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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 17:32

Mardi 16 octobre : Nuit bien au calme. Nous repartons jusqu’au village où nous trouvons un cybercafé avec une connexion pas plus lente qu’à Mwanza. Nous mettons un message à Julie et le blog à jour. Nous filons sur une route neuve jusqu’au carrefour de celle pour le Rwanda. Elle est alors grêlée de nids de poule et parcourue dans les deux sens par des camions lourdement chargés de conteneurs. Quelques-uns, versés dans le fossé, n’arriveront pas… Nous parvenons au poste frontière, les formalités sont rapides côté tanzanien et personne ne me demande de payer la taxe sur le séjour de la voiture dans le 002 RUSUMU Chutespays. La rivière Rusumu fait office de limite entre les deux états, nous la traversons sur un pont construit au-dessus des chutes où des flots boueux se précipitent en grondant. Côté rwandais, personne ne trouve bizarre que nous nous présentions avec deux jours d’avance sur notre autorisation de visa ni ne s’aperçoit de l’erreur de date de naissance. Le carnet de passage en douane est tamponné sans que l’employé ne jette un coup d’œil à la voiture. Et nous voici au Rwanda ! Impression d’un gros changement, d’abord la conduite est à droite, la population populeuse, des gens partout le long de la route, les villages interminables. Pas de papiers gras, les sacs plastiques sont interdits, nous ne voyons pas de tas d’ordures dans les villages. Les maison003-RUSUMU-Curieux.JPGs sont toutes à toit de tôle, coquettes avec des parterres de fleurs ou des haies devant. Nous sommes au pays des Mille Collines. Nous en dévalons et escaladons quelques-unes sur une bonne route, souvent en corniche, d’où nous contemplons un paysage de riches cultures, rizières dans le fond des vallées et bananeraies sur les flancs des collines. Nous nous arrêtons à une coopérative où des femmes vendent des carreaux décoratifs, imigongo, fabriqués en bouse et urine de vache, autrefois destinés à décorer l’intérieur des maisons et aujourd’hui celui des touristes. Nous en achetons un pour nous et un en cadeau pour Noël. Trouver un endroit isolé pour déjeuner au calme est impossible. Aussitôt arrêtés, nous sommes la proie des curieux, surtout des gosses qui n’en croient pas leurs yeux de nous voir déjeuner à table, tirer de l’eau au robinet qui coule dans un lavabo puis sur le sol. Ils sont alors tous à plat ventre pour vérifier l’exactitude du phénomène. Azalaï ou la tentation de l’Occident ? Mais plus tard ce pourrait être Azalaï ou le Rêve brisé… à l’origine de frustrations qu’un élève séminariste, futur dictateur saurait canaliser en sa faveur… Nous quittons la bonne route pour partir sur une piste, pas trop mauvaise mais 007 NYAMATA Génocidemoins intéressante que la route goudronnée. Elle longe des lacs, traverse une rivière puis retrouve le goudron. Nous nous arrêtons, peu avant Kigali, à Ntarama pour aller voir un lieu de mémoire du génocide Tutsi. Une église, dont tous les occupants furent sauvagement massacrés, a été conservée en l’état, un toit moderne la protège des intempéries. A l’intérieur des crânes, certains d’enfants ou de bébés, des os, les vêtements en loques, les chaussures, tous les biens des malheureux suppliciés sont conservés. Difficile de ne pas penser à Auschwitz. Des cercueils couverts de fleurs séchées sont en attente d’une fosse commune. Dans une maison annexe, la tache sombre du sang des crânes d’enfants éclatés contre un mur. Après ce frisson dans le dos, nous atteignons Kigali et ses encombrements. Sans entrer dans la ville, nous trouvons à proximité de l’aéroport un complexe hôtelier où nous pouvons camper, en fait nous garer sur un parking et utiliser les sanitaires de la belle piscine en contrebas. Nous nous y installons pour boire un soda, recharger la batterie de l’ordinateur en mettant à jour le blog, mais la musique en provenance d’un centre de fitness est pénible et nous interdit de jouir d’une soirée au calme.

 

Mercredi 17 octobre : Après avoir profité des installations sanitaires de la piscine, avec de l’eau chaude, j’utilise un jet d’eau pour laver le plus gros de la boue qui recouvre la voiture. Nous partons en utilisant le logiciel T4Africa pour trouver le garage Land Rover mais il n’est plus à l’endroit prévu. Nous trouvons un garage Rwanda Motors qui en est le représentant. Je demande une révision et fournit les pièces détachées. On nous propose de nous déposer en ville en attendant la fin des travaux. Nous devons patienter un quart d’heure qui en dure au moins trois avant qu’un sympathique commercial, francophone, ne nous emmène au centre commercial. Contrairement aux responsables administratifs de la frontière qui ne parlaient qu’anglais, les employés du garage parlent tous plus ou moins français sauf le chef d’atelier, métis d’Indien. Nous sommes en plein dans le centre de la moderne Kigali qui se construit, des banques, immeubles de verre, prétentieux, sécurisés avec portique de contrôle comme le Mall commercial. L’office du tourisme a disparu, rasé au profit d’un nouvel édifice. Nous faisons le tour de deux pâtés de maisons, promenade fatigante, la ville est construite sur des collines et l’on monte et descend sans cesse. Marie rend visite à toutes les010 KIGALI Centre boutiques d’artisanat, les mêmes qu’à Dakar ou au Cap… Nous allons déjeuner dans un établissement avec une terrasse, fréquenté par les employés des bureaux voisins. Tous ont pris la formule du buffet qui semble générale et se servent de très généreuses portions de pommes de terre à l’eau, de riz et de spaghettis couverts d’une sauce peu appétissante, avec des brochettes. Nous avons voulu commander des plats de la carte. Nous attendons longuement devant deux vrais demis de bière pression l’arrivée de nos plats. Pour Marie des côtes de porc correctes et pour moi des morceaux de viande, pas vraiment tendre, de chevreau, débités à la machette et cuisinés en sauce, rien d’inoubliable. Un violent orage éclate avec des grêlons puis cesse aussi vite qu’il était venu. Dix minutes plus tard il n’en reste plus trace. Nous revenons au centre commercial, où nous faisons des courses. Puis nous attendons notre chauffeur, presque ponctuel qui nous ramène au garage. Problème : la révision a été faite mais la voiture ne démarre pas ! Comme à Pemba, impossible de tourner la clé. Le chef d’atelier s’escrime sur le Neiman pour le démonter, il y passe le reste de l’après-midi. Nos espoirs d’avancer en direction de Butare s’envolent, nous allons devoir dormir sur place. Le directeur belge, Hugues, nous propose de nous héberger chez lui. Nous abandonnons les mécaniciens qui continuent de travailler sur la voiture et Hugues nous emmène chez lui. Nous faisons connaissance de sa femme Cécile et de ses deux garçons. Accueil très sympathique, Si Hugues reste plus réservé, sa femme est prête à tout faire pour nous faire plaisir. Nous essayons de téléphoner de chez eux à Julie qui ne répond pas et à Nicole qui nous apprend le malaise d’André au volant ! Nous allons nous coucher tôt pour ne pas perturber leur rythme… 

