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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 13:50

Mardi 22 mai : Bonne nuit, dans un lit extra large et sans bruits au réveil. Dernier petit déjeuner avec vue sur le jardin. Nous allons retrouver notre camion, plus intime ! Nous p100_8044.JPGartons en passant par la place devant ce que j’appelle l’arsenal pour le prendre en photo puis après être retournés et avoir longé la forteresse, nous longeons l’île sur toute sa longueur en passant près de l’église Saint-Antoine qui se détache en bord de mer. Nous empruntons le pont pour retrouver le continent. Nous roulons jusqu’à Monapo où nous prenons la route de Nacala. L’arrivée est peu encourageante : des usines, cimenterie, raffinerie, en cours de construction ou déjà opérationnelles sur plusieurs kilomètres ! La route se termine au port sans un véritable centre-ville. Nous cherchons un supermarché pour nous ravitailler, nous ne trouvons qu’un magasin avec quelques conserves et de la viande congelée. Nous allons devoir faire avec… Pour la bière, il faut trouver le mécréant, connu de tous, qui dans une maison dissimulée derrière des murs en ruine, vend des canettes au prix fort… Dès que nous nous arrêtons, une nuée de gosses des rues se précipite pour garder la voiture ou tenter de nous extorquer quelque menue monnaie. Ces orphelins du sida font peur. La rue les a endurcis au-delà de ce qu’on peut imaginer et ils sont prêts à tout pour gagner quelques meticais. Je ne voudrais pas en croiser une bande, de nuit, dans une rue non éclairée… Nous repartons en quête d’un camping. La route continue quelques kilomètres vers l’extrémité de la baie mais un fort vent rend la visibilité très mauvaise, à peine apercevons-nous les quelques pitons à l’horizon sur fond de mer. Je confonds l’un d’eux avec une raffinerie ! Un petit bout de piste nous amène à un campement tenu par un couple de jeunes anglo-saxons dont l’activité principale semble être la plongée. Nous déjeunons avec vue sur la mer puis repartons jusqu’à la pointe. La plage est ombragée par des filaos mais où sont ces plages du Mozambique couvertes de cocotiers ? Les constructions d’hôtels, de résidences vont bon train ; une horreur, un cauchemar est en cours d’achèvement à la pointe même, entre château de Dracula et Disneyland… Je reproche à un vendeur de souvenirs de ne proposer que des coquillages100 8047, des coraux ou des étoiles de mer donc de participer à la destruction des fonds marins. Mais au nom de quoi ? D’une écologie à la mode, luxe d’Occidental nanti ? Nous tentons d’approcher le bord de mer en suivant une piste mais la plage est désormais privatisée et cachée derrière de hauts murs. Nous revenons au camping et descendons à sa plage privée. Une petite crique entre deux rochers rongés par la mer, avec un bâtiment qui abrite les installations du centre de plongée. Je me baigne, Marie s’abstient. L’eau est bonne malgré les vaguelettes. Nous remontons quand le soleil baisse. Nous le regardons se coucher depuis un canapé devant la petite piscine avant de prendre un verre au bar et regagner notre camion. Occuper la soirée ou plutôt la fin de journée est un problème, il fait nuit à cinq heures et nous attendons tout de même sept heures et demie pour dîner.

 

Mercredi 23 mai : Nous quittons Nacala sans regret et reprenons la bonne route jusqu’à Namialo où nous bifurquons vers le nord. La route devient plus étroite mais reste correcte malgré des travaux et quelques nids de poule. Elle traverse la brousse monotone et des villages nombreux qui alignent leurs cases de chaque côté, régulièrement espacées. Les p100_8054.JPGains de sucre réapparaissent, s’éloignent et reviennent à proximité de la route dans l’après-midi. Nous retrouvons la mer d’un côté et la baie de l’autre en parvenant à Pemba. A l’entrée de la ville nous allons voir un camping en pleine nature, ombragé, spacieux avec une plage sur la baie. Avant de nous installer, nous voulons aller en ville visiter le supermarché local. Il n’est pas trop bien achalandé et nous nous demandons ce que nous allons bien pouvoir manger par la suite ! La population étant très majoritairement musulmane et en particulier les commerçants, pas question de trouver du porc ou de l’alcool. Au moment de repartir, impossible de tourner la clé de contact ! Tous mes essais sont vains. Dans notre malheur nous avons tout de même la chance d’être en ville et qui plus est à deux pas du garage Land Rover ! Mais il se fait tard, les mécaniciens et l’électricien déclarent forfait, c’est un travail pour un serrurier qui ne pourra le faire que demain. Nous devons nous résoudre à pousser la voiture sur le parking du garage et à y passer la nuit. Les appels à la prière diffusés par un haut-parleur qui nous semble installé juste au-dessus du camion ou même dedans, et les coups d’accélérateur rageurs d’un camion en cours de réparation nous énervent mais il nous serait difficile de partir…  

