plus mauvaise, pour essayer d’arriver à temps. Au poste swazi on nous laisse passer après avoir tamponné les passeports mais plus loin, au poste sud-africain, la porte est cadenassée. Afrique-du-Sud-5900.JPGHeureusement nous sommes précédés par un couple de Sud-Africains qui va intervenir auprès du chef de poste qui rallume les ordinateurs et rouvre la barrière ! Ouf ! La route est désormais goudronnée et offre de très belles vues sur les montagnes couvertes de forêts, dorées par le soleil déclinant. Nous parvenons à Barberton où nous avons du mal à trouver le Caravan park. Nous nous y installons pour la nuit et étudions la carte pour les trois jours suivants, afin d’être à Ghanzi mercredi.

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 15:01

  Du Cap à Dar es Salam

Printemps 2012


Carte-Le-Cap---Dar-es-Salam-2.jpg

 

Vendredi 16 mars : Après une semaine passée à Paris et à Châlons, nous revoilà sur le départ. Julie nous réveille avant huit heures et bientôt nous quitte pour aller à sa nouvelle « mission » au GDF. Nous nous préparons puis c’est Hélène qui part. Nous finissons de remplir les sacs et attendons la navette que nous avons réservée. Elle est en retard mais nous avons le temps. Le chauffeur ne cesse de pester contre la pollution parisienne et met plus de temps à rallier la Porte de Charenton avec son GPS que je n’en aurais mis sans… Nous enregistrons au comptoir British Airways puis devons attendre dans une salle d’embarquement bondée. Premier vol de moins d’une heure pour rallier Londres avec juste le temps de grignoter un minuscule paquet de chips avec un verre d’eau. Nous devons repasser des contrôles avant d’attendre de nouveau pour le vol direct vers Le Cap. Nous avons faim, un sandwich, anglais (salade, tomates, amandes et sauce au curry sur du poulet), et une bière calment nos estomacs. Nous décollons avec une demi-heure de retard qui sera rattrapée. Les hôtesses sont anglaises, le gin-tonic et le repas aussi, servis presqu’aussitôt le décollage, à une heure de maison de retraite. La salade de haricots sucrée, goût curry garantit l’exotisme à moins d’une heure de vol de Paris… Il faut ensuite essayer d’occuper le temps. Nous prenons nos aises, l’avion n’est pas plein et nous occupons trois sièges à nous deux. Une comédie insipide alors que nous survolons l’Afrique puis une somnolence difficile font passer le temps.

 

Samedi 17 mars : Au matin Marie me souhaite ma fête et m’offre de la part de Julie un livre de Perec. J’aurai droit aussi à un survol en montgolfière (pour compléter le volume de Cinq semaines en ballon dans une édition de 1917, que j’ai enfin réussi à me faire offrir…). Nous nous posons au Cap après un plantureux (pour nous, peu habitués à ces délices gastronomiques au réveil…) petit déjeuner avec œufs brouillés, saucisse, bacon et Afrique-du-Sud-5531.JPGchampignons. Duncan nous attend et nous ramène au campement dans sa Coccinelle de 39 ans d’âge, fatiguée mais encore vaillante. Nous retrouvons Guy et Marie-Jo, arrivés dans la nuit, déjà levés et avec qui nous échangeons quelques nouvelles. La voiture est en bon état. Plein d’eau et rangement nous occupent puis nous allons au Pick n’Pay refaire des provisions pour les jours à venir. Nous cherchons un restaurant pour ce soir. La Taverne semble convenir mais il faut venir au plus tard à sept heures ! Nous retournons pique-niquer au campement. Bien qu’il y ait du soleil, il ne fait pas très chaud dans le vent. Une sieste s’impose. Nous étudions ensuite l’itinéraire pour les trois semaines à venir, en prévision du rendez-vous du 11 avril à Ghanzi avec les deux autres équipages. Nous prenons l’apéritif, soi-disant en l’honneur à la Saint-Patrick, avec Guy et Marie-Jo puis ils nous emmènent à La Taverne. Pour la Saint-Patrick, toute la communauté d’origine irlandaise semble s’y être donné rendez-vous, les pintes de Guinness sont dans toutes les mains des amateurs de rugby rassemblés autour du bar. Dans la petite salle du restaurant l’ambiance est tout aussi chaude, des convives arborent des maillots verts, des femmes se sont teintes les cheveux dans la même couleur et tous suivent sur un écran géant le match qui oppose leurs compatriotes aux Anglais. Difficile de suivre une conversation mais nous participons vite à l’enthousiasme des supporters des Verts, vite tempéré quand s’affirme la domination anglaise… Dans l’assiette, les désormais classiques calamars à la romaine et le king klip (l’abadèche en français, nous apprend Marie-Jo !) frit. Nous retrouvons avec plaisir les bons vins blancs fruités et peu onéreux d’Afrique du Sud. La défaite de l’Irlande consommée, nous rentrons retrouver, pour une nouvelle période de trois mois, notre cellule (dans tous les sens du terme !).

 

Dimanche 18 mars : Le soleil brille au réveil, encore tardif… Nous prenons le petit déjeuner dehors. Guy et Marie-Jo sont debout depuis plus longtemps que nous et s’activent sur leur camion. Nous sommes prêts à partir vers les onze heures. Nous prenons la route de Stellenbosch où nous arrivons une demi-heure plus tard. Nous trouvons la place centrale, le Braak, où nous nous garons. Elle est entourée de belles maisons et églises anciennes, Afrique-du-Sud-5546.JPGchaulées et couvertes de chaume. Nous en faisons le tour, détaillons les pignons des maisons du type hollandais du Cap. Nous nous procurons une brochure en français à l’office du tourisme et revenons déjeuner dans le camion. Nous repartons à pied et sous un soleil qui nous contraint à ôter quelques vêtements. Nous parcourons les rues bordées d’édifices anciens. Nous avions gardé le souvenir d’une petite ville avec des maisons de l’époque hollandaise aux pignons à volutes, elles sont peu nombreuses. Ce sont celles de la période anglaise, de style victorien ou géorgien, moins remarquables, qui dominent. Elles sont toutes parfaitement restaurées et manifestent l’opulence d’une classe sociale bien évidemment « blanche ». Impossible de les visiter, tout est fermé, y compris les musées, le dimanche. Nous reprenons la voiture après avoir rétribué le gardien. Nous avons été plusieurs fois accostés sous des prétextes divers pour essayer de nous soutirer quelques rands. Nous repartons en direction de Paarl. Nous traversons des collines couvertes de vignes et de prairies où paissent de magnifiques chevaux. Paarl, haut lieu du monde afrikaner est une curieuse ville. Une seule rue, Main street, bien sûr, sur plusieurs kilomètres, bordée de quelques maisons anciennes entre des commerces modernes. Nous Afrique-du-Sud-5552.JPGrepartons aussitôt en direction de Franschoek. La petite ville, plus touristique, est encore animée et nous y prenons un verre après avoir jeté un œil à une église. Nous y rencontrons une dame croisée à la Gemini guest house en octobre. Dans la région, le souvenir des huguenots français venus s’installer ici, justifie le nom de la ville mais aussi celui de nombre de domaines viticoles et d’établissements touristiques. Nous rentrons en passant par le col de Franschoek qui nous offre une belle vue sur la région vinicole mais à contre-jour avec un soleil déjà bien bas. Nous contournons un lac de barrage et ses arbres morts avant de redescendre sur Gordon’s bay. Au soleil couché, il ne fait plus aussi chaud. Nous retrouvons Guy et Marie-Jo dans le salon et nous ne pouvons échapper à un « dernier » apéritif. Des Belges qui attendent leur voiture animent la soirée. Je tape mon journal puis nous dînons dans le camion.

 

Lundi 19 mars : Nous réussissons à nous lever peu après huit heures. Bel effort… Guy et Marie-Jo nettement plus matinaux sont sur le départ, nous prévoyons de communiquer par SMS pour essayer de nous retrouver au Lesotho. Nous réglons les comptes avec Duncan puis arrive l’expert envoyé par l’assurance pour constater les dégâts occasionnés lors du chargement à Fos. Le temps de prendre les photos qu’il communiquera avec son rapport et nous pouvons à notre tour démarrer. Nous revenons en direction du Cap, rejoignons le bord de mer côté océan indien. La côte couverte de dunes n’est pas bâtie mais à quelques centaines de mètres s’étendent des townships à perte de vue. Il y en a pour toutes les bourses, des plus misérables aux presque coquets. Nous atteignons Muizenberg, une station balnéaire envahie par des scolaires. Sur la plage de jolies cabines de bain colorées Afrique-du-Sud-5556.JPGévoquent la mer du Nord. Je trouve à tirer de l’argent et à acheter du pain puis nous allons faire quelques pas sur la promenade qui domine la plage. Des surfeurs font semblant d’attendre la vague, les écoliers déchainés hurlent. Les touristes sont rares. Le soleil joue avec les nuages. Nous continuons en longeant la côte jusqu’à Simon’s town, jolie petite ville aux coquettes maisons étagées sur les falaises, presque toutes respectent le style colonial traditionnel. Les plus belles bordent la grande rue et présentent de superbes balcons de fer Afrique-du-Sud-5559.JPGforgé dignes de la Nouvelle-Orléans. Nous repartons, renonçons à aller voir les rochers où de stoïques pingouins se laissent mitrailler par les touristes. Nous nous arrêtons pour déjeuner un peu plus loin, en dominant un rocher sur lequel un très placide pingouin, ou plutôt un manchot du Cap, fait la sieste. La route continue en corniche. De nombreux panneaux mettent en garde contre la dangerosité des babouins. Des employés agitent des drapeaux rouges pour inciter les automobilistes à ralentir et rouler au pas afin de ne pas déranger une bande de ces vilains primates. La route pour la pointe du Cap quitte la côte, grimpe sur le plateau et pénètre dans un Parc national. Bientôt nous apercevons les deux océans, de part et d’autre, l’Indien et l’Atlantique. La péninsule s’amenuise, nous devons nous garer au parking déjà bien envahi. De là, un funiculaire nous élève jusqu’à l’ancien phare d’où l’on jouit d’une vue sur les océans mais aussi sur le cap de Bonne Espérance en contrebas, peu spectaculaire mais légèrement plus au sud que la pointe du Cap. Nous montons quelques marches jusqu’au phare, l’épine rocheuse continue encore quelques centaines de mètres Afrique-du-Sud-5563.JPGplus avant dans la mer et puis c’est le grand vide liquide sur des milliers de kilomètres. Je laisse Marie redescendre et marche jusqu’à l’extrême pointe qui domine un phare plus récent mais la promenade n’est pas d’un grand intérêt. Le temps change vite. Toute la journée les nuages ont couvert le ciel mais le soleil apparaît à intervalles sur la mer. Nous reprenons la voiture et allons voir de près le cap de Bonne-Espérance. Rien de spectaculaire, une photo derrière la pancarte et nous repartons. Nous faisons quelques détours pour descendre au bord de l’eau contempler la pointe plus résolument ensoleillée. Une promenade dans la garrigue d’un kilomètre nous conduit au Bain de Vénus, une longue vasque naturelle dans la roche au pied de hautes falaises. Nous ressortons du parc, revenons sur nos pas et stationnons pour la nuit sur un parking au bord de l’eau.

 

Mardi 20 mars : Le vent a forci au cours de la nuit et nous désespérons de pouvoir monter à la Table avec le téléphérique. Le ciel est sans nuages et le soleil sera présent toute la journée. Nous reprenons la route, repassons devant l’entrée du parc et continuons en direction du Cap, par la côte ouest, celle de l’Atlantique. Nous faisons une courte halte à une ancienne ferme transformée en attrape-nigauds avec vente de produits de la ferme venus d’ailleurs, promenades à cheval ou à dos de dromadaires. La route, étroite, en lacets serrés, est en corniche mais les falaises ne sont pas ensoleillées à cette heure. Nous avons Afrique-du-Sud-5583.JPGune vue superbe sur la baie presque fermée de Hout bay. Nous allons au port de pêche, celui fréquentable par les touristes car le vrai, l’industriel est une abomination olfactive ! Les boutiques habituelles attendent les visiteurs. Nous ne visitons que celle qui propose des produits comestibles et nous en repartons avec un morceau de snoek fumé. Nous repartons, approchons du Cap et prenons la route qui monte à la station inférieure du téléphérique. Contrairement à nos craintes, il fonctionne normalement. Beaucoup de touristes ont eu la même idée que nous mais grâce à la carte prioritaire de Marie, nous pouvons stationner au plus près et éviter la queue. La cabine nous élève rapidement et attraction supplémentaire tourne autour de son axe au Afrique-du-Sud-5585.JPGcours de la montée. A plus de mille mètres, nous dominons toute la ville du Cap qui paraît alors bien petite, la baie et les installations portuaires, les pics qui balisent les limites de la ville à l’est et à l’ouest, les falaises dites des Douze Apôtres et de l’autre côté, mais un peu perdus dans la brume, la pointe du Cap et le cap de Bonne Espérance. Nous suivons un sentier empierré pour passer d’un point de vue à un autre avant de redescendre. Nous allons nous garer plus loin pour déjeuner. Nous avons pris de bons coups de soleil qui commencent à se faire sentir. Nous descendons Afrique-du-Sud-5588.JPGdans la ville, je me repère facilement et nous allons faire un plein de provisions au Pick n’Pay où nous avions déjà nos habitudes ! Garés sur un emplacement réservé handicapé, nous trouvons un papillon de contravention ! Le policier n’a pas cherché le macaron nous y autorisant là où il était, mais à droite à la place du conducteur local ! Nous repartons sur l’autoroute, une fois de plus en dAfrique-du-Sud-5602.JPGirection de Gordon’s bay mais cette fois nous continuons, passons un col. Nous sommes alors dans un paysage de collines couvertes de champs de blé à l’infini, moissonnés et broutés par de grands troupeaux de moutons. La circulation est beaucoup moins dense et la vitesse autorisée, pourtant sur une simple route à deux voies, est à 120 km/h, ce qui nous  permet une bonne moyenne. En mettant le cap au sud, nous traversons ensuite une lande déserte et monotone pour atteindre avant le coucher du soleil Agulhas et la pointe sud qui marque le point le plus austral du continent. Rien de spectaculaire, une plaque devant laquelle nous nous prenons en photo avant la nuit. Nous allons nous installer au camping mais le bureau est fermé et nous ne pouvons pas avoir la clé qui nous permettrait d’utiliser les installations ! J’aurais préféré rester bivouaquer au cap…

 

Mercredi 21 mars : Réveil encore plus matinal, à sept heures ! Le bureau du camping n’ouvrant qu’à huit heures et demie, nous n’attendons pas pour obtenir la clé des lieux d’aisance et retournons nous garer au cap, au bord de la mer, pour petit déjeuner et nous préparer. Marie tient à monter au phare mais, quand elle voit l’escalier, elle renonce… Je monte donc seul pour découvrir la vue sur la côte rocheuse et les dunes couvertes d’une lande. Nous repartons, coupons par un bout de piste qui traverse des fermes pour rejoindre la route d’Aniston. Une belle petite station balnéaire qui ne semble pas trop atteinte par Afrique-du-Sud-5614.JPGtourisme. Le vieux village, sur une dune au-dessus de la plage est un ensemble de charmants cottages chaulés donc étincelants et à toit de chaume. Il est habité par une population métissée, apparemment peu fortunée. Dommage que la collecte des ordures ne soit pas leur préoccupation principale. Le village moderne est construit en reprenant avec bonheur ce type de construction, les maisons sont plus « propres », plus pimpantes, trop… Nous roulons jusqu’à la falaise d’où un bout de piste ensablée amène au-dessus d’une grotte marine que nous nous contentons d’apercevoir d’en haut. Nous repassons à Bredasdorp où je refais un plein de bières au liquor store. On vend du vin au supermarché mais pas de bière ! La banque est fermée, je tire des rands avec la carte Bleue. Nous filons sur Stormsvlei par une route déserte sur des collines arides. Puis la route s’élève dans le Petit Karoo, nous retrouvons un paysage verdoyant et les vignes à perte de vue. Nous parvenons à Montagu. Un village ancien aligné le long de deux rues parallèles. A première vue, les maisons sont belles, de style victorien avec les dentelles de bois blancs sur l’arête faîtière ou autour de la véranda, mais en y regardant bien, elles sont peu nombreuses. Après être passés à l’office du tourisme pour que Marie complète sa collection, nous allons déjeuner à la sortie de la ville pas suffisamment à l’ombre pour ne pas étouffer de chaleur. Nous retournons dans le centre à la recherche d’un cybercafé mais à cette heure, seuls des touristes se traînent dans les rues et les commerces sont fermés. Nous trouvons un café avec un jardin au frais et le wifi. Un Coca et trois-quarts d’heure plus tard, nous n’avons réussi qu’à lire le message de Julie sans pouvoir lui répondre. Pour rejoindre Matjiesfontein je décide de passer par la piste directe. Nous ne sommes pas certains de ne pas nous perdre aux carrefours mais nous avons tort, nous ne faisons pas suffisamment confiance au service des routes, la piste est excellente et des panneaux aux carrefours nous renseignent. La piste s’enfonce dans des montagnes, passe un col, traverse des étendues désertiques mais nous roulons toujours entre deux clôtures. Nous retrouvons la route nationale et des défilés de camions monstrueux, souvent avec deux Afrique-du-Sud-5620.JPGremorques. Nous arrêtons à Matjiesfontein, une ancienne halte sur la voie ferrée. Les maisons européennes, toutes d’un côté de la voie ferrée, ont été restaurées avec grand soin, la banque, la poste, le pub et l’hôtel où on cultive le souvenir de la reine Victoria. L’Union Jack flotte fièrement sur la plus haute tour de l’hôtel. Les musées sont fermés, nous envisageons de passer la nuit sur le parking entre la gare et les maisons de ce village-musée. Nous demandons, par politesse, la permission au gérant de l’hôtel : « Non » sauf si nous prenons une chambre ! Furieux nous continuons jusqu’à la ville suivante, Laingsburg, une halte importante pour les chauffeurs de camions. Le camping est fermé mais nous trouvons un emplacement, au calme, derrière une station-service.

 

Jeudi 22 mars : Il n’est passé que trois convois ferroviaires dans la nuit, à une dizaine de mètres du camion mais nous n’avons pas pu les ignorer. Les camions ont fait chauffer leurs moteurs au petit matin, le calme est revenu ensuite… Nous nous levons donc tôt et prenons la route qui devient une piste en direction de Calitzdorp, en traversant des montagnes désertiques, caillasses et buissons. Seules les éoliennes et les clôtures grillagées témoignent d’une activité humaine. Nous franchissons un col entre des échines rocheuses rosâtres avant de rouler dans une étroite vallée plus verdoyante où les vergers se succèdent. Nous pensions que le Seweweekspoort était un col, c’est une très longue et Afrique-du-Sud-5623.JPGétroite gorge entre des falaises rouges, dans le lit à sec d’un ruisseau. De curieuses plantes, une variété d’aloès, un tronc de palmier et au sommet une sorte de plante grasse, jaillissent des épineux et des buissons. Nous retrouvons la plaine et parvenons à Calitzdorp, ancienne ville sans grand intérêt, à l’exception de quelques maisons victoriennes. Nous sommes à Oudtshoorn, capitale de l’autruche, pour midi. La ville est plus importante, les rues tracées au cordeau se coupent à angle droit et nous trouvons facilement l’auberge Oasis Shanti où nous pouvons camper dans le jardin. Nous avons toutes les facilités dont le wifi et nous sommes les seuls. Nous déjeunons sur une table puis je vérifie qu’effectivement nous pouvons nous connecter.  Nous pouvons avoir des nouvelles du monde et notamment de la campagne électorale, plutôt rassurantes avec le maintien de Hollande en tête. Il fait chaud mais nous repartons à deux heures pour nous rendre à l’office du tourisme puis au musée tout proche. Bien poussiéreux mais les salles où ont été reconstituées une banque, une pharmacie et la synagogue sont intéressantes sans compter celle réservée à la gloire locale, l’autruche ! Nous apprenons tout sur les vertus de sa viande, l’utilisation de ses plumes et ses caractéristiques. Nous reprenons la voiture et allons nous garer devant une Afrique-du-Sud-5625.JPGmaison ancienne, un « palais » d’un des rois de la plume, un certain Leroux. La maison de style victorien est superbe, un délire de décoration, de coquetteries de fer forgé découpé et peint en blanc tout autour de la véranda. L’intérieur est moins agréable, meubles lourds, décoration surchargée et manque de lumière. Nous partons à pied pour un grand tour afin de découvrir d’autres maisons, tout aussi belles, parfois cachées derrière des pelouses, des arbres tropicaux, des bambous et des bougainvillées. Nous rentrons épuisés à notre auberge nous reposer en surveillant les cieux bien inquiétants en fin de journée. Pas de nouveau message de Julie.

 

Vendredi 23 mars : Levés à sept heures, c’est pour contempler un ciel uniformément gris dans lequel flotte une montgolfière ! Nous réussissons à partir à neuf heures en prenant la route du col de Swartberg. Les élevages d’autruches sont très nombreux. Les gros oiseaux, placides, attendent d’être transformés en plumeaux, trucs en plumes et sacs de dames. La piste succède à la route, pas très large et en lacets serrés, elle nous emmène vers le sommet. La vue sur la plaine, sans soleil est décevante. Des protées, grosses fleurs dont nous avions entendu parler, finissent de s’étioler sur le bord de la route. Nous montons Afrique-du-Sud-5641.jpgsuffisamment pour atteindre les nuages. Nous arrêtons au col pour ne rien voir mais des motards afrikaners nous offrent des rondelles d’un excellent biltong de bœuf, pas sec, presque digne d’un magret séché… Nous entamons la descente et retrouvons le soleil ! Les nuages sont restés accrochés aux sommets. Nous dégringolons dans de belles gorges entre des falaises aux strates tourmentées. Nous retrouvons le goudron et faisons un détour jusqu’à Prince Albert. Encore une de ces jolies petites villes où les maisons anciennes, victoriennes ou hollandaises, ont été amoureusement restaurées. Bien entendu, comme dans les autres villes traversées, le township, à quelque distance de la ville « blanche » n’a pas bénéficié des mêmes soins, même si des améliorations sont parfois notables, électricité, panneaux solaires ou réservoirs d’eau. Dans la ville « blanche », celle que nous visitons, on pourrait se croire en Europe avec des immigrés noirs pour les tâches peu qualifiées. Nous repartons, passons les belles gorges, sans eau aux cascades, de Meirings Poort que nous avions cru être un col d’après les cartes et les indications. Il existe une certaine ambigüité entre les termes en afrikans et en anglais. Au débouché nous retrouvons un ciel gris. Nous filons en direction de Graaff-Reinet, sur le plateau désertique. Rapide halte pour déjeuner puis nous avançons à bonne allure. En approchant des montagnes, le ciel devient de plus en plus noir, le tonnerre s’entend au lointain et des éclairs strient le ciel. Les dieux ne sont pas encore tombés sur la tête mais ils semblent fâchés… Nous essuyons quelques gouttes de pluie avant la ville. Nous avons le temps de passer à l’office du tourisme nous faire délivrer quelques brochures puis nous repérons le terrain de camping, retournons dans le centre-ville réserver une table au restaurant et trouver la laverie automatique. Nous nous installons au camping juste à temps pour recevoir les beaux grêlons d’un bel orage. Nous ressortons pour aller dîner au restaurant Coldstream, dans une maison victorienne au fond d’un jardin. Le cadre est agréable, la clientèle blanche, le service assuré par de plantureuses jeunes femmes noires. Marie commande un pavé de 300g d’autruche et moi trois steaks de bœuf, d’autruche et de springbok. La cuisson est parfaite, la viande juteuse et le Cabernet Sauvignon gouleyant à souhait. Ce n’est pas de la grande cuisine malgré les prétentions de la carte (champignons farcis aux escargots aillés, recouverts de cheddar !). L’addition est tout de même (relativement) élevée pour des grillades…

 

Samedi 24 mars : Il n’a pas trop plu dans la nuit mais le ciel est toujours gris. De facétieux petits singes vervet s’amusent autour du camion. Nous nous dépêchons de nous rendre à la laverie automatique. J’y laisse Marie pendant que la machine tourne et vais changer des euros à la banque. La première n’assure pas le change aujourd’hui, la seconde est opérationnelle. Nous laissons ensuite le linge dans le séchoir et reprenons la voiture pour aller nous garer plus près du centre. Nous visitons le musée Hester Rupert qui renferme une belle collection de peintures et de sculptures d’artistes sud-africains. Les influences européennes sont évidentes mais les résultats sont souvent séduisants. Nous retournons chercher le linge et revenons nous garer dans la rue entre le Drostdy, l’ancienne résidenceAfrique-du-Sud-5655.JPG d’un magistrat administrateur de province et la maison Reinet, toutes deux superbes exemples de l’architecture dite Cape Dutch avec leurs pignons à volutes en façade. Toutes les maisons de la rue sont anciennes, sans étage mais avec une galerie supportée par des colonnes sur le devant, fermée par un muret, le stoep, et qui me semble l’endroit idéal pour y accueillir un fumeur de cigare dans un confortable fauteuil… Nous visitons la maison Reinet, transformée en musée, chaque pièce à l’étage noble, est meublée dans le style rustique des premiers colons, le sous-sol présente les diverses activités de la cité. Dans la cour une vigne vénérable aurait le plus gros pied du monde ! Une dépendance abrite quelques carrioles centenaires. Nous visitons une autre maison à l’arrière de la première mais elle ne présente pas un intérêt supplémentaire. Nous reprenons la voiture pour aller nous garer près du supermarché et refaire un plein de provisions. Le ciel se dégage, le soleil revient et nous encourage à nous rendre dans le parc national de Camdeboo, à la sortie de la ville. Il entoure un lac de barrage et nous espérons y voir une faune que nous n’avons pas encore rencontrée dont des buffles. Nous nous garons près d’un mirador d’où nous n’apercevons aucune présence animale… Après déjeuner, nous roulons à très faible allure sur les pistes du parc. Dans une végétation principalement composée d’épineux dissuasifs, nous apercevons un grand troupeau d’élans du Cap puis des autruches et des springboks en grand nombre. Sur une Afrique-du-Sud-5660.JPGpiste circulaire, diverses antilopes dont des gnous très excités et des bubales se mélangent mais restent méfiants et à bonne distance de la piste. Point de buffles ni de zèbres… Nous refaisons un tour mais les animaux se sont cachés, peut-être à cause de la pluie revenue et qui ramollit la terre de la piste. La voiture commence à être couverte de boue. Nous ressortons du parc, revenons au camping où nous retrouvons Guy et Marie-Jo. Nous repartons ensemble pour la désolante Vallée de la Désolation. La route qui y monte est dans les nuages et nous ne verrons presque rien des amas de grès rouges qui forment des colonnes, des tours déchiquetées. Nous revenons penauds au camping où nous prenons l’apéritif ensemble dans notre camion tandis que le ciel tonne. Dîner tardif puis écriture de ces lignes. Je pense à Julie qui doit être à l’anniversaire de Johanna à Toulon.

 

Dimanche 25 mars : Puisque nous nous sommes couchés plus tard hier soir, nous nous autorisons trois quarts d’heure de grasse matinée… Il a encore plu dans la nuit et ce matin le ciel est à demi couvert et donc à demi ensoleillé. Guy m’installe un logiciel qui me permet d’avoir une cartographie très détaillée de l’Afrique et en particulier des régions que nous aurons à traverser. Nous nous séparons et promettons de nous retrouver dans quelques jours au Lesotho. Nous allons nous garer en ville et partons pour une promenade à pied dans les rues bien calmes de ce dimanche matin. Nous admirons toutes ces belles maisons hollandaises, victoriennes ou géorgiennes, alignées le long de rues paisibles, larges comme des avenues et ombragées par des flamboyants. Je vais faire quelques emplettes au supermarché puis nous repartons et prenons la route de Cradock. La circulation est toujours aussi rare, la route rectiligne sauf dans les cols qui permettent de passer d’une vallée à une autre. Au moment de déjeuner, je constate que l’indicateur du niveau des batteries auxiliaires est dans le rouge, je cherche la raison, crois la trouver dans un fil de masse défectueux. Nous repartons et atteignons le parc national de Mountain Zebra. Nous en franchissons l’entrée et, à petite vitesse, nous nous dirigeons vers le bureau du parc situé à Afrique-du-Sud-5702.JPGquelques kilomètres. Nous apercevons quelques antilopes et enfin des zèbres qui nous présentent surtout leur postérieur aux larges bandes rayées. Nous pouvons camper au terrain proche du bureau. Nous laissons la table et les fauteuils pour marquer notre emplacement et partons faire une grande boucle. Le parc occupe une région de collines ou de basses montagnes tabulaires. La piste grimpe sur l’une d’elles et les débuts sont peu prometteurs : rien en vue. C’est sur le plateau que nous verrons dans les herbes jaunies des troupeaux entiers de grandes antilopes, souvent mélangés avec des zèbres de montagne au museau rouge et quelques dédaigneuses autruches. Gnous préhistoriques, bubales aux cornes en forme de lyre, springboks, élans du Cap goitreux au garrot Afrique-du-Sud-6348.jpgproéminent et aussi d’élégants kudus aux longues cornes en tire-bouchon et aux grandes oreilles, ne s’occupent guère de nous et continuent de brouter mais à bonne distance toutefois. Toujours pas de buffles ni de rhinocéros. Peut-être demain… Nous rentrons presque à la tombée de la nuit en découvrant encore des kudus et des zèbres dans les taillis proches du campement. Il a recommencé à pleuvoir en fin d’après-midi, des éclairs strient le ciel, le tonnerre retentit et des gouttes de plus en plus grosses tombent. A peine installés au camping, une responsable des gardes vient nous avertir que Marie-Jo et Guy ont cherché à nous joindre. Elle les appelle sur son portable et nous apprenons que leur voiture a été emportée lors du franchissement d’un gué trop profond suite aux pluies diluviennes de ces derniers jours dans le parc de Camdeboo. Nous les assurons que nous reviendrons demain les retrouver et les assister à Graaff-Reinet. Les problèmes de batterie persistent mais pas question d’examiner les connexions sous l’orage. Nous corrigeons le texte puis dînons en pensant aux malheureux qui ont voulu rejouer « 20 000 lieues sous les mers »… Ce n’est pourtant pas l’année Jules Verne…

 

Lundi 26 mars : Je me réveille et me lève avec le jour. Les autochtones sont aussi matinaux et ils ne manquent pas de commencer la journée en allumant le braai, le barbecue local, une institution, un repère identitaire afrikaner, pour y faire griller les incontournables saucisses du petit-déjeuner. Ils en ont été frustrés par l’orage de la veille et le beau ciel bleu d’aujourd’hui les ravit, nous aussi ! Nous essayons de démarrer tôt pour aller porter secours à nos amis à Graaff-Reinet. Mais nous tenons à faire un dernier tour dans le parc avant de reprendre la route. La piste de la boucle sud s’enfonce dans une étroite vallée sans la moindre trace d’animaux avant de grimper sur le plateau révélant une vue sur les « Vertes Collines d’Afrique » encore roussies. Au sommet les zèbres nous attendent sur le bord de la piste en petites bandes. Nous ne traînons guère et ne nous arrêtons que lorsque les animaux sont proches de la piste. Nous sommes pratiquement seuls à cette heure et le spectacle des troupeaux mélangés, dans les prairies, sous une lumière douce est digne desAfrique-du-Sud-5718.JPG images d’Epinal de l’Afrique. Marie aperçoit des suricates, un genre d’écureuil, dressés sur leurs pattes arrières, les antérieurs joints, dans l’attitude de guetteurs. Enfin nous sortons du parc et filons aussi vite que nous le pouvons en direction de Graaff-Reinet. Nous y sommes avant midi et, comme convenu, nous retrouvons Marie-Jo, visiblement éprouvée après son aventure, lorsque leur voiture a été emportée par un ruisseau en crue dont le niveau avait atteint plus de 1,5 mètre et que nous avions traversé l’avant-veille, alors un simple filet d’eau. Ils s’étaient retrouvés debout sur le capot après s’être échappés par les fenêtres, à attendre la venue des secours. Je repars sur la piste en direction du gué mais avant d’y arriver, je croise le convoi des véhicules qui sont allés sortir leur véhicule de son bourbier. Nous le suivons au garage où aussitôt une pléthore d’ouvriers s’affaire à tout démonter pour sécher, nettoyer l’intégralité du camion. Nous embarquons dans le nôtre tout ce qui était dans le leur et qui est encore humide et plein de boue. Nous allons au camping où Marie-Jo et Guy sont logés gratis par le directeur du parc. Nous déjeunons puis débarrassons du plus gros de la boue leurs vêtements avant de les porter à la laverie. Nous repassons au garage où le désossage, très spectaculaire, de leur camion, se poursuit. Nous allons rechercher le linge nettoyé et séché puis rentrons au camping alors que le ciel redevient menaçant. Un apéritif suivi d’un dîner dans notre camion termine cette épuisante journée.