 

Jeudi 18 octobre : Nous avons dormi dans un grand lit, sensation oubliée ! Nous profitons de la douche chaude avant le petit déjeuner pris en compagnie de Cécile, son mari Hugues est parti travailler, les enfants sont à l’école. Mille idées jaillissent de sa cervelle et se bousculent pour sortir toutes en même temps… elle voudrait nous faire visiter encore plein d’endroits, nous montrer des commerces. A dix heures elle nous emmène, ou plutôt son chauffeur, nous emmène à l’atelier. Le Neiman est remonté, la voiture tourne mais il faut faire attention en retirant la clé. J’avais demandé qu’une soudure soit refaite au crochet de fermeture du capot, elle a été oubliée mais ils s’en occupent aussitôt. Marie repart avec Cécile pour un marché artisanal tandis que je fais du rangement dans la voiture. L’addition a été allégée par Hugues et je règle en dollars. Mais je ne suis qu’à demi satisfait, la réparation du Neiman ne peut qu’être que provisoire et la soudure ne m’inspire qu’une confiance relative. Marie revient, avec quelques bijoux, nous faisons nos adieux à nos hôtes avec promesse de donner des nouvelles et nous prenons la route. A deux reprises le volant fait mine de se bloquer, ce qui m’inquiète au début mais ne se reproduit pas. La route 022 BUTARE Terrassestraverse un paysage de collines qui pourrait être malgache mais les maisons, bien que parfois à toits de tuiles, n’ont pas le charme des habitations traditionnelles de la Grande Île avec ses balcons de bois ouvragés. Les cultures forment un patchwork de lopins sur les collines, quelquefois en terrasses. Malheureusement le soleil est absent et c’est sous une épaisse couche nuageuse grise que nous roulons en direction du sud, jusqu’à Butare. A l’entrée de la ville nous allons visiter le Musée national du Rwanda, un beau bâtiment moderne, désert avec de belles collections ethnographiques. Les vitrines les plus remarquables présentent des travaux de vannerie d’une exceptionnelle beauté. Dans une salle a été remontée une case traditionnelle, toute en fibres végétales, on foule, pieds nus, des épaisseurs de nattes, également disposées sur une couche bien étroite. Nous en repartons, entrons dans la ville et cherchons un emplacement pour la nuit. Nous tentons notre chance à la procure qui héberge des voyageurs mais pas question de dormir dans la voiture. C’est finalement sur le parking d’un hôtel, à l’abri des curieux et des bruits de la route que nous nous installons.

 