 

Jeudi 24 mai : A sept heures et demie, le serrurier est là. Je le regarde démonter le Neiman, si bien conçu pour ne pas être facilement fracturé, qu’il lui faut plus d’une heure pour vaincre sa résistance. Pendant ce temps je vais chercher à changer des dollars chez des commerçants. Chez Osman, commerçant arabe, on ne m’offre que 27 meticais pour un dollar, alors que chez Dong, commerçant chinois nouvellement implanté on m’en offre 28 ! Je ne cherche pas un Indien qui, peut-être, comme à Beira m’en aurait offert 29… Je suis effaré par les tas d’ordures qui s’amoncellent le long des trottoirs, débordent sur la chaussée, sans pouvoir déterminer si leur ramassage est mensuel ou annuel ! De retour au camion, je constate que le serrurier a presque terminé et que la clé refonctionne normalement. Il se fait tout de même payer une centaine d’euros ! Nous allons nous garer près du carrefour central de la ville et de là partons à pied pour la promenade recommandée par notre guide Petit Futé… Nous remontons une avenue, faisons un détour pour une église et deux maisons respectivement décrites comme kitsch et jolies, ce qui, assurément est exagéré. Au passage, un lycéen, en uniforme, tente sa chance, il se frotte le ventre en nous disant qu’il a faim et qu’avec 20 méticais… Il ne fait pas pitié et je le renvoie à son père pour assurer ses repas ! A l’extrémité de l’avenue, nous devrions avoir une vue superbe sur la baie. Elle est  très partielle avec les arbres qui servent de pièges à sacs plastiques… Nous suivons ensuite une route en corniche plantée de cocotiers  mais les trottoirs sont dans un tel état, plaques soulevées par les racines ou servant de dépotoir que nous devons plus regarder où nous mettons les pieds que la vue… Enfin, la descente sur la baixa, la ville basse, nous permet d’admirer les installations portuaires. L’avenue principale de ce quartier est totalement en ruine même si les maisons de commerce sont encore en activité. Arrivés à l’extrémité nous sommes au-dessus d’un village misérable de pêcheurs, l’épave échouée sur la plage, décrite dans notre guide n’est qu’un amas de ferraille rouillées où il est bien difficile de reconnaître un navire… Ah, Petit Futé, à combien de lettres vengeresses as-tu déjà échappé ? Marie est fatiguée, moi aussi, pas question pour elle de faire le retour à pied. Je repars donc chercher la voiture. La marche sous un soleil de plus en plus féroce est pénible, surtout dans l’ascension d’un « magnifique escalier précédé d’un arc couvert de bougainvillées » (dixit le Petit Futé), des volées de marches en ciment, précédées de restes de poteaux en béton qui crachent leur ferrailles sous un bougainvillée en coma dépassé… Avant de reprendre le camion, je m’offre, assis sur un cageot en plastique, un Coca Cola glacé. Je récupère Marie et nous rejoignons le bord de mer, côté océan. La marée basse découvre des étendues d’algues dont le vert vif100_8060.JPG contraste avec le bleu de la mer. Des pêcheurs tirent des filets à partir de la terre ou de barques inclinées, de rustiques pirogues à double balancier sont échouées sur la plage. Nous allons déjeuner au Pemba Dolphin, sur le bord de mer. Je commande du crabe, au tarif de cent méticais, 3 euros, persuadé d’avoir quelques favouilles bouillis. On m’apporte un beau crabe, partiellement décortiqué, un de ces crabes comme je n’en avais plus vu et encore moins mangé depuis Madagascar. S’il ne tenait qu’à moi, je reviendrais demain ! Marie pour plus cher mais à peine, 15 euros, se voit servir DEUX langoustes grillées. Une adresse qui restera dans nos mémoires, avec celles de Niamey pour le bœuf Strogonof et de Gjirokastër pour les cuisses de grenouilles… Je termine le repas par une baignade, agréable dans une eau à la température parfaite. Nous longeons la plage, vite terminée car ensuite privatisée ! Nous revenons donc dans le centre-ville à la recherche d’un cybercafé pour une connexion internet mais aujourd’hui cela ne fonctionne pas… Nous retournons enfin au camping de Bush camp, très bien situé en bordure de la baie, avec une minuscule plage entre les palétuviers. Les emplacements sont très bien conçus avec un abri, des fauteuils, une table, les toilettes sont spacieuses, entre des murs en bambous et canisses tressées, décorées de plantes vertes. On y passerait la journée… J’y resterais bien, enfin au camping, demain mais Marie tient à repartir. Nous allons rapidement nous baigner puis je laisse Marie à la plage et reviens remplir les réservoirs d’eau, opération compliquée par le fait que la directrice du centre, sud-africaine, a mis les branchements électriques et d’eau aux normes de son pays d’origine et non aux normes locales… Aucun de mes embouts de tuyaux ne s’adapte et je dois remplir litre par litre… Nous profitons ensuite d’une connexion internet gratuite pour consulter la messagerie, répondre à Julie en pleins préparatifs de son voyage en Thaïlande. Nous réussissons à téléphoner avec Skype à Nicole mais pas à Julie dont le portable n’est jamais ouvert… Retour au camion pour un gin-tonic et un dîner moins gastronomique que le déjeuner.