 

Mardi 27 mars : Réveil sous un ciel encore couvert. Toute la journée des gouttes de pluie alterneront avec de pâles éclaircies. Nous repartons avec nos passagers pour le garage où le désossage de la Land se poursuit. Je fais réparer l’attache du capot qui menaçait ruine et nous emmenons Guy et Marie-Jo à la police faire une déclaration de perte de documents puis régler leur remorquage depuis le gué. Retour au garage où je fais poser une seconde plaque d’immatriculation, simplement collée, pour remplacer l’autre devenue illisible depuis la mise en conteneur. Nous retournons au camping pour déjeuner dans le camion, les tables et bancs sont trop mouillés pour pique-niquer à l’extérieur. Nous allons nous garer en ville, tout d’abord acheter du biltong de bœuf point sec et ensuite nous cherchons un cybercafé. Nous trouvons notre bonheur dans une sympathique librairie-bibliothèque-agence de voyage. Nous pouvons lire les messages. Un de Duncan nous apprend que le beeper envoyé quatre mois auparavant est arrivé ! Julie nous raconte son week-end. Nous répondons et mettons à jour le blog non sans problèmes de version de Word. Nouveau passage au garage où les bavettes que je voulais faire poser ne sont pas arrivées. Ce n’est pas encore aujourd’hui que nous reprendrons la route ! Nous allons refaire des courses au supermarché avant de revenir nous installer une nuit de plus au camping. Occasion de reprendre un apéritif avec les bouteilles que Marie-Jo et Guy nous ont données avant de dîner chacun dans son coin

 

Mercredi 28 mars : Il a plu toute la nuit et cela continue ! Nous abandonnons nos amis à leurs opérations de nettoyage et de séchage avec la promesse de nous retrouver au Botswana quand leur voiture sera remise en état… Nous repassons au garage mais, faute de bavettes, nous reprenons la route sous la pluie. Nous passons par Middleburg pour varier et éviter la route de Cradock et ses attentes aux travaux routiers. Nous ne voyons pas grand-chose de ce Karoo monotone. Nous nous dirigeons ensuite vers Elliot, sur une route plus étroite mais toujours limitée à 120 km/h ! Doubler ces monstrueux camions à double remorque (22 mètres de long !) est quasi impossible, la visibilité est nulle dans les « embruns » qu’ils soulèvent. Les bourgades que nous traversons sont encore plus sinistres sous la pluie et dans la grisaille. Elles sont toujours précédées et/ou suivies à un ou deux kilomètres de déprimantes townships aux maisons, des simples cubes de briques crues à toit de tôles, toutes semblables, alignées en rangs d’oignon, évocation de villages de regroupement ou de réfugiés. La population de ces bourgades est désormais quasi intégralement noire, pas de Blancs, peu de métis. A Elliot nous cherchons à nous renseigner sur la situation de peintures rupestres à proximité. Nul n’est capable de nous renseigner, pas même aux services culturels et artistiques de la ville où de peu accortes matrones ont bien du mal à soulever une paupière pour me regarder sans répondre à mes salutations ! Nous continuons donc en direction du col de Barkly. La pluie a cessé et un très timide rayon de soleil éclaire brièvement les chicots ocre ou rosâtres qui surgissent de montagnes couvertes d’une lande écossaise que broutent des mérinos. Avec un franc soleil ce serait un magnifique paysage… Je parviens à me renseigner dans un lodge et peu après le sommet, nous tAfrique-du-Sud-5752.JPGrouvons un chemin de terre qui nous amène à une ferme. Les employés ne savent pas où est le patron, il arrive peu après et nous indique aimablement l’abri sous roche, derrière sa maison. Sur une trentaine de mètres sont peintes en rouge et plus rarement en ocre ou en gris, des scènes de troupeaux d’antilopes et de gazelles, de chasses à l’arc ou des personnages munis de boucliers, de carquois avec les flèches. Difficile de décrypter, les peintures se superposent, les détails s’estompent et la lumière se fait rare mais l’ensemble est magnifique, digne des plus beaux sites du Tassili. L’automne a habillé de couleurs chaudes les peupliers (?) qui forment des touches oranges ou rouges sur le vert des prairies. Nous descendons jusqu’à Barkly East où nous parvenons à nous faire ouvrir le Caravan Park en demandant dans le bourg déjà endormi. Nous sommes à plus de 1800 mètres d’altitude et la température est fraîche ! Nous allons devoir ressortir chaussettes et pull-overs…

 

 

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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 16:04

Mardi 25 octobre : Le vent n'a pas faibli et nous supportons K-way ou blouson. Les "Azalaïens", déjà prêts, prennent congé. Nous nous retrouverons sans doute demain ou après-demain. Nous admirons le point de vue de notre presqu'île sur la baie, les dunes au 037-LUDERITZ-Baie.JPGnord et les chalutiers ancrés au large. Dommage qu'il y ait tant de vent, le site de ce camping serait exceptionnel. Mais il semble que le vent soit une constante du lieu ! Nous allons nous garer dans le (petit) centre ville. Je vais porter du linge à laver puis je parviens à faire tamponner le carnet de passage en douane à l'entrée en Namibie. Je vais changer des euros et une fois de plus, je dois essayer deux banques avant d'en trouver une dont l'informatique fonctionne... Le taux et la commission sont honnêtes, il n'y a qu'au Cap que nous étions escroqués ! Nous refaisons un plein de provisions dans un supermarché bien 043-LUDERITZ-Rglise-et-maisons.JPGmoins riche que ceux du Cap ou même d'une petite ville sud-africaine. Nous nous garons ensuite dans le quartier ancien. Il a conservé quelques maisons de la période coloniale allemande, des constructions qui, bien sûr, étaient sur le modèle des demeures cossues de la mère patrie. Elles ne sont pas nombreuses, la colonie n'était pas très importante mais je ne puis m'empêcher d'imaginer ce que devait être la vie de ces expatriés : leur ennui, l'encerclement du désert, les sables inhospitaliers, l'absence de ressources, de produits frais et ce vent permanent ! Nous nous rendons ensuite sur la presqu'île au sud-ouest de la ville. La bonne piste passe entre les pan, ces étendues salées052-LUDERITZ-Pan.JPG typiques de tout le Kalahari et la mer qui se brise sur des rochers noirs. Au bout de quelques kilomètres nous parvenons au Diaz Point d'où nous apercevons, sur l'îlot en face, une colonie de phoques assoupis, bien fatigués de leur pêche de la matinée, quelques-uns batifolant dans les vagues. Nous continuons de longer la côte avec quelques arrêts. De l'un, nous apercevons au loin sur un autre îlot des manchots totalement immobiles, sans doute figés par le vent ! Enfin nous atteignons une plage couverte de grandes algues noires et l'extrémité de ce que nous sommes autorisés à parcourir. Au-delà, c'est le territoire privé de la De Beers et pas question d'y rouler... Nous déjeunons sur le bord de l'eau puis rentrons en ville. Je vais faire un plein des jerrycans et du réservoir pour ne plus risquer la panne... Nous récupérons le linge, repassé, puis nous nous connectons pour trouver le dernier message de Julie. Nous repartons pour aller découvrir la ville minière fantôme de 064-KOLMANSKOP-Maisons.JPGKolmanskop mais les visites n'ont lieu que le matin ! Nous ne pouvons que prendre des photos de l'extérieur des anciennes maisons désormais plantées sur des dunes. Nous continuons en direction de Aus. Nous sortons de la zone sablonneuse et retrouvons les prairies couvertes de petites graminées jaunes. Nous y voyons de nouveau des autruches puis plus loin, aux jumelles, nous identifions un petit troupeau d'oryx, couchés dans la savane, éloignés de la route. Je quitte le goudron, roule dans leur direction. Méfiantes elles se lèvent, nous distinguons alors mieux leurs belles cornes toutes droites, les femelles sont suitées des jeunes de l'année. Nous les laissons en paix et repartons. Plus loin, nous faisons un petit détour pour approcher d'un point d'eau installé pour abreuver un troupeau de chevaux 081-AUS-Chevaux.JPGsauvages. Nous ne les avions pas vus de la route mais ils sont plusieurs centaines à brouter l'herbe. Deux groupes se dirigent à la queue leu leu vers le point d'eau, le chef en tête qui inspecte les lieux, boit puis laisse ses juments en faire autant avant de retourner en direction des montagnes. Un rêve d'indien Apache ! Nous arrêtons à Aus au camping, au calme dans les bougainvillées. Nous allons dîner au Banhof restaurant, très chic, trois couteaux, quatre fourchettes et deux cuillères attendent le gourmet. La carte est à la fois allemande (saucisses, choucroute et gibier) et locale (koudou, autruche et springbok en guise de gibier). Marie prend un ragoût d'antilope koudou et moi je me régale d'un eisben, un jarret croustillant, servi avec de la purée et de la choucroute et une sauce sucrée. Les plats sont trop copieux et nous n'en venons pas à bout, au contraire de la bouteille de Shiraz, gouleyant et tannique à souhait.. Retour dans la nuit noire, sous un superbe ciel dans lequel je ne sais plus reconnaître la Croix du Sud.

 

Mercredi 26 octobre : Nous partons pour une journée de piste afin d'être au soir à Sesriem. Persuadé, d'après les indications données par Christine hier, que la piste débute à la sortie de Aus, je m'engage sur une voie bien moins roulante que celles des jours précédents et qui va vite se diviser en de multiples possibilités. Je suis celle qui longe les poteaux télégraphiques. Marie commence à s'inquiéter... Au bout de quelques kilomètres, je me renseigne auprès du conducteur d'une camionnette qui nous ramène à la route principale. La bonne piste, bonne dans tous les sens du terme, était un peu plus loin. Nous filons donc rassurés entre les immenses domaines d'éleveurs. Le bétail, plutôt rare, ne manque pas d'espace... Il n'est certainement pas nourri à la farine de poisson ! Nous 090-BETTA-Oryx.JPGrevoyons des oryx, puis des autruches, solitaires ou en petites bandes, souvent éloignés de la piste. Nous bifurquons ensuite sur une piste secondaire mais toujours excellente pour passer entre une chaîne de petites montagnes, à notre droite, nues et aux reflets violet, et des collines à notre gauche rouge vermillon du sable qui les recouvre partiellement. Un oryx s'enfuit devant nous, piégé par la clôture, il galope à notre hauteur quelques instants puis nous l'abandonnons et le laissons reprendre son souffle. A un carrefour de pistes, nous reprenons du gasoil, c'est la seule station-service, restaurant, épicerie, à des dizaines de kilomètres à la ronde. Nous arrêtons pour pique-niquer peu après, à l'ombre d'un épineux. Dans l'après-midi, nous roulons toujours dans une mer de touffes serrées 098-BETTA-Zebres.JPGd'herbes jaunies qui cachent le rouge de la terre. Nous apercevons nos premiers zèbres à quelque distance. Nous quittons la piste pour les approcher en voiture, mais pas trop pour ne pas les inquiéter. Enfin nous arrivons à Sesriem. C'est de là qu'après avoir acheté un permis, on peut emprunter une route qui doit se faufiler entre des dunes de sable rouge. Une des attractions majeures de la Namibie. Le nombre de lodges, 100-SESRIEM-Campement.JPGde camping et donc de véhicules 4x4 qui y sont garés augure mal de la tranquillité du lieu ! Nous remettons à demain la visite... Nous apprenons que nos compagnons "azalaïens" sont au camping, nous profitons de leur emplacement et évitons ainsi d'être relégués en pleine brousse, à distance des commodités, car le camping est complet ! Nous allons nous connecter au cybercafé de la station-service. Obtenir SFR est toujours aussi aléatoire et je dois recommencer à plusieurs reprises le message que nous envoyons à Julie. Nous attendons jusqu'au coucher du soleil le retour des "Azalaïens" puis prenons ensemble l'apéritif mais dînons chacun dans son véhicule car il ne fait plus frais une fois le soleil couché. Nous prévoyons un lever matinal...

 

Jeudi 27 octobre : Nous nous levons avec le jour et pour une fois nous sommes les premiers partis. Le jour se lève sur ce magnifique paysage de création du monde. Des montagnes semblent surgir du néant au-dessus d'une plaine doucement éclairée. Des autruches qui ressemblent à des aspirateurs en folie quand elles courent, et d'innombrables 111-SOSSUSVLEI-Dune-et-lac.JPGgazelles, très élégantes, viennent de descendre de l'Arche de Noé. La vallée se rétrécit et nous roulons alors entre deux suites de collines de plus en plus couvertes de sable rouge .sur la route goudronnée qui traverse le parc. Nous continuons quelques kilomètres sur une piste, dans des ornières sablonneuses, entre des vraies dunes désormais, pour nous arrêter dans le salar, au milieu des acacias, au bord d'un lac d'eau saumâtre. Quelques véhicules 4x4 sont déjà là, des gens encore plus matinaux ! Nous 109-SOSSUSVLEI-Dune.JPGprenons notre petit déjeuner avant de nous lancer dans l'ascension de l'une des dunes qui nous entourent, celle que tout le monde escalade. Nous négligeons le chemin emprunté par tous en suivant la ligne de crête et préférons un sentier qui nous paraît plus accessible. Erreur ! La progression dans le sable est pénible et les derniers mètres sont particulièrement durs, surtout pour Marie. Un touriste vient nous aider à atteindre une crête mais Marie capitule là. Je dois encore grimper, presque à quatre pattes pour atteindre le sommet. La vue porte alors sur d'autres dunes, le lac en contrebas, le salar et la végétation qui parvient à pousser dans cet environnement. Nous sommes néanmoins déçus, nous n'avons pas la vision d'une mer de dunes comme nous l'espérions, rien à voir avec les grands ergs d'Algérie. La descente est plus aisée et nous retrouvons les sièges du camion avec soulagement ! Nous allons nous 137-SOSSUSVLEI-Dune-et-salar.JPGgarer au début d'un sentier qui au bout d'un kilomètre de marche nous conduit à un autre salar entouré de dunes. Nous aurions pris un plus grand plaisir à ce lieu si nous y avions été seuls mais il doit y avoir autant de monde qu'au Mont Saint-Michel un 15 août ! Les Français piaillent, les Italiens glapissent, les Allemands vocifèrent etc... Nous descendons sur le salar où des troncs noircis d'acacias morts, très photogéniques, contrastent violemment avec la blancheur éblouissante du sol craquelé. L'heure du déjeuner approche et les groupes repartent vite, nous avons enfin le site presque pour nous ! La marche a tout de même été épuisante, le sable commence à être chaud et le soleil ne se fait pas oublier. Nous repartons en emmenant un couple de jeunes Français en route pour un tour du Monde en avion. Nous les laissons sur le parking où ils récupèrent leur voiture de location et où n143-SOSSUSVLEI-Dune-et-salar.JPGous déjeunons. Nous nous reposons puis, Marie ne s'en sentant pas le courage, je pars seul en quête d'un autre salar perdu dans les dunes. Personne sur le sentier, je suis le seul à me hasarder en ce lieu perdu. Je fatigue vite mais ne veux pas renoncer et après une marche d'une demi-heure dans le sable puis une montée, je découvre en dessous de moi, la double étendue blanche où ne restent que de rares squelettes d'acacias. Décevant ! Retour au camion assoiffé ! Nous reprenons le goudron et revenons vers l'entrée du parc. Il est moins facile à cette heure dans la lumière crue de repérer les animaux. Nous nous arrêtons à la dune 45, ainsi appelée car au km 45 de la route, celle que les touristes avertis escaladent au lever ou au coucher du soleil. Il n'en est pas question pour nous ! Quelques acacias encore verts poussent à son pied. Nous progressons vers la 149-SOSSUSVLEI-Autruches.JPGsortie. Nous apercevons un beau troupeau d'autruches éloigné de la route et n'osons pas nous en approcher puisque nous ne sommes pas autorisés à sortir de la route. Nous allons voir une autre dune couverte de buissons puis le canyon de Sesriem. Un cours d'eau a creusé dans un agglomérat de sable et de cailloux, un canyon profond ainsi que des grottes et des trous dans la roche. Je vais m'y promener tandis que Marie reste à la voiture. J'ai des problèmes avec la glace de ma portière qui ne remonte plus normalement. Enfin nous quittons le parc et filons sur la piste en direction du bourg appelé Solitaire où nous pensons nous arrêter dans un camping. Peu avant d'y arriver, nous trouvons un camping dans une ferme, Weltevrede, où nous serons seuls. L'accueil, comme souvent aux stations-service, par le personnel des parcs, n'est pas particulièrement cordial.

 

Vendredi 28 octobre : Un chant s'élève de la ferme, une employée sans doute, il nous sert de chant du coq. Nous traînons, pas pressés. Nous reprenons la route sans avoir revu 156-SOLITAIRE-Carcasses.JPGpersonne. Nous arrêtons à Solitraire, hameau bien nommé, un campement, une station-service et un boulanger qui est très apprécié des piafs, assez hardis pour rentrer picorer les gâteaux jusque dans la boutique, sans s'en faire chasser. Quelques carcasses de véhicules anciens rappellent qu'il fut un temps où, en Afrique, on pouvait traverser ces contrées perdues sans un 4x4 climatisé... Nous continuons en direction du Nord. De temps à autre des autruches ou des springboks traversent la route ou nous regardent passer, indifférents. Un panneau signale la ligne de passage du Tropique du Capricorne. Nous nous y prenons en photo, une fois de plus nous franchissons un tropique ! La piste, moins bonne ce matin,159-TROPIQUE.JPG redevient très correcte mais elle traverse fréquemment les lits asséchés de rivières et de ruisseaux, ce qui en fait une suite de dos d'âne qui obligent à ralentir. Puis nous pénétrons dans des gorges, serpentons en corniche sur les flancs de montagnes couvertes d'une végétation de plus en plus dense, des buissons ou des épineux. Nous grimpons par un col sur le plateau central, laissant derrière nous un panorama sur les chaînes qui s'alignent jusqu'à l'horizon. Nous déjeunons à l'ombre d'un acacia mais j'inspecte les pneus avant de repartir et en retire quelques belles épines. Enfin un bout de goudron et nous atteignons Windhoek. Nous sommes vite dans le centre, les avenues sont larges et guère encombrées. Une première auberge n'accepte pas les campeurs motorisés, la seconde si, mais la place est chiche. Nous décidons d'aller voir le camping signalé à l'entrée de la ville. Nous allons nous installer à un emplacement, en attendant huit heures pour appeler Julie. La communication avec Skype est très mauvaise. Nous retournons nous installer et dîner d'une curieuse purée et de saucisses avant de nous coucher, très angoissés.

 

Samedi 29 octobre : Le bruit des avions et des véhicules sur la route proche nous a réveillés tôt. Il tombe quelques gouttes de pluie que j’espère non annonciatrices d’une saison des pluies précoce bien que, si nous rentrons… Nous allons nous garer au parking du centre commercial de la ville. Il y règne une grande animation. Une importante classe moyenne noire est venue faire des achats en prévision du week-end, la queue se forme devant les distributeurs automatiques des banques. Ce n’est pas seulement un supermarché Pick and Pay mais aussi une galerie marchande sur deux niveaux. Je ne manque pas de détailler les appâts des beautés locales, beaucoup sont fines, élégantes, il y en a autant de nattées que de décrêp164-WINDHOEK-Centre.JPGées. Quelques matrones fessues rappellent les origines du peuplement. Nous refaisons un  plein de ravitaillement que je rapporte au camion tandis que Marie m’attend dans le Mall. Je vais à l’auberge Cardboard backpackers où je parviens à trouver une place pour la voiture sur le minuscule terrain de camping. Je retourne à pied retrouver Marie, par des rues que de magnifiques flamboyants et des jacarandas en fleurs embellissent. Le centre-ville se réduit à bien peu, quelques immeubles modernes, des centres commerciaux, la campagne n’est pas loin. Nous empruntons LA  rue piétonne, Post street, entre deux galeries marchandes et allons dîner dans l’agréable jardin du restaurant Gourmet. Nous nous y offrons une débauche de gibier, des filets de springbox, d’oryx et d’autruche que nous avons bien du mal à différencier. Bien cuisinés mais sans m177-WINDHOEK-Herero.JPGarinade, les steaks tendres sont servis avec des spätzle pour Marie qui n’en raffole pas et une bonne sauce avec des fruits des bois pour moi. On retrouve là l’influence allemande. Partout les enseignes sont soit en anglais, soit en afrikaans soit en allemand. Nous continuons sur le petit parc public dit Zoo park, où les familles pique-niquent, les amoureux se font prendre e n photo et les enfants endimanchés se182-WINDHOEK-Cul.JPG salissent dans l’herbe. Nous remontons à la hauteur de l’église luthérienne de Christuskirche pour voir quelques anciens bâtiments coloniaux de l’époque allemande, rien de remarquable. Nous retournons à Zoo Park seul endroit encore animé. Tous les commerces ont fermé boutique, la ville est morte. Nous restons assis à écouter et voir danser une troupe folklorique qui s’y produit avec force trémoussements et pour moi à essayer de prendre en photo quelques personnes en costume traditionnel ou endimanchées. Nous allons prendre un soda dans la rue piétonne que seuls les touristes en quête d’animation, fréquentent puis nous rentrons à l’auberge. Une longue marche que n’apprécie pas Marie qui se plaint d’un genou capricieux. Nous profitons du wifi gratuit pour envoyer des messages et essayer d’acheter du crédit pour Skype ce qui n’est pas évident. Enfin nous dînons dans le camion puis écrivons les premières cartes postales avant que je ne m’occupe des photos et du texte.

 

 

Dimanche 30 octobre : Je suis réveillé dans la nuit et ne parvenant pas à me rendormir, je finis par reprendre l’ordinateur et envoyer un message à Julie . Le réveil est des plus agréables… Nous quittons l’auberge et commençons par faire la tournée des anciens183-WINHOEK-Vue.JPG « châteaux » construits pendant la période allemande. De simples burg, de vulgaires fortins transformés en hôtel ou résidence de luxe, sur des collines qui dominent Windhoek. Il y a autant d’animation que la veille, aussi après une visite de politesse à l’ancienne gare ferroviaire ornée d’une belle calligraphie gothique, nous sortons de la ville par une quasi autoroute qui devient vite simple route à deux voies. La circulation se raréfie bien qu’encore par vagues en sens contraire. Nous roulons dans le bush, une brousse suffisamment dense pour interdire toute vision de la faune. Seuls, un babouin qui s’épouille et un phacochère hagard, tous deux blasés, nous regardent passer sur le bord de la route. Trajet fatigant, monotone que ma mauvaise nuit rend dangereux. Je dois m’arrêter pour me réveiller. Ensuite c’est une excellente piste qui nous permet de prendre un raccourci jusqu’à Omaruru, bourgade endormie. Nous la traversons après un plein de gasoil par sécurité, depuis que j’ai raconté à Marie l’histoire des Hollandais morts de soif, en panne d’essence dans le cratère de Messun…Nous déjeunons rapidement puis continuons sur la piste. Le massif volcanique du Brandberg grossit à l’horizon et finit par occuper tout notre champ visuel. Nous nous dirigeons droit sur 194-DAME-BLANCHE-Vue.JPGle débouché d’un ravin où s’arrête la piste. Nous acquittons les droits d’entrée et de parking, puis nous nous voyons attribuer un guide obligatoire, un jeune homme en bermuda, très digne avec son stick, le cheveu tressé en fines nattes mais pas très souriant, de moins en moins quand il a compris que notre vitesse de croisière ne serait pas marathonienne… Nous devons parcourir deux kilomètres et demi, en remontant le lit d’un ruisseau presqu’à sec mais qui nous laisse tout de même189-DAME-BLANCHE.JPG la possibilité de nous mouiller les chaussures à deux gués… Le chemin est plaisant au début, nous foulons le sable ou le gravier du ruisseau, entre deux amoncellements d’éboulis rocheux. Le guide nous montre différentes plantes et nous indique leur utilisation dans la pharmacopée traditionnelle. Mais Marie commence à traîner la jambe et la continuation dans les blocs de roches devient vite pénible. Mais enfin nous sommes récompensés de notre persévérance et nous atteignons l’abri sous roche de la fameuse « Dame Blanche ». Une peinture pariétale ainsi nommée par l’abbé Breuil pas fichu de faire la d ifférence des sexes, puisqu’il s’agit d’un mâle ! Mais pouvait-il en être autrement d’un religieux qui de plus attribuait ce chef-d’œuvre aux Egyptiens ou à des Méditerranéens ! Nous sommes  confrontés à un panneau couvert de personnages et d’animaux datables entre 2000 et 6000 ans pour les plus anciennes. Il est aisé de reconnaître des animaux de la faune locale, des oryx, des 188-DAME-BLANCHE.JPGspringbok, des zèbres. Les plus récentes sont polychromes, notamment les représentations de personnages, femmes stéatopyges, chamans en transe etc… Les couleurs ne sont plus bien vives et beaucoup commencent à s’effacer. Nous ne distinguons pas les détails qui apparaissent sur les reproductions ou les dessins explicatifs placés à quelque distance. Mais enfin nous avons vu la « Dame Blanche » dont nous avions entendu parler dès le début de notre intérêt pour l’art pariétal quand nous étions en Afrique du Nord… Le retour est pénible, Marie, fatiguée, peine, trébuche, pousse ses cris énervants à chaque faux pas mais en mettant le double du temps normal, nous finissons par y arriver. Nous apprenons qu’un autre véhicule « azalaï » a été vu nous attendant puis, lassé, est reparti !  Nous ramenons sur la route notre guide qui nous quémande du pain puis nous cherchons le lodge où nous pourrions camper. La piste pour y parvenir est plus longue que prévu. Nous apprenons que des éléphants de rivière y sont fréquemment vus dans le terrain de camping ! Nous allons nous y installer juste avant la tombée de la nuit. Nous y retrouvons Marie-Jo et Guy, abandonnés par les autres, partis pour le Botswana. Nous prenons le pastis ensemble, évoquons nos possibles projets mais tout dépend encore du coup de fil que nous devons avoir mercredi avec Julie. Je suis très excité à l’idée que les éléphants pourraient venir autour du camion dans la nuit ! Après dîner je dois encore taper mon récit alors que Marie ne résiste pas longtemps…

 

Lundi 31 octobre : Les éléphants ne sont pas venus dans la nuit. Dommage ! Guy et Marie-Jo repartent pour faire le tour du Brandberg puis descendre sur la côte. Nous devrions les retrouver en compagnie des « azalaïens » qui arriveront après-demain à Walvis bay où ils récupèreront leurs voitures. Nous utilisons les commodités du camping, plutôt sommaires mais à ciel ouvert, au milieu d’une vaste étendue ombragée par des acacias centenaires. Nous passons payer au lodge, la réceptionniste afrikaner est d’une extrême froideur, décidément il y a un problème d’accueil dans les lodges ! Nous reprenons notre route de la veille, repassons à Uis où je refais un plein de gasoil. Marie voudrait bien une carte postale de la « Dame Blanche » mais il n’y en a pas ! Cela et d’autres choses qu’elle se refuse à reconnaître, la mettent de mauvaise humeur pour la journée. Nous bifurquons ensuite en direction du sud. Le bush est toujours aussi touffu mais ce ne sont plus 219-AMEIB-Bidonville.JPGd’immenses propriétés d’éleveurs qui se suivent. Pas de clôtures, mais des maisons de tôles récupérées dans des fûts déroulés et de ramassis divers, éparpillées dans la brousse et des villages misérables. Nous entrons dans une propriété immense pour aller voir le site de la grotte Philips. Nous devons montrer patte blanche à l’entrée, nous faire enregistrer avant de rouler encore dix kilomètres pour arriver au lodge, une oasis de verdure et de fleurs dans le désert, entourée de roches dénudées. Je suis accueilli par une charmante vieille dame allemande et ses innombrables chats. Nous décidons d’y passer la nuit, au terrain de camping, bien équipé, comme partout en Afrique australe, vaste emplacement avec espace barbecue… et ici une petite piscine avec des chaises longues sous un abri couvert de chaume. Après avoir déjeuné, pour une fois en dehors du camion, nous nous installons sous l’abri et corrigeons mon texte. Nous repartons, les yeux grand ouverts dans l’espoir, vain, d’apercevoir au moins une des vingt girafes qui se trouvent dans le domaine. Il en sera comme pour les éléphants… Nous roulons jusqu’au parking d’où je pars seul pour me rendre à la grotte 199-AMEIB-Grotte-Philips.JPGPhilips. Le chemin dans des éboulis, en montée puis en descente et enfin après la traversée d’une plaine, puis de nouveau en rude montée, aurait été trop dur pour Marie encore fatiguée de la veille. Au bout d’une demi-heure de transpiration j’accède enfin à la grotte, en fait un bel abri sous roche. La vue sur les montagnes est superbe. Ceux qui avaient décidé de peindre là des scènes de cérémonies magiques (?) avaient choisi un bel endroit. Je remarque aussitôt, sur la paroi, un superbe éléphant blanc sur lequel se superposent d’autres peintures, plus ou moins effacées, le long cou 217-AMEIB-Rocher.JPGd’une girafe à la tête délicate, l’arête de son cou soulignée par sa crinière nettement tracée. Un autre panneau aligne de nombreux personnages dont semble-t-il un shaman et plus à droite une représentation délicate d’un archer devant une belle autruche. Les peintures sont tout de même peu visibles et j’en reviens légèrement frustré d’autant qu’aucune explication ou analyse n’est fournie ! Après un dernier coup d’œil sur le panorama j’entame le retour, plus facile que je ne le craignais. Nous repartons et allons jusqu’au bout de la piste pour atteindre un cirque de montagnes où se trouvent éparpillées de grosses roches rondes qui semblent simplement posées, prêtes à rouler sous le coup d’une queue de billard céleste. Une falaise évoque une tête d’éléphants vue de face, d’autres sont supposées représenter des bovins mais ce n’est pas aussi évident. Retour au camping au coucher du soleil.