Vendredi 19 octobre : Marie n’apprécie pas l’anti-paludéen et le vomit avec le petit-déjeuner… Je refais les pleins d’eau et gratte les cosses du coupleur-séparateur. Il semble que cela soit efficace, la batterie se charge mieux. Nous allons en ville racheter une indispensable bouteille de vin puis nous prenons la route qui doit nous amener au lac Kivu. Contrairement à ce que je croyais, elle est goudronnée mais je ne roule pas vite, à cause du011-BUTARE-Rizieres.JPG paysage de rizières qu’un timide soleil éclaire. Avec les bananiers et les eucalyptus, l’impression de déjà vu dans la Grande Île se confirme. Nous arrêtons presque aussitôt pour visiter une étainerie où des ouvriers réalisent divers objets dans un métal très pur, plus de 99%, Marie repart avec une bague et des notions de fonderie… La route monte dans les collines, les lopins de terre cultivés sur leurs flancs, les champs en terrasse, et les rizières avec leur vert tendre, dans les vallées, sont superbes. Nous sommes entourés de toute part par ces rouges et verts disposés en couches, en strates, en coulées, des tableaux abstraits de toute beauté. Plus haut, nous commençons à rencontrer de petites plantations de théiers de petite taille qui ajoute une 029-NYUNGWE-Foret.JPGouche supplémentaire au décor végétal. Puis nous entrons dans le parc national de Nyungwe, la route avec alors de beaux nids de poule se fraie un chemin, à plus de 2400 mètres d’altitude, dans une épaisse forêt primaire où l’on ne peut se promener qu’à pied. A midi, nous retrouvons une bonne route récente qui aboutit au lac Kivu que nous apercevons dans la brume. Nous continuons d’abord sur une route en construction, puis sur une mauvaise piste, en le longeant, en corniche, avec des vues sur les multiples golfes, bras de mer, fjörd, qui pénètrent dans les collines, toujours couvertes de cultures en terrasses. Un gros orage éclate, on ne distingue plus grand-chose du paysage et la piste devient boueuse, Nous roulons, glissons dans les ruisseaux qui creusent la terre. La voiture bascule, tangue, roule et avale centaine de mètres par centaine de mètres. Il nous faudra quatre heures pour moins de cent kilomètres. La pluie diminue d’intensité sans s’arrêter complétement. Nous retrouvons le goudron à Kibuye et cherchons le lodge tenu par Nathalie, l’amie de Cécile et Hugues, nos hôtes de Kigali. Nous nous trompons de route, revenons sur nos pas et le trouvons au bout d’une piste très difficile. Le034-KIBUYE-Lac-Kivu.JPG site est enchanteur, les chalets en bois, dominent une crique ouverte sur le lac. Sur l’autre rive, au Congo, les milices s’entretuent, pillent, violent… Ici, Luxe, Calme et Volupté… Enfin pour les heureux élus. Nous n’en sommes pas vraiment puisqu’on nous fait comprendre que notre présence sur le parking n’est pas vraiment souhaitée. Nous pouvons nous installer à l’extérieur, hors de vue des hôtes distingués… Pas rancuniers, nous allons profiter des fauteuils du salon et du feu dans la cheminée pour jouir de la vue sur le lac. Nous profitons aussi d’une connexion internet. Pas de message de Julie, Guy et Marie-Jo sont repartis et les douanes sud-africaines aimeraient retrouver trace de notre sortie… Nous dînons au restaurant mais la cuisine n’est pas à la hauteur du cadre, surimi au lieu de crabe et poisson sans saveur.

 

Samedi 20 octobre : Nous avons très bien dormi sur notre butte, pas gênés par les voisins… Nous repartons, longeons le lac paisible avant de repartir sur une piste qu’un optimiste qualifierait de « pas pire que celle de la veille » et un pessimiste de « aussi mauvaise que celle de la veille ». Elle s’éloigne du lac et repart dans les montagnes. Nous allons être fréquemment à plus de 2000 m039-KIBUYE-Bananes.JPGètres d’altitude, dans les eucalyptus, entre le patchwork des cultures. Nous croisons beaucoup de gens endimanchés qui, la Bible en main, se rendent à leurs églises respectives pour une journée de prière. D’autres ont de moins spirituelles activités, des hommes portent des régimes de bananes sur la tête ou en hissent d’énormes accrochés au cadre de bicyclettes, qu’ils poussent en s’arcboutant dans les côtes. Les femmes portent, également sur leur tête, des tiges de canne à sucre et se hâtent vers les marchés où elles vont tenter de gagner quelques francs en les revendant. Nous traversons des restes de la forêt primitive que l’on continue de défricher. Des arbres sont abattus et les troncs sont045-KIBUYE-Marche.JPG débités en planches par des scieurs de long. Parfois, une échappée nous permet d’apercevoir dans le lointain, perdu dans la brume, le lac Kivu et les îlots qui le parsèment. Les kilomètres défilent lentement, 25 km/h de moyenne. Dans un hameau, nous surprenons une assemblée réunie sur une prairie, une troupe danse et chante, accompagnée par un petit groupe sur des rythmes africains. Nous nous arrêtons, aussitôt assaillis par les gosses, que la présence de muzungu, des Blancs, excite à tel point que nous n’entendons plus les chanteurs ! Un des pasteurs présents se détache de l’assemblée et vient nous expliquer qu’il s’agit d’une réunion des fidèles de 061-GISENYI-Eglise-pentecotiste.JPGdifférentes chapelles de l’église Pentecôtiste, à l’occasion de la venue d’une prédicatrice. Nous sommes invités à participer. Nous allons donc nous asseoir sous un dais dressé pour les plus hautes instances, accompagnés par une brochette de pasteurs confits en dévotion. Un des assistants vient nous expliquer la raison de cette réunion tandis que divers groupe, un par chapelle, danse et chante, sur des airs entraînants, des histoires tirées des Ecritures. Nous devons nous présenter et il traduit pour l’assistance. Nous nous déclarons bons chrétiens et plus précisément catholiques… Les festivités vont se gâter quand la prédicatrice venue de Kigali066-GISENYI-Eglise-pentecotiste.JPG pour répandre la bonne parole, la prend. Elle commence par raconter sa prise de conscience de sa foi puis le miracle qui l’a amené à prêcher. Elle enchaîne avec la Genèse, embraie sur Caïn et Abel et habilement fait le parallèle avec le génocide et les frères ennemis Hutus et Tutsis. Au bout de plus d’une heure, alors qu’elle semble bien lancée pour une leçon de morale sur le mariage, nous jetons l’éponge, prétextons un rendez-vous et nous nous éclipsons… Nous nous arrêtons un peu plus loin pour déjeuner, alors que nous sommes dans la région des plantations de thé. Nous retrouvons les collines d’arbustes soigneusement peignées qui soulignent les ondulations du terrain. Comme d’habitude, nous sommes le sujet de la curiosité des passants qui se souviendront de ces Blancs qui ont une voiture avec robinet d’eau, table etc… Une noce déboule sur la piste, tous sont en joie, dansent, chantent, sauf les mariés…Enfin, nous arrivons au bout de la piste, retrouvons un bon goudron pour les derniers kilomètres jusqu’à Gisenyi au bord du lac. Nous allons jusqu’au poste frontière congolais par une superbe promenade en bord de plage, ombragée par des coco075-GISENYI-Theiers.JPGtiers. Nous continuons sur du goudron et reprenons de l’altitude en apercevant les premiers volcans de la chaîne des Virunga. Les hameaux se succèdent sans interruption et la foule qui se presse le long des routes interdit toute distraction. Un gros orage, accompagné de grêle, éclate, nous attendons qu’il passe puis repartons, traversons Ruhengeri avec en point de mire les trois derniers volcans dégagés des nuages. Nous faisons un court détour pour aller voir un lac avant d’atteindre la frontière. Rapide sortie du Rwanda malgré des policiers douteux puis entrée en Ouganda, achat du visa, règlement d’une taxe de circulation et nous retrouvons la conduite à gauche et l’anglais comme seule langue. La nuit tombe, nous nous dépêchons d’arriver à Kisoro où nous cherchons un camping dans un hôtel. Nous y sommes seuls mais bientôt une sono se déchaîne, des voisins fêtent un anniversaire… Marie pousse de gros soupirs…