 

Vendredi 26 mai : Après avoir discuté avec une Roumaine qui avec son compagnons fait le tour de l’Afrique en moto, à mon grand regret, nous abandonnons les lieux. Nous allons en ville acheter de la bière chez un grossiste puis nous trouvons au port l’importateur de produits sud-africains congelés, viande et jambon, très chers. Et nous reprenons la route, d’abord, sur une soixantaine de kilomètres jusqu’à Sunate où un policier tatillon après le contrôle des papiers, à peine survolés, vérifie le bon fonctionnement des feux… La route est bonne, étroite et peu passante. Les villages sont plus rares et toujours alignés, comme au garde-à-vous.Mozambique-3412.JPG Nous bifurquons et, une fois de plus, nous piquons vers la côte. La piste se dégrade au fur et à mesure des kilomètres. Nous embarquons une jeune femme, passagère d’un chapas, un taxi collectif, en panne. Elle nous impose un garçon qui l’assiste et des kilos de bagages. A l’arrivée elle oublie de dire « au revoir » et « merci » mais voudrait bien être conduite à sa porte ! Encore quelques kilomètres sur une digue qui ne peut être empruntée qu’en roulant au pas et nous parvenons, dans la mangrove, au village de Tanganhange. La marée est encore basse, des barques, des pirogues à balancier reposent sur la vase de la mangrove. Un « parking » accueille les véhicules des personnes qui se rendent sur l’île d’Ibo. Nous nous y garons et préparons un sac avec les affaires à emporter. Je tente de me renseigner sur l’horaire des transports sur l’île mais personne ne parle anglais et les réponses ne sont pas claires. Arrive un gros 4x4 de Sud-africains, avec une remorque. Lui, d’origine portugaise, nous assure qu’un bateau à moteur partira à 16 heures. Il s’agit d’un transport assuré par le lodge  où il est attendu mais on100_8068.JPG nous accepte à bord. Nous partons donc sur un boutre mu par un moteur, moins authentique mais plus rapide… Je ravive mes souvenirs de Monfreid tandis que nous sortons de la mangrove du continent et piquons vers l’île d’Ibo. La traversée me paraît bien longue jusqu’à ce que nous empruntions un chenal au milieu des palétuviers et découvrions les quelques bâtiments de la capitale de l’île. Nous accostons à la nuit tombante. J’abandonne Marie à la garde du sac et pars à la recherche d’un hébergement. Au bout d’une rue ensablée, j’entends parler français, je demande mon chemin puis réalise que la personne est peut-être la Lucy, une Suissesse, susceptible de nous héberger selon la patronne du Bush camp. Effectivement cette charmante personne a une chambre simple à nous louer dans une belle maison ancienne. Je vais rechercher Marie et nous faisons connaissance des lieux et de ses habitants, Lucy donc et une de ses amies, une Française, au parcours exotique et hors normes… Nous discutons en caressant ses chats puis nous allons dîner. Nous découvrons, de nuit, le centre-ville… Les rues sont ensablées, désertes mais les quelques maisons coloniales que nous distinguons paraissent entretenues. Nous dînons au restaurant de l’hôtel Miti Miwire, belle maison restaurée que nous nous promettons de revoir de jour. En attendant l’heure du repas, nous nous offrons une « iborinha », une caïpirinha dans laquelle le sucre est remplacé par du miel local. Bien que je préfère l’original, je salue son originalité… Ensuite, on nous sert un menu où, pour la première fois, nous avons de la cuisine : une salade de calamars parfumée au basilic, suivie de crevettes de belle taille dans une sauce crémeuse à la citrouille sur du riz au coco et enfin une mousse au citron vert. Nous repartons l’estomac plein, la marche jusqu’à notre maison est bénéfique…