 

Mardi 1er novembre : Nous quittons le domaine sans voir les girafes, tout juste quelques babouins, des mâles imposants et des femelles avec leurs petits accrochés sous le ventre qui traversent la route devant nous. Nous revoyons ces campements misérables aux portes du domaine, sans savoir s’il s’agit de ceux des employés. L’apartheid a disparu mais la ségrégation continue et si les centre villes ne sont plus interdits aux Noirs, il y a toujours une ville « blanche », plus ou moins métissée désormais et à quelque distance une ville « noire », sans aucun Blanc ! La route,  monotone, traverse le veld, des étendues de brousse, partagées entre éleveurs. En approchant de Swakopmund, la végétation disparaît, cède la place au sable, des dunes couleur orange, apparaissent sur notre gauche. Nous traversons la ville à la recherche d’un emplacement dans un camping. La première auberge n’accepte pas les campeurs, la seconde est chère pour un service minimum. Nous retournons dans le centre-ville et trouvons un cybercafé. La connexion est si lente, qu’au bout d’une heure, dont la moitié gracieusement offerte quand nous nous sommes plaints de la lenteur de la connexion, nous n’avons réussi qu’à lire le message de Julie et celui de Pierre et Marie-Danièle, nous précisant leur heure d’arrivée. Celui de Julie nous démonte ! Et Julie semble compter sur notre retour  ! L’idée de devoir abandonner ce périple, de devoir 223-SWAKOPMUND-Jetee.JPGretourner au Cap me démoralise complètement et je vais être d’une humeur massacrante le reste de la journée.  Nous allons nous garer en bord de mer pour déjeuner dans le camion. Pas question de pique-niquer à l’extérieur, le vent est glacial ! Des jeunes débarquent d’un bus scolaire, tout heureux de découvrir la mer, de s’y tremper les pieds mais l’eau doit être glaciale ! Nous longeons le bord de mer, coquettement aménagé pour le plus grand bénéfice des touristes allemands, nombreux à fréquenter cette ancienne colonie du Reich. Aspect nettement cultivé par la municipalité et les marchands de souvenirs. Nous faisons le tour des anciens bâtiments du début du XX° siècle, la gare, 228-SWAKOPMUND-Maison.JPGmajestueuse, transformée en hôtel de luxe, avec une piscine en lieu et place des rails puis divers bâtiments, restaurés et reconvertis. Les panneaux, publicités, réclames, sont en allemand ! Nous repartons pour aller à Walvis bay nous chercher un camping. La route goudronnée passe entre une plage interminable, mais déserte, et des dunes de sable orangé. Diverses activités y sont proposées : buggy, monoski sur les dunes, randonnées en 4x4. La traversée des dunes jusqu’à Sandwich Harbour, prévue se fera certainement sans nous… Nous sommes vite à Walvis bay, traversée de part en part sans y avoir trouvé le centre. Une ville de maisons individuelles, sans cachet particulier, une sorte de ville américaine, très étendue et sans caractère. Nous trouvons un camping à l’autre extrémité de la ville. Munis d’un plan, nous trouvons le centre et ses commerces. Nous nous rendons dans une agence de voyage qui nous renseigne sur les surtaxes et tarifs des billets d’avion pour rentrer rapidement à Paris. Nous remettons à demain la décision. Je passe au supermarché Pick and Pay puis nous revenons au camping en longeant le bord de mer qui serait un lieu de promenade fort agréable s’il n’y avait pas ce maudit vent ! Une lessive, un plein d’eau nous occupent avant de nous connecter à internet. Impossible de lire notre messagerie ou de recréditer notre compte Skype, tout au plus je parviens à laisser un message sur le répondeur du téléphone portable de Julie, toujours fermé ! Le dîner dans le camion est sinistre, rien ne va. Marie flanque le saladier par terre, je casse un œuf. L’horreur !

 

Mercredi 2 novembre : Au réveil, de bonne heure, je rumine mes idées noires habituelles mais j’ai intégré l’idée de devoir rentrer et si je n’en suis pas ravi, j’essaie de prendre sur moi. A neuf heures, huit pour elle, nous appelons Julie sur Skype. Elle nous dit clairement qu’elle souhaite notre retour. Vu l’heure nous décidons d’aller à l’aéroport accueillir Marie-Danièle et Pierre. La route qui y mène est en plein désert, entre de vraies dunes de sable, pas des montagnes couvertes de sable… L’aérogare est minuscule et les renseignements incertains. Leur avion n’est pas programmé, celui de Johanesbourg est en retard, impossible de savoir de combien… Nous patientons une heure puis repartons en laissant un message pour eux au chef d’escale. Nous allons directement à l’agence de voyage de la veille et faisons modifier notre billet de retour du Cap, pour être rentrés lundi. Plein de gasoil, change d’euros et visite au supermarché pour acheter les provisions des jours suivants. Nous rencontrons Guy et Marie-Jo à qui nous expliquons que nous devons rentrer en France. Nous allons nous garer sur le bord de mer pour déjeuner dans le camion, à l’abri du vent et enfin nous prenons la route du retour. Nous avons décidé de passer par la piste la plus directe qui évite Windhoek. Elle est large et roulante mais la tôle ondulée est dure et même en tenant le 90 km/h, nous sommes233-KUISEB-Gorges.JPG comme la pulpe dans une bouteille d’Orangina ! Je m’aperçois au bout de plus de cent kilomètres que le toit n’a pas été baissé, ou qu’il s’est relevé… Progressivement, le sable cède la place au veld, les touffes d’herbes apparaissent, grossissent, deviennent buissons, des arb ustes suivent le cours des ruisseaux disparus, des collines puis des montagnes basses se profilent. Nous entrons dans Kuiseb pass, ce qui ne veut pas forcément dire col mais tout passage où la route zigzague en montée ou en descente, plonge dans des gorges et/ou remonte sur un plateau. Les strates des montagnes sont soulignées par le velours doré des graminées qui les couvrent. Nous 234-SOLITAIRE-Zebres.JPGrevoyons des animaux, des zèbres curieux et des gazelles apeurées avant de retrouver le carrefour de Solitaire où nous décidons de nous arrêter bien qu’il ne soit pas tard. Nous nous installons à l’ombre d’un arbre et sortons table et fauteuils, à l’abri du vent. Il fait une chaleur desséchante que nous avions oubliée dans la fraîcheur du bord de mer. Un gin-tonic s’impose au coucher du soleil. Nous voulons dîner dehors, j’allume la lampe extérieure et nous voici envahis de centaines d’insectes qui vrombissent, sifflent, crissent et se permettent même de nous heurter ! Nous éteignons mais alors on ne voit plus rien de ce qui est dans les assiettes…

 

Jeudi 3 novembre : Nous sommes réveillés tôt, une longue route nous attend, nous ne traînons pas mais nous n’oublions pas de passer chez le boulanger-pâtissier, un sympathique géant qui, à en croire son tour de taille, doit tester sur lui sa production et finir chaque soir les invendus. Nous lui achetons quelques gâteaux pour ce soir. Nous reprenons la piste, elle vient d’être reprofilée et nous nous envolons dessus. Je ne perds pas de temps à essayer de voir la faune et seuls quelques babouins qui traversent la route nous font arrêter un bref instant. Nous retrouvons le goudron à Maltahöhe et ne le quitterons plus désormais. Les kilomètres passent, nous faisons une bonne moyenne. C’est ensuite la grande route de Windhoek au Cap, peu fréquentée, fastidieuse, absolument rectiligne, dans un paysage plat, sans aucun intérêt. Je sors de la route pour refaire un plein de gasoil à 238-TSES-Bidonville.JPGTses, occasion de traverser une misérable bourgade dont la majeure partie des habitations sont des bidonvilles au sens strict du terme. Un projet d’assainissement a pourvu les habitants de latrines construites en dur, colorées, presque coquettes, à côté des masures infâmes ! Encore des kilomètres en ligne droite et c’est enfin la frontière. Formalités vite expédiées, sans le moindre contrôle. Nous traversons le fleuve Orange qui matérialise la limite entre les deux états. Ses eaux permettent des cultures verdoyantes dans le désert alentour. Le côté sud-africain est plus sympathique, le paysage est plus accidenté : des gorges et des éboulis de rochers et puis nous retrouvons les kokerboom éparpillés sur les collines et de rares cactus candélabre. Nous continuons à la recherche d’un camping. A Steinkopf, je réussis à trouver un distributeur de billets avant de continuer jusqu’à Springbok où nous parvenons à sept heures du soir après quelques centaines de kilomètres… Nous dénichons un terrain de camping à l’écart de la ville et constatons vite que la température n’est pas la même qu’à Solitaire. Ce n’est pas ce soir que nous dînerons dehors !

 

Vendredi 4 novembre : Le ciel est gris et il ne fait pas chaud au matin. J’ai mal dormi, réveillé dès trois heures et passé le reste de la nuit à penser… Nous avons encore un bon bout de route à faire mais finalement moins que nous ne le pensions. Sous le ciel maussade, le paysage est sinistre. Un crachin qui ne lave pas la voiture achève de dissimuler les montagnes. Puis, un pâle soleil éclaire les buissons de différents verts, et les fleurs blanches qui parsèment les prairies laissent croire à des chutes de neige. Nous retrouvons les vignes et les vergers peu avant Clanwilliam. La circulation s’intensifie, les résidences et autres resorts qui sont installés au long des lacs attirent la clientèle du week end. Nous devons franchir un col mais des travaux contraignent à une circulation alternée et donc à patienter à plusieurs reprises. Nous mettons à profit une de ces haltes pour déjeuner. L’autre versant est très différent, une infinie plaine cultivée en blé. Nous abandonnons la route du Cap et nous nous dirigeons sur Somerset West. La traversée des agglomérations fréquentes, les feux rouges, les encombrements nous ramènent dans un autre monde… Nous retrouvons le site d’African Overlanders, Elli, Duncan et Chloé et un couple de leurs amis, des Norvégiens avec leur bébé. Nous nous connectons facilement et pouvons enfin prendre connaissance de nos messages et surtout de celui de Julie. Nous commençons à trier ce que nous allons laisser et ce que nous allons emporter.

 

Samedi 5 novembre : Encore une mauvaise nuit… Pluie et vent au lever, plutôt tardif. Nous appelons Julie sur Skype et réglons les détails de notre arrivée. Nous décidons de profiter d’une amélioration toute relative du temps pour nous rendre à Hermanus essayer de voir les baleines. Nous suivons la route côtière en corniche qui offre de belles vues sur la baie et dans le lointain sur la presqu’île du Cap. Nous nous arrêtons sur quelques aires prévues à cet effet pour lorgner les cétacés mais, c’est bien connu, ils se cachent à l’eau… La route passe ensuite sur des plages et des échancrures qui abritent toutes des résidences de vacances et des maisons de retraite. Un petit détour à Betty’s bay nous amène à Stony 068--HERMANUS-Pingouins.JPGPoint où un cours sentier aménagé donc  payant permet d’approcher et de voir de près une importante colonie de manchots du Cap. Ils semblent aussi frigorifiés que nous, peu s’agitent et rares sont les audacieux à se tremper. Leur démarche chaloupée, leurs hésitations pour sauter une marche nous amusent un instant. Sur les bords de la route, la lande est fleurie, bouquets de jaune et d’orangé. Nous repartons et arrivons à Hermanus, village très touristique, on pourrait se croire en Bretagne. Les rouleaux crachent sur les rochers, les boutiques vendent des tee shirts et des cartes postales aux badauds. Nous déjeunons au restaurant Ocean Basket, de la même chaîne que celui du Cap où nous nous étions régalés. Ici les crevettes ne sont pas aussi bonnes et on n’y sert pas de langouste. Nous essayons ensuite de voir les fameuses baleines. Marie est persuadée en avoir aperçu et moi je suis certain de n’avoir rien vu. De temps en temps un touriste pointe le doigt vers le large, crie « Ya ! », toutes les jumelles et les téléobjectifs se tournent dans la direction jusqu’au prochain « Ya ! »… Nous finissons par rentrer au bercail préparer les sacs.

 

 

Dimanche 6 novembre : Nous avons tous les deux bien dormi et le soleil est de retour. Nous achevons de boucler les sacs, peu chargés puisque nous laissons les vêtements d’été dans le camion. Je le gare à côté d’un beaucoup plus gros qui a traversé l’Afrique lui ! Nous attendons l’heure de déjeuner, au soleil, en lisant ou en discutant avec Elli. Après notre rapide collation, nous devons encore attendre le retour de Duncan qui nous emmène à l’aéroport dans sa vieille Coccinelle, bien fatiguée. Nous longeons, comme à l’aller les misérables townships, sans eau, sans ramassage des ordures, sans toilettes. Il y a bien une tentative d’amélioration, électrification, construction de logements plus confortables et hygiéniques, vendus avec des prêts à long terme mais l’arrivée continuelle d’immigrants des pays voisins semble rendre vains ces efforts. Nous devons régler une pénalité de cent euros chacun pour modification de la date de retour avant de passer en salle d’attente. Marie tient à acheter à Julie une autruche en peluche… Nous voyons arriver notre avion, ses passagers débarquer, les équipes de nettoyage et d’approvisionnement monter à bord avant que nous en fassions autant. La préposée à l’enregistrement qui ne nous avait pas trouvé de place près d’un hublot est venue nous changer nos cartes d’accès à bord et nous pouvons lors du décollage avoir une dernière vision, à contre-jour, de la Montagne de la Table. Nous passons le temps en, regardant des films puis en dînant. Des turbulences retardent la distribution des boissons et malgré notre patience, ce n’est qu’avec le dessert que nous aurons le vin rouge ! Nous essayons ensuite de dormir et comme d’habitude, Marie y parvient mieux que moi.

 

Lundi 7 novembre : Après plus de neuf heures de vol, aperçu les lumières de Salalah à Oman puis celle de Dubai où nous nous posons en pleine nuit. Nous devons sacrifier au rituel du contrôle en retirant tout objet métallique avant de traverser une fois de plus cette année, le luxueux hall commercial pour rejoindre la salle d’embarquement pour Paris. Nous repartons avec un léger retard qui sera rattrapé en vol et sous une violente averse inopinée dans ce désert ! Nous avons droit à un second petit déjeuner auquel Marie renonce, pas moi puis à un gin-tonic à dix heures du matin (heure de Paris…) avant le déjeuner. La matinée se passe à visionner des comédies américaines insipides et bien-pensantes. Nos voisins ont trouvé mieux : une grand-mère anglo-saxonne regarde Blanche-Neige et les Chinois des films où des monstres combattent des hélicoptères de combat… Nous atterrissons à Paris dans le froid, 10°c au thermomètre… Un bus jusqu’à l’Opéra puis le métro et nous retrouvons Julie.

 

 

 

 

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 18:41

 

NAMIBIE

 

  OCTOBRE 2011 

 

Prologue : Le 29 août, après être passé chez Azalaï pour la pose d’une fixation d’une deuxième roue de secours dans la capucine du camion, je roule jusqu’au port des conteneurs de Fos. Les autres participants au voyage sont presque tous là. Je me gare 002 Mise en boitederrière l’un d’eux et je suis tout de suite pris en charge par un employé du transitaire SDV. Les papiers sont vite réglés et à notre grand désappointement nous ne pouvons pas assister à la mise en boîte de nos véhicules deux à deux dans les conteneurs. Nous allons déjeuner ensemble à Port St-Louis, occasion de faire un peu mieux connaissance. Guy et Marie-Jo me ramènent à la gare Saint-Charles d’où j’attrape au vol un train pour Toulon.

Les jours suivants, je surveille sur un site internet la progression de notre cargo, son arrivée puis son départ du port de Fos. Une semaine plus tard nos « boîtes à sardines » sont débarquées du Clonmore à Algésiras et attendent le Macuba, pas au 003 CLONMORErendez-vous et qui semble perdu dans l’océan Atlantique.

Le 21 septembre, le Macuba réapparaît pour accoster à Algésiras, puis il redisparaît...

Vendredi 7 octobre, Le lendemain, comme pour nous narguer, le Macuba réapparaît, prêt à accoster à Durban.

Nous montons à Paris, comme prévu le 11 octobre.

 

Jeudi 13 octobre : Julie revient, à demi satisfaite, de son entrevue à Toulouse avant que nous ne partions, ce qui nous permet d'encore la câliner... La navette réservée a quelques minutes de retard mais nous ne mettons qu'à peine plus d'une demi-heure pour arriver à Roissy. Nous évitons la longue queue de l'enregistrement grâce à la carte de Marie et nous allons attendre en lisant dans la salle d'embarquement. Le premier avion pour Dubai est plein et nous sommes à l'avant-dernier rang ! Un dîner, sans apéritif (!), nous est servi, un bon carry de poulet avant que nous n'entamions une nuit pénible, coincés sur nos sièges.


Carte-Namibie.jpg

   

Vendredi 14 octobre: Après une trop courte nuit, nous atterrissons au petit matin à Dubai. Nous devons, encore une fois, traverser ce luxueux centre commercial qu'est l'aérogare pour atteindre la porte d'embarquement du vol suivant. Heureusement des trottoirs roulants successifs nous épargnent une marche pénible. Nous repartons dans un autre Boeing, pas dans le fond mais au beau milieu d'une. Le temps passe entre somnolence et visionnage de comédies françaises oubliables. Le ciel est couvert au-dessus du Cap et à peine devinons-nous la montagne. Encore d'interminables couloirs pour passer les formalités, récupérer les bagages et sortir. Le chauffeur envoyé par l'hôtel nous attend et nous y emmène. Nous n'avons pas l'impression d'être en Afrique, du moins  celle que nous connaissions. Pas de pagaille, de cris ou de musique, les Noirs ne sont pas nombreux. Les voies de communication sont dignes d'un pays développé. Mais l'image se brouille quand nous longeons des bidonvilles, cubes de parpaings couverts de bâches, de planches, de part et d'autre de l'autoroute mais sans grande animation et avec un éclairage public. Il a plu et il va retomber encore des averses. Nous rejoignons la ville, au pied de la Table dont le sommet est perdu dans les nuages. Nous avons une chambre agréable dans une maison particulière tenue par une Française aimable et serviable. Je pensais pouvoir appeler Julie avec le portable mais je n'ai pas de réseau ! Nous ressortons pour aller dîner à proximité dans un patio moderne. Je parviens à me connecter sur internet et à mettre des messages à Marie-Cécile et à Julie. Nous prenons deux plats roboratifs, très anglo-saxons, saucisse de veau et escalope de poulet en sauce, servis avec des salades et des légumes variés, la bière est glacée. Clientèle en très grande majorité blanche. Quand nous rentrons à la chambre, la patronne nous apprend que Julie a appelé. Elle la rappelle et nous pouvons prendre de ses nouvelles, sans grand changement... Nous nous couchons en regardant TV5.

 

Samedi 15 octobre : Bonne nuit réparatrice dans le grand lit confortable. Je me réveille avec le jour et le soleil chauffe la chambre. Les nuages sont encore là mais ils vont disparaître progressivement et la montagne de la Table et sa barrière verticale émerge au-dessus de la ville. Nous avons commandé UN petit déjeuner, bien suffisant pour nous deux, pris dans le petit jardin. Je laisse Marie à la chambre et pars à la recherche du transitaire. Nous sommes dans un quartier résidentiel de petites villas, cachées derrière de hauts murs surmontés de barbelés ou de clôtures électrifiées. Des panneaux apposés sur toutes les maisons préviennent d'une éventuelle intervention de vigiles armés... Ambiance !!! Je trouve Kloof street et le transitaire mais comme je le craignais les bureaux sont fermés. Je reviens en passant par un centre commercial qui n'a rien à envier à ses cousins européens. J'achète quelques provisions pour dîner ce soir à la chambre puis je rentre à temps à la chambre pour assister à la fin du match de rugby au cours duquel la France parvient laborieusement à vaincre le Pays de Galles. Nous prévenons que nous  resterons une nuit de plus, peu sûrs d'être sur la route lundi. Nous partons à pied en direction du centre. Peu d'animation dans les rues en ce samedi après-midi. Nous sommes tout de même étonnés de trouver tant de traces d'une présence française dans cette ville. Ecole maternelle française, coq gaulois sur un mur, jogueur qui nous renseigne et qui du premier coup d'oeil a reconnu des compatriotes ! Nous rejoignons le Parlement, belle maison ancienne et parvenons dans le centre, à peine plus animé. Les Noirs sont plus nombreux et occupent toutes les tâches subalternes, gardiens de stationnement, tenanciers de petites échoppes, vigiles etc... Nous n'avons aucune perspective ouverte sur le port, l'océan, qui sont à quelques centaines de mètres mais toujours cachés derrière des immeubles ou de petits gratte-ciel. Nous déjeunons au café Mozart, en terrasse dans une allée piétonne, portions copieuses, un classique fish and chips pour moi et des calamars pour Marie. Nous sommes sollicités par des vendeurs à la sauvette qui nous remémorent ceux de Dakar ou d'Abidjan. Nos souvenirs africains sont aussi ravivés par la rencontre, dans un immeuble du centre ville occupé par des boutiques d'artisanat africain, de commerçants sénégalais, ivoiriens ou congolais qui proposent des objets en provenance de toute l'Afrique mais à l'authenticité des plus douteuses. Nous revenons par Long street, l'artère dévolue aux boutiques de souvenirs, restaurants, bars et autres lieux de perdition. Il reste quelques belles maisons victoriennes avec, au-dessus d'une galerie soutenue par des colonnes rondes, des balcons de fer forgé, transformés en terrasses de bars. Nous traversons les jardins du Parlement et ses frondaisons tropicales, terrain de jeu d'écureuils peu farouches. Nous nous rendons à la Galerie nationale Iziko, dans une belle maison ancienne mais aucun objet ni tableau ancien n'est exposé. Ce ne sont que des oeuvres contemporaines, peintures, vidéos, sculptures, peu intéressantes. Heureusement une rétrospective du photographe ghanéen James Barnor, nous intéresse par ses clichés de Ghanéens qui reproduisent les schémas des conventions occidentales dans les années 50, 60, pris à Accra. Nous revenons ensuite à la chambre par les rues toujours aussi désertes. Je retourne au café de la veille me connecter, vérifier l'absence de message de Julie ou de Marie-Cécile et en envoyer un à l'un des participants au voyage. La patronne et sa petite fille viennent nous faire la causette et nous raconter leur vie au Cap puis nous passons la soirée, après avoir envisagé la journée de demain, devant la télévision et en lisant.

 

Dimanche 16 octobre : Encore une bonne nuit. De violentes bourrasques de vent balaient la ville et nos envies de monter au sommet de la Table en téléphérique s'envolent ! Nous hésitons sur le programme de la journée. Nous finissons par nous rendre au Pick n Pay, le supermarché proche. Nous reprenons quelques provisions que je rapporte à la chambre puis nous sautons dans le bus stationné devant le centre commercial qui démarre aussitôt. Nous rejoignons le centre des affaires de la ville, des buildings récents, séparés par des espaces verts et enfin nous apercevons la mer et le port. J'essaie de deviner le Macuba et 004 LE CAP Waterfrontles conteneurs... Nous descendons au terminus au Waterfront. D'anciens (?) docks ont été reconvertis en centres commerciaux, boutiques de souvenirs et en restaurants avec terrasses devant les quais. Les bassins sont encore occupés par des bateaux de pêche et quelques chalutiers chinois en triste état. Mais en ce dimanche ce sont surtout les divers types de bateaux de promenade, voiliers, vedettes, faux galion, qui animent le port. Une grande roue, des musiciens de rue, des attractions, mimes, contorsionnistes, distraient les badauds. Nous pourrions être en Floride ou en Californie, mais peut-être y aurait-il plus de Noirs ? La foule est en grande majorité blanche mais nous croisons aussi des types indiens, des métis, des descendants des populations d'origine ancienne au faciès presque asiatique et à la peau claire et des musulmans appelés Malais bien que peu soient originaires de Malaisie. Nous déjeunons en bord de mer d'un plat de fruits de mer, crevettes,010 LE CAP Brasserie moules, calamars avec frites et riz qu'une bouteille d'un honnête Sauvignon glacé fait descendre. A côté de nous un Bier garten, célèbre l'Oktober Fest. Les bières sont servies par d'accortes fausses Bavaroises africaines, en chemisier brodé, gilet rouge et jupe longue verte tandis qu'un orchestre joue des airs traditionnels allemands que nos jeunes voisins touristes fredonnent... Nous ne savons pas trop quoi faire, traînons de banc en banc, prenons un soda puis Marie se trouve un irrésistible ensemble de débardeur-teeshirt... Nous revenons en bus et regagnons la chambre. Je vais me connecter, message des autres « Azalaïens » qui assurent avoir vu notre cargo et les conteneurs sur le port. Nous devrions nous rencontrer demain... Retour à la chambre pour traiter les photos du jour et taper la journée. Nous dînons de nos provisions. Nous devons attendre dix heures du soir pour connaître sur TV5 les résultats de la primaire socialiste et nous réjouir de la victoire de François Hollande.

 

Lundi 17 octobre : A neuf heures, je suis chez le transitaire, bientôt rejoint par les autres « Azalaïens ». Un responsable nous promet de faire son possible pour sortir les véhicules du port dans la journée. J'accompagne les autres à leur hôtel. Je retourne retrouver Marie à la chambre. Nous déjeunons au soleil, sans un brin de vent. Je fais tomber le téléphone mobile. En le remontant, je m'aperçois qu'il est maintenant connecté au réseau sud-africain. J'en profite aussitôt pour appeler brièvement Julie. Je retourne chez le transitaire, les autres me rejoignent. Nous apprenons alors que les voitures ne pourront sortir que demain ! Je suis les autres, déçu, à leur hôtel mais je m'esquive vite. Je descends la longue Long street jusqu'au quartier d'affaires. Je vais changer des euros à l'American Express sans obtenir un taux réellement meilleur. Je reviens par l'allée piétonne puis les jardins du Parlement. Je m'offre un Coca glacé sur une place avant de retrouver Marie. Le reste de l'après-midi se passe à essayer de retrouver le fonctionnement du GPS et à étudier la carte pour la suite. Nous allons dîner, excellemment, sous la verrière du patio proche, de plats, toujours copieux, de nouilles de style thaï. Nous rentrons préparer les sacs pour le départ de demain.

 

Mardi 18 octobre : Après un très succinct petit déjeuner (nos restes de rôti de porc et une tasse de thé !), je repars, persuadé de revenir avec la voiture... Je passe retrouver nos compagnons à leur hôtel et ensemble nous nous rendons chez le transitaire. D'entrée, l'armoire à glace qui est notre interlocuteur nous annonce que suite à une grosse prise de cigarettes de contrebande, tous les douaniers sont occupés pour la journée ! Mais nous pouvons nous rendre aux douanes pour essayer de faire bouger les choses. Aussitôt dit, aussitôt fait. Enfin presque puisque les autres sont venus sans leur carnet de passage en douane... Nous devons donc retourner ensemble à leur hôtel et de là, repartir en taxi aux douanes. On nous y ôte tout espoir, le rendez-vous est prévu pour demain et à moins d'un désistement de dernière minute on ne pourra pas effectuer les formalités aujourd'hui et il n'est pas question de tamponner les dits carnets sans une visite douanière... Très dépités, nous allons tous les quatre prendre un café ou un thé puis nous revenons à pied. Mais j'ai l'idée de passer à l'Office du tourisme chercher une liste des campings, ce qui nous oblige à revenir sur nos pas. Nous retournons chez le transitaire en taxi et lui demandons de nous prévenir en cas d'appel de la douane. Je reviens avec eux à leur hôtel puis rentre à la chambre. Je retrouve Marie en plein brunch de la colonie française : tartes, gâteaux et papotages mais personne n'a de relations avec les douanes... Nous décidons de retrouver les autres à leur hôtel où nous nous rendons à pied. Nous allons déjeuner tous ensemble dans un restaurant voisin du transitaire, l'Ocean basket. Nous nous régalons de langoustes, crevettes et calamars pour le même prix qu'à Waterfront. Le repas est joyeux en dépit du moral bas. Deux de nos compagnons sont d'aimables plaisantins... En ressortant du restaurant, nous apprenons que notre transitaire préféré s'est foulé le poignet, qu'il s'est rendu dans une clinique et que donc tout espoir de solution est définitivement envolé pour aujourd'hui. Les deux derniers couples sont arrivés et nous prévoyons de tous nous retrouver ce soir au restaurant proche de notre guest house. Nous rentrons donc redéballer nos sacs pour une nuit supplémentaire. Nos compagnons, renforcés par les derniers couples arrivés, nous rejoignent et nous allons tous dîner, plus légèrement, au restaurant du premier soir. L'ambiance est sympathique, les réparties fusent, les deux amuseurs font de leur mieux et nous passons une bonne soirée. Nous nous donnons rendez-vous chez le transitaire demain matin...

 

Mercredi 19 octobre : Il a plu toute la nuit et au réveil il ne fait pas bien chaud. Je pars avec mon K-way, directement chez le transitaire où je suis le premier, à huit heures et demie. Le responsable me demande aussitôt le carnet de passage en douane ainsi qu'aux autres quand ils arrivent. Nous prenons tous un taxi et nous nous faisons conduire à l'entrepôt où les conteneurs ont été déchargés. Le premier ouvert est le nôtre. Le camion de Guy, mal arrimé est venu buter contre le nôtre mais sans faire de dégâts. Nous les sortons et je constate alors une grande entaille dans la plaque d'immatriculation sans doute provoquée par la lame d'un chariot transporteur lors de l'embarquement. Mais nous sommes tous contents, les voitures sont là et nous allons pouvoir partir ! Nous devons encore attendre que les carnets de passage en douane nous soient rapportés tamponnés pour pouvoir quitter la forêt de conteneurs au milieu de laquelle nous avons patienté. Nous filons les uns derrière les autres jusqu'au Cap. Je refais un plein de gasoil à temps pour ne pas tomber en panne. Comme très souvent ici, les employés sont des Congolais, immigrés auxquels sont dévolus les petits boulots. Plaisir de parler français et de retrouver un peu de l'ambiance que nous connaissons, les Sud-Africains noirs nous paraissent moins exubérants que ceux de l'Ouest... Je file à la chambre annoncer à Marie que nous pouvons partir. Nous faisons nos adieux à notre hôtesse, chargeons les sacs at allons retrouver les autres à leur hôtel. Nous prenons l'autoroute de l'aéroport, en convoi, six véhicules identiques qui se suivent et cherchent leur route, se perdent, s'attendent, se retrouvent... Heureusement ce n'est que pour un jour ! Après l'aéroport, les bidonvilles semblent les seules types d'habitations visibles. Des bidonvilles qui semblent aménagés, les masures paraissent réparties sur des lots viabilisés et l'éclairage est fourni aux sommets de pylônes. Nous trouvons au bout de quelques dizaines de kilomètres le terrain où nous allons passer la nuit et où il sera possible de laisser la voiture lors de notre retour en France. Nous sommes accueillis par un jeune couple anglo-espagnol, Duncan, Eli et leur bébé Chloé, tout droit sortis d'un film de Ken Loach, contents de nous voir. Nous sommes au pied de la falaise qui limite la baie de Gordon's bay. Nous repartons pour le supermarché faire des achats pour les deux jours suivants. Le magasin est bien achalandé et nous n'avons pas de problèmes de ravitaillement. Nous achetons aussi pour faire un braai, un barbecue. Nous revenons au terrain nous installer et finir le rangement dans les coffres avant d'allumer le feu avec des branches d'eucalyptus. Enfin, dans la salle commune, nous prenons l'apéritif ensemble, pastis ou gin-tonic avec du biltong, de la viande séchée et des achards. Le repas de saucisses et de côtes d'agneaux arrosé de bouteilles d'excellents rouges locaux, merlot et cabernet fait le bonheur de tous avant que nous n'allions nous coucher enfin dans nos camions.     