 

 

Dimanche 21octobre : La fête continuant, nous nous déplaçons dans le fond du terrain, avec le toit baissé, pas de risque de transpirer à cette altitude, nous n’entendons presque plus rien. Le ciel est tout gris hélas ! La route, excellente, qui s’élève rapidement offrirait de 001-KISORO-Grues.JPGbeaux points de vue sur les trois volcans que nous devinons, avec en premier plan, tous les petits pitons couverts de champs pentus en damiers. Une bande de grues couronnées est perchée sur le bord de la route et se laisse photographier avant de s’envoler. Malgré l’excellent revêtement, nous n’avançons pas vite. La cause est due aux ralentisseurs particulièrement redoutables en Ouganda qui doivent être négociés un par un, rigoureusement au pas. De l’autre côté du col, plus de cultures mais une forêt dense. Nous continuons par une piste avec de bons et de moins bons passages, elle grimpe à plus de 2500 mètres d’altitude dans une forêt qu’exploitent des bûcherons. La pluie s’en mêle et transforme la piste en gadoue. Dans une006-KANONGO-Camion.JPG montée, un camion s’est mis en travers et ne parvient pas à repartir. J’attends que la pluie cesse puis monte voir ce qui se passe. Le chauffeur ne sait pas quoi faire et ne cherche pas de solution. Je propose mes tôles de désensablement. Le chauffeur d’un autre camion en comprend aussitôt l’utilité et les emporte. Mais ils ne savent pas bien les utiliser, je dois intervenir, gêné de jouer les Blancs donneurs de leçons. Les chauffeurs ne semblent avoir aucune expérience de ce genre de situation, braquent les roues dans le mauvais sens, font rugir le moteur, patiner les roues, mais, mètre par mètre, ils se hissent tous deux au sommet de la côte. Remerciements au muzungu et nous continuons. Nous redescendons dans les zones de culture, plus peuplées, la piste s’améliore. Nous filons en direction du lac Edward que nous apercevons dans le lointain. Nous parvenons au parc Queen Elizabeth II mais nous apprenons que notre véhicule immatriculé hors d’Ouganda doit payer un droit d’entrée de 150 $ ! Les tarifs atteignent ici des sommets, les prix qui nous paraissaient exorbitants au Botswana ou en Tanzanie, nous paraissent honnêtes vus d’ici où on demande 750 $ pour aller voir une heure les gorilles ! Nous renonçons donc à tenter notre chance de voir des lions sur les arbres, la spécialité locale, et continuons sur la piste publique qui traverse, sans péage, le 011-PARC-ELIZABETH-Babouins.JPGparc. Les pluies ont laissé bon nombre de mares dans lesquelles, l’une après l’autre, nous rebondissons. Nous apercevons tout de même trois éléphants aussi noirs que la voiture… Des babouins en bande occupent à plusieurs reprises la piste et se sauvent à notre approche en nous montrant un très vilain derrière. Nous atteignons un mauvais goudron que nous quittons presque aussitôt pour replonger dans une piste boueuse jusqu’au Bush Camp, un campement de toile, très agréablement situé sur un promontoire au-dessus du chenal qui relie le lac Edward et le lac George. Nous profitons de la tente-salon pour relire le blog en écoutant les hippopotames grogner en contrebas.

 