 

Samedi 26 mai : Nous petit déjeunons en compagnie de Lucy, de ses chiens, toujours épuisés, de ses chats, craquants comme le sont tous les chatons et de Zaza, sa copine, vieux briscard des mers du Sud… Elle nous explique que nous avons eu de la chance de trouver un passage en bateau hier soir mais que repartir va être plus difficile ! Les bate100_8070.JPGaux de passagers sont tributaires de la marée et partent en ce moment de très bonne heure le matin. Elle nous promet de s’enquérir d’un éventuel départ ce soir sinon nous pouvons affréter une barque à moteur au prix fort… Nous partons nous promener en direction de la forteresse. Nous découvrons donc la ville (il ne faut pas dire le village !). Sur la place devant chez Lucy, une belle maison coloniale avec un fin décor de la véranda en fer forgé et à côté une petite église toute blanche. Nous longeons le bord de mer, passons devant le lodge bien installé dans une maison ancienne. La marée est basse, les barques sont couchées sur le flanc et les palétuviers sortent de l’eau. Nous atteignons le vieux fort Saint-Sébastien qui sert désormais de hall d’exposition à des artisans bijoutiers qui t100_8079.JPGravaillent l’argent. Les murailles sont épaisses, disposées en étoile, de vieux canons sans affut pointent dans toutes les directions. Nous continuons en direction du village de pêcheurs proche. Le soleil commence à nous cuire et l’ombre est rare. Marie m’attend sous un arbre en compagnie de villageois oisifs alors que je continue en pure perte, sur la plage où des blocs de coraux morts, déchiquetés, protègent les racines de quelques arbres, puis sur un chemin en direction du phare. Je fais demi-tour et nous revenons dans la « ville » en passant par des quartiers populaires. Peu nous disent bonjour si nous ne le faisons pas les premiers, les femmes en particulier sont très réservées. L’habitation s’améliore en approchant du centre : cases puis murs en parpaings puis maisons décaties et enfin maisons crépies il y a peu. Nous retrouvons la place centrale et100_8086.JPG la rue principale qui fait bonne figure avec son alignement de maisons basses à toit de tuile et véranda supportée par de gros piliers. Nous allons prendre un verre au Cinco Portas, un hôtel-restaurant dans une maison restaurée avec une petite piscine en surplomb de la plage. Retour à la maison en rasant les murs pour profiter du moindre coin d’ombre. Nous déjeunons avec Zaza puis Lucy de calamars frits à l’ail avec du riz et discutons longuement avec elles, de leur parcours et du Mozambique. Nos espoirs de trouver un passage s’évanouissent et nous décidons donc de louer un bateau rien que pour nous pour traverser ce soir. Nous repartons en promenade en suivant le bord de mer mais Marie capitule vite, en partie à cause de la chaleur. Je continue seul, passe le cimetière sans intérêt puis descends sur la plage pour longer la mangrove, t100_8093.JPGoujours hors d’eau, et tenter d’y pénétrer mais je patauge vite dans la vase et las de ne voir que de gros buissons, je reviens sur mes pas en restant sur la plage. De grandes concrétions se dressent, creusées à leur base et pour certaines coiffées de palétuviers. Avec Marie, nous allons voir un autre fortin, peu intéressant puis revenons en passant par une rue parallèle à la rue principale. Les maisons qui la bordent sont dans un état de délabrement qui tempère notre (relatif) enthousiasme pour Ibo. Nous rentrons préparer le sac et attendre l’heure d’appareiller. A cinq heures, nous sommes sur la plage d’où nous embarquons sur une vulgaire barque à moteur. Nous entamons la traversée au soleil couchant, sur une mer calme, fragmentée en une myriade de vaguelettes qui reflètent comme une marine de Seurat, une infime portion du ciel rougeoyant. La nuit tombe, nous repérons la Croix du Sud, aucun éclairage, aucune balise, nos marins se dirigent droit sur Tanganhange. Nous y sommes une heure plus tard et retrouvons le camion. Nous nous décrassons du sable et restons là pour la nuit, sous la surveillance d’un gardien qui n’éteint pas sa radio de la nuit…