 

Jeudi 20 octobre :  Marie peine à se réveiller. Nous retrouvons nos marques dans le camion en prenant le petit déjeuner. Je vais me doucher dans la maison, nos compagnons commencent à se préparer. Deux équipages prennent la route pour le Botswana. Je demande à Duncan s'il connaît un bon mécanicien pour régler le problème de vibrations dans le volant à 80 km/h. Nous suivons sa moto et traversons des quartiers de Strand entièrement consacrés à la voiture. Là aussi les consignes de sécurité sont strictes, pas question de rentrer dans un magasin, un atelier, sans montrer patte blanche en sonnant pour obtenir l'ouverture. Nous devons faire plusieurs ateliers avant de trouver un spécialiste du pneu qui réalise un réglage de l'équilibrage. Je suis étonné de voir; en Afrique, des Blancs occupés à des tâches sans doute mal rémunérées, comme hier au supermarché, celui qui emballait les achats dans des sacs. L'égalité par le bas ? La note n'est pas salée et je repars rassuré mais au bout de quelques kilomètres, je constate que les vibrations se produisent maintenant à 90 km/h et encore plus fort ! Pas question de revenir sur nos pas... Nous passons à Stellenbosch, ancienne cité hollandaise dont nous apercevons quelques maisons à pignon et églises, chaulées et à toit de chaume. Nous ne nous arrêtons pas, réservant sa visite pour notre retour. Nous continuons dans la campagne, au milieu des 016 GYDO Passvignobles puis des élevages. Quelques haras aux pâtures de rêve sont le royaume de superbes chevaux. Nous approchons d'une chaîne de montagnes que nous longeons avant de la traverser et plonger dans une vallée de vergers, piquée de lacs, mares et étangs. Nous arrêtons sur le bord de la route pour déjeuner, en cédant à la paranoïa locale : nous fermons nos portes le temps du repas. A Cérès, nous retrouvons les trois autres « Azalaïens » arrêtés pour des courses. Nous échangeons des informations sur les pistes qui mènent au parc du Cederberge et repartons. Je m'arrête à la sortie de la petite ville chez un spécialiste des pneus de la même enseigne que celui de ce matin. J'explique au responsable que je ne suis pas satisfait du travail réalisé. Il fait démonter et rééquilibrer les deux roues avant. Le résultat est très satisfaisant. Nous continuons sur des routes de moins en moins fréquentées, entre barrières montagneuses et vallées verdoyantes. Nous ne trouvons pas la 021 CEDERBERGE Colroute sur laquelle nous devons nous engager et comme souvent Marie s'en inquiète... Personne en vue, je m'arrête et dois attendre longtemps avant que passent des voitures. Elles ne semblent pas vouloir s'arrêter... L'une revient sur ses pas et nous rassure, nous sommes sur la bonne route... A la route succède une excellente piste sur laquelle je roule à vive allure, heureux, enfin, d'être en Afrique, sur une piste ! Nous traversons des roches étranges, des cubes, des parallélépipèdes, des tranches minces de grès, posés les uns sur les autres en équilibre que l'on pourrait croire instable, prêts à s'écrouler sous la moindre poussée. Nous rejoignons les autres véhicules et roulons de conserve mais à bonne distance pour éviter les nuages de poussière soulevés. Nous pénétrons dans des vallées encaissées, sauvages, couvertes d'un maquis encore vert. Nous décidons de bivouaquer tous ensemble en suivant un tronçon d'une piste à peine tracée, à l'écart de la route. Nous avons foulé des broussailles d'où s'exhalent des parfums inconnus.  Chacun s'installe, va explorer les environs, à la découverte d'une végétation étrange ou simplement inconnue, des plantes, des crassula, aux allures de baobab bonzaï et de vulgaires genêts. Le coucher du soleil nous rassemble devant une bouteille de pastis, en plein air. Quand la fraîcheur devient trop grande nous regagnons chacun notre cellule pour dîner puis veiller.

 

Vendredi 21 octobre : Réveillés presque avec le jour, nous tardons à nous lever alors que nos compagnons sont plus matinaux. Nous ne sommes néanmoins pas les derniers à être prêts au départ. Nous continuons sur cette excellente piste, au milieu des massifs qui ne manquent pas de nous faire penser à un Maroc plus verdoyant. Dans le fond des vallées des fermes où l'on cultive la vigne, des vergers et des prairies qu'apprécient de beaux chevaux. Nous pénétrons dans la réserve de Cederberge. Une piste mène à un site de peintures rupestres mais le portail est cadenassé. Nous envisageons bien de le forcer mais n'osons pas. Arrive, au volant d'un puissant 4x4, une ranger, une blonde plantureuse, intiguée par notre présence et qui bien que pressée par le temps, nous propose de revenir 026 CEDERBERGE Peintures éléphantssur ses pas pour nous délivrer à son bureau le permis de visite et, surtout, le code d'accès au site. Je monte avec elle. Elle conduit son engin avec aisance, silence et rapidité. Nous ne revenons que de quelques kilomètres sur nos pas. Le permis octroyé, elle me ramène au portail et continue sa route. Nous pénétrons alors sur une piste d'où nous ne pouvons sortir, et qui nous amène en moins d'un kilomètre, à un ensemble de roches, des grès rougeâtres, érodés, colorés par des lichens. Sur les parois d'un abri sous roche, nous pouvons admirer une superbe frise d'éléphants affrontés à des chasseurs. Ils ont été peints par les San, le plus ancien peuple de la région, quelques milliers d'années avant la venue034 CEDERBERGE Arche d'envahisseurs africains puis européens. Le site est splendide, le ciel est bleu, l'air est doux, le voyage commence ! La piste continue quelques centaines de mètres jusqu'à un massif ruiniforme dans lequel nous déambulons en évoquant le Tassili N'Ajjer. Le sentier passe sous des arches, des ponts naturels et une véritable cathédrale de roche dont la voûte est supportée par des piliers que le vent a creusés. Le ciel se couvre, nous continuons sur la piste. Les arrêts sont prétexte à herboriser savamment pour Guy et Marie-Jo ou à disserter sur la mésange royale (?) ou le passereau à queue jaune (?). Nous ne sommes pas vraiment passionnés par ces deux sujets... Mon niveau de gasoil commence à m'inquiéter sérieusement. Avec notre GPS bas de gamme, nos réserves d'eau et de gasoil au plus bas et notre absence de logiciels de positionnement sur des ordinateurs de bord, nous faisons figures d'amateurs en comparaison de nos compagnons équipés de tableau de bord dignes de Boeing 747... Nous arrêtons à la sortie nord du parc, en dehors de l'aire de camping où il aurait fallu payer pour stationner le temps d'un pique-nique, sur une pelouse  au bord de la rivière. Le temps d'avaler un rapide déjeuner, nous sommes invités à libérer les lieux, non  encore ouverts au public... On ne plaisante pas en Afrique du Sud avec les règlements... Un mélange de puritanisme protestant hollandais et de rigueur anglo-saxonne ? Nous repartons en tête, ce qui nous permet de rouler à notre allure (rapide...) et de ne pas avaler la poussière de ceux qui nous précédaient. Malgré mes craintes de plus en plus vives, nous parvenons à Clanwilliam, sans tomber en panne de carburant. Je refais un plein et même remplis un jerrycan de secours. Nous nous séparons  de nos compagnons. Ils continuent vers le nord. Nous cherchons à nous renseigner sur les possibilités de voir d'autres sites de peintures rupetres. Je vais changer des euros, ce qui demande un certain temps. Dans la première banque, l'ordinateur est en panne, dans la seconde c'est l'imprimante... Enfin nous obtenons un taux bien supérieur à celui du Cap. Toute la population, des Blancs et surtout des Métis, parle afrikaans, tout en comprenant et pouvant pratiquer l'anglais. Renseignement pris, nous décidons d'aller au site de Sevilla, à quelques dizaines de kilomètres sur la route de Calvinia. Nous franchissons un col aux pentes rudes et rapides, descendons dans une vallée et acquittons un droit d'entrée avant 058 CLANWILLIAM Peintures Sande nous lancer à la recherche des peintures sur un sentier bien indiqué mais difficile. Nous cheminons sur la roche crevassée, boursouflée, rarement sur terrain plat, au milieu de massifs ruiniformes déchiquetés. Marie fatigue, s'énerve, panique. Nous trouvons quelques traces de peintures sous des abris sous roche, des personnages, chasseurs, danseurs, un bel archer, des femmes manifestement pourvues de fessiers conséquents et des animaux, surtout des zèbres,. Rares sont les panneaux bien conservés et nous sommes plutôt déçus en regard de la difficulté d'accès. Nous n'avons pas le courage ni surtout le temps d'aller au bout du sentier et revenons juste avant le coucher du soleil. Nous retournons à Clanwilliam. Le soleil rougit le ciel et les flancs de la montagne qui semble en feu. Nous allons nous installer au camping municipal, au bord du lac de barrage. Nous ne sommes pas les seuls... Des jeunes ont aussi choisi de venir passer le week-end au même endroit. Les braai rougeoient, les odeurs de graisse emplissent l'air et aiguisent nos appétits mais il ne saurait y avoir de week-end réussi sans musique et bien entendu les décibels ne manquent pas... Nous sommes fatigués et assoiffés, la bouteille de Pastis connaît une nouvelle baisse de niveau...

 

Samedi 22 octobre : La nuit a été plus calme que je ne l'avais craint. Néanmoins, dès que le soleil est assez haut, les langoureuses Lolitas locales se font bronzer au bord de l'eau et la sono hurle des airs excités pas vraiment à notre goût. Nous quittons ce paradis et repassons en ville. Nous tentons de nous connecter à l'unique cybercafé du bourg. Les machines sont antédiluviennes et la connexion si lente qu'au bout d'une demi-heure, nous n'avons pas encore pu lire les messages. Nous renonçons et allons au supermarché refaire des provisions. La rue principale est très animée, les habitants déambulent, discutent. Nombreux sont les métis de Bushmen, ou Boshimans, de petite taille, les traits fins, presque asiatiques, la peau cuivrée. Les femmes sont corpulentes, parfois stéatopyges. Nous repartons sur la route de Springbok. Elle n'est pas large, deux simples voies, mais le trafic 060 STEINKOPF Vueest des plus réduits. Tant que nous roulons dans la vallée Oliphants, la terre ocre rouge contraste avec le vert des cultures, principalement de la vigne puis les cultures disparaissent, les terres sont couvertes de gros buissons et ne sont plus parcourues que par de rares troupeaux de chèvres à poil ras ou de moutons. Les villages sont inexistants, une bourgade tous les 40, 50 kilomètres dominée par la flèche de son église. La route est absolument rectiligne  et je commence à somnoler. Nous arrêtons pour déjeuner. A Springbok, complétement endormi, nous ne pouvons nous renseigner à l'Office du tourisme, fermé, mais le pompiste nous assure que la frontière est ouverte à Sendelingsdrift. Nous continuons vers la frontière namibienne puis bifurquons en direction de Port Nolloth sur l'océan. La désertification est de plus en plus marquée, la terre se mélange à un sable rouge et les buissons sont de moins en moins touffus. Quand nous sommes en vue de l'océan, des dunes se profilent à l'horizon et le sable devient blanc. Nous atteignons Port Nolloth, pas plus animé que les précédentes bourgades. Le cybercafé est fermé jusqu'à lundi, ainsi que la plupart des commerces. Des installations de la De Beers signalent que nous sommes dans une zone diamantifère. Nous trouvons un Caravan Park, agréablement installé sur la plage. Nous ne pouvons pas être plus près de la mer ! Il n'y a pas trop de monde et nous formons des voeux pour que la musique ne soit pas au programme de la soirée. Nous allons nous tremper les pieds, l'eau est fraîche, pas question de se baigner. Nous nous sommes installés avec nos sièges et la table, dans le sable pour lire et profiter du soleil tout juste tiède. A la fraîche, nous rentrons dans le camion corriger mon texte puis dîner.

 

Dimanche 23 octobre : Encore une nuit tranquille. Le ciel est couvert mais dégagé au nord, là où nous allons. Nous suivons la côte, à quelque distance de la mer. Le rivage, zone d'exploitation minière, est interdit d'accès. Nous parvenons à Alexander bay où je refais un plein d'essence. Pas question d'aller en ville, c'est une enclave privée, on ne peut y entrer qu'avec un permis délivré par la société minière ! Nous continuons donc, sur une excellente piste qui autorise une vitesse élevée. Nous suivons le fleuve Orange qui fait frontière avec la 061 ALEXANDER BAY OrangeNamibie. Ses rives verdoyantes tracent un sillon rafraîchissant dans ce désert minéral de montagnes dénudées ocre rouge. Nous avons branché le GPS, inutilement car la direction est bien indiquée. Mal confiant dans mon GPS, je suis une mauvaise piste à un carrefour. J'arrête un véhicule pour me remettre dans le bon chemin. Son chauffeur nous invite à le suivre. Il prend un raccourci sur une piste de très mauvaise tôle ondulée puis continue en roulant doucement pour ne pas nous perdre et nous devons avaler le nuage de poussière qu'il soulève. Nous parvenons à Sendelingsdrift, poste frontière endormi. Nous sommes les seuls à passer, le contrôle des passeports est rapidement et aimablement effectué mais faute de poste de douane, nous ne pouvons faire tamponner le carnet de passage en douane... La frontière se franchit sur un bac très simple, mu par des moteurs de062 SENDELINSDRIFT Bac hors-bords, guidé par des câbles amarrés sur les deux rives. Le péage est onéreux pour une très courte traversée, moins d'une centaine de mètres ! Mais nous avons tout de même dû enfiler des gilets de sauvetage pour le cas où... De l'autre côté, nous accomplissons les formalités d'entrée en Namibie, papiers à remplir, une taxe à payer moyennant reçu et pas de contrôle douanier. Nous nous arrêtons peu après pour déjeuner dans le camion avec vue sur l'Orange. Il fait très chaud pour la première fois, un vent brûlant et desséchant nous assaille. Nous roulons ensuite à vive allure. (si toutes les pistes étaient comme celles-là !) en longeant le cours de la rivière au bleu incongru dans ce désert. Nous traversons des montagnes noires comme du goudron, aux chicots alignés comme des vertèbres de dragon puis nous retrouvons les roches rouges. Nous bifurquons en plein désert, seuls sur cette large piste. Pas un animal en vue... Nous parvenons à Ai Ais, à l'entrée sud du parc de Fish River Canyon. Il s'y trouve un complexe touristique bien équipé avec des bungalo003 AI AIS Fish riverws et un camping, un peu cher... Nous décidons d'y passer la nuit. Nous y trouvons trace de nos compagnons "azalaïens" passés la veille. Il n'est pas tard, nous allons nous promen er dans le lit sablonneux de la Fish River. La marche dans le sable brûlant est pénible, nous n'allons pas très loin, marquons une pose à observer des oiseaux puis rentrons, aucun léopard n'est venu boire à une mare... Nous nous installons sur la table et dans les fauteuils mis à disposition des campeurs pour lire ou taper ce texte. Les oiseaux, corneilles ou vulgaires piafs sont très familiers. Je leur donne de la mie de pain et pour me remercier, l'un d'eux se perche sur une branche au-dessus de nous et me chie sur le clavier ! Je passe une demi-heure à nettoyer les interstices du clavier... Nous nous offrons un gin tonic mais le vent nous fait regagner l 'intérieur du camion.

 

Lundi 24 octobre : Nous essayons de partir un peu plus tôt, ce qui dépend beaucoup de Marie. En attendant qu'elle ait fini de se préparer, je lis, agréablement installé au soleil vite virulent. Nous repartons sur une piste toujours excellente et peu fréquentée. Des panneaux routiers mettent en garde contre la divagation des autruches ! Nous apercevons de graciles gazelles, des springboks, vives, avec de belles cornes et des rayures noires sur les flancs. 008 AI AIS KokerboomPuis nous arrivons à l'entrée du parc de Fish River Canyon. Après avoir acquitté le droit d'entrée, nous roulons sur un plateau à la terre rouge piquetée de pavés de basalte noir où les seuls et rares arbres sont des acacias aux épines redoutables pour les pneus et des kokerboom, le curieux arbre-carquois en forme de candélabre, les branches pointées vers le ciel. Puis soudain, alors que rien ne le laissait prévoir, nous atteignons le rebord du canyon. D'un mirador, nous découvrons les méandres de la rivière alanguie au fond des parois rougissantes et à double niveau de la faille. La vue porte loin sur les 015 FISH RIVER Canyonmontagnes érodées et le désert ch auffé depuis des millénaires. On n'y devine aucune vie animale et pourtant gazelles, antilopes et même  zèbres peuplent le parc. Nous suivons le rebord de la falaise et arrêtons à différents points de vue mais c'est au premier que nous avions la vue d'ensemble la plus grandiose même si chacun a son intérêt : aloès aux feuilles rouges qui forment des taches sanguinolentes sur les parois du canyon, roches boursouflées qui surgissent du gouffre, méandres paresseux dans lesquels je ne nous vois pas marcher des heures, des jours, sac au dos comme le font certains... Repus de roches et de sables, de ces visions des premiers âges, nous repartons. C'est à l'extérieur du parc que nous verrons le plus d'animaux. 030 FISH RIVER AutruchesD'abord d'autres gazelles, peu effarouchées tant que nous restons à bonne distance puis une famille d'autruches. Le mâle aux belles plumes noires, sa femelle plus petite et aux plumes mélangées et les petits oisillons qui courent, à peine visibles dans la brousse. Un véritable troupeau d'autruches obstrue presque, plus loin, la piste et peu effarouchées, elles se laissent prendre en photo sous l'oeil amusé des touristes sud-africains blasés. D'inespérées antilopes oryx surgissent 075 AUS Oryxdu désert, méfiantes elles restent à bonne distance. Nous pouvons tout de même apercevoir leurs belles cornes rectilignes et leur museau rayés de noir. Nous verrons d'autres gazelles, et autruches mais, déjà las, nous n'y prêterons presque plus attention ! Après une piste si bonne que l'on y roule facilement à plus de 100 km/h nous rejoignons la route goudronnée de Lüderitz. Elle est étroite mais aussi bien peu fréquentée. Je comptais refaire un plein de gasoil à Goageb mais en guise de bourg, il ne s'y trouve qu'une gare, une mission de Béthanie, seul bâtiment en bon état, et derrière des restes de clôtures destinées à protéger ces maigres biens, des masures achèvent de crouler et des carcasses de véhicules hors d'âge de rouiller, et pas âme qui vive. Je dois utiliser les vingt litres du jerrycan de secours pour atteindre Aus où entre deux bier garten, on trouve des pompes à essence ! Dans les dernières dizaines de kilomètres, le paysage change. La route descend dans une immense plaine couverte de graminées jaunâtres qui vont laisser la place à du sable de plus en plus envahissant. Un chacal nous regarde passer, des autruches suivent les rails de la voie ferrée et aucun des chevaux sauvages de la région n'est visible. Le vent latéral forcit, emporte des nuages de sable qui forment des barkanes contre lesquelles luttent les engins de déblaiement. Le ville est inerte, les rares habitants qui ne sont pas calfeutrés chez eux sont couverts comme pour affronter les intempéries. Nous trouvons le front de mer et à son extrémité, le phare, derrière lequel se cache un terrain de camping qui serait idéalement situé si le vent ne soufflait pas aussi fort. Alors que nous nous préparons à en repartir, arrivent les autres "Azalaïens". Après quelques échanges, nous allons nous garer en ville, près de l'unique cybercafé. Je peux me connecter en wifi, lire le message de Julie, lui répondre ainsi qu'à d'autres et même commencer le blog. Nous dînons tous ensemble dans le seul restaurant de fruits de mer de la localité, rien d'exceptionnel, un bon poisson, le kingklip, proche de la sole mais pas de cuisine sophistiquée ! L'abus de Chardonnay entraîne une exubérance excessive avant que nous ne regagnions notre presqu'île ventée.

 

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 17:20

 

Jeudi 17 février : « Altogether » est de bonne humeur ( il est vrai qu'il l'est toujours ! ) et n'insiste pas trop pour nous faire faire des détours. Comme nous, il sent l'écurie. Avant de330-KANDY-COLOMBO-Marie-et-Sharith.JPG démarrer il joint les mains, récite quelques formules propitiatoires et pour faire bonne mesure, termine par un signe de croix. La route est toujours pénible et il nous faut trois heures pour parcourir les cent dix kilomètres jusqu'à Colombo. Les derniers sans plus aucune échappée sur la campagne et dans les vapeurs de gaz d'échappement crachées par les véhicules asthmatiques et antédiluviens. Les grands discours en faveur de l'écologie ne doivent pas s'appliquer aux transports... Je rêve d'une soudaine disparition du moteur à explosion et de tous les dérivés induits ! Nous parvenons à la capitale aux larges artères pas trop encombrées, nous allons bientôt savoir pourquoi... Le chauffeur n'a pas grande difficulté à trouver notre hôtel, dans un quartier cossu. Nous nous quittons presque avec émotion, promesses de nous écrire et si nous passons par Negombo, de nous revoir. Accessoirement, Sharith, car tel est son prénom que nous n'avons découvert qu'hier soir, semble satisfait de son pourboire... Nous faisons connaissance avec la propriétaire, une vieille dame de la bonne société qui a appris le français à l'Alliance française. Son intérieur est plaisant, multitude de bibelots de bon goût et d'objets, tissus, coussins. Nous apprenons alors que le jour de la fête de la Navam Perahera pour laquelle nous sommes revenus exprès à Colombo est aujourd'hui et non pas demain comme nous le pensions ! Mais le grand défilé a lieu ce soir, nous sommes arrivés à temps ! Nous posons les bagages dans la chambre, au cinquième étage, avec ascenseur, de l'immeuble voisin. Les peintures sont fatiguées, toutes les ampoules ne fonctionnent pas mais la décoration est plaisante et le salon attenant décoré avec goût, enfin le nôtre ! Dessins, tableaux, tissus que nous verrions bien chez nous pour certains... Nous repartons aussitôt pour aller déjeuner dans un restaurant chinois pas trop éloigné. Toutes les maisons du quartier sont des villas cachées derrière des murs et c'est ici que l'on a la plus forte concentration de 4x4 de luxe... Le restaurant chinois est authentique et bien que chic, nous déjeunons pour pas plus cher que dans les restaurants imposés par Sharith. Prix majorés ici par un bon nombre de taxes tout de même... Pas de bière, c'est un jour de fête religieuse ! Je vais rechercher d'autres chaussures pour Marie à la chambre, en 336-COLOMBO-Elephants.JPGme perdant dans les impasses où ma présence semble incongrue. Nous nous rendons ensuite au parc Viharamahadevi où nous trouvons les éléphants qui doivent participer au défilé, en train de se nourrir. Ils sont entravés et leurs mahout les surveillent, leur préparent des écorces d'arbres quand ils ne se chargent pas eux-mêmes, les éléphants, d'écraser ou de donner des coups de pieds dans les troncs pour les rendre comestibles. Certains sont impressionnants en taille, quelques-uns ont de superbes défenses. Ils se laissent arroser, laver, gratter le cuir avec, semble-t-il, grand plaisir. Nous sommes frappés parc le nombre de musulmans et 339-COLOMBO-Elephants-bain.JPGsurtout de femmes entièrement voilées, gantées, toutes en noir, sinistres... Il fait chaud et nous apprécions, quand le soleil descend, les souffles d'air qui nous raniment. Peu avant la tombée de la nuit, les animaux sont harnachés. Un caparaçon, deux grands gants de toilette dans lesquels on glisse les oreilles et un dernier élément qui couvre la tête et la trompe avec deux ouvertures 349--COLOMBO-Elephants-preparation.JPGpour les yeux, leur donne une allure fantomatique ou de grand maître du Ku Klux Klan... Les tenues ne sont pas toutes belles, beaucoup sont uniformes, souvent dorées ou argentées mais quelques-unes, pourpre, rouge ou rose avec des dessins de fleurs de lotus ou des plaques argentées gravées d'un Bouddha, sont superbes. Quand tous sont prêts, le convoi d'au moins une quarantaine de pachydermes, grands et petits, s'ébranle dans les avenues en semant de belles crottes... Nous les suivons, presque seuls car les Sri Lankais en ont une peur inattendue ! La nuit est tombée, le convoi s'est arrêté à proximité du lac Beira et du temple Gangaramaya. Une foule est déjà massée sur le parcours que doit emprunter le défilé, nous arrivons à temps pour que Marie se trouve une chaise et moi une parcelle de trottoir qui nous permettent d'être au premier rang. Mais je vais vitre comprendre les problèmes des péripatéticiennes qui doivent défendre leur bout de trottoir avec acharnement... Nous attendons une bonne 368-COLOMBO-Defile.JPGheure avant que la circulation soit interrompue et que la parade commence. Des groupes de musiciens et de danseurs vont défiler, chacun précède un éléphant. Les premiers ont disposé des guirlandes de lumières électriques sur leur caparaçon, leurs mahout ont revêtu des costumes d'apparat et sont montés dessus. Les musiciens et les danseurs portent le sarong blanc, un justaucorps rouge et une sorte de turban roulé autour de la tête, parfois des boucles d'oreilles. Nous revoyons toutes les danses auxquelles nous avons eu droit à Kandy dans la salle pour 371-COLOMBO-Defile.JPGtouristes... Des bonzes sont installés sur des estrades avec d'autres personnalités. Le défilé se poursuit ainsi pendant trois heures, spectacle qui a lui seul vaut le voyage au Sri Lanka, une procession que nous n'avions jamais vue en Inde ou au Cambodge. Armés d'une pelle, des ramasseurs de belles merdes fumantes les ôtent de la chaussée et les déposent en dehors du parcours, aux pieds des spectateurs ravis ! Chaque groupe présente des chorégraphies ou des acrobaties différentes mais à la fête religieuse s'ajoute une sorte de carnaval avec des groupes de grotesques à trois jambes ou des personnages déguisés en vieilles ou vieux, des jongleurs et autres bateleurs se produisent également. Curieux mélange de 374-COLOMBO-Defile.JPGreligieux et de profane qui ressemble beaucoup au carnaval de Cochabamba, les éléphants en plus. En fin de défilé se présentent trois éléphants magnifiquement harnachés et illuminés, montés chacun par trois personnes en costume immaculé devant lesquels toute la foule se lève, moi aussi pour soulager mon fessier endolori, joint les mains et s'incline avec ferveur. Suivent des dignitaires en costumes rutilants, habillés d'un sarong et d'une veste aux épaules renforcées, sous des dais frangés. Ils ont dans leurs mains des statuettes du Bouddha. Viennent ensuite des chars qui transportent des statues blanches de 356-COLOMBO-Defile.JPGbouddhas assis et tout le monde de se relever et joindre les mains. Ce n'est pas fini ! La moitié de Colombo est venue voir défiler l'autre moitié ! Viennent encore des groupes plus pauvrement mis, sans costume uniforme ni chorégraphie au point. Et de nouveaux danseurs, danseuses très jeunes, qui ne manquent pas d'énergie et des percussionnistes, des échassiers. Leur succèdent des jongleurs avec des roues enflammées etc... Nous n'en pouvons plus mais c'est fini ! La foule se disperse, un chauffeur de tuk tuk nous racole, nous nous faisons emmener dans un restaurant qui s'avère être fermé, nous rentrons à l'hôtel en nous arrêtant dans une gargote pour acheter une bouteille d'eau et deux samossas épicés. Les ampoules ont été changées, nous sommes contents de pouvoir enfin nous reposer...

 

 

Vendredi 18 février : La chambre est étouffante et malgré le ventilateur qui fait tout ce qu'il peut au-dessus de nous, je suffoque. Ouvrir la fenêtre n'y change rien, elle donne sur une courette sans air. Nous allons petit déjeuner dans le jardin de la propriétaire, contente de pouvoir parler français. Elle ne fait aucune difficulté pour téléphoner à Galle et réserver une chambre. Nous donnons du linge à laver à son employée. Elle nous apprend que nous pouvons nous connecter à Internet de la chambre. Nous y remontons et effectivement je parviens à me connecter mais à la première tentative d'accéder à la messagerie, le compte est bloqué ! Je suis une fois de plus obligé de recourir à Julie pour résoudre le problème. Nous partons en tuk tuk, après une négociation pas trop difficile. Nous suivons une des grandes artères de la ville qui passe entre de hauts immeubles modernes récents en nous rapprochant du quartier du Fort. Nous longeons ensuite le bord de mer, rafraîchissant, avant d'affronter la fureur du centre ville. Je change rapidement des euros puis nous allons nous renseigner sur les tarifs d'un hôtel pour une éventuelle nuit en fin de séjour. Les prix ne sont plus ceux annoncés dans le guide et même depuis la fin de 2010, il y a eu une forte inflation. Nous sommes assommés par la chaleur, abrutis par le bruit et nous allons nous réfugier dans le lobby, délicieusement climatisé, de l'hôtel Hilton.  Nous y achetons des 387-COLOMBO-Arcades.JPGcartes postales, les rédigeons et les postons avant de retourner dans la chaleur et le bruit. Nous suivons la rue principale de cet ancien quartier des affaires dont les bâtiments coloniaux mal entretenus, cèdent la place à des immeubles de  verre fumé et de béton. L'extrémité de la rue, près du port, est une zone hautement sécurisée pour cause de quartier général de la police, des chicanes barrent les rues, les contrôles sont partout... L'église Saint-Peter est désaffectée et en travaux et de toute manière sans charme. Nous continuons en direction d'un grand 389-COLOMBO-Dagoba.JPGdagoba blanc curieusement posé en l'air sur des arches de béton. Nous cherchons un autre tuk tuk pour nous emmener au quartier du bazar de Pettah, à faible distance mais nous n'avons pas la force de marcher dans cette étuve et les conducteurs de tuk tuk nous guettent... Nous voici à l'entrée d'une des allées du marché, on y vend surtout de la bimbeloterie et le chaland est assommé par les discours des vendeurs, relayés par des haut-parleurs qui se défient à coups de décibels. Nous nous contentons d'acheter des oranges. Nous passons ensuite par des rues étroites dévolues au commerce. D'antiques camions à caisse en bois déversent des marchandises qui sont ensuite distribuées dans les magasins par de pauvres 302-KANDY-Camions.JPGdiables attelés à des carrioles brinquebalantes sur une chaussée en ruine. Nous cherchons un restaurant, une gargote mais nous ne trouvons rien, même dans des rues plus fréquentées. Un autre tuk tuk nous conduit au temple de Gangaramala que nous n'avions pas vu hier dans la nuit. C'est un haut-lieu du bouddhisme cinghalais et il est en partie un musée, caverne d'Ali Baba, un ensemble de collections d'objets offerts et disposés dans des vitrines poussiéreuses, réveil-matins, montres, stylos et bien évidemment des bouddhas de toutes tailles, matières, origines. Autour du dagoba, sèchent les caparaçons des éléphants du défilé de la veille. Nous ne jetons qu'un œil distrait au sanctuaire et à ses bouddhas 393-COLOMBO-Temple-Gangaramaya.JPGcouchés, assis, aux couleurs vives, blasés que nous sommes ! Nous faisons le tour du lac Beira, à l'ombre, avec des vues sur les quelques gratte-ciel du centre moderne avant de rejoindre le bord de mer. Marie récupère des prospectus à l'Office du tourisme et nous profitons de la climatisation du lieu avant de nous propulser jusqu'à l'hôtel Galle Face. Un palace au bord de l'océan avec des fauteuils sur une pelouse. Nous y prenons un verre en attendant le coucher du soleil et en appréciant l'air frais venu de la mer. Nous rentrons encore une fois en tuk tuk à la chambre. Nous parvenons à nous connecter à Internet grâce à l'intervention de Julie et donc à lire son message et celui de Nicole. Nous prenons connaissance des nouvelles du monde et apprenons les manifestations en Libye ! Nous allons dîner dans un restaurant plutôt branché mais il donne sur la rue et le vacarme des voitures est pénible, la nourriture est bonne, des pâtes pour tous les deux puis retour à la chambre, toujours aussi tiède. 