Lundi 22 octobre : Dans la nuit retentissent des cris non identifiés, hippopotames en colère, pleurs de hyènes ? Une multitude de piafs a chanté avec beaucoup de véhémence la venue du jour nouveau. Nous devons nous doucher à l’eau froide, la chaude promise a été oubliée. J’aperçois un souï-manga, une variété de colibri, bel oiseau au plumage métallique et que je rêvais de voir depuis la lecture des « Flamboyants ». Nous rejoignons la route, traversons sur un pont le chenal et quittons le parc en apercevant des buffles et des gazelles014 EQUATEUR le long de la route. Quelques kilomètres plus loin, nous changeons d’hémisphère, un monument le signale, la photo est obligatoire. Nous continuons dans un paysage peu intéressant, un plateau à 1000 mètres d’altitude, couvert de cultures, maïs, coton. La route est bonne, nous avançons aussi vite que le permettent les féroces ralentisseurs. A Fort Portal, nous rendons visite au supermarché Andrew’s. Un fouillis organisé où on trouve de la viande congelée et autres produits indispensables à l’expatrié, vin, jambon, yaourt etc… Le cybercafé est en panne de courant, nous continuons sur une trentaine de kilomètres en retrouvant des plantations de thé qui couvrent des vallons sur des hectares, sans les lignes harmonieuses des collines du Rwanda. Nous prenons ensuite une très bonne piste qui est un raccourci avant de retrouver116-KAMPALA-Panneaux.JPG la principale, plus fréquentée et moins bonne. Dans la traversée des villages, du moins de ceux qui sont des carrefours, il est difficile d’ignorer, comme dans les pays précédemment traversés, les nombreux panneaux qui indiquent les églises et les écoles. Il y a toujours une mosquée, peinte en vert et blanc, une église catholique et divers temples pour chacune des cultes protestants, adventistes, pentecôtistes, baptistes, méthodistes etc… Quant aux écoles, il y a les officielles et les privées, confessionnelles des différentes sectes (voir la liste ci-dessus), les « collèges » aux noms pompeux et souvent qualifiés d’ «international ». Ne nous plaignons pas, pour une fois que des citoyens ont foi dans l’enseignement… Les agglomérations sont souvent réduites à une rue principale bordée de maisons de commerce, toutes identiques, sans étage, et peintes de couleurs vives, bleu électrique, jaune poussin ou rose selon les opérateurs téléphoniques qui, en échange de l’apposition de leur logo publicitaire, ont payé la peinture. Sur les motos, le nombre minimal de passagers est de trois, les femmes en amazones, plus s’il y a des enfants…Après les plantations de thé, ce sont les champs de canne à sucre qui022 FORT PORTAL Vaches bordent la route. Nous rencontrons des vaches, comme celles entraperçues en sortant de Tanzanie, aux cornes gigantesques, un véritable handicap pour les pauvres bêtes ! Nous passons Hoima, sinistre agglomération que les flaques d’eau stagnante, dans chacun des nids de poule des restes de goudron du centre-ville, rendent encore moins engageante. La piste est bien meilleure ensuite mais parfois bombée et ravinée. Elle est dangereuse car tout le monde roule vite et au milieu, quelques croisements sont périlleux. Les derniers cinquante kilomètres sont vite avalés, heureusement car je commence à sérieusement fatiguer. Parvenus à Masindi, nous trouvons aussitôt l’hôtel du même nom, un vieil établissement colonial au charme suranné, autrefois fréquenté par Humphrey Bogart et Kathryn Hepburn au temps du tournage d’African Queen et par Hemingway. Il en reste une attitude compassée du personnel et un éclairage chiche qui interdit la lecture dans le salon. Le camping est sur une pelouse ombragée par de beaux arbres fréquentés par des calaos, nous y sommes les seuls et avons la jouissance d’un bloc sanitaire impeccable. Un démarcheur vient nous proposer de nous emmener au parc Murchison mais il nous en coûterait plus cher qu’avec notre voiture. Nous profitons de la connexion internet pour lire le courrier. Nous mettons le blog à jour puis regagnons le camion pour nous mitonner un énorme steak de viande hachée.

 

Mardi 23 octobre : Après du change à la banque et un plein de gasoil, nous prenons la bonne piste qui mène à l’entrée du parc Murchison. Nous nous renseignons sur les conditions tarifaires et après avoir réglé notre dû, nous entrons dans une belle forêt, Fontainebleau ou Rambouillet, A l’exception de bandes de babouins et de quelques phacochères, nous ne verrons aucun animal. Nous arrivons à un campement, le Red Chili Pepers, où nous pouvons camper sur un terrain bourbeux aux sanitaires douteux. Nous sommes assommés par la moiteur, la température a dû grimper de plus de dix degrés depuis que nous sommes descendus à de basses altitudes. Hier, il n’avait presque pas p045 MURCHISON Hippopotameslu et aujourd’hui le soleil est bien présent. Nous allons nous renseigner sur les possibilités d’excursion en bateau aux chutes puis revenons déjeuner sur une table du campement, fréquenté par tou s les routards qui passent par l’Ouganda semble-t-il. Nous faisons la connaissance de Sarah et de sa mère Perrine, deux Françaises en voyage. Nous les retrouvons sur le bateau qui nous emmène en croisière. Nous remontons le courant du fleuve. Des Ibis, des oies, des papyrus, mais c’est… bien sûr… le Nil ! Le Nil Blanc qui prendrait sa source dans la région, source que tous revendiquent. Sur les berges et même au milieu, de nombreuses colonies d’hippopotames, plus que nous n’en avons ja041-MURCHISON-Jabiru.JPGmais vu, sont au bain, mais pour la première fois, nous en voyons beaucoup qui émergent avant de retourner dans l’eau. De rares crocodiles, phacochères et quelques cobs complètent la  ménagerie mais pas de lions ou d’éléphants qui viendraient boire dans le fleuve. Le spectacle est aussi dans les beaux oiseaux qui peuplent les rives, beaucoup nous sont inconnus mais leurs plumages colorés nous enchantent. Des guêpiers nichent dans des trous creusés dans une falaise en terre, des tisserins filent leurs nids, boules suspendues aux branches, des hérons surveillent tout le monde et des jabirus au bec multicolore étonnent. Les berges se rapprochant, une écume sale signale l’approche des chutes. Nous les apercevons au fond d’une gorge dans un cirq065-MURCHISON-Chutes.JPGue de forêt, mais pas question d’aller jusqu’au pied, le courant est trop fort… Nous nous sentons frustrés. Retour plus rapide, le plongeon dans l’eau d’un énorme crocodile est la seule distraction avant d’accoster. Nous ramenons nos deux compagnes au campement et nous nous affalons dans des fauteuils et commandons des bières fraîches. Il en faudra plusieurs pour nous désaltérer, au grand désespoir de Marie qui ne laisse pourtant pas sa part. Réponse de Vera, l’amie de Joseph à Kampala, il faudra que nous appelions son mari Francis. Nous dînons ensemble en discutant puis chacun regagne qui son terrain de camping, qui son banda, case à toit de chaume.