 

Dimanche 27 mai : La radio n’a pas fonctionné toute la nuit mais dès le jour, nous l’entendons. Nous partons après l’arrivée de la chaloupe du matin. Il nous faut refaire les longs et pénibles kilomètres de mauvaise piste avant de retrouver le goudron de la route nationale. Pas pour longtemps puisque nous 100_8099.JPGle quittons bientôt pour une nouvelle percée plein est vers la côte. La piste, de très bonne au début, va progressivement devenir abominable avec des ornières et des creux à donner le mal de mer au fur et à mesure de son éloignement de l’axe principal. Nous retrouvons l’océan Indien  que nous remontons sur une dizaine de kilomètres en traversant une belle cocoteraie qui sépare le rivage des rizières. Nous nous arrêtons pour déjeuner sous les palmes, au bord de la plage à marée basse. Des îlots à faible distance donnent envie d’y aller voir. Au moment de repartir, on cogne à la porte et on nous interpelle en français : ce sont Jacqueline et Christian, deux septuagénaires en 4x4 qui remontent du Cap à Djibouti avec trois autres équipages dont un Azalaï que nous ne verrons pas. Nous discutons100_8111.JPG quelques instants puis promettons de nous retrouver au bivouac pour échanger des informations. Nous repartons derrière eux et atteignons le village de pêcheurs de Pangane. Les grandes maisons aux murs de pierre et de terre, à armature de bambous et à toit de chaume, s’alignent sous les cocotiers. Nous allons jusqu’à la pointe, entre la plage du port de pêche et celle, couverte de corail mort qui sert de latrines publiques à marée basse. Quelques hommes ont posé culotte en toute innocence, face à l’océan. Nous100_8107.JPG longeons le port, assistons au fumage des sardines embrochées autour d’un feu de charbon de bois puis repassons par le village. Beaucoup de femmes ou de fillettes portent sur le visage un masque de beauté, blanc ou jaune qui leur confère une allure de fantôme ! Nous reprenons la piste d’arrivée pour retrouver nos nouveaux compagnons mais nous ne les trouvons pas. Nous revenons donc à la pointe, près du campement où nous pourrions passer la nuit. Solution qui a la faveur de Marie. Nous allons voir de plus près le campement. Séparé du village par un grand espace et dissimulé derrière une haie de canisses, il est au bord d’une belle plage. Je me renseigne sur le tarif, 15 euros la nuit avec des douches rudimentaires et des toilettes creusées dans le sable. Je ne suis pas décidé à payer ce prix mais je m’y résigne parce que je me vois bien passer la nuit, là au bord de l’eau. En attendant l’arrivée du propriétaire, nous allons nous baigner dans une mer qui est remontée, elle est à la bonne température. Hachim, habillé d’une robe blanche, calotte sur la tête100_8114.JPG, comme se doit d’être un bon musulman, tenancier du lieu, prétend qu’il a des frais et que son campement vaut les autres. Devant son intransigeance et alors que nous étions décidés à rester, nous repartons tandis que le jour baisse. Dans le village nous retrouvons Jacqueline et Christian. Nous convenons de bivouaquer ensemble. Nous les attendons à la sortie du village puis nous allons nous installer sous les cocotiers, en surplomb de la plage, face au vent. Nous leur proposons de venir prendre l’apéritif dans notre cellule. Ils apportent une bouteille de pastis quasi intacte depuis presque deux mois ! Le niveau aura baissé ce soir… Nous parlons voyages bien entendu puis ils regagnent leur Toyota et leur tente de toit.