 

Samedi 19 février : Nous faisons remarquer à notre hôtesse, au petit déjeuner, que sa chambre est trop mal ventilée. Nous aurions dû prendre la climatisation d'après elle... Le linge, à moitié lavé (les traces de terre sur mon pantalon sont toujours apparentes), est récupéré et nous partons en tuk tuk pour la gare. Nous prenons des billets de seconde classe pour Galle à un prix dérisoire (à peine plus chers que le trajet en tuk tuk), et passons sur le quai. Rien n'a dû changer depuis l'époque britannique, ni les passerelles ni la gare elle-même en structures métalliques rivetées. Les wagons des trains stationnés sont fatigués et ceux de troisième classe bondés. Un train plus confortable, avec un wagon panoramique de première classe part pour le Nord. Après une heure d'attente, le nôtre, pas de première jeunesse, arrive, déjà occupé. Il est pris d'assaut, ceux qui voulaient en descendre ont toutes les peines du monde à se frayer un chemin alors que certains se glissent pas les fenêtres. Inutile dans ces conditions avec nos gros sacs d'espérer avoir des places assises. Néanmoins, Marie parvient à s'asseoir, je reste debout, entre deux wagons, avec massage gratuit des membres inférieurs ! Nous ne sommes pas les seuls touristes, beaucoup sont aussi debout. J'ai une vue plongeante sur les épaules et la gorge d'une fraîche donzelle. Son compagnon, peu amène ( sa maman lui manque-t-elle ? Est-il dans les affres d'une dysenterie foudroyante ? ), sait-il apprécier le grain de la peau, le galbe du cou, la finesse de l'ourlet d'une oreille de celle qui n'a d'yeux que pour lui et lui caresse les poils des mollets ? Peut-être faut-il être un vieux barbon  pour goûter ces charmes... Nous traversons d'abord les faubourgs de Colombo, les maisons sont construites en divers matériaux, bois, briques, parpaings, un mélange. Des villas coquettes voisinent des baraques en planches. Puis la voie suit le bord de mer, révélant des plages qui invitent à la baignade, une végétation de pandanus au bord de l'eau et des cocotiers plus en retrait. Nous passons au-dessus de lagunes paisibles qui dispensent un air frais. Au fur et à mesure de l'avancée, des voyageurs descendent et presque tout le monde parvient à s'asseoir. Je reste à l'extrémité du wagon, assis sur les sacs, entre les deux portes ouvertes en permanence de chaque côté. Enfin Galle, terminus de la ligne. Un tuk tuk nous emmène à l'hôtel, nous avons une première vision du quartier du Fort, passons une porte dans les murailles et entrons dans la vieille ville. Ce pourrait être Gorée ou n'importe quelle autre ville 395-GALLE-Chambre.JPGcoloniale qui aurait gardé son caractère ancien avec des maisons restaurées, transformées en hébergements pour le plus grand bénéfice des touristes occidentaux. Notre hôtel n'échappe pas à la règle, nous avons une chambre avec un balcon sur la rue, un lit dont les montants chantournés maintiennent une grande moustiquaire ornée de galons de dentelle virginale, lui donnant une allure de lit nuptial à baldaquin, un ventilateur pulse un air qui vient s'écraser sur le tulle et peine à le traverser. Nous devons marchander pour avoir le petit déjeuner inclus dans le prix. Nous allons avaler des sandwichs dans le jardin de l'hôtel avec une bière qui réchauffe trop vite. Nous regagnons la chambre puis nous nous installons sur le balcon pour étudier la suite de notre itinéraire et nous apercevoir que nous n'avons pas de jours en trop. Il fait encore chaud et nous retournons dans la chambre pour profiter du ventilateur. Une 399-GALLE-Remparts.JPGdouche est la bienvenue. Nous sortons pour nous promener dans les rues du Fort. Nous sommes bientôt le long des remparts qui le ceinturent et lui ont évité d'être ravagé lors du tsunami de 2004. De l'autre côté, nous apercevons la côte et un dagoba blanc dans les arbres. Nous parvenons au phare, celui dont parlait Nicolas Bouvier mais je ne sais trop où était sa pension. Reconnaîtrait-il quelque chose ? Nous montons sur les remparts et commençons à en faire le tour alors que le soleil décline en dorant les toits des maisons à toits de tuiles, les temples de toutes les confessions et les mosquées. C'est la promenade des 401-GALLE-Femmes.JPGhabitants, les familles promènent les enfants, les amoureux flirtent timidement. Une fois de plus nous sommes étonnés par le nombre de familles musulmanes que nous croisons, les femmes très souvent complètement enfouies sous leurs voiles noirs et les hommes, barbus, en blanc. Les jeunes s'entraînent au cricket, sport national dont les retransmissions sont sur tous les écrans de télévision, à toute heure. Marie a envie de faire tout le tour, j'aurais préféré siroter une boisson gazeuse à une terrasse en étage repérée... Nous marchons jusqu'à la porte d'entrée de la ville et revenons par une rue du centre en admirant les maisons traditionnelles, toutes pourvues d'une véranda sur toute la417-GALLE-Maison.JPG longueur de la façade, peu profonde, avec une avancée du toit soutenue par de gros piliers ronds à chapiteaux doriques. Des moucharabieh de bois ou de briques ajourés masquent les activités de la maisonnée depuis la rue, des ouvertures closes par des panneaux de bois sculptés laissent passer un filet d'air. Marie fatigue et traîne la jambe. Nous allons prendre un soda dans un café avant de retourner à la chambre. Nous allons dîner sur le toit en plein air d'une maison, nous y sommes bien, au frais, sous une lune encore pleine qui éclaire faiblement la mosquée voisine que l'on pourrait prendre pour une église anglicane et les façades des maisons endormies. Pas de crevettes bien qu'elles soient au menu, ce sera encore du poulet, soi-disant teriyaki, ce qui ne manquerait pas d'étonner un Japonais et une tranche de poisson effectivement grillée avec des frites et surtout avec une bière, ce qui ne semble pas évident ici ! En sortant, un petit bout de femme nous aborde, elle est professeur de français à l'Alliance française de Galle. Je lui demande où est l'ancienne Indigo street, elle ne 412-GALLE-Maison-N.-Bouvier.JPGconnaît pas. Je cite Nicolas Bouvier, tout s'éclaire, elle sait où se trouve l'ancienne auberge où il avait séjourné et connaît sa propriétaire, la bru du petit-fils de l'ancien aubergiste. Elle nous y conduit aussitôt. La maison n'a pas changé à les en croire, ce qui n'est pas bien difficile vu l'état de décrépitude, dans tous les sens du terme, de la maison. Au milieu un jardin à ciel ouvert et tout autour des chambres, celle de Nicolas Bouvier était à l'étage. On nous y mène : des murs nus d'où pointent des racines d'un figuier audacieux, une paillasse avec une moustiquaire trouée et un balcon qui entoure le jardin. Une âcre fumée de feu de bois monte de l'atrium. L'endroit où on ne pouvait qu'écrire ce livre ! Je rêve de retaper cette maison qui pourrait avoir un charme fou, de lui retrouver sa fonction ancienne et bien sûr l'appeler « Au poisson-scorpion ». Notre « collègue » nous abandonne ensuite et nous rentrons à la chambre.

 

Dimanche 20 février : Nous petit déjeunons en compagnie d'u414-GALLE-Armoieries.JPGn couple de Bordelais, habitués de l'Asie. Nous partons terminer le tour des remparts en partant du phare. Nous ne pouvons pas accéder aux fortifications auxquelles s'appuient les b âtiments d'un ancien hôpital puis des magasins de l'époque hollandaise. Nous passons par une grande place ombragée par des banians et des arbres aux ramures étendues, nous ne manquons pas d'évoquer Tamatave. Je téléphone à une guest house, recommandée par Christiane, mais il n'y a pas de place ! Nous poursuivons notre promenade, passons devant une poterne puis la résidence du gouverneur hollandais, toutes deux avec des armoiries datées. Il existe encore 415-GALLE-Eglise-hollandaise.JPGune église hollandaise réformée en activité, sa petite congrégation écoute le prêche d'un jeune diacre autochtone. Nous achevons le tour du quartier et revenons par les rues du centre en entamant la partie la plus difficile du voyage, la recherche de cadeaux  et de cartes postales... Nous visitons les boutiques d'artisanat et d'antiquités. Un lit de repos cané et des fauteuils du même style nous plairaient bien et conviendraient très bien à Toulon mais la présence de nombreux résidents étrangers à Galle ont fait grimper les prix à des valeurs occidentales... Après un repérage des incontournables achats, nous allons déjeuner dans un des restaurants proche de notre hôtel, sans bière ! Retour à la chambre pour une trop courte sieste puis un début de relecture du blog avant de sortir concrétiser les achats... Marie fait ses emplettes puis nous revenons nous doucher, boire un soda à l'hôtel et achever la mise au point du blog. Nous dînons au même restaurant que la veille, assurés d'y avoir de la bière. Non seulement de la bière mais le serveur, absent la veille, nous propose un gin-tonic. Honnête proposition qu'un honnête homme ne saurait refuser d'autant qu'elle est concrétisée en d'honnêtes quantités... Le reste du repas est des plus classiques, nouilles et riz frits...

 

Lundi 21 février : Je me réveille enrhumé et avec le mollet gauche qui me donne l'impression d'être en bois ! Petit déjeuner, pas pressé bien entendu puis un tuk tuk nous emmène à la gare des bus en passant par la plage où les pêcheurs de retour vendent leurs poissons. Nous sommes à peine descendus du tuk tuk qu'un bus pour Tangalle démarre. Nous avons tout juste le temps de nous entasser sur une banquette étroite, avec les sacs qui occupent une place, que nous sortons de la ville en suivant le bord de mer. C'est un joli bus, qui a déjà dû faire un bon nombre de fois le tour de l'île, décoré de grappes de raisins, de guirlandes de fleurs, de fanfreluches et d'une image d'une divinité très kitsch, tout cela en plastique bien sûr ! Des haut-parleurs diffusent de la musique populaire, mélange de rythmes presque tropicaux avec force roucoulades de quelque crooner indien accompagné au tabla et à l'harmonium portatif. Je retrouve des airs qui, et pour cause, font penser au maloya réunionnais. Les plages sont belles mais avec les cocotiers elles nous en rappellent tant d'autres ! Nous apercevons dans l'eau les pieux plantés qui servent de perchoir aux pêcheurs à la ligne mais très peu sont occupés. Le bus est gros et il a donc la priorité et il ne se gêne pas. Il fonce aussi vite qu'il peut et oblige les autres véhicules à se ranger à grands coups de son puissant avertisseur. Mais il n'arrive pas à Tangalle ! Trop pressé, il heurte lors d'un arrêt un piéton qu'il doit alors emmener au dispensaire. Il s'arrête, les trois quarts des passagers sautent dans un autre bus. Sagement nous attendons, avec un autre couple de touristes et quelques personnes, que la solution se décante. Marie ne peut attendre plus longtemps pour réfréner un besoin pressant... Nous allons donc au dispensaire à la recherche de toilettes. Je me fais mal comprendre, ils veulent lui prendre sa tension ! Le quiproquo dissipé, on nous indique les lieux... Et quand, Marie soulagée, nous retournons au bus, il n'y a plus personne ! Nos deux sacs sont là, abandonnés... Nous devons arrêter un autre bus et donc repayer pour nous faire déposer quelq423-GOYAMBOKKA-Plage.JPGues kilomètres plus loin à Goyambokka. Je pars à la recherche d'une guest house. Passe un minibus, son chauffeur nous propose de nous emmener à celle que nous avait conseillée Christiane. Comme prévu, il n'y a pas de place aujourd'hui mais demain une chambre se libère. Notre chauffeur propose de nous héberger chez lui et nous y emmène, affaire conclue. Le temps de nous doucher et un tuk tuk nous ramène à la guest house. Nous faisons l'erreur de demander à y déjeuner, sans aller voir la plage toute proche sur  laquelle d'agréables paillotes servent des crevettes et du poisson grillé ! Nous commandons des sandwichs, laissons passer le plus gros de la chaleur avant d'aller rôtir nos chairs blanches au soleil. Les cocotiers encadrent une jolie crique, le sable est fin, le fond marin en pente douce et l'eau délicieuse. Nous y passons l'après-midi puis allons nous installer dans des fauteuils «gynécologiques» jusqu'au moment de regagner la salle du restaurant de la guest house, sous une paillote, au fond d'un beau jardin sauvage 419-GOYAMBOKKA-Cocotiers.JPGpeuplé d'oiseaux. Je vais seul suivre un sentier dans la colline avant de déboucher sur une piste qui traverse un village. Tous les gosses me crient « Hello ! » Aussitôt suivi de « bonbon » et/ou de « photo »... La piste se termine sur une belle plage occupée à une de ses extrémités par un hôtel de luxe. J'attends le coucher du soleil et rentre retrouver Marie. Corvée de cartes postales puis nous passons à table. Comme d'habitude, il faut attendre un temps infini pour être servi et la bière a le temps de réchauffer (Qui fera le compte du nombre de fois où j'aurai cité le mot « bière » ? A chacun ses obsessions... ). Marie se fait servir de bons beignets de calamar, mon poisson grillé a eu le temps de refroidir lors de l'opération de friture et il n'a guère de goût. Nous rentrons en tuk tuk. Notre hôte s'est proposé de nous conduire demain après-midi à quelques kilomètres voir des grottes avec des fresques et des bouddhas. Sa ravissante fille nous distribue des draps et nous nous installons dans cette curieuse chambre qui ouvre sur l'escalier d'accès...

 

Mardi 22 février : Mes coups de soleil m'ont cuit toute la nuit et j'ai toujours une fuite au pif. ! Nous prenons le petit déjeuner chez notre hôte qui essaie de se placer, sans trop insister, pour nous servir de chauffeur. Il a la gentillesse de nous emmener déposer les sacs à la guest house puis de nous laisser à la poste. Nous convenons de nous retrouver à quinze heures pour qu'il nous conduise aux temples rupestres de Mulkirigala. Nous postons les cartes puis marchons jusqu'à une banque où je change des euros après une longue attente et le remplissage de multiples documents qui doivent être paraphés par un supérieur. Nous trouvons un minuscule cybercafé, à la taille de la population locale... Nous lisons les messages et répondons à Nicole. Je ne parviens pas à mettre à jour le blog, la connexion étant perdue. Nous rentrons à la guest house occuper notre chambre puis nous nous rendons à la plage. L'eau est toujours aussi bonne bien qu'il souffle un bon vent du large. Je421-GOYAMBOKKA-Plage.JPG vais me promener en suivant le bord de l'eau. Je traverse la cocoteraie pour éviter les rochers et découvre une autre crique, plus sauvage. Parvenu à un promontoire, au-dessus de gros rochers je m'interroge sur l'importance du tsunami de 2004. La vague est-elle passée par-dessus ? Quels ont été les dégâts ? Nous n'en avons pas vu trace. Nouveau bain puis bronzage avant de déjeuner sous la paillote qui prête chaises longues et parasols à ses clients. Nous devons attendre que les noix de coco enflammées fassent des braises pour déguster d'excellentes crevettes de belle taille ainsi que des lamelles de calamar, servies avec une bonne sauce aigre-douce et des chips tout aussi délicieuses. Evidemment le prix est en conséquence mais nous nous sommes régalés. Nous revenons à la chambre et à trois heures, Ranjith vient nous chercher pour nous emmener à une vingtaine de kilomètres à l'intérieur des terres, dans le fief de l'actuel président que lui non plus ne semble pas 431--MULKIRIGALA-Bouddha.JPGporter dans son coeur. Nous atteignons le monastère de Mulkirigala où nous devons gravir quelques centaines de marches pour visiter sur deux niveaux les grottes de la falaise, fermées par des constructions à toit de tuile. Comme à Dambulla, elles renferment des bouddhas couchés, quelques-uns assis et surtout des peintures sur les murs et le plafond des abris sous roche. La plupart sont des représentations colorées de lotus mais deux fresques retiennent notre attention, sans être capables de les « lire ». Nous admirons des scènes de danses, de défilés d'éléphants, de banquets et aussi de démons qui 430--MULKIRIGALA-Fresque.JPGdévorent à belles dents des victimes. Elles semblent avoir été peintes récemment tant elles sont fraîches. Je monte jusqu'au sommet de la montagne. Il s'y dresse un petit dagoba et de là la vue s'étend sur les forêts à perte de vue à l'intérieur de l'île. Nous redescendons et rentrons. Ranjith aimerait bien rester notre chauffeur pour les deux jours suivants. Il est très gentil et prévenant mais ce sera Non ! Nous nous installons sur la petite véranda devant la chambre pour boire un soda et écrire. Arrivée de Christiane et Christine de retour de leur virée dans le centre et à Tricomalee. Nous dînons ensemble, un rice and curry pas plus convainquant que le premier et qui sera sans doute le dernier. Nous restons à discuter ensemble jusqu'à plus de dix heures !


 Mercredi 23 février : Le ventilateur n'a pas arrangé mon début de rhume et maintenant j'ai une énervante toux sèche. Nous prenons un copieux petit déjeuner en subissant la conversation de celui que nous appelons « le Major », un Anglais tout droit sorti de Kipling, habitué des anciens pays de l'Empire. Tout y passe, y compris des considérations sur la famille royale, Margaret Thatcher et Sarkozy dont il ne sait si c'est un socialiste ou un conservateur ! Le patron de l'hôtel nous propose une jeep qui viendra nous chercher à l'hôtel à Embilipitiya et nous emmènera dans le parc d'Uda Walawe. Un tuk tuk nous 439-TANGALLE-Bus.JPGemmène à la gare routière et sans attendre nous montons dans un bus identique au précèdent mais sans musique. Nous avons des sièges et il démarre presque aussitôt. Nous suivons la côte sans voir la mer, au milieu des plantions de bananiers, des rizières et des cocotiers. Il s'arrête à la demande donc souvent mais néanmoins nous ne mettons qu'une heure et demie pour arriver à destination. Nous nous faisons déposer juste devant la porte de l'hôtel où nous avions réservé. La chambre est confortable et climatisée bien que cela ne soit pas nécessaire. Après un temps de repos nous allons déjeuner de plats à dénomination chinoise, un étrange shop suey sans riz entre autres. Marie retourne à la chambre et je me rends au cybercafé tout proche où je peux utiliser mon ordinateur. Je mets à jour le blog, envoie la carte électronique à tout le monde et consulte les nouvelles. Il semble que nous avons pris la bonne décision en ne nous rendant pas en Libye ! Je retrouve Marie puis nous attendons le 4x4 qui doit nous emmener dans le parc d'Uda Walawe. Il est ponctuel. C'est un pick-up avec des banquettes sur le plateau. Nous devons encore faire une vingtaine de kilomètres, longer le grand lac artificiel sur la crête du barrage po478--UDA-WALAWE-Elephant.JPGur parvenir à l'entrée du parc. Là nous acquittons un droit d'entrée qui avoisine les trente dollars et prenons à bord un pisteur qui nous donnera des indications succinctes et évidentes ( l'éléphant dont le membre traîne à terre est un mâle ! ). Nous roulons sur une piste sèche dans une savane clairsemée et bientôt nous trouvons les éléphants isolés ou en bande qui broutent avec le plus profond mépris dans leurs petits yeux porcins envers ces gogos qui paient si cher pour venir troubler leur digestion. Des mâles isolés, des femelles en bandes avec leurs éléphanteaux, du petit de deux mois aux adolescents pré-pubères, nous avons un échantillon de la famille pachyderme. Aucun n'a de défenses, problème de vitamines d'après notre expert. Un crocodile s'est endormi sur un banc de sable d'une mare, des oiseaux colorés s'envolent devant la voiture, un singe à la tête de sage 447--UDA-WALAWE-Crocodile.JPGafricain avec sa barbe blanche déguste des feuilles, c'est la seule faune que nous verrons... La piste s'enfonce dans un sous-bois touffu où il est impossible de voir un animal qui ne traverserait pas la route. Les mares sont trop nombreuses pour que les animaux se regroupent autour des lacs pérennes et nous sommes plutôt déçus. Sur le retour, nous nous arrêtons à la hauteur d'une famille élargie avec des éléphanteaux qui ne quittent pas de beaucoup les flancs de leurs mères, une belle lumière les éclaire, ce sera le meilleur souvenir de cette visite. De retour à l'entrée 4.JPGnotre « pisteur » réclame son pourboire... Nous avons de plus en plus l'impression que le Sri Lanka est en train de devenir une destination onéreuse, les prix ont doublé par rapport aux mois derniers et les locaux semblent croire que nous sommes prêts à payer n'importe quel prix. Essayer de leur expliquer que certains articles de fabrication locale sont plus chers qu'en Europe ne les convainc pas. Nous rentrons de nuit à l'hôtel, retrouvons notre chambre confortable avec plaisir avant d'aller dîner d'un classique fried rice et de saucisses devilled donc supposées être atrocement épicées, ce qui n'est pas le cas.

 

Jeudi 24 février : Je tousse toujours autant, par quintes. Nous petit déjeunons dans le jardin alors que les préparatifs d'un mariage s'activent. Je vais acheter une carte mémoire pour l'appareil photo puis nous nous rendons à la gare routière toute proche, à pied. Nous trouvons aussitôt un bus avec des places assises. Pas de musique à bord mais un joueur de tambour qui fait ensuite la quête, on pourrait se croire dans le métro parisien ! Les petites dames âgées, cinghalaises, élégantes dans leurs tenues, jupe longue et corsage, ont beaucoup de classe. Certaines ont noué leur longue chevelure en un chignon serré où les cheveux blancs se mêlent aux dernières mèches noires brillantes. Le chignon, qu'il soit sévère chez l'institutrice, très haut placé chez les élégantes ou les femmes du peuple à la fin du XIX° siècle, hypnotique chez Kim Novak dans Vertigo, incite à déposer un tendre baiser sur la nuque ainsi dégagée. Je craque pour les chignons ! Bas ou hauts, la plus élégante des coiffures féminines ! La route se rapproche des montagnes, commence à s'élever en virages abordés à la limite de l'adhérence mais tous à bord devaient avoir un bon karma puisque nous arrivons sains et saufs à Pelmadula où nous devons changer de bus. Petite attente en guettant l'express en provenance de Colombo. Il est déjà plein, Marie peut s'asseoir grâce à l'obligeance d'un gentleman. Je parviens à caser les sacs, en partie 435--MULKIRIGALA-Vue.JPGdans le couloir et reste debout. Plus tard, je parviendrai à m'asseoir puis à venir à côté de Marie. La montée dans les montagnes se fait plus sérieuse, les rizières ne sont plus les vastes étendues comme dans la plaine mais des lopins souvent étagés. Nous dominons de plus en plus les basses terres et la vue s'étend presque jusqu'à la mer perdue dans la brume. Nous décou484-HAPUTALE-Sambossa.JPGvrons les premières plantations de théiers, des arbustes régulièrement espacés qui couvrent les collines. Au cours d'un arrêt, je vais acheter des sambo s aux légumes, certains sont mangeables, les autres très épicés. Nous parvenons à Haputale, place forte des planteurs de thé. Ce n'est qu'un gros village animé, peuplé de Tamouls amenés par les Britanniques pour travailler dans les plantations. Nous trouvons notre hôtel, le Sri Lake View, en contrebas de la route. De la chambre nous avons une belle vue sur les collines et dans le lointain, des lacs dans la plaine. Nous nous reposons avant de sortir visiter Haputale, ce qui va être vite fait... Des commerces alignés le long de l'unique rue, poussière, détritus, musique indienne, rien de très «touristique». Nous allons nous renseigner à la gare sur les horaires des trains pour Ella puis nous revenons vers la petite église anglicane et son cimetière de tombes de planteurs ou coloniaux anglais qui ne revirent jamais la mère patrie. La vue depuis le cimetière est superbe mais les nuages grossissent et le soleil décline. Je trouve un sirop et des antibiotiques dans une pharmacie et nous rentrons à la chambre. L'éclairage y est vraiment insuffisant et lire va être difficile. Nous nous installons dans la salle du restaurant pour lire, écrire et attendre l'heure du dîner. Nous sommes en altitude, à plus de mille quatre cents mètres, et il y fait frais dans la journée, presque froid le soir. Plus question de dîner en plein air, nous rentrons frileusement dans la salle commune dîner en regardant sur Al-Jazeera les informations concernant la Libye ( Nous l'avons échappé belle ! ). Le repas n'est pas fameux, pour la première fois les portions sont congrues et les plats beaucoup trop salés. Nous profitons de l'ordinateur mis gratuitement à la disposition de la clientèle ( seul bon point de l'établissement ) pour lire notre maigre courrier et nous informer sur les évènements du Monde.

 

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 14:39

 

Vendredi 25 février : Je suis réveillé tôt, ce qui me permet d'entendre l'appel à la prière diffusé de la mosquée en construction toute proche, puis je me rendors. Nous prenons le petit déjeuner, Marie essaie des hopper, sorte de crêpe concave garnie d'un oeuf, rien de remarquable... On nous propose un tuk tuk pour aller visiter les plantations de thé puis une cascade, nous acceptons. Départ donc sur une route étroite et dégradée à flanc de collines, 499--HAPUTALE-Plantations-de-the.JPGparmi les plantations. Les théiers sont régulièrement espacés et disposés en lignes qui épousent les courbes de niveau, soulignant ainsi le relief. Entre eux circulent les cueilleuses, de petites Tamoules qui ont conservé leur costume traditionnel et qui portent toutes un anneau d'or ( ? ) au nez. Elles ne cueillent que la pousse en formation ainsi que les deux feuilles à l'extrémité de la branche qu'elles mettent dans un grand sac maintenu dans leur dos par une sangle frontale. Elles s'activent toute la journée et doivent récolter dix-huit kilos de feuilles pour gagner cinq cents roupies par jour ! 493--HAPUTALE-Plantations-de-the.JPGLes conditions de travail, malgré l'existence de dispensaires, maternités et de maisons qui paraissent décentes, ne semblent pas avoir beaucoup évolué depuis plus d'un siècle. Le paysage est superbe, un beau soleil illumine les collines verdoyantes, redessinées de main d'homme, où les cueilleuses font d'infimes taches mouvantes et colorées. Nous parvenons à l'usine du groupe Lipton de Dambatenne que nous pouvons visiter. Elle semble être la plus importante de la région. Sous la conduite d'un responsable technique, nous traversons les ateliers où les feuilles fermentent puis sont hachées, triées, séchées et enfin préparées 500--HAPUTALE-Usine-de-the.JPGpour l'expédition outre-mer. Les machines sont modernes, les ouvrières peu nombreuses. Notre tuk tuk n'a pas compris, ou fait semblant de ne pas avoir compris que nous voulions aller au Lipton's seat, à quelques kilomètres. Il nous faut donc rallonger quelques billets pour nous y rendre... La note passe de trois mille à trois mille cinq cents roupies pour la journée, six à sept fois le salaire des cueilleuses ! Nous continuons dans les collines, montant de plus en plus haut dans les plantations. Nous sommes entourés de théiers mais la vue sur la plaine est dans les nuages. Une piste sur laquelle le tuk tuk mal suspendu, nous 522--HAPUTALE-Plantations-de-the.JPGsecoue, mène au sommet d'une montagne à presque deux mille mètres d'altitude où le fameux Sir Thomas Lipton avait l'habitude de venir contempler son domaine, un spectaculaire paysage qu'on croirait dessiné au moyen d'un peigne. Des femmes s'activent en-dessous de nous après avoir fait une pause pour le tea time ! Je décide de redescendre à pied, en compagnie d'une Suissesse rencontrée au sommet, à travers les plantations. Marie s'en retourne à l'hôtel avec le tuk tuk. Nous dévalons un sentier accidenté, saluons au passage ces dames qui nous gratifient toutes d'un sourire et d'un « Hello ! » puis nous nous égarons sur un sentier à peine débroussaillé avant de retrouver la 514--HAPUTALE-Plantations-de-the.JPGpiste et enfin la route. Nous parvenons à l'usine où des bus attendent, l'un d'eux démarre presque aussitôt avec quelques travailleurs. Les nuages sont montés à cette altitude et les vues que nous avions sous le soleil à l'aller sont maintenant dans le brouillard. De retour à Haputale je dis au revoir à ma camarade de promenade puis vais changer des euros dans une banque pour ne pas être pris au dépourvu pendant le week-end. Je retrouve Marie à l'hôtel qui me voyait déjà perdu dans les nuages ! Nous déjeunons rapidement d'un sandwich au poulet avec une bière plus fraîche que celle de la veille. Alors que le village est plongé dans les nuages, 528-DIYALUMA-Cascade.JPGnous repartons avec notre tuk tuk, revenons sur la route de Colombo puis suivons celle de Wellawaya qui descend vers la côte. Nous passons sous la masse nuageuse mais le temps n'est pas vraiment au soleil. Je somnole tandis que nous continuons la descente jusqu'à une chute d'eau. Elle tombe du sommet d'une falaise de plus de cent soixante-dix mètres de haut. Nous ne sommes pas bien sûrs qu'elle valait le déplacement... Nous revenons dans les nuages à Haputale. Nous nous faisons déposer dans une boutique où on vend du thé produit par l'usine visitée puis nous téléphonons à Ella pour réserver une chambre pour demain soir. Une fois de plus nous constatons l'inflation des prestations pour les touristes en l'espace de deux mois. La réflexion générale des autres voyageurs rencontrés est de trouver l'île particulièrement chère et les tarifs des visites scandaleusement plus élevés que pour les nationaux. Nous rencontrons à la boutique Marie-Reine, une vaillante retraitée française, partie depuis octobre dernier en Inde, une bavarde intarissable en compagnie de qui nous buvons un thé offert par le tenancier de l'échoppe. Nous rentrons à l'hôtel où vient d'arriver une sympathique famille suisse que nous retrouvons ensuite au dîner du soir pris ensemble. Le sujet de la conversation porte évidemment sur les voyages !