 

Mercredi 24 octobre : Dès que le jour perce, peu après six heures, je me lève, rabats le toit en laissant Marie couchée et je démarre la voiture pour nous rendre au débarcadère du ferry. Nous y sommes les premiers, vite rejoints par d’autres véhicules de touristes. Nous embarquons sur un bac tout simple qui ne prend que huit voitures et nous sommes vite de l’autre côté. Les autres se précipitent sur la piste, nous nous garons à l’ombre et petit déjeunons puis, à notre tour, nous nous mettons en route. Tout de suite nous apercevons des bubales, des buffles et des impalas en grand nombre. Nous prenons une piste plus étroite qui traverse une zone de végétation dense mais nous avons la chance d’y voir, dès le081-MURCHISON-Girafes.JPG début, un troupeau d’une vingtaine de girafes qui traversent, majestueuses, la piste devant nous, en file indienne, nous jetant, chacune à leur tour, un regard courroucé. Quelques centaines de mètres plus loin, un petit troupeau d’éléphants nous exprime sa réprobation d’être ainsi perturbé. Nous, ce qui nous perturbe, surtout Marie qu’elles semblent apprécier tout particulièrement, ce sont les mouches tsé-tsé. A cause d’elles, nous sommes obligés de remonter les vitres et de rouler ainsi, sans climatisation. Nous ne voyons plus rien jusqu’à ce que nous parvenions au bord du fleuve où nous retrouvons buffles en grand troupeaux, gazelles et antilopes. Nous cherchons sans en trouver les fameux bec-en-sabot, gros oiseau qui niche, en principe, 086-MURCHISON-Elephants.JPGdans les îles du delta que forme le fleuve à son débouché dans le lac Albert. Nous longeons les bords du Nil sans autres occupants que ceux précédemment rencontrés. Un éléphant s’est mis à l’ombre d’un acacia parasol, des hippopotames se prélassent dans l’eau, des ibis perchés sur leur dos. Nous nous en éloignons par une piste qui traverse une belle savane plantée de rôniers et de rares arbres à saucisses. Nous cherchons les lions et les guépards mais les herbes hautes leur garantissent la plus parfaite discrétion, c’est à peine si les têtes des gazelles, curieuses, en dépassent. En nous élevant nous admirons un superbe paysage de savane africaine, fermé par le lit du Nil Blanc et en arrière-plan, les montagnes du Congo. Nous retournons par une autre piste sur laquelle nous croisons un important troupeau de girafes qui se régalent des107-MURCHISON-Nil.JPG épines des acacias, au confluent du Nil et du lac Albert. Nous y retrouvons les mêmes buffles qui ont la chance de se rouler dans des bauges et ainsi se protéger des piqûres des tsé-tsé. Nous nous égarons sur une piste qui passe trop près du bord et se perd dans des marécages. Nous retrouvons notre chemin, revenons par une piste sans intérêt avant de revoir de belles girafes près du débarcadère. Nous nous garons à l’ombre, déjeunons et traversons le Nil une dernière fois. Nous passons au campement nous ravitailler en bières fraîches. Je réussis à joindre Francis, l’ami de Joseph qui dit nous attendre et pourra nous loger. Nous nous rendons ensuite par une piste, aux chutes Murchison et atteignons un parking devant lequel les eaux se précipitent dans 114-MURCHISON-Chutes.JPGdes rapides avant de s’écrouler une quarantaine de mètres plus bas. Mais pour voir la chute il faut descendre un sentier, approcher d’une balustrade, se rafraîchir aux embruns qui nous enveloppent et se pencher au-dessus des eaux grondantes. Nous glissons sur les roches, enfonçons dans la terre gorgée d’eau et apercevons les eaux apaisées qui s’écoulent vers l’îlot que nous avions atteint la veille en bateau. Nous envisageons de rester camper la nuit à proximité, le long des rapides, mais la présence des mouches tsé-tsé et l’heure encore précoce nous incitent à reprendre la piste et à retourner à Masindi. Encore une longue journée de route mais nous savons qu’un agréable camping nous attend. Nous nous installons au même endroit et décidons de dîner au restaurant. La cuisine proposée est exclusivement indienne, bien épicée, un poulet élastique sauce masala pour Marie et un bon poisson tikka pour moi, hélas avec une bière pas glacée…

 

Jeudi 25 octobre : Dans la nuit je suis pris d’irrépressibles grelottements. J’ai froid mais m’enfouir dans le duvet n’y change rien, je claque des dents et j’ai une brusque poussée de fièvre. Cela passe mais je ne me sens pas bien, et ne retrouve plus le sommeil. Crise de palu qui expliquerait mes maux de tête de ces derniers jours ou vulgaire intoxication alimentaire ? A l’heure de se lever, je ne suis pas très frais… Nous ne nous pressons pas et ce n’est qu’à dix heures que nous quittons Masindi. La route excellente qui traverse un plateau couvert d’une brousse clairsemée, occupée par des élevages, autorise une moyenne élevée et à midi nous sommes presqu’à Kampala. Nous nous arrêtons peu avant pour déjeuner. Nous utilisons T4Africa pour trouver le Kabira country club où nous avons rendez-vous. La ville se répartit sur sept collines qui entourent un marais occupé par un bidonville misérable. Francis vient nous chercher et nous emmène chez lui, une grande maison devant un superbe jardin tropical et même un ravinala. Lui est malgache, sa femme Vera que nous ne verrons que demain soir, est hongroise. Chacun d’eux parle dans sa langue à leurs deux enfants, mignons à croquer, et communique avec son conjoint en français ! Les enfants sont scolarisés dans une école anglophone !!! Je repars avec Francis au garage Land Rover où je trouve le Neiman mais ils ne peuvent le poser que lundi car demain, jour de fête musulmane, est férié ! Nous allons tous ensemble faire des courses dans un supermarché proche et très bien fourni. Retour à la maison pour s’occuper des lessives, Francis fait la cuisine et moi une courte sieste, puis je consulte la messagerie internet. Nous dînons sur la terrasse avec vue sur le jardin. Les côtes de bœuf ne sont pas vraiment « bleues » mais les frites de patates douces compensent. Nous restons tard à bavarder avant d’aller nous coucher dans un vrai lit.