 

Lundi 28 mai : Une fois de plus nous sommes réveillés par les curieux qui discutent à proximité de nos véhicules mais ce sont nos compagnons, leur petit déjeuner sur leurs table et fauteuils de camping, leur lavage de dents qui retiennent l’attention de nos visiteurs. Nous jetons un dernier regard à cette superbe plage et à ses cocotiers (superbe mais pas100_8113.JPG exceptionnelle) et nous reprenons la piste, fatigante, poussiéreuse. Au carrefour de Macomia nous retrouvons le goudron, pas pour longtemps… La route pour Mocimboa da Praia, ne conserve qu’à doses homéopathiques le souvenir d’un éphémère asphaltage. La trajectoire s’en ressent, il faut louvoyer, freiner, essayer de distinguer entre ombre et soleil les ornières, les trous etc… La route est à peine meilleure après le carrefour de Mueda. Nous sommes à Mocimboa en début d’après-midi et nous allons aussitôt au campement de Natalie, une française établie ici depuis des années. La publicité faite dans notre livre-guide était très flatteuse et imméritée. Pour le prix du campement de Pemba, le cadre, les services et les installations offerts sont très en-dessous. Je suis très déçu car passer une journée sur ce terrain n’a rien d’enchanteur ! Et nous allons devoir y attendre nos compagnons azalaïens avec qui nous avons gardé le contact par sms. Nous nous installons à l’ombre et je vais découvrir les commodités… Dans un enclos de palmes, tout juste suffisant pour protéger notre pudeur, une douche, pas de lavabo et un bout de glace cassé en guise de miroir… Nous relisons la semaine à inclure dans le blog puis, peu enthousiasmés par les plats (pas de poisson ni de crevettes) proposés par le restaurant du campement, nous décidons d’aller dîner en ville. Nous passons au cybercafé mais il n’y a pas de connexion en ce moment, peut-être demain… Nous allons au restaurant indiqué par Natalie, en bordure de plage, rendez-vous des expatriés. Nous prenons un pot et jetons un œil à la plage bordée de rares cocotiers puis nous passons commande du dîner. On nous sert des samossas, appelés ici chamussas, prononciation portugaise oblige, au poisson mais nous n’en avons que deux. Ensuite commence une longue attente… et alors que nous désespérions d’être servis, nous voyons arriver deux assiettes très bien garnies, de crevettes pannées pour Marie et de deux belles tranches d’un délicieux poisson mariné et grillé pour moi. Nous nous régalons et en oublions l’attente. Au moment de démarrer, le serveur a la gentillesse de me rapporter à la voiture, l’ordinateur oublié sur la table…

 

Mardi 29 mai : Aujourd’hui, rien ne presse, nous traînons avant d’aller chercher à nous réapprovisionner en ville. Ville est beaucoup dire, une rue goudronnée et deux autres défoncées tiennent lieu de centre-ville. Quelques constructions récentes abritent banques et services officiels, les anciennes maisons coloniales, en ruine, sont des commerces tous identiques et tenus par des Indiens ou des Arabes et sans beaucoup à offrir ! Nous achetons des tomates au marché, des œufs, du tonic et de l’eau dans une boutique. Le cybercafé ne fonctionnant toujours pas, nous rentrons fort marris au campement ! Nous déjeunons sans pain et une sieste est la bienvenue. Nous nous rendons ensuite au marché au poisson, la curiosité de la ville à ne pas manquer. Nous devons traverser un petit marché en bord de mer puis descendre entre les échoppes sur la plage en regardant bien où on pose les pieds, entre d100_8128.JPGéchets, coquilles de palourdes, restes de poissons en décomposition… Sur le sable, des pêcheurs à peine rentrés exposent leurs prises, poissons et crevettes de petite taille, pas de crustacés. L’intérêt est plus dans les voiles colorés des femmes, le rouge et l’orange semblent avoir leurs faveurs et les calottes brodées, palmiers et dômes, des hommes. Nous avançons au bord de l’eau, les dhows s’échouent les uns après les autres, des poissons en brochettes en sont débarqués. Nous rentrons au campement sans y trouver nos amis. Ils n’arrivent qu’à la nuit après avoir essuyé un orage. Nous fêtons nos retrouvailles autour d’une bouteille de pastis et ils nous content leur périple en Zambie et au Malawi dont ils reviennent ravis. Nous dînons ensemble, en profitant de leurs restes de viande grillés au barbecue dont ils se sont équipés.