 

Samedi 26 février : Je n'ai pas bien le moral ce matin, la température extérieure doit y être pour quelque chose sans parler de cette toux énervante... Il fait froid et nous sommes encore dans les nuages qui montent, montent... Nous revoyons les Suisses qui descendent sur la côte et que je suivrais bien ! Nous lisons dans la salle du restaurant en attendant l'heure de nous rendre à la gare, le train n'est qu'à onze heures et demie. Un tuk tuk nous y dépose, encore en avance. Il n'y a que des wagons de troisième classe et nous avons peur de ne pas avoir de place assise. Vaine crainte, le convoi, une locomotive diésel, un wagon de marchandises et deux wagons de voyageurs, est loin d'être plein ! Nous nous ébranlons à mi-pente de la montagne, en passant au milieu des planta530-BANDARAWELA-Gare.JPGtions et en dominant la plaine. Nous perdons de l'altitude et les nuages ne nous cachent plus rien. Des constructions et des usines sont implantées un peu partout, le paysage était plus agréable hier où seuls les hameaux des travailleurs des plantations, regroupés autour des petits temples hindous rompaient l'unité du tricot verdoyant des théiers. Après Bandarawela les théiers disparaissent presque complétement, remplacés par des cultures vivrières et des rizières étagées dans les fonds de vallées. Nous parvenons à Ella, village minuscule mais 532-ELLA-Rizieres.JPGtrès touristique ! J'abandonne Marie devant la croquignolette gare avec les bagages et pars à pied à la recherche d'un hébergement. Les tarifs sont particulièrement élevés ( les touristes y seraient-ils pour quelque chose ? ) mais je finis par trouver une guest house avec une chambre simple, acceptable et avec eau chaude. Je retourne chercher Marie avec un tuk tuk et nous nous installons. Nous prenons des sandwichs, au poulet pour changer, et partons pour le temple de Dowa. Un jeune homme qui nous voit attendre le bus arrête la voiture de ses amis et nous propose d'en profiter ! Peu après, on nous dépose sur la route à l'entrée du temple. Nous devons nous déchausser, Marie y échappe. Il faut descendre des marches, parvenir à un espace au fond d'une gorge, occupé par un arbre de la Bodhi couvert 544-DOWA-Bouddha.JPGd'oriflammes et un temple. Un Bouddha géant est taillé dans la roche, sa robe est très abîmée par l'eau qui ruisselle dessus mais la tête et une main levée sont fines et se détachent bien sur la paroi. Dans le temple troglodyte, encore des bouddhas couchés, protégés derrière de vilaines vitres, des lotus sont peints au plafond. Des pèlerins sont venus apporter des pétales de fleurs, ils s'agenouillent devant l547-DOWA-Bouddha.JPG'un des bouddhas, joignent les mains et psalmodient en choeur. Dans les salles voisines des peintures plus récentes content la vie de l'Eveillé. Nous guettons l'arrivée du bus qui nous ramènera à Ella en compagnie des vendeuses de fleurs de l'entrée du temple qui surveillent pour nous l'arrivée du bon bus, une antiquité grinçante et dont la boîte de vitesse exprime avec beaucoup de conviction son désir de prendre une retraite non anticipée et largement méritée. Nous parcourons la rue principale du village en examinant les menus des restaurants. Tous ont compris que les touristes recherchaient parfois autre chose que le rice and curry et ont incorporé à leur carte pizza, poulet grillé ou même tapas ( supposés être des boulettes de viande épicées, arrosées d'une sauce gazpacho ! ). Nous rentrons à la chambre puis ressortons nous installer à la terrasse d'un des restaurants, le " Dream café " , qui offrent le wi-fi gratuit. Nous prenons connaissance du courrier, des nouvelles du monde et relisons mon texte avant de commander le repas. Nous ne sommes plus qu'à mille mètres d'altitude et la différence est flagrante. Alors qu'hier à cette heure nous grelottions presque, ici plus besoin de chaussettes ni de pull, la température est douce, quasi idéale. Les plats que nous avons commandés ne sont pas particulièrement copieux mais ils ont le mérite de l'originalité dans une sorte de cuisine « mondialisée », tranche de thon grillée « à la thaï »  ( ! )  et poisson frit sauce citronnée et paraît-il safranée... Retour à la chambre.

 

Dimanche 27 février : Nous prenons le petit déjeuner à la guest house puis partons à pied, sous un beau soleil pour le Petit Pic Adam, une grande colline à plus de deux kilomètres d'Ella. Nous suivons tout d'abord une route goudronnée ombragée par de hauts pins avant 552-ELLA-Gap.JPGde poursuivre par un sentier qui traverse une plantation de thé avec en toile de fond l'Ella's gap, une faille dans la montagne, entaillée comme par un coup d'épée. La promenade est plaisante, au calme parmi les arbustes mais en ce dimanche personne ne travaille à la cueillette. Les enfants, mais aussi les femmes croisées, sont habitués aux touristes, veulent tous être pris en photo pour ensuite demander quelques roupies. Au pied de la colline il faut gravir plus de trois cents marches pour accéder au sommet d'où nous embrassons un vaste panorama légèrement embrumé sur les théiers, les cultures en terrasses dans le fond de la vallée et les montagnes alentour. Nous rencontrons bien d'autres touristes et parmi eux une quantité notable de Français. Nous redescendons plus rapidement, il commence à faire chaud et l'eau d'une noix de coco dégustée en chemin, dans un hameau de travailleurs tamouls nous rafraîchit. Nous rentrons à Ella et déjeunons dans une gargote de kottu roti au poulet, un hachis de galettes et de divers légumes épicés et dans ce cas de poulet, arrosé d'une bière qu'il a fallu transvaser dans une bouteille thermos opaque et boire dans des chopes à thé ! Le tenancier n'a pas la licence et craint une visite de la police... Retour à la chambre pour une vraie sieste. Nous allons écrire des cartes postales et boire un soda sur la terrasse de la guest house en attendant l'heure d'aller dîner.Nous discutons avec un couple de jeunes Français, leur enthousiasme devant cette première expérience d'un voyage outremer fait plaisir à voir, surtout de la part de vieux briscards revenus de tout... comme nous ! Nous changeons de restaurant ce soir, le " Nescafé " , curieux nom pour un restaurant, mais toujours avec le wifi ce qui nous permet de mettre à jour le blog, de lire notre courrier, nouvelles de Nicole et de Julie que nous arrosons avec un cocktail avant de passer à table, résultat mitigé avec une purée desséchée pour Marie et des beignets de poisson aigre-doux pour moi, rien de vraiment local.

 

Lundi 28 février : Nous quittons sans regrets notre chambre qui aurait bien besoin d'une visite de Plombiers Sans Frontières, comme presque toutes les précédentes. Pas une qui n'ait un robinet qui fuit, une chasse d'eau qui coule, une douche qui postillonne ou un lavabo qui se vide directement sur les doigts de pieds... Nous avons renoncé à attendre l'heure du 554-ELLA-Cultures.JPGtrain et nous avons décidé de faire le court trajet jusqu'à Badulla en bus. Celui-ci passe devant l'hôtel, le premier qui s'arrête a de la place assise et nous emmène. Le ciel est plus couvert qu'hier mais nous avons encore du soleil qui éclaire les plantations de thé et les rizières. Nous sommes ballottés, secoués, projetés contre notre dossier ou sur la barre d'appui devant nous au gré des accélérations ou des coups de frein du chauffeur. Depuis Kandi nous avions été habitués à de bonnes routes, celle-ci est en travaux et le bus cahote dans les trous. Nous voici à Badulla où nous retrouvons l'agitation, le bruit, la poussière des villes. Nous descendons à la gare routière, Marie m'y attend pendant que je vais chercher un hôtel. Je trouve une chambre dans un hôtel un peu à l'écart, donc presque au calme avec une vue sur des pylônes électriques et une station de transformateurs, pas bien romantique mais la chambre est correcte même si l'ensemble est défraîchi. Je retourne à la gare routière et nous revenons avec les sacs en tuk tuk. Je vais à la gare ferroviaire me renseigner sur les heures des trains pour demain et prendre des billets de première classe, dans le wagon panoramique jusqu'à Nuwara Eliya. Il faut payer le prix jusqu'à Colombo, même si on ne fait pas tout le trajet ! Nous déjeunons sur le toit en terrasse de l'hôtel, à l'air sous des tôles et avec vue sur des tôles rouillées... Pas de touristes à Badulla, les prix s'en ressentent. Marie émet la très juste idée que le temps menaçant, nous devrions partir immédiatement visiter la ville. Aussitôt dit, aussitôt 559-BADULA-Muthiyagana-vihara.JPGfait. Une petite marche nous amène au temple bouddhiste de Muthiyagana. Un ensemble de bâtiments, salle de réunion, temple proprement dit avec son bouddha et dagoba tout blanc. L'absence de dévots en nombre et ce temple sans caractère particulier ne nous retiennent pas longtemps. Nous revenons dans le centre par une rue commerçante puis nous gagnons l'enceinte d'un temple, hindou cette fois. Le bâtiment ancien est recouvert d'un toit décoré d'acrotères en terre cuite qui protègent des murs peints d'une fresque très ancienne bien que non datée aux couleurs passées. Elle représente une procession avec des éléphants, des 562-BADULA-Kataragama-devale.JPGdanseuses et des guerriers moustachus. Un pavillon carré, également peint de fresques sur ses quatre côtés, surmonte le toit. Le temple en activité est tout en longueur, quelques Tamouls viennent déposer des offrandes, un prêtre contre une aumône récite des prières. En une heure, nous avons vu toutes les curiosités de la ville, nous rentrons donc à la chambre, à temps pour échapper à une grosse averse. Le ciel est tout couvert et des bancs de nuages s'accrochent aux hauteurs qui encerclent la ville. Nous nous reposons et lisons. Nous dînons sur la terrasse alors que la pluie reprend en nous inquiétant pour les jours suivants. Beignets de calamar pour Marie et crevettes à l'ail pour moi, cuisine sans génie mais tout à fait acceptable et pour ne pas changer une habitude désormais bien établie, Marie termine ce festin par une glace à la vanille « parce qu'elle fait glisser... ».

 

Mardi 1er mars : Mal dormi, des voyageurs sont arrivés tard et ne se sont pas gênés pour parler fort et faire fonctionner la télévision ! Et la pluie a repris dans la nuit... Nous partons 568-BADULLA-Train.JPGen tuk tuk à la gare. Nous sommes les seuls à occuper au départ de Badulla le wagon de première classe, dit aussi panoramique parce que l'une de ses extrémités comporte une grande baie vitrée. Il est attaché en fin de convoi et le paysage défile donc à l'envers, non seulement pour les quatre passagers installés devant la baie mais aussi pour tous les autres passagers ! Nous disposons de fauteuils individuels usés jusqu'à la corde et noirs de crasse... Le reste est à l'avenant... La voie ferrée ne suit pas la route et s'enfonce en corniche dans la jungle touffue où l'on remarque de grands arbres au tronc rigoureusement vertical et de plus rares fougères géantes. De beaux tulipiers aux fleurs rouge orangé éclatent sur le vert sombre des palmiers et des bananiers. Les nuages en écharpes ne laissent passer qu'une lumière livide. Les cultures et les villages sont absents du parcours jusqu'à Ella où 570-BADULLA-Rizieres.JPGd'autres touristes nous rejoignent. Nous retrouvons les cultures et les rizières, déjà vues dans l'autre sens mais alors sous le soleil. A Haputale, les légitimes occupants de nos sièges nous chassent de nos places, nous nous installons sur d'autres sièges mais le paysage est moins intéressant et le ciel est désormais résolument gris. La ligne continue en s'élevant dans une forêt d'aspect peu tropical avant de retrouver des plantations de théiers. Nous descendons à Nanu Oya où nous sommes aussitôt sollicités par des rabatteurs qui veulent tous nous emmener à Nuwara Eliya. Au fur et à mesure que nous avançons et que nous nous rapprochons du bus, le tarif baisse et nous finissons par accepter la proposition de l'un d'eux. Mais nous devons encore attendre l'arrivée du train de Colombo car notre chauffeur espère racoler d'autres passagers dans son minibus. Espoir déçu, nous partons donc à l'ascension d'une rude côte qui nous amène à presque deux mille mètres d'altitude, à cette station climatique de l'ère coloniale britannique, royaume des planteurs de thé. Nous nous faisons conduire au " King Fern "où nous avions réservé. L'hôtel est éloigné de la ville mais nous sommes au milieu d'une végétation luxuriante, traversée par un ruisseau. Très grand lit dans une chambre dont l'éclairage va sans doute poser problème... Nous commandons des sandwichs, que nous allons attendre près d'une heure ! Marie commence à pousser de (très) gros soupirs... Nous devons ensuite attendre l'arrivée du tuk tuk appelé par l'hôtelier alors que d'autres passent à vide. L'énervement gagne... Nous nous faisons déposer près de la gare routière, je pars à la recherche d'un opticien pour racheter des produits pour les lentilles de Marie, oubliés à Ella ! L'Office du tourisme est fermé, cadenassé, verrouillé à double tour et pour faire bonne mesure, des barbelés sont enroulés autour de la porte... Nous nous rendons alors à la gare routière où nous trouvons un bus pour l'usine de la plantation de Labookellie mais là encore, nous devons attendre qu'il soit plein et même débordant avant qu'il ne démarre. Marie n'en peut plus... Nous traversons les plantations de 591-NUWARA-ELLIYA-Theiers.JPGthé, hélas sans soleil, et après bien des arrêts, nous parvenons enfin à la Factory. Nous nous rendons directement à la boutique où Marie se décide à acheter du thé, hélas pas dans de belles boîtes comme elle le souhaitait, pour rapporter en cadeaux. Nous avons droit à une tasse d'un excellent thé, rien à voir avec celui, généralement trop fort, servi dans les guest house. Quand nous ressortons, il bruine et malgré le charme des collines couvertes d'arbustes disposés en lopins, nous ne traînons pas et sautons dans le premier bus qui nous ramène à Nuwara Eliya puis un dernier tuk tuk nous dépose à l'hôtel. Comme nous le craignions, l'éclairage est crépusculaire et tout à fait insuffisant pour nous permettre de lire. Je constate que nous pouvons bénéficier du wifi de l'hôtel et nous en profitons pour nous connecter, lire le courrier, découvrir les derniers évènements du monde et apprendre que la météo du Sri Lanka ne va pas s'améliorer dans les jours qui viennent ! Nous dînons, Marie d'un biriani parfumé et moi d'un avocat sans sauce avec une tranche de poisson frit ! Nous nous installons dans un salon pour écrire ou lire avant de gagner le lit et ses épaisses couvertures.

 

Mercredi 2 mars : Nous étions bien au chaud sous la couette et ce matin, inexplicablement, le soleil brille ! Après le petit déjeuner nous partons à pied jusqu'en ville. Il n'y a pas grande animation, peut-être à cause de la fête hindoue de Mahasivarathri qui, nous l'avons découvert hier, par hasard, se déroule aujourd'hui. Néanmoins, incertains de trouver l'usine ouverte, nous partons en bus pour la factory de Pedro, à moins de quatre kilomètres de la ville. Le ciel commence à se couvrir alors que nous franchissons les dernières centaines de mètres jusqu'au salon de dégustation-boutique de vente. L'usine ne tourne pas mais nous 597-NUWARA-ELLIYA-Theiers.JPGpouvons acheter du thé et même en boire une tasse ( en payant ! ). Nous nous promenons ensuite dans la plantation, des cueilleuses s'y trouvent, à notre grand étonnement. On nous précise qu'elles ne travailleront que jusqu'à quatorze heures trente puis que tout le monde se préparera pour passer la nuit en prières au temple ! Le soleil est capricieux, il n'éclaire que des lopins mais la vue sur les ondulations des collines couvertes de théiers alignés est superbe. Dans le fond de la vallée 598-NUWARA-ELLIYA-Theiers.JPGun lac miroite et les grands arbres de la forêt, derrière les plantations, forment une masse plus foncée qui se détache sur le ciel. Les cueilleuses ont des hottes en plastique, pas très esthétiques, quelques-unes sont en osier. Nous retournons sur la route en suivant un sentier au milieu des théiers, salués par les « Hello! » des femmes. Un bus nous ramène en ville, un passager galant cède sa place à Marie. Nous allons déjeuner au « Milano », un restaurant musulman comme son nom ne l'indique pas et qui donc ne sert pas de... En anglais, à côté du lavabo, un texte explique la création de l'homme d'après le Coran et un autre cite des passages de la Bible qui annonceraient la venue de Mahomet... Les trottoirs sont ponctués par les taches rouges des crachats des amateurs de bétel. Ces derniers se reconnaissent à leur bouche d'où dégouline une salive sanguinolente. Nous repartons à pied pour aller voir les jardins Victoria. Une seule entrée à ces jardins, de l'autre côté de la ville et impossible de sortir par un autre endroit. C'est le rendez-vous des amoureux, toujours aussi sages, d'ailleurs une pancarte prévient que l'on doit avoir un comportement décent, « Behave decently ! ». Le jardin est tout à fait quelconque et ne justifie même pas le modeste droit d'entrée ( le double pour les étrangers... ). Il est encore tôt, nous n'avons plus envie de sauter dans un autre bus pour aller voir une cascade ou un temple. Nous envisageons d'aller prendre un thé dans un de ces anciens établissements où la bonne société anglaise se rencontrait, pas sûr d'y être acceptés... Nous trouvons un restaurant indien dont la carte nous tente, aussi décidons-nous de remettre à plus tard notre envie d'anglomanie et rentrons-nous en tuk tuk à la chambre. Je profite du wifi pour relever la messagerie puis apprendre les nouvelles et enfin nous nous reposons avant de repartir en ville. Le tuk tuk que nous avions réservé est ponctuel et nous conduit au " Grand Hôtel ", cent cinquante ans au service des classes défavorisées... Atmosphère feutrée, salons aux fauteuils si profonds qu'on y disparaît, photos des ( heureux ? ) temps anciens sur les murs, bar intime avec affiches de « Casablanca », « New-York-Miami », et autres films de la grande époque hollywoodienne, salle de billard plongée dans la pénombre. La clientèle, malheureusement, ce n'est plus cela, des familles de touristes en bermuda et tongs, pas un seul veston, pas une robe de soirée, quelques gentlemen doivent se retourner dans leurs tombes... Pour justifier notre présence nous commandons deux tasses de thé servies avec componction par un vieux serveur en sarong immaculé, puis un majordome en spencer rouge vient s'enquérir de nos souhaits pour le dîner. Nous déclinons... Nous restons plongés dans la béatitude, incapables de nous extraire du canapé jusqu'à l'heure d'aller dîner en face dans un excellent restaurant indien. Nous nous régalons de mouton khorma avec une sauce crémeuse, relevée mais pas trop et d'un poulet tandoori digne de Delhi. Nous rentrons avec notre tuk tuk et nous nous installons dans un salon pour lire, plus commodément que dans la chambre. A la télévision, un match de cricket entre l'Irlande et l'Angleterre passionne les résidents dans la pièce voisine, je suis obligé d'aller demander un peu de silence...

 

Jeudi 3 mars : Le ciel est couvert au réveil mais le soleil va apparaître tout doucement. Après le petit déjeuner, je règle la note avec la surprise de voir ajouter dix pour cent au titre du service sur le prix de la chambre ! Un tuk tuk nous dépose à la gare routière où nous montons dans un bus pour Hatton. Il n'y a pas de bus direct pour Dalhousie contrairement à 525--HAPUTALE-Plantations-de-the.JPGce qu'affirmait notre guide Lonely Planet. Nous roulons encore au milieu des plantations bien peignées. Quand la route les surplombe on a l'impression de voir une tête d'Africaine finement tressée ! Une belle cascade à plusieurs étages précipite dans un torrent les eaux furieuses des dernières pluies, plus loin une chute d'eau glisse d'une belle hauteur sur une dalle rocheuse presque verticale. Après deux heures épuisantes de virages sur une très mauvaise route, nous atteignons Hatton, une grande ville très agitée où des commerces s'alignent des deux côtés de la rue principale. Nous descendons à la gare routière où nous apprenons que les bus pour Dalhousie partent d'un autre endroit. Un tuk tuk nous y conduit, il s'agit de la gare ferroviaire. Nous comprenons que le bus direct attend l'arrivée des trains de Colombo et de Badulla, dans plus de deux heures ! Je vais téléphoner pour réserver une chambre et reviens après avoir acheté des samossas pas trop épicés et des fish rolls beaucoup plus hot ! Nous patientons dans la salle d'attente de la gare. Arrive un bus avec des touristes qui descendent, je demande si ce bus repart pour Dalhousie, ce que me confirme le vendeur de tickets. Nous montons à bord et il repart à la gare routière ! Renseignement pris il ne va pas à Dalhousie mais à Maskeliya où nous devrions reprendre un autre bus. Furieux, j'exige d'être ramené à la gare ferroviaire, ce que j'obtiens en faisant payer le tuk tuk par le responsable ! Enfin arrive le bon bus. Nous nous précipitons, bien inutilement car il attend encore le train de Colombo qui arrive avec une bonne demi-heure de retard. Nous aurons passé plus de trois heures à Hatton pour changer de bus. Il démarre  rempli de pèlerins qui se rendent à Dalhousie pour gravir le Pic Adam, important lieu de pèlerinage bouddhiste. Nous sommes toujours dans les théiers et bientôt nous 609-HATTON-Lac.JPGlongeons les berges d'un grand lac de barrage sur lequel flottent quelques îlots et dans lequel plongent les montagnes toutes couvertes de plantations de théiers. Nous parvenons enfin à Dalhousie, trouvons une chambre au troisième étage de l'hôtel où nous avions réservé, avec une vue impressionnante sur le pic. J'ai de moins en moins envie de grimper les cinq mille deux cents marches qui conduisent au sommet d'autant plus qu'il faut y être au lever du soleil et donc partir en pleine nuit ! Le lit est entouré d'une moustiquaire bleutée, accrochée au plafond, certainement inutile à cette altitude. Elle est décorée d'un volant avec un galon doré du plus bel effet, un vrai dais nuptial... des haut-parleurs diffusent en permanence des chants religieux et des prêches qui m'énervent vite... Je vais consulter internet dans une autre guest house ( dans la nôtre le responsable nous a affirmé que la connexion est impossible à cause des montagnes ! ). Je rentre retrouver Marie, nous nous installons sur un balcon, à 604-ADAMS-PEAK.JPGbonne portée des haut-parleurs, en attendant que la nuit tombe. Le chemin d'accès au sommet est alors illuminé et le pic se détache sur le ciel rougeoyant. Ce soir c'est nouilles au curry avec des morceaux de poulet et de saucisse et à la télévision Pakistan contre le Canada, du cricket bien entendu... Nous allons faire une promenade jusqu'au début du sentier le long duquel les vendeurs de sucreries et de vêtements chauds guettent le pèlerin ou le touriste. Je ne sais encore pas trop si je tenterai l'escalade...

 

Vendredi 4 mars : Je me lève à deux heures du matin, le sommet est dans les nuages. Cinq minutes plus tard, il est dégagé. Je me décide. Je m'habille chaudement et part dans la nuit. Je suis un large sentier cimenté éclairé par des tubes au néon de place en place et par les lumières des échoppes qui vendent des souvenirs, fleurs en plastique, confiseries louches et boissons. Elles vont se faire plus rares au fur et à mesure de la montée et le prix de la bouteille de Coca Cola est directement proportionnel à l'altitude... Des bonzes, pas détachés des biens matériels, tentent d'échanger des bracelets en fil de coton contre des roupies sonnantes et trébuchantes, avec les touristes. En plus de ceux-ci, montent des familles, bébés dans les bras, grands-mères à demi portées par leurs enfants, d'autres redescendent après avoir passé la nuit au sommet. Je passe sous une arche puis à côté d'un dagoba. Les choses sérieuses commencent : des marches de taille et hauteur variables mais immanquablement raides. J'en escalade quelques centaines puis des milliers mais je commence à fatiguer et les pauses sont de plus en plus fréquentes. Au bout de deux heures de montée je ne vois toujours pas les lumières du temple et les escaliers sont 603 ADAMS PEAKde plus en plus durs. Renseignement pris, je suis encore à une heure du sommet ! Je décide d'appliquer le principe de base du bouddhisme : le Renoncement et j'entame, pas fier, la descente presque aussi difficile que la montée. Je croise les derniers touristes étonnés de me voir redescendre déjà... Je ne saurai donc pas si le sommet a bien la forme de l'empreinte du pied d'Adam comme le soutiennent les Chrétiens et les Musulmans ou s'il s'agit de celle du pied de Shiva comme le prétendent ses adorateurs ou encore si c'est bien là que Bouddha aurait laissé sa trace. Le jour se lève, éclaire les montagnes dans le lointain ainsi que le lac longé la veille. La descente est interminable et il fait bien jour quand je rejoins l'hôtel et regagne ce lit et Marie que je n'aurais jamais dû quitter. Je me repose une paire d'heures puis nous devons repartir. Nous allons reprendre le bus, le même que celui de la veille. Il ne démarre pas tout de suite, nous devons attendre une heure avant qu'il ne se décide... Tous les bus réservent les deux places de devant aux membres du clergé, c'est-à-dire la plupart du temps aux bonzes. Dès le départ un bonze âgé s'y est installé, à côté d'un touriste japonais. Au cours d'un arrêt, monte un bonze, jeune. Il exige aussitôt « sa » place et l'obtient, le Japonais est prié de déguerpir ! Nous retournons sur Hatton, toujours au milieu 606-HATTON-Pic-et-the.JPGdes théiers mais le ciel est assez dégagé pour que nous puissions voir le pic Adam qui me nargue longtemps. De retour à Hatton, nous changeons de bus et cette fois nous n'avons pas à attendre longtemps. Le route est meilleure, toujours au milieu des plantations de thé qui vont se raréfier puis disparaître quand nous serons à une trop basse altitude. La pluie tombe drue puis cesse peu avant Kandy. Nous retrouvons des avenues déjà suivies lors de notre passage avec Sharith. Nous descendons à la gare routière proche du centre. J'y abandonne Marie avec les sacs et vais téléphoner à l'hôtel " Queens " où nous avons envoyé une demande de réservation restée sans réponse. Le numéro de téléphone n'est plus le bon ! Je vais voir la " Sevena guest house " recommandée par Christiane, très correcte mais un peu loin du centre. Je marche ( au point où j'en suis... ) jusqu'au Queens qui n'a jamais eu ma demande de réservation et qui de toute façon est complet depuis un mois. Dommage, nous aurions aimé passer une nuit dans cet ancien hôtel colonial, très bien placé, près du lac, et à la belle architecture. On m'indique un autre hôtel, moderne, confortable mais à cinquante dollars la nuit. Je retourne à la gare routière faire mon rapport à Marie. Nous décidons de casser la tirelire et de faire un extra pour une fois ! Nous retournons donc à l'hôtel en tuk tuk. Nous avons droit à un verre d'orangeade avant d'apprécier la climatisation, la taille de la chambre et tous les détails qui transforment une pièce sordide en cocon douillet. Une douche est la bienvenue avant de repartir. Marie s'installe dans les salons du " Queens " pendant que je vais téléphoner pour réserver une chambre à Négombo. Nous marchons ensuite en direction des temples 615-KANDY-Temples.JPGhindous, à peine entrevus la dernière fois. Le soleil a disparu et il recommence à pleuvoir. Je vais changer des euros puis rechercher les K-ways et ainsi vêtus nous allons revoir les temples qui sont à la fois hindous et bouddhistes ! Certains ont de belles portes peintes, tous sont fréquentés par des dévots qui apportent des fleurs et récitent quelques prières. Nous retournons au " Queens " où je profite de la connexion internet possible dans le lobby pour apprendre que Julie repart en plongée à Oman dans un mois... Nous mettons un message à Nicole puis nous allons dîner dans un restaurant, le " Paivas ", où on sert de la cuisine indienne et chinoise. Les plats sont froids, peu garnis, rien de comparable au restaurant indien de Nuwara Eliya. Nous rentrons à l'hôtel, le garçon d'ascenseur tient à nous faire admirer la vue du bar en terrasse du dernier étage. Encore quelques marches... Et enfin nous pouvons nous délasser dans notre luxueuse chambre !

 

Samedi 5 mars : Nous quittons presque à regret la chambre la plus confortable du voyage. Nous allons prendre le petit déjeuner dans une pâtisserie de la grande rue, des gâteaux aux pommes et aux amandes avec un thé, nous retrouvons des petits déjeuners plus classiques... Nous allons ensuite contempler une dernière fois le lac avant de nous rendre dans un magasin d'artisanat pour les dernières emplettes. Enfin presque puisque nous nous rendons ensuite au marché municipal, un bâtiment couvert avec un étage dont la partie centrale est désormais consacrée aux produits à destination des touristes : épices, raphia et tissus. Nous sommes harcelés par des rabatteurs ou des marchands quasi hystériques ! Marie achète un batik pour Julie mais ne trouve pas son salwar, ensemble traditionnel indien, il faudrait acheter le tissu et le faire tailler, avec un résultat incertain... Nous abandonnons le terrain et allons à la gare routière. Nous cherchons des bus privés, climatisés, plus chers mais plus rapides, sans en trouver. Nous devrons nous contenter de bus ordinaires pour le dernier trajet... Je vais en tuk tuk rechercher les sacs laissés à l'hôtel puis je retourne à la gare routière. Nous montons dans le premier bus pour Negombo. Il ne part qu'une heure plus tard et nous transpirons beaucoup en attendant. Il part bondé et nous sommes serrés sur l'étroite banquette. Nous refaisons le trajet accompli quinze jours plus tôt dans de meilleures conditions. J'achète des samossas au cours d'un arrêt, ils constitueront notre repas de midi. Nous retrouvons les plaines côtières et la moiteur. Enfin nous voici à la gare routière de Negombo. Un dernier tuk tuk nous dépose à l'« Angel Inn » où nous avions réservé, juste derrière le « Dephani ». La chambre est correcte mais sans vue sur la mer. Après avoir vérifié l'éclairage et fait remplacer les ampoules défaillantes, nous allons prendre un soda glacé au " Dephani ", agréablement rafraîchis par le vent du large. Je vais jeter un oeil à la plage, nettement moins belle qu'à Tangalle et surtout couverte de déchets. Nous revenons à la chambre utiliser le wifi pour répondre à Julie et à Michèle tandis qu'éclate un orage qui se prolonge. Nous allons au " Dephani  " d'abord goûter des cocktails à base d'arack, l'alcool local puis dîner en discutant avec un couple de Belges, bavards mais peu sympathiques.

 

Dimanche 6 mars : Nous n'avons pas de programme bien précis pour aujourd'hui aussi ne sommes-nous pas pressés de nous lever. Nous allons petit déjeuner chez « Dephani » où nous retrouvons les Belges. Lui, toujours aussi content de ce qu'il dit être et ne parlant que d'argent. Ensuite nous allons commander un repas, un dernier rice and curry pour Marie, un simple curry pour moi au restaurant dont nous avions gardé un bon souvenir à l'aller. Nous 629-NEGOMBO-Catamaran.JPGsuivons la route quelques centaines de mètres avant de rejoindre la plage, un peu moins couverte de déchets devant les hôtels dits de luxe... Des catamarans traditionnels sont échoués sur le bord de l'eau, voiles gonflées, dans l'attente de touristes pour les emmener faire un tour. Nous nous installons sur la plage et allons nous tremper. Je profite de l'eau à la bonne température, celle que nous n'aurons pas avant des mois à Toulon. Je vais faire des photos d'un catamaran qui accoste 637-NEGOMBO-Catamaran.JPGpuis nous retournons dans l'eau... Nous déjeunons dans une gargote, le « Sea View » qui n'a pas vue sur la mer, bonnes crevettes dites royales, grillées et un crabe farci, perdu dans les légumes qui composent la farce. Retour à l'hôtel en cherchant une agence qui serait susceptible de nous emmener dans les marais, la seule réellement ouverte nous demande un prix exorbitant. La sieste est la bienvenue, nous n'en sortons que tard, à l'heure où sortent les moustiques... Nous allons dîner au « Bolonghe's » où nous avions commandé, nous sommes toujours les seuls clients alors que le rice and curry est, de loin, le meilleur que nous ayons goûté, mes crevettes au curry sont tout aussi excellentes et bien sûr Marie termine avec des bananes frites avec ce miel de cocotier qui est en fait un sirop du palmier à sucre. Nous regagnons la chambre et commençons à préparer les sacs.