 

Vendredi 26 octobre : Une bonne nuit dans un lit confortable et aucune hâte au réveil. Francis a préparé des crêpes pour le petit déjeuner. Les enfants jouent avec leur lapin. Nous décidons de nous rendre en ville avec la voiture. Nous commençons par le musée national. Un de ceux qui serait dans les mieux placés à notre classement des musées minables. Non qu’il soit pauvre, de nombreux objets ethnographiques ne déshonoreraient pas un musée moderne mais leur présentation dans des vitrines crasseuses, dans des salles qui n’ont pas été balayées depuis sa fondation à la fin du XIX° siècle, est une caricature. Nous repartons en direction du centre-ville. Sur une des collines sont implantés les bâtiments modernes, le siège du pouvoir politique, les édifices des grandes banques et quelques hôtels au standard international, ne serait-ce que pour héberger les experts internationaux en mission à Kampala. C’est aussi le seul quartier de la ville dont les rues ne sont pas crevées de nids de poule. Je trouve un bureau de change ouvert puis nous déjeunons à l’ombre d’un banian, dans le jardin d’un hôtel de luxe. Plats de poulet couverts de sauce, parfumée aux épices pour Marie, vaguement béchamel pour moi. Marie veut ensuite continuer de chercher ses cadeaux, nous nous rendons dans un marché pour touristes, derrière le théâtre national. Nous devons donc explorer consciencieusement chacune des échoppes, à la recherche de colliers, de bracelets ou de tout autre produit artisanal. Alors que je pensais qu’ensuite nous allions nous rendre aux tombes Kasubi, elle tient à ce que passions à une boutique de souvenirs, repérée dans notre livre-guide. Elle est située dans un centre commercial fréquenté par les familles en ce jour férié. Les musulmans ont revêtu une robe immaculée et couronné leur chef d’une calotte ronde brodée, leurs femmes sont couvertes de voiles colorés, suivies des enfants, tous déambulent en admirant les vitrines. Enfin nous partons à la recherche des tombes que nous trouvons après avoir traversé des quartiers populeux, aux rues défoncées et à la circulation ivre. Après avoir franchi la porte à toit de chaume de ce lieu, classé au patrimoine de l’Unesco, nous découvrons un grand espace vide entouré de cases rondes à toit conique en tôle, des pancartes partiellement lisibles en expliquent la115-KAMPALA-Tombes.JPG fonction passée. L’une abrite des tambours royaux, l’autre les tombes de trois princesses, dissimulées sous des tentures en écorce battue. La grande case, tombe du dernier roi buganda, raison de notre visite, n’existe plus qu’en photo, la structure métallique qui soutenait la couverture de chaume, s’est effondrée et l’on attend les subsides de l’Unesco pour la reconstruire… Nous rentrons à la maison sans nous perdre, grâce au GPS. Le gardien s’active à laver la voiture qui en avait bien besoin. Je lui en fais visiter les installations qui ne manquent pas de l’étonner. Peu de temps après, Véra, la femme de Francis rentre de mission. Nous faisons connaissance de cette polyglotte. Francis s’est, comme tous les jours, occupé des enfants, je suis très étonné et admiratif de ce qu’il leur fait réaliser avec des bouts de ficelles, du carton et des perles : des animaux, des personnages pleins d’invention. Il a toujours une idée de jeu, de réalisation avec ce qui lui tombe sous la main. Nous les invitons au restaurant. Véra nous emmène tous dans son gros 4x4 de fonction avec antenne radio, sigle UN sur les portières et immatriculation en CD. Nous allons dans un très chic restaurant italien, agréablement situé dans un jardin, avec un personnel trop empressé, malgré le cadre, les prix restent très abordables. Pâtes, rizotto, pizza, côte de porc à la moutarde, calamars et crevettes frites, une cuisine minimale. Retour à la maison.

 