 

Mercredi 30 mai : Nous partons tous ensemble, d’abord pour quelques achats au marché puis nous épuisons nos derniers méticais en gasoil avant de prendre la route directe pour la frontière, pas certains de pouvoir traverser le rio Rovuma, pont, ferry ou simple barge ? LaMozambique-3420.JPG piste a de bons passages et traverse une belle région où l’accueil semble plus chaleureux. Le couinement qui s’était manifesté la veille réapparaît plus nettement marqué. Je parviens à détecter son origine : les tôles de protection des disques de frein arrière sont découpées autour de leurs vis de fixation et frottent. Nous nous arrêtons et avec l’aide de Jean-Michel et de Jean-François, nous les retirons. Plus loin, je dois dépanner un automobiliste, taxi, ensablé, vite tiré d’affaire. Enfin nous parvenons au poste frontière mozambicain. Les responsables ne sont pas pressés de se manifester, à l’heure du repas ou de la sieste… Ils sont aussi dubitatifs sur les possibilités de traverser mais ils nous assurent que quatre véhicules de français sont passés la veille, dont ceux rencontrés à Pangane. Enfin, les formalités lentement mais sûrement accomplies, nMozambique-0670.JPGous pouvons continuer encore quelques kilomètres  en traversant la mangrove et atteindre les bords du rio. Pas de pont ni de ferry en vue mais nous commencions à nous en douter. Des barques de pêcheurs sont amarrées et on nous assure qu’en en réunissant trois, on peut traverser nos véhicules un par un… Nous n’avons pas encore déjeuné et je suis affamé. Nous revenons sur nos pas pour nous garer à l’ombre, sans attendre nos compagnons qui restent discuter avec les pêcheurs. Quand ils nous rejoignent, ils nous annoncent le montant exigé par les bateliers 100 8134pour nous faire traverser : 250 dollars par véhicule ! La somme est exorbitante et il est hors de question de l’accepter mais refuser nous obligerait à un détour de plus de cinq cents kilomètres pour aller chercher le seul pont sur le fleuve à Negomani, sans compter que nous devrions peut-être repayer un visa moza100_8136.JPGmbicain ! Je tente d’aller négocier mais sans obtenir mieux. Nous feignons donc de renoncer et repartons en laissant Jean-Michel, négociateur avisé, essayer d’obtenir de meilleures conditions. Il parvient à un accord à cent dollars par véhicule, tarif que nous finissons par accepter. Nous revenons assister à la préparation du bac de fortune. Trois barques à moteur sont accouplées au moyen de madriers attachés avec des ficelles puis recouverts de planches, elles aussi ligotées sommairement mais l’ensemble paraîMozambique-0735.JPGt solide… Tous ne partagent pas ma confiance dans le génie pratique et technique africain, Christine est paniquée à l’idée de traverser sur ce radeau de fortune et Jean-François sous des dehors de plaisantin est aussi angoissé ! Jean-Michel est le premier à se risquer, il descend la berge lentement et monte en faisant craquer les bois et plier les planches à bord. L’esquif s’éloigne, bas sur l’eau, le Toyota semble glisser sur le fleuve mais l’embarcation s’échoue sur un banc de sable, tous les nautoniers se jettent à l’eau et remettent le radeaMozambique-0742.JPGu sur la bonne voie. Nous l’apercevons débarquer sur un banc de sable et nous apprenons par leur radio qu’ils doivent rouler dans le sable puis traverser une étendue d’eau avant de retrouver la terre ferme tanzanienne. Pendant ce temps, l’embarcation est revenue et je monte à mon tour à bord alors que le soleil se couche. La traversée se passe sans surprise, malgré un échouage sur le même banc. Après le parcours dans le sable puis le gué traversé, je retrouve Jean-Michel et Christine, soulagés d’être arrivés sans encombre. Nous attendons alors Jean-François et Jacqueline qui tardent, s’échouent eux aussi en pleine nuit, tombent en Mozambique-0750.JPGpanne de moteur mais enfin nous rejoignent. Pas question d’aller plus loin, nous bivouaquons sur la berge, les formalités d’entrée en Tanzanie sont renvoyées à demain. Nous arrosons cette épique traversée par un apéritif très apprécié de tous malgré quelques cris de bêtes (des hyènes ?) dans la nuit, avant de dîner chacun dans notre véhicule.

 

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