   

Lundi 7 mars : Nous abandonnons notre projet de nous promener sur les canaux et décidons de passer cette dernière journée à la plage. Après le petit déjeuner encore pris au « Déphani », sans hopper pour Marie, à son grand dépit, nous allons donc nous installer sur la, plage. L'eau est toujours aussi bonne, nous devrons attendre au moins juillet pour avoir 630-NEGOMBO-Catamaran.JPGcette température à Toulon. De nombreux catamarans traditionnels sillonnent la mer, une vraie régate ! Nous devons libérer la chambre à midi, ce que nous faisons après une dernière douche. Nous portons les sacs au « Dephani » et nous nous installons sur des chaises longues pour passer le temps. Marie lit, j'ai trouvé un « Point » qui ne date que de trois semaines... Déjeuner rapide et causette avec des Français puis nous retournons sur nos chaises longues... Enfin à cinq heures nous adoptons la tenue « retour en France », avec chaussettes et pulls, puis à six heures une voiture de l'hôtel nous emmène à l'aéroport. Marie trouve encore un tee shirt à acheter, nous changeons les roupies qui restent puis nous enregistrons, passons les formalités de police et nous attendons d'embarquer. Peu de monde dans l'avion, du moins jusqu'à Malé. On nous donne un ( trop ) petit sandwich qui nous sert de prétexte pour réclamer une bouteille de vin, le premier depuis un mois, dégusté en écoutant Maria Callas dans « Tosca » ! Après Malé l'avion est plein, on nous sert un repas plus consistant mais encore très hot, curry de poisson ou poulet au gingembre, avec bien entendu du vin... 

 

Mardi 8 mars : Je ne parviens pas à dormir, aussi je regarde un film avec Humphrey Bogart, « Sahara », rien de remarquable, puis le début du « Pont de la rivière Kwaï »  avant l’arrivée à Dubai. Nous avons quelques heures à passer, à attendre, ensommeillés, fatigués. J'envoie un message à Julie pour lui dire où nous sommes puis je vais m'offrir une boîte de puros cubanos, des « Rey del Mundo » pour mémoriser cette journée exceptionnelle. Je ne parle pas de notre retour, ni de cette misérable journée consacrée à la « Femme » mais à l'évènement historique que fut, il y a soixante-cinq ans, la mise au monde du plus beau bébé qui fut jamais : Moi !!! Le jour levé, nous repartons dans un avion encore bien rempli. Nous avons droit au petit déjeuner et sept longues heures doivent encore passer. Je les occupe encore en partie en visionnant « Les raisins de la colère » dont le contenu social est encore d'une désolante actualité. Enfin nous nous posons dans un Paris ensoleillé. Le temps de passer les contrôles et un bus puis le métro nous amènent à la maison. Nous n'avons plus qu'à attendre le retour de Julie pour champagniser ce grand jour. 

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 15:16

 

SRI LANKA

 

Février 2011

 

Samedi 5 février : Nous déjeunons avec Julie, Jean-Claude survolté, peut-être encore plus que d'habitude, Lou et la petite Grâce, au restaurant japonais de la rue Claude Tillier, très correct et pas cher. Nous remontons les cinq étages, sans ascenseur (en réfection !) avant de repartir en métro jusqu'à l'Opéra d'où un bus nous emmène à Roissy. C'est sans doute l'embarquement où nous aurons jamais eu le moins à marcher entre la porte d'accès à l'aérogare et la salle d'embarquement. Marie ne trouve pas les lunettes de soleil qu'elle cherchait... A l'enregistrement, nous apprenons que nous ne serons pas à un hublot pour l'arrivée à Malé, alors que nous espérions voir les îlots des Maldives. Nous décollons et peu après on nous sert un honnête repas, avec du vin, bien que nous soyons à bord d'une compagnie, Emirates, d'un pays musulman... Les hôtesses sont asiatiques ou européennes mais certainement pas arabes. Nous entamons une nuit brève et peu reposante.

 

Dimanche 6 février : Nous nous posons à Dubai. L'aérogare est immense, en forme de hangar d'avion (!) mais moderne et abritant un Mall commercial gigantesque, un temple de la consommation avec les marques mondiales du luxe. Tous les peuples du monde s'y croisent, «corbeaux» du Golfe, Sikhs enturbannés, aux moustaches en croc, touristes en bermuda, travailleurs pakistanais ou indonésiens, Africaines en boubous colorés, etc... Marie cherche encore en vain ses lunettes de soleil. Encore quelques heures de vol à somnoler avant de nous poser à Malé. Nous restons dans l'avion soudain presque vide. Nous occupons alors chacun une place près d'un hublot, l'un à droite, l'autre à gauche de l'appareil. Par chance, Marie est du côté où on voit le mieux l'île... J'ai juste le temps d'apercevoir quelques-uns des îlots qui constituent la capitale. Une impression d'une Venise moderne et laide avec des gratte-ciel en lieu et place des palazzetti... Les îlots sont protégés par des digues artificielles, pas de barrières de corail en vue. Le temps désormais couvert n'incite pas à l'optimisme... Nous nous posons à Colombo dans la grisaille, alors que la nuit tombe. Il faut encore marcher dans l'aéroport avant de passer l'immigration, récupérer les deux sacs et enfin sortir. Deux chauffeurs de taxi envoyés par deux guest-houses nous attendent, nous partons avec le bon et renvoyons l'autre qui n'a pas pris en compte notre résiliation. Il fait désormais bien nuit, les routes sont peu éclairées. La circulation anarchique, la chaleur moite, les temples kitsch entraperçus, hindous, bouddhistes ou même chrétiens nous dépaysent, nous revoilà dans le Tiers-Monde ! Première impression décevante, ce n'est pas le paysage sauvage, planté de cocotiers que j'avais vaguement cru trouver (l'avais-je vraiment imaginé ?) mais un faubourg de Colombo où pullulent les petits métiers, les échoppes faiblement éclairées et une agitation fébrile. Une ruelle et nous voici à la guest house "Déphani". Nous y avons une chambre à l'étage, un grand lit pourvu d'une moustiquaire, surmonté d'un ventilateur « à l'ancienne », avec un petit balcon qui doit faire face aux vagues de l'océan à en croire le bruit du ressac. Nous déballons les sacs, retirons vite chaussettes et chemises superflues. Nous descendons jeter un oeil aux lieux, sympathiques semble-t-il, nous en saurons plus demain. Nous dînons de crevettes au beurre pour Marie et d'un premier plat cinghalais : une sorte de riz cantonnais où les nouilles au curry remplacent le riz, rien de gastronomique. Chassés par les moustiques ou par une variété locale des perfides mukafu, nous regagnons la chambre pour une nuit que j'espère réparatrice. Tout en étant dubitatif sur la suite du voyage avec cette pluie inhabituelle en cette saison qui risque de gâcher le séjour.

 

Lundi 7 février : Le décalage horaire, quatre heures trente (!), la fatigue et l'énervement, sans compter les moustiques qui se moquent bien du filet tendu au-dessus de notre couche, ne font pas une bonne nuit. Je suis réveillé tôt dans la nuit, je me rendors, somnole, la pluie frappe les tôles et Marie continue de dormir... Nous descendons prendre un tardif petit déjeuner, classique, qui nous servira aussi de déjeuner. Le taxi d'hier soir, pas le chauffeur mais son chef, vient nous vendre un circuit dans le nord, en voiture privée avec chauffeur. Et bien que nous en ayons repoussé l'idée avant de partir, lâchement, nous nous mettons d'accord. Cette solution nous permettra d'éviter les transferts en bus, trains, tuk-tuks et, à défaut de gagner de l'argent, de ne pas trop perdre de temps dans les transports. Nous partons en tuk-tuk, un triporteur à moteur pétaradant, d'où sans doute son nom, en ville. Un engin tout neuf, carrosserie, peinture et capote en parfait état, rien à voir avec les modèles délabrés utilisés en Inde ou en Thaïlande. Nous nous faisons déposer à l'entrée de l'ancien fort portugais dont ne subsistent qu'un porche et un reste de remparts, l'intérieur est devenu la prison civile. Nous marchons jusqu'au marché au poisson encore fréquenté cet 003-NEGOMBO-Plage.JPGaprès-midi par des clients retardataires. Sur les étals, des crevettes de taille variée, des thazards, de petits crabes, vendus par des matrones qui manient le hachoir sur des billots de bois. Les abords sont peu ragoûtants, les déchets de poissons abandonnés en bordure de plage font le régal de nuées de corbeaux qui croassent aussi vertement que dans « Les Oiseaux ». Le ciel obstinément gris, les odeurs et le mélange de boue, d'écailles, d'ouïes et autres restes ne nous retiennent pas outre mesure en ces lieux. Nous longeons l'esplanade qui doit, ou devait, servir de terrain de cricket, un gazon mité derrière un grillage rouillé et troué. Nous suivons les bords du canal où sont ancrés les bateaux de pêche, 006-NEGOMBO-Port.JPGfatigués pour beaucoup. Nous le traversons sur un pont d'où nous avons une vue que le manque de soleil attriste, sur les chalutiers et de l'autre côté sur les catamarans, particulièrement fins dont les coques sont reliées par des bambous. Nous revenons dans le centre ville et y découvrons, éparpillées dans la végétation, parmi les maisons décrépites, (réminiscences olfactives et visuelles de bien d'autres villes sur d'autres continents), quelques anciennes maisons coloniales avec de beaux balcons en 012-NEGOMBO-Maison.JPGencorbellement; des dentelles de bois les décorent ainsi que les bordures des toits. Je commence à défaillir, décidément un petit déjeuner ne saurait me suffire pour attendre le dîner. Nous nous rendons donc dans un café logé dans une ancienne maison, à clientèle de touristes, prendre un sandwich qui tarde à venir et une boisson gazeuse faute de bière. A quelque distance, dans cette rue principale qui héberge un avocat par mètre, nous allons visiter l'église Sainte-Marie, vaste et couronnée au sommet de tours carrées d'anges trompettistes qui servent de perchoir aux corbeaux. Le chemin de croix et l'autel sont en plâtre coloré, très réaliste, le plafond est peint de scènes édifiantes. Nous marchandons sans trop insister un autre tuk tuk pour nous rendre au temple bouddhiste d'Angurukaramulla. Le bâtiment principal est consacré à une 017-NEGOMBO-Temple-Angurukaramulla.JPGstatue, pas très harmonieuse, ripolinée de frais, du Bouddha couché, entouré d'autres statues, toutes plus kitsch les unes que les autres, de même que dans le déambulatoire où il semble que le panthéon bouddhiste se mélange ici à celui des Hindous puisqu'on y trouve Ganesh, Garuda, Shiva etc... Mais il ne faut pas oublier la contribution volontaire, le guide qui s'est imposé et qui nous a accompagné avec beaucoup de gentillesse et d'explications, y veille ! Nous revenons avec notre tuk-tuk à la guest house en traversant le quartier musulman, les hommes portent la calotte et la kamis blanche des Pakistanais, les femmes disparaissent sous leurs sinistres voiles noirs... Nous jetons un oeil aux restaurants voisins, j'achète un adaptateur électrique, le énième... et nous regagnons la chambre où je m'attelle à ma tâche habituelle : photos à reporter, à nommer et rédaction de ces lignes. Nous allons dîner au restaurant repéré. Nous sommes les seuls clients, sur une terrasse, en retrait de la route. Nous nous faisons servir deux excellents curry, l'un au poisson plein de saveurs et épicé à point, l'autre au porc avec des épices différentes. En dessert des beignets de banane, de ces petites bananes parfumées, servis avec une glace à la vanille et un « miel de cocotier » d'origine étrange vu sa dénomination. Nous rentrons nous reposer après cette première journée cinghalaise qui se termine avec un meilleur moral que celle de la veille...

 

Mardi 8 février : Nous avons mis le réveil pour être debout à sept heures et demie. A neuf heures le chauffeur est là, un gros poupin enrhumé. Il parle anglais avec cet accent indien qui laisse croire que les seules consonnes sont G, L et D, les autres lettres sont perdues dans les borborygmes prononcés avec des cailloux dans la bouche. Je ne le comprends pas toujours ! Nous partons dans une Mazda pas de toute première jeunesse. Nous suivons la grande route du nord, pas large et très encombrée. En principe la conduite est à gauche mais elle semble plutôt être au milieu, quelquefois à droite... Les plus grands bâtiments sont des temples, des églises ou des mosquées, tous fraîchement repeints et pourvus de bâtiments annexes, écoles ou dispensaires. Nous nous enfonçons par des routes secondaires dans la campagne, dans une végétation tropicale bien connue, manguiers, badamiers, banians parasites d'autres arbres et surtout cocotiers. Des usines de traitement du coprah ou des briqueteries sont les seules industries visibles. Ce sont ensuite de vastes rizières jaunies qui s'étendent de part et d'autre de la route. Les femmes, en sari, se hâtent sur le bas-côté, cachant leurs belles tresses d'un noir brillant sous des ombrelles. Les hommes portent volontiers le sarong qui ressemble souvent à un lamba malgache. Tous sont souriants, pas quémandeurs. Nous avons la surprise d'arriver à Panduwasnuwara sans être passés par Kurunegala comme prévu ! Le chauffeur nous amène au champ de ruines, 025-PANDUWASNUWARA-Dagoba.JPGtrès étendu, de palais et de temples du XII° siècle. Il ne reste que des murets de briques remontés sur des pelouses entretenues et des dagobas, tumulus hémisphériques qui servaienr de reliquaires, plus ou moins ruinés, tétons de briques sous les branches des flamboyants. Avec la voiture nous allons en voir d'autres, perdus dans le parc archéologique. Le chauffeur se montre coopératif et contrairement à nos craintes ne cherche pas à nous imposer « son » programme. A Padeniya nous allons visiter un temple bouddhiste. Quelques marches à monter, un porche à franchir, un bonze en toge orange nous rejoint et nous ouvre, avec une clé d'au moins quarante centimètres, la porte du temple principal. Il est entouré d'une salle décorée sur sa corniche supérieure de dragons peints, au toit de tuiles supporté par une trentaine de piliers de bois sculptés. Une porte elle aussi sculptée, ouvre sur le saint des saints et sur des statues brillantes et laides du Bouddha. Nous jetons un oeil au dagoba tout blanc et repartons. Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un établissement du bord de la route, en bordure des rizières où s'affairent des planteurs et que survolent des ibis. Un plat de nouilles sautées et un riz biriani sont très parfumés mais les viandes qui les accompagnent sont 028-YAPAHUWA-Escalier.JPGdesséchées par de trop nombreuses cuissons. Nous nous rendons ensuite au site de Yapahuwa. Une montagne tabulaire surgie des rizières et que nous craignons d'avoir à escalader. Mais une seule volée de marches, certes raides, conduit à une plate-forme où, autrefois, se dressait un temple. La dernière partie de l'escalier monumental est décorée. Des lions, des éléphants et des apsaras de pierre nous récompensent de la montée. De la plate-forme, la vue s'étend sur les rizières et dans le lointain sur d'autres roches. Hélas le ciel, ensoleillé sur la côte, est redevenu gris et le vert des palmes des cocotiers fait bien pâle figure sur le jaune des rizières. La descente vertigineuse ( des033-YAPADAHUWA-Fresques.JPG escaliers de temple maya ! ), malgré les craintes de Marie, se fait sans difficulté. Nous pouvons encore voir dans un temple troglodyte des restes de fresques de cinq et huit cents ans aux dires du gardien, des images du Bouddha répétées, identiques. Il reste soixante cinq kilomètres à parcourir pour arriver à Anuradhapura, c'est-à-dire plus d'une heure et demie de route tant celle-ci est en mauvais état. Les fortes pluies et les inondations qui en ont résulté ont leur part de responsabilité mais les nids de poule, impressionnants, ne sont pas de la veille, Dans l'ensemble, tout paraît déglingué, pas de véhicule, bus ou voiture privée, récents, pas de 4x4 tape-à-l'oeil, les stations-service datent, les ateliers, les boutiques semblent bâtis de bric et de broc. Mais nous n'avons pas encore vu de grande misère ni de mendiants ou d'estropiés comme en Inde. Peut-être modifierons-nous notre jugement après Colombo... Enfin, après avoir tout de même réussi à somnoler, malgré les cahots, nous arrivons à Anuradhapra, la grande ville du Nord. Le chauffeur nous emmène à l'hôtel prévu et réservé par son patron. Il n'y a que quatre chambres qui sentent le moisi, sans presque de fenêtre, juste une ouverture grillagée. Nous ne sommes pas ravis mais il va falloir s'en contenter ! Nous allons nous installer sur la terrasse, agréable, avec une vue sur le lac proche, derrière un rideau de végétation. Nous y prenons un soda mais c'est aussi l'heure de sortie des moustiques et le temps que nous réagissions et allions chercher un produit de protection, il est trop tard, nos succulents épidermes ont déjà fait le régal des maudits insectes. Nous retournons à la chambre, mal éclairée puis revenons dîner sur la terrasse. Mal nous en prend de vouloir essayer des plats soi-disant occidentaux. Le poulet commandé grillé est trop frit et recouvert d'une sauce qui se veut barbecue, les légumes, dans la plus pure tradition britannique, sont bouillis. Quant à mon fish and chips, ce ne sont que des boulettes panées renfermant un produit indéfinissable que l'on peut admettre être du poisson... Je n'ajouterai pas que la bière était tiède, certains diraient que je suis toujours négatif... Retour dans notre cellule pour la nuit. La lumière dispensée par l'unique ampoule au plafond est chiche et ne permet qu'à peine de lire.. Je commence à lire « Le poisson-scorpion » de Nicolas Bouvier qui me sape le moral : Le voyage à Ceylan, cinquante ans plus tôt, et une telle concision, un tel talent ! Notre lucarne donne sur la terrasse où une tablée d'autochtones mène grand train à coups d'arack, l'alcool local. Nous ne pouvons les ignorer. Mon intervention ne les calme que très provisoirement et ce n'est qu'à minuit passé qu'ils abandonnent le champ de bataille.

 

Mercredi 9 février : C'est évidemment au matin, quand il faut se lever que je dormirais le mieux... Le petit déjeuner, servi sur la terrasse, sous un soleil réapparu, avec vue sur le lac et, sur l'autre rive, un dagobatout blanc, est copieux. Aux ingrédients classiques s'ajoutent un jus de papaye, des crêpes au miel, des oeufs frits auxquels je fais honneur pour le cas où le déjeuner serait tardif. Le chauffeur est ponctuel, nous lui faisons remarquer que le début de la nuit fut animé, il en était... Nous découvrons les dégâts des inondations de la semaine passée : niveau d'eau dans les prairies, routes coupées, ponts emportés et traces du passage des flots avec des déchets accrochés à tous les barbelés. Dix centimètres d'eau effraient notre chauffeur et il n'ose pas traverser là où passent vélos et tuk-tuk. Nous devons donc essayer de contourner les obstacles et commençons les visites par un temple troglodyte éloigné, le Isurumuniya vihara. Nous devons nous déchausser dès l'entrée et Marie se couvrir les épaules avec un tissu prêté à l'entrée. La traversée de la cour, sur le gravier n'est pas agréable. Le sanctuaire est adossé à un énorme rocher sur lequel nous remarquons au bord du bassin des éléphants sculptés, de face et de profil et des petits 035-ANURADHAPURA--Isurumuniya-vihara-bonzes.JPGprotégés par des adultes. Nous faisons le tour du rocher, sans pouvoir monter dessus. Dans un bâtiment attenant, un grand Bouddha couché et coloré comme il se doit, reçoit la visite de moines et de laïcs chinois qui chantent, agenouillés et mains jointes. Le petit musée renferme de belles représentations de danseuses, de rois et de nains. Nous revenons à l'hôtel rechercher un foulard pour que Marie soit en règle... Puis nous nous rendons au musée archéologique où nous achetons des billets, très chers mais valables pour tous les sites archéologiques. Nous nous promenons dans l'ensemble des ruines des édifices dont il ne reste que les traces des murs et parfois de beaux escaliers ornés de dragons, parfois de pierres sculptées avec des apsa041-ANURADHAPURA--Jetavanarama-Dagoba.JPGras ou des "gardiens", toujours déhanchés. Nous sommes seuls avec des vaches qui broutent et des ibis qui parsèment d'une multitude de taches blanches les pelouses gorgées  d'eau, ombragées par des flamboyants, des frangipaniers et des banians. L'ensemble est dominé par l'énorme dagoba de Jetavanarama, un hémisphère de brique surmonté d'une flèche tronquée qui culmine à soixante-dix mètres de haut. Nous reprenons la voiture pour parcourir un ensemble de ruines espacées mais toujours dans un environnement boisé et inhabité. Nous commençons par les restes d'un palais royal dont seuls des sculptures d'escalier méritent la halte. Des singes f044-ANURADHAPURA--Palais-royal-singes.JPGacétieux qu'on ne se lasserait pas de voir s'ébattre dans les arbres ou sur les pelouses et les pierres, indifférents aux gens, occupent les lieux. Ce sont presque les seuls êtres vivants avec des chiens faméliques et galeux rencontrés dans ces parages. Plus loin, des bassins jumeaux sont tellement remplis d'eau avec les dernières pluies qu'on ne distingue plus guère que les boules des lotus de pierre qui marquent les angles et le sommet de leurs murs qui servent de repos à des tortues grêlées de folioles. Ces dernieres recouvrent d'un uniforme tapis vert les eaux que l'on ne devine plus dessous. Nous devons ensuite encore nous déchausser pour remonter une allée jusqu'à une statue du Bouddha Samadhi qui ne me séduit pas particulièrement, sa pierre semble du ciment ! Plus loin, je me déchausse à nouveau mais cette fois sans raison051-ANURADHAPURA--Moon-stone.JPG religieuse, simplement pour approcher un panneau explicatif à propos d'une moon stone, un demi-cercle de pierre sculpté disposé à la base d'un escalier et comportant des arcs décorés de flammes, d'animaux, d'oies et enfin de lotus, tous étant des représentations symboliques, pas clairement précisées. C'est ensuite un ensemble de bâtiments, l'un avec un beau gardien de pierre, l'autre un réfectoire de moines avec une gigantesque auge de pierre que les fidèles remplissaient de riz pour nourrir jusqu'à cinq mille moines. Nous ne pouvons pas toujours approcher les vestiges, de grandes flaques d'eau en interdisent l'accès ou le gazon est si détrempé qu'il semble en éponge. Nous arrêtons pour visiter un musée archéologique, des stèles et autres chapiteaux de pierre, des statues de Bouddha aux plissés délicats et des urinoirs très étudiés ! Nous revenons dans le centre de la ville ancienne, longeons un très grand dagoba blanc, le Ruvanvelisaya, que nous visitons après 058-ANURADHAPURA--Ruvanvelisaya-dagoba.JPGnous être offert une noix de coco bien pleine d'un lait savoureux, vendue au tarif « touriste »... Nous devons encore nous déchausser et passer un contrôle de police avec fouille, du moins pour Marie ! Le monument est sans grand intérêt, il est plus grand que beau. J'en fais le tour, Marie qui peine à marcher sans chaussures m'attend à l'ombre. Afin de le photographier de l'extérieur avec son mur d'enceinte couvert d'une frise d'éléphants, je dois traverser la pelouse inondée en retroussant mes bas de pantalons et en essayant d'éviter les bouses ramollies... Le chauffeur rechignant à nous emmener au Sri Maha Bodi, en passant dans l'eau, nous devons y aller à pied, sous le soleil qui m'aura laissé de cuisants souvenirs aujourd'hui. L'intérêt du site est très limité pour les non-croyants, il entoure un rejet d'un arbre sacré venu d'Inde et qui aurait plus de deux mille ans ! Quelques drapeaux de prière sont accrochés aux branches mais nous ne pouvons pas061-ANURADHAPURA--Ruvanvelisaya-dagoba.JPG accéder à la terrasse où il se dresse. Nous revenons en soupirant à la voiture, tout en appréciant les vues sur le dagoba de Ruvanvelisaya derrière son mur d'éléphants et au milieu des étendues d'eau, paradis des ibis, plantées d'arbres splendides. Nous rentrons dans la ville dite nouvelle, je vais consulter la carte d'un restaurant et acheter des chips et du jambon de poulet congelé que nous avalons en guise de déjeuner / goûter à l'hôtel avec une bière presque fraîche. Nous sommes seuls, la vue sur le lac et le dagoba dans le lointain en feraient un endroit idyllique si des travaux dans une annexe en construction ne le gâchaient. Marie va s'installer dans le jardin, je retourne prendre une douche puis me reposer. Je vais la rechercher, nous allons à quelques dizaines de mètres contempler le courant furieux qui vide lentement les eaux du lac puis nous retournons à la chambre attendre l'heure de dîner. Nous avons demandé au chauffeur, à son grand déplaisir, de nous emmener au restaurant repéré... Il se veut chinois. La salle est froide, quasi déserte, le personnel peu souriant mais la carte est appétissante. Bien sûr, il ne faut pas la croire, les plats commandés ne ressemblent jamais à ce qui était annoncé et sont toujours très épicés. Ce qui est le cas ce soir, néanmoins nous nous régalons d'un boeuf sauce d'huître et de crevettes croustillantes même si les morceaux de boeuf sont encore une fois desséchés. Quant au riz, très parfumé mais piquant, nous ne saurons jamais pourquoi il était qualifié de« thaï »... Retour en tuk-tuk à l'hôtel où les ouvriers du chantier continuent de s'affairer à plus de neuf heures...

 

Jeudi 10 février  : Je n'ai pas su, depuis presqu'un demi-siècle, communiquer à mes intestins mon penchant pour l'exotisme. Ils tolèrent quelques écarts hebdomadaires mais se révoltent quand cardamone, curry et piment deviennent communs. Ils ne manquent pas dès lors de manifester leur mécontentement et bien entendu en des lieux fort éloignés des si bien nommés lieux d'aisance... Nous sommes partis après le petit déjeuner en direction de Mihintale, secoués sur une route défoncée, soumis aux accélérations et freinages brutaux de notre roi du volant quand se font sentir les prémices de turbulences intestinales. Trop tard pour les satisfaire, elles devront attendre... Une demi-heure plus tard, nous sommes au pied d'un large escalier aux marches larges et basses, dures aux muscles fessiers, qui se perd dans les frondaisons des frangipaniers qui l'ombragent insuffisamment. Nous grimpons vaillamment une première volée de marches, soufflons sur un premier palier puis nous nous lançons dans une seconde volée aux gradins plus durs mais loin d'être aussi raides qu'à 063-MIHINTALE-Kantaka-Chetiya.JPGYapahuwa. Nous débouchons devant un ancien dagoba point trop ruiné. Aux quatre points cardinaux se dressent des panneaux sculptés massifs, encore en bon état, décorés de frises d'éléphants, de nains dansants, d'oies et autres lotus. Après en avoir fait le tour, nous devons redescendre au premier palier pour reprendre un autre escalier qui nous conduit, essoufflés et en sueur au second palier. Il s'y trouve diverses ruines, celles d'un réfectoire avec une auge géante qui pouvait contenir assez de riz pour nourrir plus de deux mille moines affamés et quand on sait la quantité de riz qu'ingurgite le Sri Lankais moyen... En nous avançant dans l'herbe pour apercevoir une salle de réunion, nous faisons s'enfuir un gros serpent noir qui trace un sillon tremblotant, mais moins que nous, dans le gazon... Nous sommes dès lors accompagnés d'un gentil temple boy qui se défend d'être un guide mais tient à nous fournir néanmoins des informations dans un sabir franco-anglais forgé au contact de nos compatriotes aventureux... Encore un escalier que nous aimerions croire être le dernier jusqu'à l'entrée payante ( un moinillon souriant, dans sa robe safran, nous échange un billet de mille roupies contre deux jolis tickets... ) de l'ensemble monastique d'Ambasthale. Par faveur spéciale et grâce à l'intervention de notr070-MIHINTALE-Ambasthale-dagoba.JPGe cicérone, Marie n'est pas tenue de se déchausser, moi si ! Sur la place de dresse un petit dagoba blanc entouré de piliers carrés anciens mais qui ressemblent fort à des poteaux de béton. Il est au milieu de cocotiers et de manguiers, témoin de la rencontre légendaire en ces lieux du roi Devanampiya Tissa et du bouddhiste Mahinda qui le convertit. Une statue moderne, bien blanche du Bouddha domine sur une colline et le dagobade Mahaseya sur une autre. Un gros rocher ferme le cirque. De grossières marches y ont été taillées et une solide balustrade permet aux audacieux ( dont nous ne manquons pas d'être...)  de grimper au sommet. Marie hésite puis tirée, poussée grimpe assez haut pour dominer la place et jouir de la vue sur le dagoba, le Bouddha, les palmes des cocotiers et derrière les lacs, la cité d'Anuradhapura. Je franchis les derniers obstacles et parviens au plus haut point du rocher, découvrant alors la plaine inondée sur 360°, les rizières et les maisons 073-MIHINTALE-Mahaseya-dagoba.JPGdétruites par les eaux. Redescendus sur la place, il nous reste encore un dernier escalier à gravir pour atteindre le plus haut point, au dagoba de Mahaseya. Les marches ne sont pas dures mais chauffées par le soleil, elles brûlent la plante des pieds. Pas encore détaché des contingences matérielles, je sautille sur place, d'un pied sur l'autre, à la recherche des zones d'ombre. De près ce gros téton de briques blanchies est sans charme ni intérêt. Un bâtiment annexe abrite un Bouddha couché, sans doute sponsorisé par Ripolin... Nous commençons la descente, je retrouve avec soulagement mes chaussures. Encore deux écarts pour aller voir des bassins comportant l'un un cobra sculpté sur la paroi, l'autre un lion dressé qui servait de fontaine. Notre guide improvisé a la gentillesse, sans que nous ne le lui ayons demandé, de faire prévenir notre chauffeur de venir nous chercher au second palier qu'il nous avait dit être inaccessible en voiture ( ! ), nous évitant ainsi une descente longue et pénible. De retour à Anuradhapura, nous nous faisons déposer devant une pâtisserie. Rien de mirifique, quelques pâtés farcis de poisson ou de poulet et de curry et quelques plats plus classiques. Marie se contente d'une sorte de friand, je commande un poulet biriani, comme d'habitude le riz est parfumé, la viande desséchée et le piment hot !!! Tout à fait ce dont j'avais besoin pour calmer le feu de mes entrailles... Nous ne trouvons pas de cybercafé malgré quelques enseignes qui promettaient Internet... Le chauffeur vient nous rechercher, nous emmène au dernier dagoba, celui de Mirisavatiya, rien de remarquable, nous terminons par la visite du musée archéologique. Une belle maison coloniale ancienne, sur deux niveaux renferme des collections de pierres en provenance de divers sites, le jardin alentour est très bien entretenu. A l'intérieur les photos, les textes des explications doivent dater d'avant l'indépendance, les vitrines sont066-MIHINTALE-Kantaka-Chetiya.JPG d'une saleté exceptionnelle et seules quelques-unes sont éclairées. Quel dommage, le choix de quelques objets, dans une salle repeinte, éclairée serait un complément indispensable à la visite de la cité ancienne ! Heureusement quelques belles pièces, des escaliers, des bouddhas aux drapés élégants, sont disposés dans le jardin, à l'admiration des rares visiteurs. En dernier, la contemplation d'urinoirs sculptés et décorés, de granit, en forme de toilettes à la turque, me ramène à des considérations moins éthérées et c'est avec le plus grand soulagement que je retrouve à la chambre des modèles plus perfectionnés de ces commodités... Nous restons nous reposer jusqu'à l'heure de dîner. Nous nous sommes résolus à donner une dernière chance au restaurant de l'hôtel. Bien nous en prend : les nouilles sautées de Marie et ma salade de fruits de mer sont bons et copieux, le garçon à qui nous en faisons la remarque a un sourire jusqu'aux oreilles, notre cote remonte ! Nous ne traînons pas dehors, il ne fait pas bien chaud et nous préférons regagner la chambre.