Samedi 27 octobre : Une fois levé, je commence à charger les vêtements pliés par Marie dans le camion. Nous petit déjeunons avec toute la famille, continuons de discuter et nous nous promettons de nous revoir, en France ou en Hongrie, un jour… Le temps a passé et il est plus de dix heures quand nous démarrons. Nous nous rendons aussitôt au garage Land Rover où le magasin des pièces détachées est ouvert mais je dois payer le Neiman en shillings ougandais. Il faut donc que je trouve à changer. On m’indique un centre commercial où je me rends en boda-boda, moto-taxi. Mon chauffeur se faufile dans la circulation, effleure de beaucoup plus gros que lui, que nous, et me dépose à destination. Le change effectué, il me ramène chez Land Rover. Le magasinier passe un coup de fil et me trouve un mécanicien qui pourra monter la pièce. Je patiente jusqu’à son arrivée puis nous le suivons dans un quartier populaire où il a un atelier, spécialisé dans les Range Rover. J’y retrouve un mécanicien du garage officiel qui arrondit ici ses fins de mois. L’échange est réalisé en une heure mais la clé ne fonctionne que si l’alarme est désactivée. Nous repartons au centre commercial où je m’étais rendu ce matin, un Shoprite sud-africain, fréquenté par la colonie blanche. Il est aussi bien achalandé que ceux d’Afrique du sud et nous refaisons un plein de provisions pour plusieurs jours. Nous déjeunons sur le parking avant de reprendre la route en direction d’Entebbe. Contrairement à bien d’autres capitales, la liaison routière avec l’aéroport principal du pays n’est pas aisée, la route est étroite, très encombrée, encore ne devons-nous pas nous plaindre, le trafic à cette heure est fluide ! Peu avant la ville, nous apercevons le lac Victoria puis nous pénétrons dans la ville, plus calme, verdoyante, quelques maisons cossues sont cachées dans des jardins clos. Nous trouvons une auberge de jeunesse où nous pouvons camper. Nous en repartons pour faire un tour de la petite ville, en quête d’une approche du lac. Les seuls établissements qui bordent le lac sont des clubs privés à entrée payante pour toute la soirée du samedi. Nous aboutissons à l’aéroport de triste mémoire. Nous revenons sur nos pas et retournons au camping. Nous prenons un soda assis autour du bassin, à l’ombre de manguiers et de ravinala. Un organisateur de balades dans le marais vient nous voir. Nous convenons avec lui de partir demain matin en pirogue dans la marais, toujours dans l’espoir de voir les fameux shoebills. Il ne fait plus assez chaud pour passer le reste de la soirée dehors, bien qu’à l’équateur, et nous regagnons le camion.


Dimanche 28 octobre : Nous nous levons avec le jour sous un ciel très gris. Notre accompagnateur est ponctuel et semble lui aussi dubitatif sur la météo. Néanmoins, nous allons ensemble en voiture au petit port d’où nous devrions partir sur une grosse barque en bois, à moteur, pour le marais. Mais le ciel est de plus en plus noir et la pluie commence à tomber. Nous enfilons les Kways puis allons nous abriter dans le restaurant d’un club nautique en surveillant les cieux. Mais ceux-ci ne s’améliorent pas et après avoir tergiversé, nous renonçons. Nous ramenons en ville notre guide, aussi navré que nous, et prenons la route du retour sur Kampala. Heureusement à cette heure du dimanche, la circulation est réduite et le retour puis la traversée de la ville sont rapides. La route de Jinja est étroite, encombrée, surtout par les matatus, les minibus qui assurent le transport des voyageurs en ville ou entre les petits villages et qui ont tendance à s’arrêter et redémarrer sans prévenir, et nous devons souvent rouler à la même vitesse que les plus lents, les camions. Les traversées des agglomérations sont déprimantes sous la pluie. La boue, les façades lépreuses, les marchés misérables ne sont pas une vision de l’Afrique Enchantée… Nous sommes au milieu des champs de canne à sucre, aussi verts que l’étaient les plantations de thé. Nous atteignons Jinja où nous traversons le Nil sur un pont-barrage. De l’autre côté, nous suivons une route étroite puis une piste boueuse pour nous rendre aux chutes d119-JINJA-Maison.JPGe Bujugali. Nous allons trop loin sur une piste patinoire où les voitures font de jolis entrechats en dérapant. Nous revenons sur nos pas, ce qui nous permet d’ajouter une seconde couche de boue bien sombre sur les portières et la cellule… Nous trouvons le site des chutes mai s depuis la construction d’un barrage, elles sont submergées… Nous revenons dans le centre-ville. Jinja est très aérée, des parcs, des jardins, un  terrain de golf où traînent des caddies désoeuvrés, en font une ville dans la verdure. Nous cherchons un endroit où nous arrêter po123-JINJA-Mosquee.JPGur déjeuner le long du Nil mais les seuls qui conviendraient sont des hôtels ou des propriétés privées. Nous nous résignons à déjeuner sur le bord d’une route avec une vue sur le port et ses installations rouillées. Nous sillonnons ensuite les rues tracées au cordeau de cette ville qui a dû connaître des heures de gloire. Il reste de nombreux magasins construits par des Asiatiques dans les années 1930 à 1950 qui sont encore des commerces mais ne sont plus guère flamboyants. Plus à l’extérieur, les anciennes villas cossues de ces familles patriciennes ne sont plus que des ruines. Des temples hindous, sikhs et des mosquées colorées se font face en bonne intelligence (?). Nous nous promenons en faisant le tour de deux ou trois pâtés de maisons avant de repartir. Nous refranchissons le Nil et bifurquons aussitôt pour nous rendre dans un lodge, The Haven River Lodge, recommandé par Vera. Nous devons faire une quinzaine de kilomètres puis trois d’une piste étroite et mouillée avant d’y parvenir. Le site est enchanteur ! Nous dominons le Nil et des rapides entrecoupés d’îlots couverts d’une végétation tropicale. Le tarif est plus élevé mais le mérite. Nous nous installons sur la terras130-JINJA-Rapides.JPGse sous une paillotte pour boire un soda, contempler le paysage et utiliser internet. Nous retournons à notre table relire le blog et le mettre en ligne. Message de Julie qui travaille même le dimanche ! A la tombée de la nuit, nous devons mettre une petite laine avant de dîner au restaurant. Une soupe de courge épicée puis des plats, poulet grillé pas grillé, sauté de mouton qui a dû gagner quelques concours d’obstacles et tarte à la banane et surtout à la cannelle, de l’anglo-saxon pur jus si j’ose ! 

 

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