 

Vendredi 11 février : Nous quittons l'hôtel presque avec regrets, nous étions devenus familiers avec le personnel... Et l'addition s'est avérée légère... un oubli ? Le chauffeur est un peu en retard mais guère. Nous prenons la route, très mauvaise au début, elle s'améliore par la suite et ce ne sont pas des nids de poules qui effraient notre aurige qui d'une main de maître dirige ses chevaux-vapeurs, du moins tant qu'il n'y a pas trace d'eau sur la route. Nous bifurquons ensuite en direction d'Aukana où dans une falaise nous allons voir un 084--AUKANA-Bouddha.JPGBouddha debout, taillé dans la masse, presque entièrement dégagé de la roche. Nous devons acquitter un droit d'entrée et je dois retirer mes chaussures, Marie en est dispensée. Marcher sur le gravier n'est pas agréable et ce n'est pas ainsi que j'atteindrai le nirvana... Les plissés de la robe sont 086--AUKANA-Bouddha-tete.JPGbien marqués, peut-être un peu raides, la tête est classique avec sa chevelure bouclée et ses lobes d'oreille allongés mais les bras et mains sont grossiers. Nous regagnons la route principale et à Habarana, nous demandons et trouvons une crique de la rivière où les cornacs viennent baigner, récurer leurs pachydermes. Une femelle est dans le cours d'eau et semble s'y trouver bien. Son cornac après avoir taillé une «brosse» dans une enveloppe de noix de coco, l'oblige à se coucher sur le 097-HABARANA-Elephant-au-bain.JPGflanc dans le courant et lui frotte énergiquement le derme. Nous croisons d'autres cornacs qui amènent leur animal au bain puis le chauffeur tient à nous montrer des touristes qui reviennent, farauds, d'une promenade à dos d'éléphant. Leurs mines béates et rougies nous dissuadent de les imiter... Nous déjeunons dans un établissement pour touristes, les prix s'en ressentent. Marie se contente d'une omelette, je me risque à essayer un rice and curry, le plat national cinghalais. On m'apporte une assiette de riz blanc, portion locale, et des écuelles remplies de divers condiments, des légumes inconnus, des bananes en frites, des fleurs de bananiers, de la citrouille, des chips papadam, et du curry de boeuf, très moyennement épicé pour les palais délicats des Occidentaux. Bien entendu, je n'apprécie que très moyennement les légumes mais le curry me convient. Nous repartons et faisons presqu'aussitôt demi-tour, j'ai oublié l'appareil photo sur le dossier de ma chaise... Marie a la charité de ne faire aucune remarque désobligeante... Nous quittons de nouveau la route de Polonnaruwa pour nous diriger au milieu des vertes rizières ponctuées de bouquets de bananiers et de cocotiers, paysage classique du sud du sous-continenet indien, vers le site 098-HABARANA-Elephanteau.JPGde Medigiriya. Un attroupement sur le bas-côté nous attire. Un malheureux éléphanteau de huit mois, ( ses défenses commencent à peine à sortir ), a perdu sa mère, s'est égaré et a été capturé par les villageois qui l'ont entravé. Le pauvre animal est terrorisé, l'oeil mi-clos, sans réaction aux sollicitations. Un camion doit venir le chercher et l'emmener dans un parc. Nous repartons mal à l'aise... Nous parvenons au Mandalagiri Vihara, un superbe ensemble de temples du VII° siècle, isolé en pleine nature. Sur des plates-formes se dressent des piliers, des statues usées, démembrées et noircies par des siècles de moussons. A côté sur une autre plate-forme, circulaire, un vatadage, temple rond renfermant des reliques. Il 103-MEDIRIGIRIYA-Vatadage.JPGn'en subsiste qu'un petit dagoba au milieu de piliers disposés en cercles concentriques, avec des bouddhas aux quatre points cardinaux, et quelques modestes fleurs déposées devant. Nous y sommes seuls, le gardien a renoncé à contrôler les rares visiteurs et est rentré chez lui en verrouillant la porte mais il a suffi de passer à côté. Nous nous sentons en paix, les ramures des grands arbres nous protègent du soleil et pour la première fois nous trouvons le site exceptionnel, différent des précèdents. Nous repartons et nous arrêtons à notre surprise non pas à Polonnaruwa mais à une douzaine de kilomètres avant dans une guest house, séparée d'un lac par la route. Des écureuils courent dans les arbres, des oiseaux jaune orangé volent d'une banche à l'autre. Le bungalow, au fond d'un beau jardin, sous une véranda colonialement pourvue de fauteuils larges et profonds dont les accoudoirs peuvent pivoter et se déplier afin d'y reposer les pieds comme sur une table de gynécologue, pourrait être confortable avec quelques meubles et surtout une lumière plus efficace. Néanmoins nous nous déclarons ravis pour ne plus passer pour des insatisfaits congénitaux. Nous allons prendre un soda à peine frais sur la terrasse du coin repas. Nous y découvrons, consternés les tarifs des plats proposés et leur répétitive pauvreté. Après un repos à la chambre, nous allons dîner d'un riz frit sans grande saveur et de filets de poisson du lac servis avec du citron, que les autochtones ne pourraient manger tant il leur paraîtrait fade. Des plats pour touristes !

 

Samedi 12 février : La découverte de l'absence d'un robinet d'eau chaude et donc d'icelle n'améliore pas l'humeur... Le petit déjeuner est servi en plusieurs étapes : le thé, puis des fruits puis des oeufs et enfin des toasts grillés tout ceci sur un laps de temps de trois quarts d'heure... Nous partons avec le chauffeur qui s'est aussi accordé un petit délai... Nous commençons par changer des euros dans une bijouterie, plus rapide qu'à la banque. Nous allons ensuite au musée archéologique, moderne et bien présenté, avec des maquettes des monuments, de la ville à son apogée au XII° siècle, des objets, poteries, pierres et surtout de splendides bronzes représentant les dieux et déesses du panthéon hindou, des photos des sites que nous aurions préféré ne pas voir pour avoir la surprise de leur découverte. Le chauffeur nous emmène ensuite, en longeant la digue qui retient l'immense lac Topa Wewa, au site du sud, le Potgul vihara, un dagoba creux et, à proximité, une statue étrange d'un 116-POLONNARUWA-Potgul-vihara.JPGpersonnage tenant entre ses mains ce que certains identifient comme des rouleaux écrits sur des feuilles de palmiers, d'autres une tranche de papaye... Nous reprenons la voiture pour entrer sur l'immense parc archéologique. Tout d'abord ce sont les ruines du Palais royal, un bâtiment massif aux murs épais qui devait être à plusieurs étages et qui donne une idée de l'importance du royaume en ce temps. A proximité une salle d'audience très joliment décorée de frises d'animaux, lions, éléphants et toujours des nains dansants, sur plusieurs niveaux, avec un bel escalier d'accès encadré par des lions de pierre. En arrière, un bassin avec des frises identiques. Heureusement la voiture est là pour nous faire parcourir les quelques centaines de mètres qui séparent les sites. Le ciel couvert transforme l'atmosphère en étuve. Nous entrons ensuite dans le « quadrilatère », un ensemble de bâtiments plus intéressants les uns que les autres. Tout d'abord un très beau temple hindou dédié à Shiva, 129-POLONNARUWA-Shiva-vihara.JPGremonté par anastylose et donc d'aspect branlant, ce qui lui confère une allure de ruine romantique. Au fond d'un chambre, un lingam se dresse, oint d'huile, des mains féminines y ont déposé des pétales de fleurs blanches en voeux de fertilité. A côté un plus grand bâtiment, le Thuparama, est du même style avec des murs extérieurs très travaillés, semblables à ceux des temples du sud de l'Inde. Un vatadage, identique à celui de Medigiriya mais pas aussi bien situé, se trouve à proximité et sert de terrain de sport à des macaques turbulents. On accède, en franchissant une belle moon stone, sur sa plate-forme où des bouddhas sont disposés aux quatre points cardinaux. Plus 137-POLONNARUWA-Vatadage.JPGloin dans le Hatadage, se dressent de beaux piliers sculptés de scènes amoureuses ( ? ). D'autres édifices sont disposés alentour. Nous achetons une bouteille d'eau puis plus tard un paquet de biscuits qui nous serviront de déjeuner, au grand désespoir du chauffeur qui nous aurait bien vu rentrer à deux heures à l'hôtel pour y déjeuner. Il a tenté quelques remarques sur le temps qui pourrait bien se gâter, la similitude des temples. Pas de chance, nous tenons à TOUT voir et le soleil réapparaît ! A temps pour nous permettre de voir ensoleillé le R ankot vihara, un grand dagoba entouré de cellules qui 151 POLONNARUWA Kiri vihararenferment des statues du bouddha modestement honoré d'un pétale de fleurs et où parfois achève de se consumer un bâtonnet d'encens. Les parois protégées du soleil sont moussues. Plus loin un bel ensemble comporte un grand temple renfermant un grand bouddha debout mais sans tête et à côté un beau dagoba, le Kiri Vihara, bel exemple presque intact, avec sa demi-sphère de brique couverte d'un enduit de chaux autrefois blanche, surmontée d'un cube reliquaire et enfin d'une élégante flèche. Nous continuons par le Gal Vihara, site de quatre bouddhas géants, un debout et un couché, très beaux dont les plis des robes se mêlent aux strates de 164-POLONNARUWA-Gal-Vihara-Buddha-couche.JPGla roche. Les deux assis sont moins intéressants. Un Coca plus tard, nous reprenons la voiture pour un dernier temple, la salle Tivanka, très joliment décorée extérieurement de frises de nains déchaînés en diverses positions et des classiques lions, éléphants, malaisés à voir dans leur ensemble à cause d'un échafaudage qui supporte une toiture de protection. A l'intérieur, des fresques, très peu visibles, qu'éclaire le gardien avec sa lampe torche, de personnages très fins en vêtements de fête, des scènes qu'il faudrait mieux distinguer et expliquer. Nous en avons terminé et le chauffeur ravi nous ramène à toute vitesse à l'hôtel pour une heure de repos. Nous repartons pour nous rendre dans un « spa » où Marie comptait essayer du massage ayurvédique. Les tarifs pratiqués nous en dissuadent vite, nous nous sentons encore une fois considérés comme des vaches à euros ! Je ne suis pas content et le dis au chauffeur qui espérait sans doute une gratification au passage. Nous lui demandons de nous emmener dans un cybercafé, il nous conduit dans un hôtel de luxe de la terrasse duquel on a une vue splendide sur le lac. L'ordinateur mis à la disposition de la clientèle est sous un tissu, l'en débarrasser, le brancher, le démarrer est trop long, on nous installe dans le bureau du directeur ! La connexion est extrêmement lente, en une demi-heure nous n'aurons que le temps de lire le message de Nicole, de lui répondre, d'écrire à Michèle et d'apprendre le départ de Moubarak. Retour à la chambre. Nous nous installons sur la terrasse pour lire et écrire en attendant le moment de dîner. Repas identique à celui de la veille, du poulet archi-frit et des nouilles sautées avec du poulet, l'addition de poudre de coco légèrement épicée pimente le plat. Le patron, très sirupeux, est désolé de ne pas avoir de glace à nous proposer en dessert.

 

Samedi 13 février : Toujours autant de mal à émerger au matin. Nous quittons la guest house et revenons sur nos pas. Après une portion de bonne route sur laquelle la voiture s'envole, Sharith, le chauffeur se calme sur une route secondaire étroite dont le revêtement a en grande partie disparu. Nous sommes dans la jungle comme il se plaît à nous le dire, une forêt dense mais sans grands arbres. Des pitons apparaissent et nous longeons celui de Sigiriya, but de la journée. Nous traversons le village, une succession de boutiques et de guest houses à destination des touristes pour qui Sigiriya est un must. Nous dépassons le village, continuons quelques kilomètres jusqu'à notre campement, un ensemble de quelques bungalows disséminés dans un jardin à peine défriché. Le bungalow semble très correct et même agréable avec une terrasse et des fauteuils pour profiter de la « jungle » ! Nous repartons aussitôt pour le site. Nous contournons des douves et entrons dans l'ancienne cité par les jardins symétriquement disposés de part et d'autre d'une allée qui se dirige droit vers le gros paté de lave dont les parois verticales émergent de la végétation. Nous avons la surprise de retrouver Christiane Grandchamp et une de ses amies Christine ! C'est la 177-SIGIRIYA-Jardins.JPGseconde fois en quelques années que nous nous retrouvons par le plus grand des hasards, la fois précédente au Yémen ! Nous échangeons des informations tout en cheminant... Après les jardins, nous traversons un amoncellement de rochers, creusés de grottes autrefois habitées par des bonzes. Puis commencent des volées d'escaliers qui nous élèvent progressivement au-dessus de la plaine. Nous découvrons le paysage de forêt dense d'où surgit à faible distance un Bouddha moderne tout blanc, les montagnes dans le fond sortent à grand peine de la brume. Nous parvenons au pied de la falaise. Un escalier moderne en colimaçon, enfermé dans une cage grillagée, nous amène devant une anfractuosité de la paroi où d'extraordinaires fresques aux coloris 178-SIGIRIYA-Fresques.JPGd'une étonnante fraîcheur s'offrent à nos yeux. Elles représentent toutes des femmes, à la belle poitrine dénudée, couvertes de tiares et de bijoux, celles de profil pourraient être mayas ! Nous redescendons l'escalier en colimaçon, continuons le long d'une paroi couverte de graffitis anciens et modernes, indéchiffrables pour nous puisqu'en alphabet cinghalais. Encore des marches et nous débouchons sur une plate-forme en partie ombragée. Des griffes géantes de lion sont tout ce qui reste d'une statue qui devait être digne du sphinx de Guizeh. Marie capitule et m'attend à l'ombre tandis que je me lance dans les dernières volées d'escalier à l'assaut de la falaise, en compagnie de nombreux touristes mais aussi de 191-SIGIRIYA-Sommet.JPGCinghalais venus en week end. Je découvre un espace couvert de constructions étagées en briques, sur plusieurs niveaux dont le rôle est encore disputé, palais royal ou monastère ? Des bassins, des salles avec des banquettes taillées dans la roche laissent libre cours à l'imagination. La vue porte sur 360°, la forêt, les étangs qui débordent et les toits du village. Je redescends plus vite et retrouve Marie en compagnie de Christiane et Christine. Nous descendons de concert, en passant devant une salle d'audience pourvue elle aussi de banquettes taillées dans la masse puis dessous un rocher en surplomb qui lui a valu le nom de « capuchon de cobra ». Nous rejoignons le parking où nous nous offrons des boissons presque fraîches. Marie se fait chiper un biscuit par un audacieux macaque ! Le chauffeur arrive, il ne fait pas de difficultés pour déposer nos deux compagnes sur la « grande route » avant de nous ramener à l'hôtel où nous nous reposons au frais. Nous avons commandé deux shop suey, l'un au poulet, l'autre « mixte », nous sommes confrontés à deux assiettées de riz couvert de tranches de pommes de terre bouillies, additionnées de choux et de carottes et accessoirement de morceaux de poulet et de poisson, le porc et le boeuf prévus sont absents « en ce moment ». C'est copieux, nourrissant mais une deuxième bière sera nécessaire pour les faire descendre...


Lundi 14 février : Nous traînons, pas pressés, et puis c'est la Saint205-DAMBULLA-Temple-dore.JPG-Valentin ! Petit déjeuner avec, comme il se doit dans une ancienne colonie de l'Empire britannique, des fruits frais et des œufs. Nous partons pour Dambulla, à quelques kilomètres sur  une bonne route. Nous entrons dans le Temple doré, un grand bâtiment dans lequel on pénètre en montant quelques marches avalées par la gueule grande ouverte d'un lion surmonté d'une haute statue dorée du Bouddha qui semble compter sur ses doigts... Un sommet du kitsch ! C'est à la fois laid et superbe, la ferveur populaire s'y affiche dans sa simplicité : hommes, et femmes surtout, déchaussés, quelques tiges de lotus dans les mains jointes, se recueillent devant l'image. Mais l'intérêt du site est plus haut, encore des escaliers à gravir sous un soleil cruel avant de parvenir devant un ensemble d'abris sous roche, fermés par des murs et par une galerie plus récente, chaulée et d'allure portugaise ou hollandaise avec des frontons ouvragés. J'ai dû 214--DAMBULLA-Grottes.JPGme déchausser à l'entrée et Marie se couvrir les épaules d'un foulard. En raison de l'affluence, les groupes de touristes de toutes les nationalités arrivant à la même heure que nous, nous commençons par la seconde des cinq grottes. Nous entrons dans une très vaste salle dont le pl217-DAMBULLA-Fresque.JPGafond naturel est entièrement couvert de fresques aux belles couleurs encore vives qui dateraient du premier siècle avant notre ère. Elles représentent le Bouddha, soit en une répétition d'images identiques, soit entouré de scènes de batailles entre des démons ou des défilés de chars et d'éléphants. Nous manquons malheureusement d'informations sur ces fresques. Alignées le long des murs, des statues du même Bouddha, assis, debout ou couché, forment un surprenant ensemble coloré. Les éclairs de flash crépitent mais ne troublent pas la sérénité des quelques fidèles qui, mains jointes levées sur le front, récitent des mantras et ne semblent pas nous en vouloir de les envahir ainsi. Nous passons dans les quatre autres grottes, plus petites, moins 224-DAMBULLA-Bouddha.JPGépoustouflantes que la première mais il s'y trouve tout de même de beaux bouddhas couchés et des peintures intéressantes. Nous avons pris notre temps, les groupes se sont sauvés vers les cars, il ne reste plus que des touristes isolés et les singes rigolards. Nous pouvons profiter en paix des lieux, de la vue, hélas brumeuse, sur la plaine que nous dominons, avant de redescendre et visiter le musée bouddhique à l'intérieur du Temple doré. Un ensemble de bouddhas en or ( ou plaqué or ? ), donnés par de riches ressortissants thaïlandais, coréens ou autres, une reproduction des fresques mais sans explications, dommage, c'était l'occasion d'apprendre... et des objets relevants de la pratique du bouddhisme. Nous repartons, le chauffeur nous fait passer le long d'un lac artificiel avant de rejoindre Sigiriya où il tient à ce que nous déjeunions dans un établissement uniquement fréquenté par des touristes ( et leurs chauffeurs... ). La formule est un buffet avec l'inévitable rice and curry mais les plats ne sont pas épicés, à l'exception de quelques-uns, placés à part et bien précisés HOT ! Nous mangeons à satiété mais sans vraiment nous régaler et Marie trouve trop épicés les curries les plus forts, une glace à la vanille la ranime... Nous revenons pour une sieste à la chambre. Nous avons déménagé pour un autre bungalow plus spacieux, notre meilleur hébergement à ce jour. Nous repartons à seize heures pour un salon de massage, chez un(e) particulier(e) où Marie s'est décidée, ( pour la Saint-Valentin ! ), à se faire faire un massage avec des huiles d'herbes non précisées. Pendant qu'elle se fait remettre en place les muscles je vais à un cybercafé proche, la connexion est plus rapide mais pas de messages nouveaux et je ne parviens pas à reporter sur le blog, faute du logiciel non installé sur l'unique ordinateur du « cybercafé », le texte de la première semaine. Marie se déclare satisfaite de son massage mais ce n'est pas une révélation... Retour à la chambre pour la fin de la journée. Nous dînons presque frugalement, omelette, sandwich au poulet et frites puis au lit !

 

Mardi 15 février : Nous quittons notre guest house dans la jungle ( ! ) et reprenons la route de Kandy. Quelques kilomètres plus loin, au village de Nalanda, 237--NALANDA-Temple-sculpture.JPGnous bifurquons sur une route très étroite et en voie de disparition jusqu'à un lac artificiel. Nous devons continuer à pied une centaine de mètres sur une digue jusqu'à un joli petit temple de type indien avec un sanctuaire shikara. Il a été remonté récemment mais la pierre est très usée et les scènes érotiques censées se trouver sculptées dans la pierre sont très  difficiles à identifier à l'exception de l'une d'elles et encore faut-il avoir l'esprit mal tourné... L'endroit est agréable, à côté d'un dagoba de petite taille et d'un arbre de la bodhi où sont accrochés des lambeaux de 243-ALUVIHARA-Fresques-et-Bouddha.JPGtissus votifs. Nous repartons jusqu'à Aluvihara pour un nouveau temple, bouddhiste cette fois, et encore en activité. Encore des marches à monter, point trop, pour atteindre des sanctuaires dans des grottes, de moins grande dimension qu'à Dambulla. Elles renferment aussi des bouddhas couchés et les voûtes naturelles sont couvertes de fresques qui représentent des fleurs de lotus de toute taille. Une autre grotte a dans son vestibule des fresques très réalistes qui décrivent les tortures infligés aux pêcheurs humains par des démons qui ne manquent pas d'imagination ! Encore une fois et quelle que soit la religion, c'est dans l'invention de supplices que244-ALUVIHARA-Fresques.JPG l'homme a le plus d'idées ! En montant quelques marches supplémentaires nous avons une belle vue sur les montagnes et, à mi-hauteur, un Bouddha doré, de grande taille qui semble récent. Nous n'envisageons même pas d'y monter... Le chauffeur nous vante la qualité des épices et des baumes de la pharmacopée ayurvédique fabriqués dans la région. Il nous arrête dans l'un des jardins qui se succèdent tout au long de la route. On nous promène dans un jardin d'exposition où nous retrouvons des végétaux tropicaux que nous connaissons bien, poivriers, vanilliers et d'autres qui nous sont nouveaux mais que nous ne saurons tout de même pas reconnaître par la suite. Inévitablement, à la fin, on nous propose des produits qui semblent guérir toutes les maladies. Marie se contente d'acheter, sans marchander, un flacon d'huile de 255-MATALE-Temple-hindou.JPGcoco qui doit rendre ses cheveux plus brillants. A la sortie de l'agglomération de Matale, nous apercevons un temple très décoré avec une haute tour couverte de personnages. Il s'agit d'un temple hindou, en activité. Le chauffeur qui n'avait pas prévu de s'y arrêter, nous dépose. Il s'y déroule une cérémonie qui a attiré une foule de Tamouls et nous ne pouvons y pénétrer. Nous devons nous contenter d'en faire le tour, en croisant une procession qui se rend dans le temple. Nous retrouvons l'atmosphère des temples du sud de l'Inde avec ses tours décorées et peintes de couleurs criardes. Une marque rouge, parfois répétée, est apposée sur le front des hommes et des femmes. Ces dernières ont revêtu leurs plus beaux sariet orné leurs belles chevelures nouées en chignon259-MATALE-Femme.JPG de fleurs blanches. Elles se laissent prendre en photo en souriant. Les vingt derniers kilomètres avant Kandy sont particulièrement pénibles. La route, étroite, monte en lacets serrés, embouteillée par tout ce que le pays compte de bus et de camions cacochymes qui se traînent au pas en crachant des volutes de fumées noires à damner un écologiste bien né ! Nul ne nous a parlé d'un sirop ayurvédique pour les bronches... Nous parvenons à nous échapper par une route secondaire dans les faubourgs de Kandy, afin de nous amener à un restaurant où nous avons la bière la plus fraîche du voyage pour faire passer un curry de bœuf. Nous entrons dans la ville, saoulante d'activité, sans voir le lac. Nous nous installons à l'hôtel, avec vue sur la montagne, sur les maisons qui s'y bâtissent et la mosquée en construction en contrebas... Repos puis nous repartons, emmenés par le chauffeur sur l'autre versant chez un joaillier. Ils sont nombreux en ville, à en croire les enseignes, et tous se targuent d'un musée des gemmes. Nous avons droit à une vidéo en français dans laquelle, sans vergogne, on nous présente les modes primitifs d'extraction des boues, le tri à la batée puis la taille. La visite se termine par le magasin de vente. De riches et élégantes cinghalaises en sari chatoyants se font montrer bracelets et boucles d'oreilles sertis de pierres précieuses. On tente bien de capter l'intérêt de Marie avec une bague ornée d'un saphir bleu mais nous résistons ! Nous nous rendons ensuite dans un centre culturel où, en compagnie de plusieurs centaines de touristes, tous amenés par leurs chauffeurs, guides et 265-KANDY-Danses.JPGrabatteurs, nous allons assister à un spectacle de danses kandiennes. Des tambours variés frappés par des hommes entraînent dans des danses de plus en plus rapides, accompagnées de sauts périlleux en arrière, des hommes, certains grassouillets, et des femmes aux gestes plus gracieux. Le spectacle se continue à l'extérieur avec une marche sur des charbons ardents. J'en ressors avec le même sentiment qu'à Cuzco ou à Moorea... Mais aujourd'hui, nous avons été de gentils touristes, bien disciplinés, nous sommes allés partout où notre chauffeur tenait à nous emmener ! Retour à la chambre en traversant un centre ville, démentiellement animé. Nous dînons à l'extérieur, seuls clients de l'hôtel, avec vue sur les collines éclairées. Nous nous faisons servir, l'un une plâtrée de riz frit garni de morceaux de viande, bœuf et porc, l'autre la même portion de nouilles avec des crevettes. Riz le midi, nouilles le soir ou l'inverse, pas ainsi que je vais ramener mon tour de taille à celui de mes vingt ans !

 

Mercredi 16 février : Nous avons installé la moustiquaire pour la nuit, ce qui n'a pas empêché un malotru de venir nous importuner dans notre sommeil. Après le petit déjeuner pris sur la terrasse, sans œufs dont je commence à me lasser nous partons avec « 271-KANDY-Jardins-botaniques.JPGAltogether » comme j'appelle désormais notre chauffeur qui place cette expression dans toutes ses phrases... Il nous dépose à l'entrée du Jardin Botanique qui, comme son nom l'indique, rassemble sur quelques hectares des espèces de végétaux de Ceylan et autres pays tropicaux. Nous devons payer un droit d'entrée vingt-deux fois supérieur à celui des nationaux ! Ce qui explique la présence de nombreux couples d'amoureux très jeunes et très sages, assez fortunés pour payer cinquante roupies l'entrée au lieu d'aller en cours ! Nous n'apprécions guère la disposition trop sage, les trop belles pelouses et les chemins goudronnés. Cela manque d'exubérance, de fantaisie, de mélanges, ce que nous avions apprécié aux Antilles ou dans le Pacifique. Nous devons attendre à la sortie «Altogether» qui tarde après être allé faire réparer une roue qui se dégonfle. Nous enchaînons avec un circuit dans la jolie campagne proche. Nous traversons une belle végétation qui laisse la place, dans les fonds de vallées, à des rizières jaunies. Nous 284-KANDY-Gadaladeniya-Stupa.JPGparvenons à un premier temple, Gadaladeniya, qui comprend, sur une dalle rocheuse, deux lieux de culte, l'un hindou, très modeste, l'autre bouddhiste, se partageant les rares fidèles. Le temple bouddhiste est ancien, la pierre est érodée, on devine encore des sculptures sur les murs extérieurs, un échafaudage l'enveloppe peut-être pour une restauration. Nous continuons jusqu'à un second temple, lui aussi bouddhiste avec une annexe hindou, Lankatilake, sur un piton rocheux qui domine les rizières, plus fréquenté ; de sages jeunes filles nattées, en uniforme blanc d'une école, accompagnées de jeunes moinillons dans leur robe safran, se sont égayées dans et autour du temple. Elles ajoutent une note de couleur et de gaîté à ces pierres grises. Nous pouvons, moyennant une obole tarifée, après avoir franchi une belle porte peinte, pénétrer dans une salle occupée par une statue de Bouddha et des murs couverts de fresques intéressantes. Le dernier lieu de culte, Embekka devale, est lui aussi très fréquenté, son intérêt est dans une salle d'audience qui 297-KANDY-Embekka-Piliers.JPGprécède le temple. Ouverte de tous les côtés, elle n'est qu'un toit de tuiles supporté par de splendides poteaux sculptés sur leurs quatre faces de scènes mythologiques, avec des lutteurs, des danseuses, des combats d'éléphants et des animaux mythiques. Nous rentrons ensuite à Kandy. Nous nous faisons déposer dans le centre ville. Nous déjeunons au Kandy Muslim hotel qui comme son nom ne l'indique pas est un restaurant et non pas un hôtel mais qui par contre est bien musulman et donc ne sert pas de bière. Nous grignotons des samoussas pas trop épicés et d'autres croquettes indéterminées puis du kottu, une galette de pâte découpée en morceaux puis frite avec des légumes, des épices et éventuellement de la viande ou du poisson. Tout cela pour un prix dérisoire ! Nous marchons dans les rues du vieux centre ville, anciennes maisons de commerçants d'avant-guerre, à un ou deux étages, avec le nom du fondateur souvent à consonance musulmane 304-KANDY-Lac.JPGinscrit au fronton. Visite rapide d'un temple puis nous filons découvrir le lac entouré de collines pas trop couvertes de maisons. Au milieu, un îlot avec quelques palmiers. Nous contournons les jardins d'accès du Temple de la dent, défendu depuis l'attentat de 1998 par des barricades et même par des postes de l'armée derrière des tas de sable. Nous parvenons au musée, inexplicablement fermé. Nous passons une fouille très symbolique avant d'entrer dans les jardins puis après avoir payé, en notre qualité d'étrangers fortunés, un droit d'entrée dont sont dispensés les locaux, nous pouvons pénétrer dans le temple, déchaussés sauf Marie. Derrière des remparts crénelés, une construction en forme de tour, à toit de tuiles 307-KANDY-Temple-de-la-dent.JPGdorées, renferme dans des écrins en or une dent de Bouddha ! Sa possession est la fierté des Sri Lançais et la marque du pouvoir. La puissance du clergé bouddhiste et le pouvoir politique ne font qu'un ici. A l'étage supérieur derrière une porte fermée, se trouve la précieuse relique. Les dévots, très souvent vêtus de blanc, apportent des fleurs, surtout des lotus qu'ils déposent sur une longue table devant le tabernacle puis s'assoient et restent en prière, les mains jointes, le front posé dessus. Nous suivons le circuit qui nous fait ensuite passer par un bâtiment plus récent et qui abrite des collections de bouddhas de marbre blanc offerts par de généreux donataires étrangers. Dans les étages sont exposés 311-KANDY-Temple-de-la-dent.JPGdivers objets religieux, des photos des dégâts causés par la bombe. Nous retrouvons l'air libre, traversons un espace où les fidèles viennent alimenter des coupelles en huile de coco et y faire brûler des mèches avant de déposer leurs offrandes de fleurs. Ils poussent la gentillesse jusqu'à bien se placer pour que je les prenne en photo ! Une salle renferme la dépouille naturalisée d'un éléphant qui pendant cinquante ans avait eu l'honneur de promener la dent lors de cérémonies. Nous revenons dans le temple pour assister à la puja du soir. Des musiciens, des joueurs de tabla et autres tambours ainsi qu'un flûtiste, annoncent l'ouverture des portes de la salle inférieure et l'arrivée de bonzes qui, avec d'autres personnes, sans doute des donateurs, sont autorisés à pénétrer dans le Saint des Saints. Peu de gens à ce niveau assistent à la cérémonie, je vais donc voir ce qui se passe à 326-KANDY-Temple-de-la-dent-puja.JPGl'étage. L'affluence y est nettement plus importante, on s'écrase, se bouscule pour tenter d'apercevoir, lorsque les portes sont ouvertes, l'écrin en or de la divine dent. C'est alors le comble du délire, tous veulent approcher et les policiers ont fort à faire pour canaliser la foule. Il fait nuit quand nous ressortons et repassons par les temples hindous proches. Là aussi, les fidèles sont venus fêter le coucher du soleil, des tambours et des flûtes invisibles se font entendre, nous distinguons dans la lumière des petites lampes à huile des familles qui pique-niquent à l'orée des temples. Nous retrouvons le chauffeur qui nous ramène épuisés à l'hôtel. Une bière fraîche nous réconforte puis un dîner avec du poulet pas assez grillé ( ! ), des frites et une seconde bière, termine la journée. Mais je ne suis pas encore couché, il faut encore raconter cette journée et s'occuper des photos !

 


 

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